mardi 30 septembre 2014

Terrorisme: indispensable, l'engagement déterminé des musulmans et des nations arabes



Envoyé de mon Ipad 

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Terrorisme: indispensable, l'engagement déterminé des musulmans et des nations arabes
Messe pour les responsables politiques et les parlementaires, par le card. Vingt-Trois

Anita Bourdin

ROME, 30 septembre 2014 (Zenit.org) - Le sort des chrétiens d'Orient est un enjeu "non seulement pour l'Église, mais aussi pour toute la société contemporaine", avertit le cardinal Vingt-Trois. Il souligne l'importance de "l'engagement déterminé des musulmans et des nations arabes", face au terrorisme de matrice islamique.

A l'occasion de la Messe annuelle pour les responsables politiques et les parlementaires en la basilique Sainte-Clotilde, de Paris, l'archevêque, le cardinal André Vingt-Trois a en effet prononcé l'homélie dont nous publions ci-dessous le texte intégral.

Les communautés religieuses en France aussi

Le cardinal Vingt-Trois y aborde la question de la crise économique internationale. Il exhorte une nouvelle fois à revoir les modes de consommation.

Il évoque les chrétiens d'Orient: "Comment pourrions-nous oublier les chrétiens d'Orient que l'on veut forcer à abjurer leur foi ou à quitter le pays où leurs communautés vivent depuis des siècles ?"

Il avertit de l'enjeu: "Leur sort est un enjeu non seulement pour l'Église, mais aussi pour toute la société contemporaine. Nous sommes appelés chaque jour à leur venir en aide, non seulement en accueillant ceux qui sont contraints de fuir, mais aussi et surtout en aidant ceux qui doivent pouvoir rester dans leurs pays. La dimension des persécutions qu'ils subissent nous oblige aussi à nous interroger sur la manière dont notre vie publique reconnait la réalité des communautés religieuses et développe des moyens éducatifs pour aider des jeunes à réagir devant certains messages fanatiques.

Crime contre l'humanité

Trois mille personens sont mortes depusi janvier 2014 en méditerranée: l'archevêque dénonce ces morts comme "crime contre l'humanité" : "Les naufrages successifs qui font peu à peu de la Mer Méditerranée un cimetière où sont ensevelis les victimes des gangs et des réseaux de trafiquants d'êtres humains, ajoutés à tous ceux qui meurent dans le long chemin qui est censé les conduire de l'Afrique sub-saharienne au Maghreb puis vers l'Europe sont aujourd'hui une nouvelle forme de crime contre l'humanité."

Contre le terrorisme qui frappe, et pas seulement en Irak, le cardinal appelle de ses voeux l'implication des comunautés musulmanes: "Le combat contre DAECH est un combat avant tout idéologique dont seul l'engagement déterminé des musulmans et des nations arabes permettra de triompher."

Pource qui concerne la vie politique, il fait observer la nécessité de la cohérence, voyant une "grave illusion" que "d'imaginer que la rectitude morale peut dissocier la personne privée et le personnage public".

La famille et la démocratie

Il souligne - le synode sur la famille en débattra aussi - que "le démembrement progressif de (la) politique familiale n'est pas seulement une pénalisation pour les couples qui accueillent des enfants": "Il est aussi un coup sévère pour l'avenir de notre pays. Réduire la procréation à la satisfaction d'un désir personnel d'enfant est une erreur."

Enfin, il en appelle à la responsabilité, en démocratie: "C'est de votre parole et de votre action que dépendra la cohésion du tissu national, quelles que soient les différences entre les opinions et les projets. La supériorité de notre système démocratique sur des systèmes fanatiques ou totalitaires est mise à l'épreuve. C'est à nous de démontrer qu'il est au service de l'homme, de tout homme, et qu'il ne se réduit pas à défendre les avantages du monde occidental."

Irak/Syrie: sommet des ambassadeurs du Saint-Siège au Vatican - L'Orient-Le Jour

Irak/Syrie: sommet des ambassadeurs du Saint-Siège au Vatican - L'Orient-Le Jour

Irak/Syrie: sommet des ambassadeurs du Saint-Siège au Vatican

Les ambassadeurs du Saint-Siège dans tout le Moyen-Orient seront convoqués de jeudi à samedi à Rome, alors que le Vatican a préconisé devant l'ONU une intervention contre l'organisation de l'Etat islamique (EI) sous l'égide du Conseil de sécurité, a-t-on appris mardi au Vatican.

Selon le site d'informations sur le Vatican, Il Sismografo, les nonces (ambassadeurs) en Jordanie-Irak, en Iran, au Liban, en Syrie, en Egypte, en Turquie, en Israël-Palestine, et les ambassadeurs du pape auprès de l'ONU à Genève et à New York, et auprès de l'Union européenne, examineront sous la présidence du secrétaire d'Etat Pietro Parolin la très grave crise due, entre autre, à l'offensive de l'EI.Des chrétiens et d'autres minorités installées depuis des siècles dans la région sont menacés par la poussée des jihadistes.


Plusieurs hauts responsables de la Curie dont le secrétaire pour les relations avec les Etats, le Français Dominique Mamberti, et le cardinal Fernando Filoni, préfet de la Congrégation pour l'évangélisation des peuples, qui avait été envoyé le mois dernier en Irak, seront présents.


Devant l'Assemblée générale de l'ONU, lundi, le numéro deux du Vatican Pietro Parolin a affirmé qu'il est à la fois "licite et urgent" d'arrêter les jihadistes en Irak, toute intervention devant se faire sous l'égide du Conseil de sécurité et avec "l'accord" de l'Etat concerné.


Dans sa très longue intervention dont le texte a été publié mardi par le Bureau de presse du Saint-Siège, Mgr Parolin a repris en substance ce que le pape François avait dit aux journalistes dans l'avion à son retour de Corée en août: "Il est à la fois licite et urgent d'arrêter l'agression par une action multilatérale et un usage proportionné de la force", a dit Mgr Parolin.


Le Saint-Siège s'était opposé à toute intervention contre le régime syrien de Bachar el-Assad en 2013, suivant la demande unanime des évêques de la région hostiles à des raids aériens. Mais il a adopté cette année une attitude favorable à une intervention armée contre l'EI, tout en souhaitant qu'elle se fasse avec l'accord de l'ONU.
"Même si le pape a dit de ne pas bombarder et de ne pas faire la guerre, dans les faits le Vatican ferme les yeux" sur l'intervention américaine, avait estimé à l'AFP un diplomate sous le couvert de l'anonymat.


Beaucoup d'évêques du Moyen-Orient ont déploré une réaction trop faible de la diplomatie du Saint-Siège face à la menace jihadiste, certains soutenant bien plus explicitement l'intervention aérienne extérieure au nord de l'Irak, sollicitée par Bagdad. Les évêques de Syrie sont bien plus réservés sur des frappes dans leur pays sans accord de Damas.



Envoyé de mon Ipad 

En Syrie et en Irak, la guerre sera longue pour les Etats-Unis | Paris planète

En Syrie et en Irak, la guerre sera longue pour les Etats-Unis | Paris planète

En Syrie et en Irak, la guerre sera longue pour les Etats-Unis

« La lutte contre l'Etat islamique n'est qu'une bataille dans le combat pour le futur de l'Islam et la stabilité des pays musulmans »

Anthony Cordesman, expert américain des questions de défense

Le 16 septembre 2014 sur le site du Center for Strategic International Studies (CSIS)

CordesmanDOCUMENT

Plus d'une cinquantaine de pays participent d'une manière ou d'une autre à la coalition contre l'organisation Etat islamique (Daech) en Irak et en Syrie, selon Washington. Une trentaine se sont notamment engagés à soutenir l'Irak, par tous les moyens nécessaires, y compris militaires.  Le 24 septembre, à la tribune des Nations-Unies, le président des Etats-Unis Barack Obama a appelé le monde à s'unir pour « détruire » l'Etat islamique, appelant à « démanteler ce réseau de la mort ». Après avoir visé des cibles au nord et à l'ouest de l'Irak depuis le 8 août, les bombardements américains ont été étendus depuis la mi-septembre aux environs de Bagdad et en Syrie. Mais Barack Obama continue d'affirmer qu'il n'enverra pas de troupes au sol.

C'est une erreur, affirme Anthony Cordesman. Cet expert des questions de sécurité suit depuis plus de 40 ans les affaires du Moyen Orient. Ancien fonctionnaire du département d'Etat et du département ( ministère fédéral) de l'Energie, c'est un proche du sénateur John McCain, candidat du parti républicain à la présidence des Etats-Unis face à Barack Obama en 2008. Auteur prolixe, il poursuit ses recherches dans le cadre du Center for Strategic International Studies (CSIS), un important think tank basé à Washington.

Le 16 septembre 2014, dans une analyse critique, il a mis en garde l'administration Obama et le Congrès contre une approche trop timorée du conflit déclenché contre l'Etat islamique. Le 25 septembre, il a salué dans une note plus courte certaines décisions prises depuis par Barack Obama, notamment les bombardements sur le territoire syrien. Mais le texte du 16 septembre – « The campaign against the Islamic state : key issues and demands for action from the administration and Congress »  – garde toute sa pertinence pour comprendre l'ampleur de la tâche que nécessitera l'ambition d'éradiquer – selon les mots de Barack Obama – les djihadistes qui se font appeler Etat islamique (Daech, en acronyme arabe).

« Les Etats-Unis sont engagés dans une guerre à haut risque »

« L'annonce par le président d'une stratégie cherchant à affaiblir et détruire l'Etat islamique – et l'acceptation de facto par le Congrès de la nécessité de se battre dans un nouveau conflit – a dorénavant  engagé les Etats-Unis dans une guerre à haut risque, de faible intensité, et d'une durée indéfinie », commence-t-il. « Gagner cette guerre demandera de l'endurance, des ressources, une planification et un management efficaces, ainsi qu'un soutien politique domestique et international. L'administration Obama devra fournir une vision honnête du déroulement des combats et de leur impact sur la stabilité et la sécurité de la région ».

« La possibilité que  les Etats-Unis soient une menace pour eux-mêmes »

« L'administration doit montrer qu'elle est consciente des problèmes qu'il y a à affronter cette menace, à traiter avec un 'pays hôte' aussi uncertain que l'Irak, et à s'impliquer en Syrie, où l'instabilité va durer longemps », explique-t-il. « Elle doit aussi montrer qu'elle a tiré des enseignements de certains des échecs clés  endurés par les Etats-Unis dans la conduite des guerres d'Afghanistan et d'Irak, et diminuer la possibilité que  les Etats-Unis soient une menace pour eux-mêmes ».

« Les incertitudes entourant notre réelle volonté »

« Les trois défis les plus immédiats pour un succès américain ne proviennent ni de l'Etat islamique ni de nos alliés », poursuit l'expert. « Ils proviennent des incertitudes entourant notre réelle volonté à fournir les ressources et les capacités de combat et de mission nécessaires pour appliquer la stratégie que nous avons annoncée ».

« 95% de la puissance de frappe aérienne devront provenir des USA »

« Le premier sujet déterminant est le niveau de force aérienne, de drones (UCAV), de missiles de croisière et de matériels adéquats  que les Etats-Unis vont engager », analyse Anthony Cordesman. « Les Etats-Unis ne peuvent se contenter de 'diriger depuis l'arrière'. Au moins 95% de la puissance de frappe aérienne et de missiles – et les capacités en matière de renseignement, de ciblage et d'évaluation des frappes nécessaires pour en faire un usage efficace – devront provenir des Etats-Unis ».

« Le risque de devoir agir trop fort, trop tard »
« Les Etats-Unis doivent montrer qu'ils peuvent combiner une force de frappe décisive avec une prudente retenue », explique-t-il.  « Or s'ils s'appuient sur des troupes au sol relevant d'autres autorités, cela reviendra à agir trop peu, trop tôt, avec le risque de devoir agir ensuite trop fort, trop tard. Minimiser le nombre de victimes civiles et les dommages collatéraux sera déterminant alors que l'Etat islamique recourt de plus en plus à des boucliers humains et s'installe dans des zones habitées. De même, les Etats-Unis devront pouvoir prouver en temps réel qu'ils n'ont pas utilisé une force disproportionnée ni fait un trop grand nombre de victimes innocentes, car l'Etat islamique et d'autres en feront un sujet déterminant en terme de propagande et de communication stratégique ».
« Les Etats-Unis vont-ils engager des forces terrestres? »
« Seconde question : les Etats-Unis vont-ils engager les forces terrestres limitées dont nous avons besoin? », interroge Anthony Cordesman. « Il y a de bonnes raisons de ne pas le faire, la première étant le manque total de soutien de l'opinion américaine. Plus largement, une dispersion des forces sur de vastes espaces en Irak, l'incertitude sur l'évolution de la Syrie, la perte de compétence en langues et en expertise, le fait de s'en remettre largement à des forces chrétiennes et non arabes au milieu d'une guerre civile islamique… tout cela serait le plus sûr moyen d'aller au désastre. Envoyer des troupes de combat au sol sans tenir compte des divisions ethniques et religieuses en Irak et en Syrie serait totalement stupide ».
« Des conseillers au sein des unités combattantes »
« Mais ce le serait aussi de restreindre ces forces à des missions d'entrainement et d'équipement à l'arrière », ajoute-t-il. « En Afghanistan, le commandement américain a constaté que des forces locales inexpérimentées, faibles, fraichement formées, avaient besoin de conseillers engagés avec elles au sein des unités combattantes. De telles équipes de conseillers – souvent issues des Forces spéciales et des Rangers – sont nécessaires pour aider les officiers et sous-officiers inexpérimentés au combat, rendre efficace le soutien rapproché, repérer les unités faibles, identifier les cadres qui peuvent diriger et ceux qui ne le peuvent pas. Le commandement militaire américain conseille d'engager de telles forces, pas seulement auprès des forces irakiennes mais aussi auprès de la nouvelle garde nationale sunnite, des peshmergas sunnites kurdes, et des forces rebelles syriennes que les Etats-Unis prévoient de soutenir ».
« Un risque de capture, de trahison, de pertes »
« Bien sûr, une telle présence entraine un risque de capture, de trahison, de pertes », reconnait l'expert. « Un rôle de conseil avancé entraîne inévitablement un certain niveau de participation au combat. Mais vouloir éliminer ce risque nous ferait perdre cette guerre. Les guerres précédentes ont clairement montré que la génération de forces produit peu de vrais combattants, que la corruption et les promotions politiques exigent des changements dans les chaines de commandement, et qu'il est dès lors déterminant d'avoir à l'avant des conseillers connaissant le terrain et la langue « .
« L'effort de guerre doit être financé par le pétrole irakien »
« La troisième question porte sur la façon dont les Etats-Unis vont financer cette guerre », poursuit-il. « L'effort doit être largement financés par les revenus pétroliers de l'Irak, ce qui passe par une planification civilo-militaire. Il faut une comptabilité qui opère en temps réel. Il faut contrôler les sous-traitants, la corruption et les projets inutiles et couteux que l'on a trop vu dans les précédentes guerres d'Afghanistan et d'Irak ».
« Pas de stabilité en Irak sans une forme d'unité politique »
« L'Irak, en tant que 'nation hôte', est également un défi », prévient le chercheur du CSIS. « Les progrès dans l'unité politique et civile de ce pays seront aussi déterminants pour le succès que la qualité des efforts américains. Les Etats-Unis peuvent affaiblir significativement l'Etat islamique avec des frappes aériennes, mais cela ne suffira pas pour le détruire. Aucune victoire tactique ne ramènera la stabilité tant que les Arabes chiites, les Arabes sunnites, les Kurdes et ce qui reste des autres minorités irakiennes ne se rassembleront pas dans une forme d'unité politique, une gouvernance honnête et efficace, partageant la richesse pétrolière de la nation, et progressant vers une reconstruction économique et sociale. Il faudra en rendre compte : scruter la façon dont le gouvernement central se montre capable de gagner le soutien des Arabes sunnites dans les zones influencées par l'Etat islamique, réduire les fractures entre les Arabes et les Kurdes, obtenir le soutien des voisins arabes, créer de nouvelles relations, plus stables, avec la Turquie. De même, il faut associer la Banque mondiale pour préparer une stratégie de développement significative ».
« Créer une 'garde nationale' sunnite »
« Si – et seulement si – cette stratégie politique se concrétise, alors il sera important de créer des forces militaires irakiennes crédibles », recommande-t-il. « Envoyer des conseillers américains à l'avant ne sera qu'un aspect des choses. Il faudra un plan, un budget, des systèmes de contrôle pour recréer une armée nationale irakienne que Maliki a mis tant d'efforts à affaiblir et à détruire. Cela signifie s'appuyer sur les meilleures unités, en bâtir d'autres dans la durée, dissoudre les corrompues. Cela signifie aussi créer une 'garde nationale' sunnite et des forces de peshmergas kurdes comme éléments participant à la sécurité d'une nation réunifiée ».
« La Syrie va rester dans un chaos durable »
« La Syrie est un autre aspect de la stratégie américaine qui doit être examiné sur une base honnête », prévient Anthony Cordesman. « La stratégie américaine à ce jour ne prévoit pas une réunion de l'enclave alaouite dominée par Assad à l'Ouest avec les zones contrôlées par les factions rebelles ennemies à l'Est. Elle n'offre pas d'autres perspectives à court terme que de fournir de l'aide aux réfugiés. Or – à moins d'un effondrement interne du régime Assad -, l'Etat islamique ne pourra être détruit en Syrie que par la combinaison de mouvements rebelles hostiles entre eux et qui sont souvent composés de djihadistes à peine moins pire que lui. Les élements modérés doivent être, certes, soutenus mais il n'y aucune chance à court terme qu'ils puissent dominer l'Est tenu par les rebelles. La Syrie va donc rester dans un chaos durable. Les Etats-Unis, leurs alliés, la région et le monde vont devoir vivre avec la persistance du djihadisme et de l'extremisme islamique, quel que soit le sort de l'Etat islamique. Il faut même se préparer à ce que le djihadisme et l'extrèmisme islamique se répande dans toute la région ».
« Les alliés arabes sont trop divisés »
« C'est pourquoi les Etats-Unis doivent travailler avec la Jordanie, l'Arabie saoudite, les Emirats arabes unis et tout autre partenaire arabe pour essayer de créer les conditions d'un changement de cette réalité » conseille-t-il. « Les alliés arabes limiteront probablement leur implication jusqu'à ce qu'ils voient que les Etats-Unis sont vraiment prêts à s'impliquer et que l'Irak est vraiment en train de se transformer. Mais ils sont trop divisés pour montrer une réelle unité dans la lutte contre le djihadisme ».
« La puissance européenne clé, c'est la Turquie »
« Les puissances européennes auront, elles, un rôle limité », estime l'expert. « La puissance européenne clé, c'est la Turquie. Elle pourrait avoir un rôle déterminant dans l'arrêt du flux d'argent, de marchandises, de volontaires étrangers et autres 'lignes de vie' qui soutiennent l'Etat islamique. Mais il est peu vraisemblable qu'elle agira de façon décisive, étant donné ses tensions politiques internes, ses problèmes avec les Kurdes, son commerce avec l'Etat islamique, ses problèmes avec les Etats-Unis et ses difficultés au sud de son territoire ».
« Le djihadisme ne pourra être battu qu'au niveau religieux et idéologique »
« Il faudra pourtant que les alliés produisent des efforts beaucoup plus importants si la bataille contre l'Etat islamique progresse militairement », poursuit-il. « Le djihadisme et l'extrèmisme islamique armé ne pourront être battus qu'au niveau religieux et idéologique. Cela ne peut être réalisé que par des musulmans, des Etats musulmans et – dans ce cas – par des Etats ayant une solide identité arabe. Dans ce contexte, les Etats-Unis doivent clairement savoir qui est un vrai partenaire et qui représente un problème ».
« La situation n'a fait qu'empirer depuis les soulèvements de 2011″
« En fait, l'autoritarisme et la défaillance des dirigeants, la corruption et la mauvaise gouvernance, le chomage et la poussée démographique des jeunes n'ont fait qu'empirer depuis les soulèvements de 2011″, conclut Anthony Cordesman. « Les luttes religieuses et idéologiques qui interagissent avec cette situation s'étendent aujourd'hui des Philippines au Maroc et de l'Afrique sud-saharienne aux territoires musulmans de Russie et de Chine. L'Etat islamique n'est qu'une bataille dans le combat pour l'avenir de l'islam et la stabilité des pays islamiques. Si les Etats-Unis veulent réussir à créer un large cadre de stabilité, à sécuriser les exportations mondiales de pétrole, et à assurer leur place dans l'économie mondialisée, ils doivent oeuvrer avec leurs alliés musulmans – et autres – et tirer de la présente lutte contre l'Etat islamique des enseignements qui leur seront utiles dans une guerre qui sera beaucoup plus longue ».

 Pour aller plus loin

- La version intégrale du texte d'Anthony Cordesman publié le 16 septembre 2014 sur  le site du Center for Strategic International Studies (en anglais);

- La dernière note de synthèse d'Anthony Cordesman publiée le 25 septembre 2014 sur le site du Saudi-US Relations Informations Service (en anglais);

- Le discours de Barack Obama devant l'assemblée générale des Nations-Unies le 24 septembre 2014;

- Le discours de Barack Obama dans lequel il annonce que les Etats-Unis vont s'impliquer pour « affaiblir, et ultimement détruire » l'Etat islamique, le 10 septembre 2014; (en anglais)

- Le blog Paris Planète du 4 septembre 2014 : « L'Irak et la Syrie, deux pays, deux histoires millénaires »;

- Le blog Paris Planète du 8 août 2014 : « Erdogan président, une page se tourne en Turquie »;

- Le dossier Irak de La Croix.



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Religions pour la Paix - Editorial de Ghaleb BENCHEIKH : aller plus loin : Désacraliser la violence, refonder la pensée islamique » Chrétiens de la Méditerranée

Religions pour la Paix - Editorial de Ghaleb BENCHEIKH : aller plus loin : Désacraliser la violence, refonder la pensée islamique » Chrétiens de la Méditerranée

RELIGIONS POUR LA PAIX – EDITORIAL DE GHALEB BENCHEIKH : ALLER PLUS LOIN : DÉSACRALISER LA VIOLENCE, REFONDER LA PENSÉE ISLAMIQUE

Editorial de Ghaleb BENCHEIKH

Un de nos compatriotes, tombé entre les mains d'un groupe de barbares fanatisés, a été lâchement assassiné. C'est avec horreur, consternation et indignation que nous apprenons ce crime abject. Nous nous inclinons devant la mémoire de notre compatriote Hervé Gourdel. Cette ignominie s'est abattue encore une fois au nom d'un prétendu islam dans lequel aucun de nous ne se reconnaît nullement. Nous musulmans
de France, ne pouvons qu'exprimer notre répulsion et dénoncer avec la dernière énergie ces crimes abominables perpétrés au nom de notre tradition religieuse. Celle-ci est avilie et son message est perverti, religion dont les fondements mêmes, nous l'avons toujours cru, sont la paix, la miséricorde et le respect de la vie.

Simplement, cette affirmation incantatoire n'est plus suffisante. Nous adjurons les hiérarques et les théologiens musulmans de s'atteler à la grande entreprise qui consiste
à désacraliser la violence et sortir des idéologies meurtrières drapées dans le discours religieux. Nous sommes arrivés à ces atrocités à cause de la démission de l'esprit depuis des décennies et l'abdication de la raison devant le détournement des valeurs spirituelles pour assouvir la haine et verser dans la barbarie. Ce travail de refondation de la pensée islamique est une nécessité impérieuse. Nombreux sont les manquements à la liberté, à l'égalité et à l'humanisme qui sont à déplorer dans une vision théologique surannée, passéiste et rétrograde.

Nous dénions certes à ces êtres sauvages le droit de se revendiquer de l'islam et de s'exprimer en notre nom. Mais, nous devons débusquer aussi tout ce qui a pu à travers l'histoire servir à tort ou à raison de prétexte pour adosser leurs crimes à des préceptes religieux d'essence islamique. L'architectonique doctrinale de l'idéologie islamiste qui nous a causé beaucoup de torts ne repose que sur des artefacts fallacieux que nous devons dirimer.

Les supplices et la mort que des terroristes djihadistes infligent à nos frères chrétiens, azéris et musulmans perçus comme tièdes, en Syrie, en Irak, au Nigeria et ailleurs,nous révulsent et heurtent notre conscience. Ils nous rendent encore plus malheureux de ne pouvoir faire rien d'autre que d'exprimer notre solidarité et notre immense compassion.

Nous tenons à exprimer avec force notre totale solidarité avec toutes les victimes de cette horde de barbares, guerriers égarés d'un prétendu État islamique, et dénonçons avec la dernière énergie toutes les exactions commises au nom de croyances fanatiques destructrices qui se cachent derrière la religion islamique en confisquant son vocabulaire.

Personne ne peut s'arroger le droit de s'exprimer en notre nom et de salir ainsi notre tradition.

Faut-il pour autant se contenter d'exprimer notre solidarité sans aller plus loin dans l'expression de notre fraternité ? Non ! Car il est de notre devoir, au nom précisément des valeurs de paix et de fraternité auxquelles nous croyons avec force, de continuer à oeuvrer inlassablement pour qu'une ère promise de concorde et d'entente puisse très tôt advenir.

C'est notre invincible espérance.

Ghaleb Bencheikh, le 24 septembre 2014

Religions pour la Paix – France



Envoyé de mon Ipad 

Wahhabisme : « Arabes » & Occidentaux, embarqués sur le même bateau - AgoraVox le média citoyen

Wahhabisme : « Arabes » & Occidentaux, embarqués sur le même bateau - AgoraVox le média citoyen

Wahhabisme : « Arabes » & Occidentaux, embarqués sur le même bateau

N'EST-IL PAS TEMPS QUE LES OCCIDENTAUX SE RÉVEILLENT POUR FAIRE CESSER LE JEU AUQUEL SE LIVRENT LEURS DIRIGEANTS ?

Après l'assassinat absolument monstrueux d'Hervé Gourdel qui a horrifié beaucoup de français et bien au-delà, on a assisté à un certain nombre d'initiatives et de demandes concernant les musulmans.

Les indignations soulevées par cette décapitation barbare expriment l'horreur et la colère tout à fait légitime. Certains cependant s'étonnent de l'indignation sélective et du silence des français devant d'autres massacres aussi crapuleux que barbares commis par les islamistes sur des populations dites "arabo-musulmanes". D'autres soulignent, et cela mérite réflexion, que lors de crimes commis par des chrétiens fanatiques on n'avait jamais demandé « aux chrétiens » de manifester leur hostilité à ces crimes. De même j'ai lu sur Facebook que l'on n'avait pas demandé aux chrétiens de manifester et de se désolidariser des crimes du Ku Klux Klan. La critique sur ce point n'est pas pertinente car ces crimes étaient soient individuels soit le fait d'organisation qui ne se présentaient pas, pour l'essentiel, comme défenseur de la religion chrétienne.

Or, en l'espèce et c'est bien le nœud du débat, les islamistes fanatiques sont adeptes du wahhabisme. Ils se revendiquent bien de l'Islam et même, selon eux du vrai Islam dont ils s'autoproclament les défenseurs. 

Mais faut-il rappeler qu'ils sont instrumentalisés par les occidentaux, à leur tête les EU ; avec la complicité des pétromonarques qui les financent pour d'autres fins : comme de répandre le wahhabisme pour respecter le deal passé entre Mohamed Abdelwahhab et le chef de la tribu des Ibn Saoud.

Si les musulmans dés l'avènement du wahhabisme l'ont dans leur immense majorité rejeté, y voyant une obédience obscurantiste, violente, dénaturant l'Islam ; il serait grand temps que les occidentaux comprennent qu'ils sont aussi visés par l'expansionnisme du wahhabisme, que leurs responsables politiques laissent se développer chez eux en lieu et place de l'Islam qu'ils ont connu dans leurs anciennes colonies à dominante malékite et soufi, en fermant les yeux sur le prosélytisme des pétromonarques pour le wahhabisme, éblouis par leur immense richesse, en échange de leurs pétrodollars pour renflouer leurs économies moribondes ! 

Faut-il stigmatiser à chacune des exactions des islamistes, tous les musulmans et en particulier ceux vivant en Occident ? Faut-il en faire les boucs émissaires pour justifier une islamophobie qui se trompe de combat et d'ennemi ? N'est-il pas plus juste de combattre le mal qui ronge la société occidentale et qui fait des ravages dans le monde dit "arabo-musulman" et plus particulièrement dans les pays du "printemps arabe" ; puisque le wahhabisme a vocation à l'expansionnisme ? Ce cancer du siècle touche tout le monde, les occidentaux comme les peuples dits "arabes" : tous sur le même bateau.

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Si les musulmans ne peuvent pas, ne doivent pas rester silencieux sur ce rapt de l'Islam, par des criminels ; les occidentaux doivent eux aussi prendre à bras le corps ce mal qui se diffuse chez eux par la faute et la cupidité de leurs dirigeants, doublée de leur stupidité sinon de leur cynisme ... quand ils croient duper les bédouins d'Arabie en les instrumentalisant à des fins bassement économiques, alors que les pétromonarques "collaborent" pour d'autres fins : répandre le wahhabisme et s'assurer l'hégémonie sur le nouveau monde musulman ... englobant l'Occident !

Les responsables politiques occidentaux ont eu tort de croire qu'en réactivant le wahhabisme, le péril vert ne toucherait que les pays "arabo-musulmans". Les occidentaux commencent à percevoir l'étendue de cette erreur "stratégique" qui dénote un manque de culture historique sinon une inconscience politique de la part de leurs dirigeants. Le jihadisme qu'ils croyaient cantonné dans des contrées lointaines, ils commencent à le voir à leurs portes et jusqu'à chez eux. Quand au wahhabisme agressif, ils le vivent au quotidiens dans leurs espaces publics : écoles, cantines, hôpitaux, piscines ... où les lois de l'Etat et les règles laïques sont petit à petit remplacées par celle de la chariâa ! Sans parler des conversions de leurs enfants à un islam obscurantiste dont certains finissent par rejoindre les jihadistes ailleurs mais qui rentreront tôt ou tard plus "convaincus" encore pour répandre leur foi parmi les leurs !

Lorsque les français demandent aux musulmans de réagir, ils devraient aussi agir eux-mêmes sur l'action de leurs politiques, responsables de toute évidence d'avoir laissé se développer le wahhabisme de l'Arabie Saoudite et du Qatar ... par laxisme ou par calcul politique et électoraliste ! 

Des intellectuels aux plus humbles, il faut dire et redire que ces gens là ne représentent en rien l'Islam et que ce ne sont que des criminels. Les intellectuels et particulièrement les Imams doivent clairement afficher leur hostilité raisonnée à ces dévoiements de l'Islam. Ils doivent faire et faire encore de la pédagogie et ne pas délaisser les couches les plus pauvres de la société par ignorance croire les faux prophètes. 

Les Etats doivent veiller fermement à ne laisser aucun prédicateur autoproclamé diffuser le venin de ces doctrines de mort. Et que l'on ne vienne pas me parler de liberté d'expression ! Quand l'expression conduit au crime, et c'est le cas, elle est elle-même criminelle et doit être sanctionnée avec la plus grande sévérité.

Or l'attitude de la communauté musulmane jusqu'à ces derniers jours me fait penser à ce qu'Albert Camus disait de l'attitude du Pape Pie XII pendant la seconde guerre mondiale face au nazisme : "J'ai longtemps attendu pendant ces années épouvantables qu'une grande voix s'élevât à Rome. Moi incroyant ? Justement. Car je savais que l'esprit se perdrait s'il ne poussait pas devant la force le cri de la condamnation. Il paraît que cette voix s'est élevée. Mais je vous jure que des millions d'hommes avec moi ne l'avons pas entendue et qu'il y avait alors dans tous les cœurs, croyants ou incroyants, une solitude qui n'a pas cessé de s'étendre à mesure que les jours passaient et que les bourreaux se multipliaient". "On m'a expliqué depuis, reprend Camus, que la condamnation avait bel et bien été portée. Mais qu'elle l'avait été dans le langage des encycliques qui n'est point clair. La condamnation avait été portée et elle n'avait pas été comprise ". Face au wahhabisme, les voix doivent s'élever de partout aussi bien des musulmans premières victimes de cet obscurantisme mais aussi des occidentaux !

Le fait est que les représentants de la communauté musulmane ont condamné, et à plusieurs reprises, ces criminels qui prétendent parler au nom de l'Islam mais ils n'ont pas été audibles. Est-ce de leur faute ou de celle des médias qui ne relayent pas assez fortement ces condamnations ? Ou est-ce l'ignorance des journalistes et leur manque de culture qui leur fait confondre l'islam malékite et soufi des musulmans d'Europe issus de ses anciennes colonies, avec le wahhabisme d'importation récente depuis la chute du mur de Berlin, que les américains ont instrumentalisé pour en finir avec le communisme et continuent d'instrumentaliser à des fins de redessiner le Moyen-Orient pour mieux en contrôler les richesses en hydrocarbures ? Je ne sais mais il est clair qu'il faut que ces condamnations soient répétées avec force. Et non seulement par les musulmans, mais par tous les citoyens sans distinction confessionnelle ... parce que le danger est réel pour tout le monde !

Par ailleurs ne nous cachons pas derrière ces évidences. Il faut reconnaître aussi que certaines populations françaises issues de l'immigration, ont longtemps été ignorées par les pouvoirs publics, et leurs enfants incultes de la religion de leurs parents, peuvent pour certains d'entre eux succomber aux sirènes du wahhabisme et ne seraient pas insensibles aux financements venus de la péninsule arabique (Arabie Saoudite et Qatar pour l'essentiel). 

Ces financements il faudrait être naïfs pour croire qu'ils sont accordés sans la volonté d'implanter ce nouveau péril vert à travers les écoles coraniques et autres centres culturels (plutôt cultuels), en remplacement du péril rouge qu'était le communisme d'avant la chute du mur de Berlin, à la fois voulu par les pétromonarques mais aussi par les responsables politiques occidentaux.

Wahhabisme dont les anglais s'en sont servis pour disloquer l'empire Ottoman et que les américains ont repris à leur compte pour redessiner le Moyen-Orient et s'assurer une main mise sur les hydrocarbures dont regorgent les pays "arabes" ... préférant miser sur le péril vert pour en finir avec le péril rouge, le communisme leur grand cauchemar. Dés lors il ne faut pas s'étonner d'un retour de manivelle car il arrive souvent que le monstre fabriqué par l'apprentis sorcier finisse par lui échapper ! Ce fut le cas pour al-Qaïda et c'est le cas pour Daech !

Il faut donc que toutes les associations, tous les groupements qui veulent, en réalité, faire de l'Islam un instrument politique par l'adoption du wahhabisme, soient contrôlés pour couper leurs financements par les pétromonarques ! Et que les pouvoirs publics soient extrêmement vigilants pour ne pas laisser se développer ces doctrines empoisonnées.

On ne dira jamais assez combien M. Sarkozy a commis une grave faute en ouvrant grande la porte au Qatar. Il est vrai que les pays de la péninsule arabique ont la richesse et le pétrole mais doit-on ignorer qu'ils professent en matière d'Islam la doctrine la plus rétrograde et que c'est sur les bases de cette doctrine que se développent ensuite les fanatismes et les crimes.

Ne doit-on pas reprocher à la France, à l'Europe et aux EU de favoriser par exemple, en Tunisie les Frères musulmans prosélytes du wahhabisme, qu'ils qualifient d'islamistes modérés ; comme si la laïcité, c'est-à-dire le refus de l'instrumentalisation de la religion par la politique, n'était bonne que pour eux et que les autres pouvaient bien accepter une politique fondée sur la religion ! Pourquoi ces Démocraties persistent-elles à soutenir les Frères musulmans contre la volonté des peuples qui n'en veulent pas ? Les Tunisiens sont sortis tous les jours manifester par centaine de milliers durant presque deux mois pour dire leur rejet pour les Frères musulmans qui dominait la troïka, responsable de plusieurs assassinats politiques ! Pourtant les médias occidentaux n'en ont pas beaucoup parlé et les responsables politiques occidentaux continuaient cyniquement à "vendre aux tunisiens l'islamisme modéré" de Ghannouchi et de ses frères musulmans, en les assurant qu'il est compatible avec la démocratie ! On se moque du monde !

Oui les musulmans doivent réagir avec force et s'opposer aux dérives de tous les islamistes mais il faut aussi que les occidentaux et les français aussi, fassent pression sur les politiques pour empêcher les pays du Golfe et d'Arabie, de propager leur wahhabisme et surtout qu'ils cessent de jouer avec les bédouins d'Arabie en instrumentalisant le wahhabisme pour des raisons mercantiles ; et qui finira par leur revenir comme un boomerang !

En définitif, l'axe du mal est constitué plutôt par les américains et leurs amis pétromonarques qui financent leur guerre et leur fournissent les jihadistes, la chair à canon pour la mener ... en limitant les pertes humaines des ressortissants américains.

Mais malheureusement pour les européens, leurs responsables politiques suivent la stratégie américaine dans l'espoir de récolter quelques concessions des champs pétrolifères du Moyen-Orient. 

Il faut que les peuples disent stop à la comédie des américains et à leur cynisme : ils instrumentalisent le terrorisme des jihadistes d'un côté et prétendent leur faire la guerre de l'autre ... sous prétexte de les empêcher de salir l'image de l'islam ! Alors que ceux qui salissent l'islam ce sont les pétromonarques par leur wahhabisme.

Ne tombons pas dans le piège de ceux qui invoquent le racisme, l'islamophobie pour noyer le poisson et faire diversion sur ce grave problème qu'est le wahhabisme ... mais plutôt dénonçons tous ensemble l'islamisme et ceux qui les instrumentalisent que ce soient les pétromonarques ou leurs commanditaires occidentaux avec à leur tête les américains !

Blog de l'auteur : http://latroisiemerepubliquetunisie...



Envoyé de mon Ipad 

samedi 27 septembre 2014

Contre le terrorisme et toute violence


Cité du Vatican, 26 septembre 2014 (VIS). Le Centre international pour le dialogue inter-religieux et inter-culturel Roi Abdallah (Jordanie, siège à New York) a diffusé une déclaration solennelle, approuvée par l'ensemble du Conseil d'administration du KAICIID (composé de représentants des principales religions), par l'Autriche, l'Arabie Saoudite et l'Espagne, et signée pour le Saint-Siège par le Secrétaire du Conseil pontifical pour le dialogue inter-religieux. Cette déclaration entend réagir à la violence et à la crise humanitaire qui frappe tout particulièrement l'Irak et la Syrie:

"Nous croyons dans la sacralité de la vie et la dignité de la personne. Nous croyons que la religion favorise le respect et la réconciliation. Que le dialogue inter-religieux et inter-culturel est une voie vers la paix et la cohésion sociale. Nous réaffirmons les principes de la Déclaration universelle des droits de l'Homme et tout particulièrement le droit à la liberté de pensée, de conscience et de religion. Ces droits universels et inaliénables sont à la base de la liberté, de la justice et de la paix du monde. Si nous condamnons toutes les formes violentes de conflit, à commencer par la violence exercée au nom de la religion. Il faut que ce phénomène cesse. Nous déplorons la perte de tant de vies et saluons tous ceux qui s'efforcent d'alléger les souffrances et de favoriser le bien-être, l'harmonie et la paix. Nous nous opposons à la manipulation de la religions à fin de guerre et condamnons énergiquement toutes les formes du terrorisme, qui qu'en soit l'auteur et quelle qu'en soit l'intention. Nous rejetons toue les discours de haine et d'extrémisme qui incitent à la violence et alimentent les préjugés. Quels qu'ils soient, préjugés et intolérances doivent être combattus. Nous dénonçons l'usage abusif de la religion destiné à justifier tout type d'oppression et entendons faciliter la résolution pacifique des conflits en amenant au dialogue les parties. Pour ce nous voulons développer et améliorer le dialogue entre les religions et les cultures qui seul peut favoriser le respect, la compréhension et la coopération. Nous voulons aussi accroître ces principes entre les religions en faisant en sorte que l'on voit un frère dans l'autre, qu'on apprécie la différence comme un enrichissement plutôt que de percevoir l'altérité comme une menace".

Le Djihad révélateur de la crise de l’Occident - Décryptage - Actualité - Liberté Politique

Le Djihad révélateur de la crise de l'Occident - Décryptage - Actualité - Liberté Politique

Le Djihad révélateur de la crise de l'Occident

Le Djihad révélateur de la crise de l'Occident

Les atrocités de l'organisation "État islamique" mettent l'Occident au défi de retrouver les ressources de sa civilisation pour faire face. Dans notre pays, politiques, chrétiens et musulmans doivent coopérer pour refonder un nouveau pacte pour la France, basé sur la loi morale inscrite dans la conscience de l'humanité.

CES TEMPS DERNIERS, torturant et décapitant, les armées de Gog et de Magog déferlent sur la plaine d'Armageddon et « investissent le camp des Saints, la Cité bien-aimée ». Les peuples qui ont fait le choix de Dieu sont exterminés sous nos yeux laïques, soudain compatissants pour des minorités chrétiennes exotiques, prochaines victimes muséographiques de leur classement au patrimoine immatériel de l'humanité.

La souffrance apocalyptique des croyants fidèles révèle la crise de l'Occident aussi sûr de sa technologie qu'aveugle sur le choix « pour ou contre l'homme » dont ils sont les martyrs.

Le feu du ciel délivré par Rafales ne peut pourtant nous rassurer sur notre sort : les djihadistes sont de nouveaux SS, bien de chez nous géographiquement, produits d'une intégration manquée qui signe l'impensé de la société européenne et française :

  • sur la nation ;
  • sur les rapports entre le politique et le religieux ;
  • sur la laïcité dont l'ADN est chrétien.

C'est le pacte social et national qui est en péril ; ces temps de crise multiforme nous placent devant la nécessité de le refonder.

Refonder le pacte social et national

Trois éléments de la société doivent y contribuer de façon décisive : les politiques (ceux qui se risquent dans une réflexion politique également métapolitique), les musulmans et les chrétiens.

Chacun de ces éléments doit mesurer positivement ce qu'il doit apporter à ce nouveau pacte pour la France.

Côté politique, il faut l'engagement en faveur d'une culture fonctionnelle, c'est-à-dire une pensée commune fondée sur la loi naturelle. La loi Taubira répond parfaitement à son objet, un changement de civilisation qui nous fait descendre de l'arbre pour nous ramener à l'état de nature. Que ceux de droite et de gauche qui prétendront désormais nous gouverner sachent que c'est le point discriminant qui distinguera les partisans d'une société capable de s'enseigner en puisant sans reniement dans son héritage culturel constamment revivifié et ceux du « changement de civilisation », de la table rase libertaire.

Les propos sarkozystes ou juppéens sur le « mariage pour tous » ne pourront nous satisfaire et nous leur prêteront bien volontiers, s'ils insistent, les deux neurones qu'ils mendient. Dans la configuration communautariste où l'islam prend une part de marché grandissante dans la nation, ce choix est crucial. C'est la laïcité idéologique, alibi des dérives libertaires, qui est ici en cause : seul le recours à sa matrice judéo-chrétienne pourra la restaurer comme liberté religieuse fondamentale.

Le défi musulman : adopter la loi naturelle

La communauté musulmane de France, de son côté, doit faire acte d'allégeance nationale et, pour sa majeure part, elle y est disposée. Elle doit relever un défi culturel particulièrement exigeant : celui  d'inscrire l'islam comme élément de paix dans notre société. Ce défi nécessite une lecture exégétique et herméneutique du Coran qui permette de l'accorder avec la tradition judéo-chrétienne de laïcité et de liberté de conscience et de se défaire de toute interprétation violente des textes coraniques.

Mme Farida Belghoul montre qu'une voie est possible dans la convergence qui unit chrétiens et musulmans sur la loi naturelle. Un dialogue qui peut faire de la France le lieu d'éclosion d'un islam apprivoisé, conforme à sa mission de protectrice des chrétiens d'Orient.

On peut penser qu'un nouveau type d' « éducation nationale », purgé de la Pensée 68, est nécessaire pour répondre à cet objet, pour que les jeunes musulmans français adoptent l'histoire de leur nation, avec la volonté d'apporter leur pierre à l'édifice. La paix civile en dépend. Nous devons parier sur l'islam raisonnable capable de faire son aggiornamento. La position de Dalil Boubakeur, recteur de la Grande Mosquée de Paris et président du CFCM, à propos de la décapitation d'Hervé Gourdel, est de bon augure mais le mal est profond, car le ver est dans le fruit.

Chrétiens : le modèle de l'unité libanaise

Quant aux chrétiens — aux judéo-chrétiens —ils doivent d'abord prendre conscience qu'ils sont les garants culturels et civiques du lien social français. Ils doivent d'abord quitter leur ghetto communautariste et monter à l'agora.

Il y a quelques trente ans, au Liban, Béchir Gemayel disait : « Nous avons été attaqués comme chrétiens et nous nous sommes défendus comme libanais. » Cette maxime doit être la nôtre afin que notre cité terrestre reste « le corps et l'essai de la cité de Dieu » (Péguy).

Le Liban reste le modèle de la construction possible d'une amitié politique entre chrétiens et musulmans dans le cadre d'un État de droit, où l'on voit le rôle irremplaçable des communautés chrétiennes du Moyen-Orient, ici comme là-bas.

Nous trouver en guerre avec une organisation terroriste révèle la  fragilité essentielle où nous plonge, tel un gaz incapacitant, l'idéologie post-moderne du tout-démocratique : en exténuant les nations, leurs cultures et leurs États, elle a détruit leurs défenses immunitaires. La responsabilité de ceux qui promeuvent depuis des lustres la société multiculturelle et l'immigration sans condition combinées avec la haine de leur propre culture dans le déni de leurs racines judéo-chrétiennes, pèse lourdement sur le choc des civilisations. Hors une repentance, que peuvent-ils encore nous dire ?

La civilisation, notre espérance

Une fracture profonde traverse l'aire de la civilisation musulmane depuis l'émergence du fondamentalisme. Et cette fracture est mondiale. C'est un fait majeur sans doute salutaire, dans l'ordre eschatologique. Ses ondes sont politiques  et religieuses : elles provoquent notre intelligence de la foi et son articulation sur le politique  pour faire grandir nos frères musulmans français dans le partage de notre tradition laïque.

Avant la parousie, le Djalal — l'Antéchrist musulman façon Big Brother — établira un paradis qui sera un enfer (ou l'inverse) : l'État islamique peut s'y reconnaître.

Tel est le défi du djihad : il appelle notre espérance, notre esprit de paix, et nous n'aurons pas trop de toutes les ressources de nos longs siècles de civilisation pour y répondre.

Em. Tr.

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Envoyé de mon Ipad 

Jean-François Colosimo : «Les chrétiens d'Orient sont un peuple errant et persécuté»

Jean-François Colosimo : «Les chrétiens d'Orient sont un peuple errant et persécuté»

Jean-François Colosimo : «Les chrétiens d'Orient sont un peuple errant et persécuté»

FIGAROVOX/GRAND ENTRETIEN - Alors que la coalition internationale poursuit ses frappes contre l'Etat Islamique, Jean-François Colosimo décrypte la longue agonie des Chrétiens d'Orient dans son livre Les Hommes en trop.


Jean-François Colosimo est écrivain et essayiste. Président du Centre national du livre de 2010 à 2013, il dirige désormais les éditions du Cerf. Son dernier livre, Les Hommes en trop, la malédiction des chrétiens d'Orient, est paru début septembre.


FigaroVox: La France est en guerre contre l'Etat Islamique, qui persécute les minorités chrétiennes. Le sort des Chrétiens d'Orient a-t-il joué dans la décision de cette intervention?

Jean-François COLOSIMO: Il est clair que la situation des chrétiens d'Orient en Irak est désastreuse. Pour le christianisme, l'ancienne Mésopotamie, la terre d'Abraham, est perdue. Soyons clairs: il restera des Chrétiens en Irak, mais ils n'auront plus la taille critique suffisante pour entraîner le mouvement de diversité et de sécularisation nécessaire aux sociétés qui risquent de s'uniformiser dans le fanatisme. De plus, les Chrétiens de Syrie connaissent un destin similaire à celui de leurs semblables irakiens, et empruntent à leur tour le chemin de l'exil via le Liban, la Jordanie et la Turquie.

Les Chrétiens sont persécutés depuis 10 ans en Irak, et souffrent depuis 3 ans en Syrie, sans que cela ait provoqué le moindre engagement militaire d'un quelconque pays occidental. Les décapitations récentes de journalistes américains, toutefois, ont placé Barack Obama devant la nécessité absolue d'un réengagement militaire dans la région. Les Etats-Unis, désormais sur la voie de l'indépendance énergétique grâce aux gaz et aux huiles de schiste, n'ont cependant plus aucun intérêt à être présents sur le terrain. Le but de la conférence de Paris était donc de rassembler une coalition supplétive dans le cadre d'une intervention au Moyen-Orient.

Les chrétiens n'ont donc guère pesé dans cette prise de décision, sinon les grandes puissances auraient agi plus tôt et autrement. On peut par exemple regretter que deux des forces les plus intimement liées au devenir de la région, la Russie et l'Iran, quoiqu'il en soit des régimes en place, n'aient pas été associées à cette initiative. Enfin, et en dépit de la volonté affichée de réunir une coalition qui ne serait pas qu'occidentale, l'Orient y participe donc très peu. La France est ici suiviste: elle a accepté et endossé la ligne pro-sunnite qui est celle des Etats-Unis, et ne fait pas preuve de l'intelligence diplomatique dont elle a pourtant les moyens. Elle renonce, de plus, à son rôle historique de protecteur des Chrétiens d'Orient.

Sait-on quel est le sort des Chrétiens d'Irak et de Syrie dans le désordre du conflit?

La montée de l'islamisme a réussi à provoquer l'exode des chrétiens orientaux qui, pendant des siècles, avaient su résister aux invasions, aux empires, aux colonisations et aux décolonisations. Ils n'avaient jusqu'ici pas fui, malgré les événements terribles du XXème siècle: le génocide arménien de 1915, les massacres des Assyriens pendant la Première Guerre mondiale, les déportations de Grecs de Turquie. L'invasion américaine de l'Irak, en 2003, à la suite du 11 septembre, restera comme la date fatidique de ce tournant, la politique de Washington ayant précipité cette catastrophe.

Ainsi, les Chrétiens d'Orient sont aujourd'hui un peuple errant. On peut considérer que des dizaines de millions d'entre eux ne vivent plus, au Moyen-Orient, là où leurs ancêtres ont vécu, et ont été condamnés au départ au cours du siècle écoulé. Cette dispersion s'est accélérée depuis une décennie. Au total, on compte aujourd'hui un nombre écrasant de chrétiens parmi les 2 millions de réfugiés partis d'Irak et de Syrie vers la Turquie, le Liban, et la Jordanie. La Turquie, qui a maltraité ses propres minorités chrétiennes au point qu'elles sont aujourd'hui quasiment éteintes, est obligée d'accepter à nouveau, d'un mauvais œil, ces flots de réfugiés. Quant au Liban et à la Jordanie, ces deux pays sont instables. On peut donc prévoir de nouveaux malheurs pour les chrétiens réfugiés. Il faut également prendre en compte les présents 10 millions de déplacés, entre l'Irak et la Syrie, pour comprendre la fragilité de ces communautés.

Ces données, auxquelles s'ajoute l'exode silencieux en temps de paix, consécutif à un état de violence latent comme en Egypte, montrent que la présence de Chrétiens est menacée, sur la terre même où le christianisme est né.

Symboliquement, que représente Mossoul dans l'imaginaire chrétien?

A Mossoul, et contrairement à l'idée répandue, la présence de chrétiens est récente: elle date d' un à deux siècles. Chassés, poursuivis et massacrés au tournant des XIX-XXe siècles, puis au tournant de l'an 2000, les Assyro- Chaldéens et les Syriaques se sont regroupés peu à peu dans le nord de l'Irak.

Georges W. Bush, prenant acte de cette concentration, souhaitait créer une sorte de Bantoustan chrétien autour de l'ancienne Ninive. Un tel projet montre l'incompréhension des leaders occidentaux des réalités du Moyen-Orient: ce territoire, encadré de barbelés, outre qu'il aurait coupé les chrétiens de leur lieu naturel et légitime de vie, se serait rapidement transformé un en immense charnier. Benoît XVI lui-même s'est donc insurgé contre cette idée et a bloqué sa mise en œuvre.

Mossoul représente donc une étape de plus dans l'exode des Chrétiens ; cependant, ces lieux, ces étapes cèdent les unes après les autres devant l'avancée de l'Etat Islamique. Da'ech utilise d'ailleurs les images de la fuite des populations pour alimenter une logique de terreur médiatique.

Les Chrétiens d'Orient, pour l'Etat Islamique, sont-ils une cible prioritaire, ou une victime collatérale de la guerre?

Durant l'invasion de 2003, l'armée américaine a soutenu le prosélytisme évangélique au sein des populations irakiennes. Les chrétiens d'Orient sont donc redevenus, dans l'imaginaire arabo-musulman, la 5ème colonne des puissances occidentales, lesquelles n'existeraient de surcroît, toujours dans cet imaginaire, que pour opprimer l'Islam. Avant même la création de Da'ech, Al-Qaïda avait donc posé comme cible prioritaire de la purification de l'Irak les Chrétiens, alliés, selon les djihadistes, des Etats-Unis.

L'islamisme veut éradiquer tout ce qui diffère de sa vision du monde. Aujourd'hui, de plus, le massacre des Chrétiens est un message clair de Da'ech aux minorités et aux musulmans d'Irak: la soumission à l'Etat Islamique est la seule voie possible pour rester en vie. Ceux qui résistent, ne serait-ce que spirituellement comme les chrétiens, seront éradiqués.

En quoi la France a-t-elle un rôle particulier à jouer pour les Chrétiens d'Orient? Quels liens particuliers avons-nous avec eux?

C'est une longue histoire, qui remonte à Saint Louis, aux croisades, lorsque le royaume de France s'est mis au service de la papauté comme garant de la chrétienté. Au XVème siècle, Rome rattache des pans entiers dues christianismes orientaux sous sa juridiction: la monarchie française devient alors naturellement la protectrice des chrétiens d'Orient qui font ce choix en abandonnant l'orthodoxie. Enfin, à partir de Louis XIV, la France investit l'Empire ottoman, y établit des comptoirs marchands et utilise ces communautés comme un levier d'influence.

Cette politique est ensuite réactivée sous Napoléon III, mais se confronte à la Russie qui se veut pour sa part la protectice des chrétiens orientaux orthodoxes. L'élément déclencheur de la guerre de Crimée est ainsi l'affrontement entre des moines franciscains et grecs à Bethléem. Cette logique se perpétue sous la République, sans caractère religieux toutefois: les accords Sykes-Picot, à l'issue de la Première Guerre mondiale, confèrent à la France un mandat sur certains territoires au Moyen-Orient. Ce qui explique, par exemple, la force des liens entre la France et le Liban jusque dans les années 1980, quand Paris commencera à se retirer de la région. La francophonie est jusqu'alors florissante, et les élites locales ne cessent d'attendre de l'aide, du soutien de la France, patrie des droits de l'homme. Depuis, cette attente, cette confiance ont disparues: ces Etats se tournent vers la Russie, aujourd'hui plus proche d'eux, en ce qu'elle continue à jouer de son influence.

Votre livre s'intitule Les Hommes en trop. Pouvez-vous nous expliquer quelle est la «malédiction des Chrétiens d'Orient» que vous citez en sous-titre?

Les chrétiens d'Orient sont des hommes en trop, d'abord pour le monde musulman, pris de convulsions identitaires, et sombrant peu à peu dans l'islamisme ; ensuite pour l'Europe sécularisée, soucieuse d'oublier ses racines, car ils rappellent, par leur simple existence, que le christianisme est originellement une religion orientale tandis que l'idéologie humanitaire dominante, qui se veut dégagée de tout particularisme rechigne de surcroît à aider spécifiquement les chrétiens d'Orient, ce qui permet d'évacuer une forme de culpabilité historique.

La malédiction qui les poursuit depuis des siècles s'est en effet concrétisée au XXe siècle par l'absence de soutien des grandes puissances européennes. En 1915, les Arméniens, prêts à se reconstruire en nation, sont abandonnés par les Russes ; en 1921, les Grecs, qui souhaitent reconquérir leurs territoires ancestraux sont trahis par les Français ; en 1932, les Assyriens, révoltés, sont lâchés par les Britanniques. Cette malédiction se retrouve aujourd'hui encore: jamais l'Union Européenne n'a fait du statut des minorités en Turquie, à commencer par les chrétiennes, mais pas seulement, un critère décisif pour l'entrée d'Ankara dans l'Union. Leur sort importe peu, semble-t-il.

Votre livre décrit le long déclin des Chrétiens d'Orient au cours du XXème siècle, débuté par la dissolution de l'Empire Ottoman et précipité aujourd'hui par l'Etat Islamique. Les interventions américaines de 1991 et 2003 ont-elles précipité cette déstabilisation du Moyen-Orient? Les Etats-Unis ont-ils joué à l'apprenti sorcier dans cette région sans la connaître, au détriment des chrétiens sur place?

Les Etats-Unis se sont montrés aveugles sur les réalités complexes de l'Orient. En choisissant de soutenir l'Arabie Saoudite, les Emirats, le Qatar, donc les Frères musulmans et les Salafistes, comme on l'a vu en Egypte, le camp occidental a fait le choix du monde sunnite, alors que la réforme de l'Islam ne pourra venir que du chiisme. Les chrétiens d'Orient, bien que divisés, choisissent de plus en plus de soutenir le monde chiite ; en Syrie, ils soutiennent les alaouites, proches des chiites ; les seuls lieux où ils peuvent se réfugier, en Irak, sont les territoires chiites ; à Téhéran, à la différence de Ryad, ils bénéficient d'une certaine liberté de culte inhérente à la tradition chiite. Ce qui n'implique pas, évidemment, de mésestimer les problèmes propres au chiisme.

L'Occident, suivant la doctrine états-unienne, a néanmoins fait une terrible erreur en soutenant la pointe extrême du sunnisme qui doit désormais faire face à son Golem.

Vous dites également que la disparition des Chrétiens d'Orient marque la fin de notre «humanité historique». Qu'entendez-vous par là?

L'effacement des Chrétiens d'Orient est un signe précurseur de l'avancée de la mondialisation, qui propose une humanité abstraite et déracinée. Cette logique s'inscrit dans une post-histoire, et propose un modèle unique la logique consumériste.

Cependant, je constate que plus ce mouvement unificateur progresse, plus les populations, en réaction à cette abstraction forcée se tournent vers l'élément le plus fort de leur socle identitaire: leur religion. La mondialisation regroupe donc en son sein deux mouvements: d'une part, une unification autour du concept du marché global ; et d'autre part, une explosion des conflits entre des identités qui défendent leur spécificité, souvent regroupées autour d'une reconstruction aberrante de leur identité confessionnelle.

La disparition des Chrétiens d'Orient, symboliquement, signifie également l'amnésie volontaire de l'Occident, qui refuse d'accepter ses origines, et se lance ainsi à bras ouverts dans le mouvement d'uniformisation de la mondialisation. Ces minorités sont gênantes, car elles forment un trait d'union entre l'Orient et l'Occident, et ne rentrent ainsi pas dans le moule manichéen de la mondialisation.

Le grand clivage actuel n'est donc pas entre le nord et le sud, les libéraux et les conservateurs ou la droite et la gauche, mais entre ceux qui pensent que l'homme n'est pas libre de sa propre histoire et qu'il doit se souvenir de ses origines, et ceux qui pensent que l'humanité peut se réinventer, que chaque individu est son propre maître, absolu, et qu'il peut se donner sa propre définition sans lien historique.

A l'échelle du Moyen-Orient, la disparition des Chrétiens annonce la fin de ce qu'ils représentaient: la différence, le tiers absolu, la puissance de sécularisation dans le politique. Les musulmans modérés, réformateurs, perdront donc un allié de poids avec leur effacement. Et nous-mêmes, une grande partie de notre propension à penser que nous incarnons la morale.



Envoyé de mon Ipad 

120 savants musulmans écrivent une « lettre ouverte » au chef de l’État islamique | La-Croix.com

120 savants musulmans écrivent une « lettre ouverte » au chef de l'État islamique | La-Croix.com

120 savants musulmans écrivent une « lettre ouverte » au chef de l'État islamique

Plus de 120 savants musulmans du monde entier ont publié sur Internet une « lettre ouverte à Ibrahim Awwad Al-Badri, alias 'Abu Bakr Al-Baghdadi', et aux combattants et adhérents du soi-disant'Etat islamique'». La liste des signataires est publiée par ordre alphabétique à la fin du texte, du sultan de Sokoto au Nigeria, Muhammad Saas Ababakar, jusqu'à Zaki Zaidan, professeur de charia à Tanta en Égypte.

L'Égypte – via l'institution Al Azhar, le grand mufti Chawqi Allam notamment – y est particulièrement représentée. Mais d'autres signataires viennent de Jordanie, du Maroc, de Tunisie, du Liban, du Pakistan, d'Indonésie, d'Irak, du Soudan et même d'Arabie saoudite. L'Europe est également représentée avec quelques signatures anglaises, néerlandaises, ou allemandes. Un Français figure également dans la liste : « Marzouk Bakkay, de la Fédération nationale des musulmans de France ». Sans doute la transcription arabe du nom de Merzak el Bekkay, vice-président du Conseil régional du culte musulman d'l'Île-de-France.

« Il est interdit dans l'islam de tuer des innocents »

Un résumé en 24 points expose les fautes commises par le chef autoproclamé du « califat » au regard du droit et des sciences islamiques. Des erreurs longuement commentées, références à l'appui, dans ce texte d'une vingtaine de pages :

« 1. Il est interdit en islam d'émettre fatwas sans posséder toutes les connaissances nécessaires. Même alors, les fatwas doivent suivre la théorie juridique islamique tel que définie dans les textes classiques. Il est également interdit de citer une partie d'un verset du Coran – ou une partie d'un verset – pour en déduire une règle sans regarder tout l'enseignement du Coran et des hadiths lié à cette question. (…) 4 – Il est permis dans l'islam de différer sur n'importe quel sujet, à l'exception des fondements de la religion que tout musulman doit connaître. 5 – Il est interdit dans l'islam d'ignorer la réalité de l'époque contemporaine lorsque l'on rend un avis juridique. 6 – Il est interdit dans l'islam de tuer des innocents. 7 – Il est interdit dans l'islam de tuer des émissaires, des ambassadeurs et des diplomates ; par conséquent, il est interdit de tuer les journalistes et les travailleurs humanitaires. (…) »

Des amis, des voisins

Dans un paragraphe intitulé « Gens du Livre », les auteurs rappellent que l'EI leur a « donné trois choix : jizyah (paiement de l'impôt), l'épée, ou la conversion à l'islam. Vous avez peint leurs maisons rouges, détruit leurs églises, et dans certains cas, pillé leurs maisons et leurs biens. Vous avez tué certains d'entre eux et poussé de nombreux autres à fuir leurs maisons sans rien, à l'exception de leurs vies et des vêtements qu'ils portaient sur leur dos. Ces chrétiens ne sont pas combattants contre l'islam ou des transgresseurs mais des amis, des voisins et concitoyens ».

Du point de vue juridique de la charia, souligne en effet le texte, « ils relèvent tous d'accords anciens, qui ont environ 1400 ans, et les décisions du djihad ne s'appliquent pas à eux. (…) En bref, ils ne sont pas étrangers à ces terres, mais plutôt les peuples autochtones de ces terres avant l'époque islamique ; ils ne sont pas ennemis, mais amis ».

L'esclavage interdit par consensus

Dans un autre paragraphe consacré aux yézidis, considérés par l'EI comme « des adorateurs de Satan » et, pour cette raison, « tués par centaines et enterrés dans des fosses communes », ces savants musulmans affirment, références à l'appui, qu'ils doivent être considérés eux aussi comme des « Gens du Livre ».

Quant à l'esclavage, « aucun érudit de l'islam ne peut contester que l'un des objectifs de l'islam est de (l') abolir », affirme le texte, qui rappelle que Mohammed lui-même avait affranchi ses esclaves. « Vous avez remis en vigueur une pratique que la charia avait travaillé sans relâche pour réparer et qui était considérée comme interdite par consensus depuis plus d'un siècle », déplorent les auteurs. « Vous portez la responsabilité de ce grand crime et toutes les réactions auxquelles il peut conduire contre l'ensemble des musulmans ».

Revenir à la religion de la miséricorde

En conclusion, ces 120 savants musulmans du monde entier reprochent aux combattants de l'État islamique d'avoir « mal interprété l'islam » et d'en avoir fait « une religion de dureté, de brutalité, de torture et d'assassinat ». « C'est un grand mal et une atteinte à l'islam, aux musulmans et au monde entier », affirment les auteurs, qui appellent les coupables à « se repentir », à « cesser de nuire à autrui et revenir à la religion de la miséricorde ».



Envoyé de mon Ipad 

Une « religion authentique » ne peut mener à la violence | La-Croix.com

Une « religion authentique » ne peut mener à la violence | La-Croix.com

Une personne lit le Coran devant la mosquée d'Al-Azhar au Caire.

 « La religion authentique est source de paix et non de violence », a expliqué le pape François lors de son voyage en Albanie.

« Lors de son voyage en Albanie, le pape François a abordé le problème de la violence devant les autorités albanaises et devant les responsables religieux. Notons qu'il a commencé par évoquer la violence politique, celle causée – sous le dictateur communiste Enver Hoxha - par ''l'exclusion forcée de Dieu de la vie'' des hommes : l'absence de Dieu conduit à la violence. Mais, le pape l'a reconnu, on peut la retrouver de manière identique commise au nom de Dieu. La forme est différente mais le fond est le même : c'est la conséquence d'un désir de pouvoir soutenu par un système dogmatique, une idéologie.

En effet, c'est toujours l'idéologie, qu'elle soit ''laïque'' ou religieuse, qui crée la violence, car ''la religion authentique est source de paix et non de violence'', dit le pape. Comment distinguer idéologie et ''religion authentique'' ? Selon moi, tous les moyens modernes doivent être utilisés pour passer au crible les systèmes de pensée : la science, la mise à l'épreuve du réel, la spiritualité pour les religions.

La question de la vérité ou du ''vrai Dieu'' est d'abord centrale et toujours d'actualité, comme Benoît XVI l'a sans cesse rappelé et, ici, le pape François : ce n'est pas parce que je crois à une philosophie de vie ou à un ''texte sacré'' que cela est vrai : il faut pouvoir en rendre compte, ''le prouver'' aux autres, en retravaillant les textes, les traditions, les outils juridiques, etc. Un croyant ne peut aujourd'hui se contenter de croire ''à la légère'', en refusant ce travail de l'intelligence, sans risquer de tomber dans la ''mauvaise foi'', le fidéisme ou le fondamentalisme. La raison est aussi un des plus grands dons de Dieu…

« L'humanité ne supporte plus cette violence, entre eux et contre les autres »

Pour distinguer idéologie et ''religion authentique'', nous devons aussi regarder leurs fruits : c'est le critère de la mise en pratique. Au niveau social, politique, les lois de ces systèmes nous aident-elles à mieux vivre ensemble, à construire un monde meilleur, ou conduisent-elles à la discrimination ? Quant au défi spirituel, si Dieu est vraiment Dieu, il est attentif à la prière : est-ce que le dieu que j'invoque m'écoute ? Les formulations religieuses doivent bien sûr être passées au crible de la prière et mises à l'épreuve du Réel : ainsi, on vérifiera si elles sont ''reçues'' par Dieu.

Ces discours du pape en Albanie résonnent bien sûr avec l'actualité au Moyen-Orient. Tout système, religieux ou laïc, peut tomber dans la violence, et ''adorer des idoles'' comme dit le pape, mais l'islam (que le pape ne nomme pas) plus que les autres parce que son credo mêle politique et religion : les préceptes religieux doivent être appliqués par la ''contrainte du glaive'', par l'État.

L'organisation dénommée « État islamique » résulte malheureusement d'une lecture possible du Coran qui est soutenue par la majorité des docteurs musulmans et extrêmement diffusée. Au-delà des condamnations verbales, les musulmans ''modérés'' doivent donc s'engager à interpeller fermement ceux de leurs confrères qui la véhiculent dans les mosquées et les médias, et surtout à revisiter leurs textes, à réétudier leurs sources pour repenser ce rapport de leur religion à la violence. Eux seuls peuvent faire ce travail. L'humanité ne supporte plus cette violence, entre eux et contre les autres. Il n'est plus tolérable, aujourd'hui, de concilier la figure du Dieu révélé avec la violence. Nous ne vivons plus au Moyen Âge. »

Recueilli par Anne-Bénédicte Hoffner


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