dimanche 31 mai 2015

Au Caire, l'opération séduction de Marine Le Pen à l'égard des autorités musulmanes

Au Caire, l'opération séduction de Marine Le Pen à l'égard des autorités musulmanes

Au Caire, l'opération séduction de Marine Le Pen à l'égard des autorités musulmanesLE SCAN POLITIQUE - La présidente du Front national, accompagnée de l'eurodéputé Aymeric Chauprade, a notamment rencontré dans la capitale égyptienne l'imam sunnite Mohammed el-Tayeb.

Elle entend asseoir sa stature internationale. Après s'être rendue à New York pour fouler, en avril dernier, le tapis rouge du gala annuel du Time Magazine à la faveur de son apparition dans le classement des 100 personnalités les plus influentes, Marine Le Pen a ajouté cette semaine un déplacement symbolique à son agenda. En visite surprise en Égypte, la présidente du Front national a multiplié, au côté de son ancien conseiller Aymeric Chauprade, les rencontres avec d'importantes figures religieuses locales.

Elle a débuté sa visite jeudi par un entretien au Caire avec l'imam Mohammed el-Tayeb, de la mosquée al-Azhar, principale autorité sunnite du pays qui dirige également la célèbre université qui lui est rattachée. «(Ils) ont exploré ensemble les voies possibles d'une future coopération contre les salafisme et tous les courants radicaux de l'islam», précise ainsi le parti dans un communiqué. Assurant que cette discussion devrait dans le même temps permettre de «gommer les effets malheureux de la désinformation médiatique dans l'esprit de nombreux musulmans du monde».

Une version «enjolivée», selon le journaliste Nicolas Henin, spécialiste du monde arabe, qui la met en opposition avec celle communiquée par l'AFP.

«L'institution du Caire a indiqué que M. el-Tayeb avait fait part de 'sérieuses réserves' concernant ses 'positions hostiles à l'islam et aux musulmans, telles qu'elles sont rapportées par les médias internationaux'. M. el-Tayeb a également estimé que 'ses opinions devaient être revues et corrigées', selon un communiqué publié par l'institution sur son site internet», rapportait ainsi l'agence de presse dans une dépêche publiée ce vendredi. Selon le communiqué d'al-Azhar, la présidente frontiste aurait «reconnu qu'il ne fallait pas faire l'amalgame entre l'islam et les actes de violences commis par ceux qui s'en réclament».

L'idée d'un «partenariat stratégique» entre la France et l'Égypte

Autre point, incontestable cette fois, sur lequel l'ancienne candidate à l'élection présidentielle communique avec insistance: son soutien au «combat sans failles du président égyptien Sissi contre l'extrémisme et le terrorisme». «Marine Le Pen entend ainsi (...) poser les bases du renouveau d'une grande politique arabe de la France», précise-t-on, soulignant dans le même temps que «le Front national est attaché à la liberté des cultes dans les limites des lois et traditions françaises».

Reçue au Patriarcat par le pape copte Théodore II jeudi en fin de soirée, l'eurodéputée a fait part de sa «très vive inquiétude pour les Chrétiens d'Egypte, de Syrie et d'Irak», massacrés depuis plusieurs mois par les djihadistes de l'État Islamique. Avant de lui promettre que, «présidente de la République française, elle rendrait à la France sa vocation historique, sa mission protectrice des chrétiens d'Orient». Quand lui a insisté sur «l'importance du lien entre la France et l'Egypte depuis l'expédition fondatrice de Bonaparte».

Une visite extrêmement stratégique, donc, pour la présidente du Front national, qui n'a pas choisi cette «civilisation de la longue durée» et cette «nation farouchement indépendante» qu'est l'Égypte par hasard, mais bien pour entamer un «partenariat» pour les «années à venir». Une ambition sur laquelle le FN, contacté par le Scan, s'est toutefois refusé à tout commentaire: «Nous attendrons désormais que les évènements se déroulent pour en parler», balaie-t-on au prétexte de motifs sécuritaires.



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Egypte: Al-Azhar justifie la réception de Marine Le Pen - Libération

Egypte: Al-Azhar justifie la réception de Marine Le Pen - Libération
Egypte: Al-Azhar justifie la réception de Marine Le Pen
Le grand Imam d'al-Azhar, Sheikh Ahmed el-Tayeb (d) et Marine Le Pen, la présidente du Front national (g) dans les locaux d'al-Azhar, au Caire le 28 mai 2015

La prestigieuse institution de l'islam sunnite Al-Azhar a justifié vendredi la réception la veille «à sa demande» de Marine Le Pen, la présidente du Front National français (extrême-droite), par l'opportunité de lui montrer «le véritable islam».

De son côté, Marine Le Pen a évoqué vendredi ses «nombreuses convergences de vue» avec le Grand Imam d'Al-Azhar, Ahmed al-Tayeb.

L'institution du Caire a cependant indiqué que M. al-Tayeb lui avait fait part de ses «sérieuses réserves» concernant ses «positions hostiles à l'islam et aux musulmans, telles qu'elles sont rapportées par les médias internationaux».

M. al-Tayeb a également estimé que «ses opinions devaient être revues et corrigées», selon un communiqué publié par l'institution sur son site internet.

L'institution avait publié jeudi un premier communiqué au ton moins sévère dans lequel le cheikh d'Al-Azhar se contentait d'appeler «à la lutte contre l'islamophobie dans les pays occidentaux».

Mme Le Pen, dont la visite au Caire n'avait pas été annoncée, a indiqué avoir rencontré M. al-Tayeb pendant «plus d'une heure», au cours de laquelle ils ont «exploré ensemble les voies possibles d'une future coopération contre les salafismes et tous les courants radicaux de l'islam», selon son communiqué.

«Les convergences de vue entre la présidente du Front national et la plus Haute Autorité sunnite du monde arabe sont multiples», a-t-elle affirmé.

Al-Azhar a souligné que la rencontre avec Mme Le Pen se faisait dans le cadre de «l'ouverture» de l'institution «vis-à-vis de tous les courants idéologiques, pour répondre et confronter tout ce qui fait offense à l'Islam, sa tolérance et son acceptation d'autrui».

«Si elle (Mme Le Pen) avait une compréhension erronée de l'islam, le Cheikh d'Al-Azhar voulait lui montrer quel était le véritable islam», a expliqué à l'AFP Abbas Shoman, l'adjoint de M. Al-Tayeb.

Il a précisé que Mme Le Pen avait demandé à rencontrer le Grand Imam il y a une semaine.

Mme Le Pen a affirmé que l'entretien avait «aussi permis au Grand Imam de découvrir le véritable projet politique de Marine le Pen et contribuera à gommer les effets malheureux de la désinformation médiatique dans l'esprit de nombreux musulmans du monde».

La présidente du FN était accompagnée par le député européen FN Aymeric Chauprade, qu'elle avait pourtant écarté en janvier après une vidéo controversée où il disait s'inquiéter d'une «cinquième colonne» islamiste en France et de «la menace très grave» que constitue selon lui l'islam.

Au Caire, Mme Le Pen a par ailleurs a été reçue par le pape copte Théodore II, auquel elle a fait part «de sa très vive inquiétude pour les chrétiens d'Egypte, de Syrie et d'Irak».



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jeudi 28 mai 2015

Selon l’évêque aux Armées, « nous vivons actuellement une nouvelle guerre de religion » | La-Croix.com - France

Selon l'évêque aux Armées, « nous vivons actuellement une nouvelle guerre de religion » | La-Croix.com - France
Selon l'évêque aux Armées, « nous vivons actuellement une nouvelle guerre de religion »

Interviewé par l'hebdomadaire Paris-Notre-Dame jeudi 28 mai, Mgr Luc Ravel, évêque du diocèse aux Armées, explique pourquoi, selon lui, nous vivons actuellement une nouvelle guerre de religion. « Le terme de guerre désigne une opération, qui peut prendre diverses formes et qui vise à s'emparer d'une nation ou d'un ensemble de nations, explique-t-il. C'est bien la volonté actuelle des divers mouvements de terroristes islamistes, comme Daech ou Boko Haram : leurs actes ont pour but de déstabiliser le niveau politique. Ils ont d'ailleurs réussi à le faire en Irak ou en Syrie. »

Pour l'évêque aux armées françaises, « que nous l'acceptions ou non », ces groupes terroristes « ont explicitement déclaré la guerre à nos valeurs occidentales depuis les attentats du 11 septembre 2001 ». « Je me demande si les Français en ont vraiment pris conscience, s'interroge-t-il. Il s'agit d'une guerre de religion, parce que ces terroristes affirment agir au nom de Dieu. Même si, à titre personnel, nous pouvons penser qu'ils n'ont pas une bonne perception de Dieu, nous ne pouvons pas occulter que leurs actions ont des motivations religieuses. »

Une guerre de religion mais pas une guerre entre religions

Cependant, pour Mgr Ravel, il ne s'agit pas d'une guerre entre religions, « contrairement à ce que certains hommes politiques veulent faire croire pour justifier leur vision de la laïcité ».

« La preuve est que ces terroristes ont tué plus de musulmans que de juifs ou de chrétiens, explicite-t-il, estimant que « si cette guerre incite à multiplier les rencontres interreligieuses, c'est une bonne chose ». Si « approfondir la connaissance réciproque permet aux croyants de constater que ce qui les sépare ne les oblige pas à se combattre », « ce rapprochement ne peut être la solution pour mettre fin à cette nouvelle guerre de religion car elle ne relève pas d'un problème interreligieux », ajoute-t-il.

Mgr Ravel estime en outre que cette guerre doit amener les chrétiens français à s'interroger sur les valeurs de leur société. « Mon devoir de pasteur est de montrer que la France, même si elle porte certaines valeurs remarquables, ne se situe pas intégralement dans le camp du bien », explique-t-il, pointant « certaines idéologies, par exemple dans le domaine de l'économie et de la famille, qui ne sont pas porteuses de valeurs humanistes ».

« À l'intérieur de la réalité de la guerre, nous pouvons, en tant que chrétiens, contribuer à la nouvelle évangélisation, c'est-à-dire transmettre le Christ grâce à la force de notre espérance, de notre foi et de notre charité, explique encore Mgr Ravel. Les idéologies résistent aux idéologies. Mais elles succombent devant la vraie foi, science de la vie et de la vie éternelle. »



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mercredi 20 mai 2015

Europe : attaquer les chrétiens devient « presque légitime



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Expéditeur: ZENIT <info@zenit.org>
Date: 20 mai 2015 21:34:54 UTC+3

Europe : attaquer les chrétiens devient « presque légitime »

Les dirigeants politiques et les autorités civiles ne répondent pas aux crimes commis contre les chrétiens et leurs lieux de culte, estime le représentant du Saint-Siège à l'OSCE. Il fait observer que ne pas permettre aux chrétiens d'agir selon leurs croyances dans l'espace public est typique des « régimes totalitaires ».

Marina Droujinina

Rome, (ZENIT.org)

« Il semble presque légitime d'offenser, d'insulter ou d'attaquer les chrétiens », déplore Mgr Janusz Urbańczyk, représentant permanent du Saint-Siège à l'OSCE à Vienne (Autriche).

Il est en effet intervenu à l'ouverture de la conférence organisée sur le thème : « L'intolérance et la discrimination contre les chrétiens en Europe », par l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) à Vienne le 18 mai 2015.

Mgr Urbańczyk déplore que « les crimes de haine et les manifestations d'intolérance et de la discrimination contre les chrétiens » se produisent dans toute la région de l'OSCE « sur une base quotidienne ».

« Ce qui est encore plus inquiétant, c'est le manque de réponse de la part des autorités civiles, des dirigeants politiques, des responsables sociaux et les médias à de tels actes », ajoute-t-il. Ces actes sont  « souvent tolérés et parfois même défendus, sous une couvert de l'art, de la satire ou de la liberté d'expression ».

Ces « incidents » restent souvent « inconnus » à un « large public », fait observer Mgr Urbańczyk. Mais ils « méritent » « une attention sérieuse et une réponse concrète », ajoute-t-il, car « les vies de nombreuses personnes sont affectées uniquement à cause de leur foi chrétienne ».

« Bien que nous ne puissions pas parler de violence généralisée et systématique contre les chrétiens dans l'espace de l'OSCE, nous ne devons pas oublier, cependant, qu'il existe de graves problèmes pour les chrétiens, même dans la région de l'OSCE », affirme le représentant permanent du Saint-Siège à Vienne. Il dénonce « le mépris », « le manque de respect » et les offenses au « sentiments religieux » comme autant d'« éléments déclencheurs de troubles sociaux » et comme « une menace à la coexistence pacifique ».

Mgr Urbańczyk rappelle que la « liberté de religion est un droit fondamental de l'homme » et que sa « protection est au cœur des engagements de l'OSCE ».

Il condamne la pratique selon laquelle les chrétiens sont « avertis » dans le domaine public et même « dans les tribunaux » qu'ils sont « libres » dans une sphère privée, mais ne peuvent pas « agir selon leurs croyances en public ». « Ce n'est pas comme ça que les démocraties fonctionnent, déclare Mgr Urbańczyk, mais plutôt ce que font les régimes totalitaires ».

Mgr Urbańczyk qualifie d' « inexplicable » « l'absence de réaction des autorités compétentes face à des incidents contre les lieux ou des symboles sacrés chrétiens ».  Il cite des « cas » « où le Saint-Sacrement ne peut être maintenu dans une église en raison des actes continus de profanation de lieux saints ». Il déplore un nombre minime « des voix » qui s'élèvent pour « condamner » les actes de profanation. « Les réactions sont différentes lorsque des incidents similaires se produisent dans des lieux de culte d'autres religions », estime-t-il.

Mgr Urbańczyk pense que ce n'est pas juste que les chrétiens soient « accusés d'être des adversaires de la liberté d'expression » lorsqu'ils protestent contre ces crimes. « Les médias et le discours public ne sont pas toujours exempts d'attitudes d'intolérance et, parfois, de dénigrement réel des chrétiens » soutenus par de solides lobbies de toutes sortes, qui tendent à « étiqueter et dénigrer les chrétiens comme fanatiques ou intolérants ».

Le représentant du Saint-Siège fait appel à une « plus grande prise de conscience des crimes motivés par la haine, l'intolérance et la discrimination des chrétiens dans la région de l'OSCE ». Il souhaite le « renforcement de la liberté religieuse, y compris pour les chrétiens » et espère que les chrétiens participeront « pleinement à la vie publique » des États membres de l'OSCE.

Le Saint-Siège demande à l’Europe de protéger les chrétiens



Envoyé de mon Ipad 

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Expéditeur: ZENIT <info@zenit.org>
Date: 20 mai 2015 21:34:54 UTC
Le Saint-Siège demande à l'Europe de protéger les chrétiens

Les crimes et la discrimination envers les chrétiens sont au centre de la conférence de l'OSCE à Vienne. La délégation du Saint-Siège sonne l'alarme contre «  la marginalisation et le déni des droits » des chrétiens.

Marina Droujinina

Rome, (ZENIT.org)

La délégation du Saint-Siège à la conférence de l'OSCE demande aux États participants de « protéger les chrétiens » qui « sont le groupe religieux le plus persécuté et discriminé à l'échelle mondiale ».

Cet appel a été lancé lors de la conférence sur le thème « L'intolérance et la discrimination contre les chrétiens en Europe » organisé par l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) à Vienne (Autriche) le 18 mai 2015, annonce un communiqué du CCEE.

La délégation du Saint-Siège, présidé par Mgr Janusz Urbańczyk, représentant permanent du Saint-Siège auprès de l'OSCE et d'autres organisations internationales basées à Vienne, « encourage » les États participants  à « signaler » les « crimes haineux » et à « s'engager sérieusement en sorte que tous leurs citoyens, y compris les chrétiens, puissent vivre paisiblement, librement professer et pratiquer leur foi ».

Les membres de la délégation du Vatican ont attiré l'attention des participants sur le fait que « dans certaines régions, y compris ceux à la porte de la région de l'OSCE  on pourrait même parler de tendances génocidaires » dans les persécutions contre les chrétiens. Cette tendance est très inquiétante, même si « les chrétiens vivant dans la région de l'OSCE sont épargnés de telles atrocités ».

Un autre fait alarmant est « que dans la région de l'OSCE une ligne de démarcation nette a été établie entre la croyance religieuse et la pratique religieuse », affirme un représentant de la délégation du Saint-Siège. On rappelle « souvent » aux chrétiens  « qu'ils peuvent croire ce qu'ils veulent en privé, et célébrer leur culte comme ils le souhaitent dans leurs propres églises, mais ils ne peuvent tout simplement pas agir en tant que croyants  publiquement ».

Les participants de la conférence - qui a réuni les délégations de 57 pays ainsi que de nombreuses organisations non gouvernementales - ont discuté pendant trois sessions « sur l'importance de renforcer les efforts pour prévenir et combattre l'intolérance et la discrimination contre les chrétiens dans la région de l'OSCE, en se concentrant sur les crimes haineux, l'exclusion, la marginalisation et le déni des droits », précise le CCEE.

La délégation du Conseil des conférences épiscopales d'Europe (CCEE) y était également présentée par le père Michel Remery, vice-secrétaire général du CCEE, et Madame Raffaella Di Noia.

lundi 18 mai 2015

"La destruction culturelle fait partie intégrante du djihad" - Bibliobs - L'Obs

"La destruction culturelle fait partie intégrante du djihad" - Bibliobs - L'Obs

"La destruction culturelle fait partie intégrante du djihad"

À la fin du mois de février, une vidéo de la destruction du musée de Mossoul mise en ligne par Daech a fait le tour du monde. Quel objectif poursuit l'organisation en exerçant sa violence contre le patrimoine de l'humanité ?

Fernando Baez. Toute guerre est l'occasion de destructions culturelles. Mais celles-ci peuvent être collatérales, ou bien, comme ici, volontaires. Toutes les vidéos de Daech, celles qui montrent des assassinats comme celles qui montrent des destructions d'œuvres d'art, relèvent d'une seule et même stratégie de mise en scène de la terreur: elles ont pour but de choquer, d'intimider, de manipuler les populations et de renvoyer le monde à son impuissance.

Il faut bien comprendre que les œuvres et monuments filmés par Daech sont ciblés en tant que tels et pour ce qu'ils représentent. L'Etat islamique détruit tout ce qui incarne, aux yeux de ses ennemis, le sacré. Et il a beaucoup d'ennemis: les chiites, les chrétiens d'Orient que l'on considère comme les descendants des Assyriens de l'Antiquité, les juifs, les Occidentaux, etc. Voilà pourquoi l'organisation s'attaque aux palais assyriens, aux croix, aux églises, aux sanctuaires, mais aussi aux livres et aux archives.

La destruction du tombeau de Jonas à l'été 2014 était à cet égard hautement symbolique: la mosquée qui s'élevait autour de la sépulture du prophète était chiite et, pour les membres de Daech, les prières doivent être exclusivement adressées à Dieu et non à un homme, fût-il un prophète auquel le Coran consacre une sourate. Sans oublier que dans la religion chrétienne, Jonas préfigure le Christ, et qu'il a en outre une importance particulière dans l'Église assyro-chaldéenne.

Dans les jours qui ont suivi la diffusion de la vidéo fin février, on a lu dans les médias que les statues montrées par les images étaient des copies en plâtre. C'est vrai pour une partie des objets détruits au musée de Mossoul, mais pas pour tous. Par ailleurs, quelques jours plus tôt, Daech avait détruit la bibliothèque de la ville. Ensuite, début mars, les miliciens se sont attaqués à Nimroud et Hatra, l'antique cité parthe en pierres de taille, aux vestiges spectaculaires et vieux de 2 000 ans. Nous sommes face à une réelle destruction iconoclaste de l'antique culture assyrienne. Les terroristes s'en servent comme d'un message d'intimidation adressé aux chrétiens et à l'Occident.

Autrement dit, nous ne sommes pas face à des «fanatiques ignorants» comme l'ont souvent dit les commentateurs indignés?

C'est une erreur fréquente que d'attribuer les destructions culturelles à des hommes ignares, inconscients de leur haine. Il faut en finir avec ce stéréotype. Les miliciens de Daech savent ce qu'ils font et fondent leurs actions sur un traité intitulé «Gestion de la barbarie», écrit par le théoricien du djihad Abu Bakr Naji en 2004. Quand ils détruisent des biens culturels, les djihadistes s'en remettent à une certaine interprétation de la sourate 21 du Coran, dite sourate des Prophètes, sur les images auxquelles les infidèles rendent un culte. La guerre culturelle fait partie intégrante du djihad. Nous l'avons vu au cours des siècles: un groupe ou une nation qui tente de soumettre un autre groupe ou une autre nation commence d'abord par essayer d'effacer sa mémoire pour reconfigurer son identité. Il n'y a pas d'hégémonie religieuse, politique ni militaire sans hégémonie culturelle. Les combattants de Daech le savent. Ils veulent intimider, démotiver, démoraliser, favoriser l'oubli, diminuer la résistance et, surtout, instiller le doute.

Dans votre «Histoire universelle de la destruction des livres», vous forgez la notion de «mémoricide». Est-ce de cela qu'il s'est agi en Irak, ou encore à Bamiyan, en Afghanistan, et à Tombouctou, au Mali ?

Ce que m'a appris l'Histoire, c'est que le livre n'est jamais détruit en tant qu'objet physique, mais en tant que lien mémoriel, c'est-à-dire comme l'un des axes de l'identité d'un homme ou d'une communauté. Nous sommes ceux qui se souviennent qu'ils sont. Il n'y a pas d'identité sans mémoire. Et les symboles de cette mémoire, ce sont les livres et les biens culturels. Leur destruction est toujours l'expression d'une tentative d'annihiler une mémoire perçue comme une menace directe ou indirecte pour une autre, jugée supérieure. Derrière chaque destruction culturelle, on peut déceler une intention délibérée de forcer une amnésie, qui permettra le contrôle d'un individu ou d'une société.

Cette amnésie forcée est-elle le propre des situations de guerre?

Non. Chaque société construit, sur la base du traumatisme ou de l'enthousiasme, une image partielle et partiale de son passé. Chaque société bloque donc, volontairement ou non, certains souvenirs. Tout au long de l'Histoire, il a existé des formes parfaitement institutionnalisées de manipulation de la mémoire collective. Les Romains appelaient damnatio memoriae le processus de «condamnation de la mémoire» de tous ceux que le Sénat qualifiait d'infâmes ; on effaçait notamment de toutes les inscriptions, livres et monuments le nom de la personne touchée par cette mesure, afin que les nouvelles générations l'oublient. C'est une sorte d'amnésie décrétée par un pouvoir autoritaire pour préserver son hégémonie politique. Le poète et préfet d'Égypte Caius Cornelius Gallus, qui introduisit le genre de l'élégie à Rome, fit l'objet d'une damnatio memoriae: il nous reste à peine quelques vers de son œuvre. On sait aussi que Messaline, la troisième épouse de l'empereur Claude, mère de Britannicus, accusée d'avoir comploté contre son mari, fut l'une des rares femmes dont on a proscrit la mémoire: plusieurs ex-voto découverts par les archéologues montrent que son nom a été masqué à l'encre, et des dizaines de monuments à sa gloire ont disparu.

De nombreuses révolutions ont tenté de purifier le passé, à commencer par la Révolution française. Y a-t-il quelque chose de nouveau dans ce à quoi nous assistons aujourd'hui ?

Absolument rien. La première trace que nous ayons d'une volonté de raser un lieu culturel remonte à la troisième dynastie d'Ur, qui domina justement toute la Mésopotamie de 2112 à 2004 avant notre ère. Une tablette portant les fragments d'un hymne à Ishbi-Erra, gouverneur de Mari, dans le sud-est de l'actuelle Syrie, mentionne ainsi le premier ordre de dévastation totale :

[…] sur l'ordre d'Enlil [le roi des dieux mésopotamiens] de réduire en ruines le pays et la cité […], il lui était revenu en destin d'annihiler sa culture.

Dans l'une des vidéos postées par Daech, un homme explique que les miliciens sont en train de détruire «le musée des Anglais», que ces objets n'existaient pas du temps du Prophète et qu'ils ont été exhumés par les Britanniques à l'époque coloniale pour affaiblir l'islam. S'agit-il aussi de réaffirmer l'empire de l'islam sur son territoire ?

Toute destruction est une forme d'affirmation de pouvoir. L'Inquisition a brûlé des livres arabes dans le célèbre Autodafé de Grenade, en 1500, pour réaffirmer la victoire des Rois catholiques en 1492 et la reconquête d'Al-Andalus sur les Arabes. Dans la culture tribale traditionnelle du Moyen-Orient, la rivalité avec l'Occident a perduré depuis Al-Andalus et les croisades jusqu'à nos jours, de façon latente. La stratégie de l'État islamique, comme il le revendique dans sa revue Dabiq, est de «demeurer et s'étendre»: Daech suit en cela le chemin tracé il y a des siècles par Saladin, artisan de la reconquête de Jérusalem par les musulmans en 1187.

Dans la vidéo du 26 février dernier, un membre de Daech fait aussi référence à la destruction des idoles à La Mecque par Mahomet en 630. Quel sens faut-il donner à cela ?

Du point de vue de l'islam, la seule tolérance de l'idolâtrie est déjà un péché. Voilà pourquoi, au-delà du clivage entre chiites et sunnites, tout le Moyen-Orient souffre d'un conflit d'identité entre le passé antéislamique et le passé islamique. Ce conflit génère d'inépuisables tensions au sein de la communauté musulmane, qui compte 1,3 milliard de fidèles, tensions fondées sur un livre considéré comme sacré. Car la 21e sourate du Coran («Les Prophètes», versets 52 à 58) est explicitement iconoclaste. Et dans la tradition, il existe un hadith célèbre selon lequel le propre gendre du Prophète, Ali, aurait dit: «Ne laisse aucune image sans la démolir.»

La vidéo ne montre pas tous les objets qui étaient entreposés dans le musée, parmi lesquels des centaines de tablettes cunéiformes, supports de la plus ancienne écriture du monde. On peut se demander si elles sont toujours dans le musée ou si elles ont été vendues sur le marché noir des antiquités…

C'est un problème central. D'un côté, les miliciens de Daech détruisent les œuvres les plus visibles, dans une mise en scène de leur puissance ; de l'autre, ils se livrent à un intense trafic, plus discret et plus lucratif. L'État islamique se finance grâce au pétrole, mais la vente d'objets d'art fait aussi partie intégrante de son modèle économique.

Il est donc probable qu'un grand nombre des œuvres et livres qui se trouvaient dans le musée et la bibliothèque de Mossoul soient déjà vendus ou cachés en attente d'un acquéreur. Selon Interpol, le commerce illégal d'œuvres d'art est le troisième trafic le plus lucratif au monde, tellement la demande est élevée. Même les narcotrafiquants mexicains acceptent d'être payés de cette façon !

Irina Bokova, la directrice générale de l'Unesco, rappelait le 27 février dernier que le trafic des œuvres d'art en Irak était évalué à 7 milliards d'euros. D'où vient ce phénomène ?

Le commerce juteux des vestiges de l'ancienne Mésopotamie n'est pas nouveau. La province de Ninive [dont Mossoul est la capitale] a souffert d'innombrables pertes depuis plusieurs décennies. Dès 1996, l'archéologue J.M. Russell dénonçait l'abandon, le vandalisme et surtout les pillages dont étaient victimes ces sites. En 2003, l'invasion de l'Irak par les troupes américaines n'a fait qu'aggraver le problème. Et, depuis la mainmise de Daech sur l'est de la Syrie et le nord de l'Irak, le phénomène a connu un véritable essor. La situation est catastrophique: non seulement il n'y a ni argent pour la protection des sites, ni projet de recherche scientifique pour les étudier, mais leur fréquentation est devenue extrêmement risquée.

Daech est-il seul responsable du pillage culturel de la région ?

Bien sûr que non. Les véritables coupables sont les acheteurs. Il ne faut pas oublier qu'au bout de la chaîne on trouve, via les antiquaires, les maisons de vente aux enchères et l'Internet clandestin, les bibliothécaires, les musées et surtout les collectionneurs privés. Avides de nouveaux objets d'art, ils n'en vérifient pas l'origine exacte. Sans parler des gens peu scrupuleux, des collectionneurs sans éthique qui détruisent la culture irakienne pour se pavaner devant leurs amis et se gargariser de leur amour du beau dans les dîners en ville.

Que peut faire la communauté internationale ?

Après la diffusion de la vidéo fin février, les dirigeants du monde entier ont dit leur indignation. Mais cela cache une véritable hypocrisie: que font les États pour adopter des législations efficaces contre le trafic ? Des pays comme la Chine ou la Russie coopèrent très peu, mais même les grands pays européens ne sont pas sans tache. Et je ne parle pas du Liechtenstein, du Luxembourg, de Monaco et bien d'autres, qui n'ont jamais ratifié la convention de l'Unesco interdisant depuis 1970 l'importation, l'exportation et le transfert de propriété illicite des biens culturels.

Quant à l'Unesco, malheureusement, ses moyens d'action sont très limités. Depuis que la Palestine est devenue un État membre, fin 2011, les États-Unis ont coupé leurs subventions à l'organisation, soit 22 % du budget total de l'agence. En outre, il est pour l'instant impossible d'envoyer sur place, dans le nord de l'Irak, une commission d'enquête pour recenser les dégâts et établir la liste des pièces volées afin d'empêcher leur trafic.

Ceci dit, il faut saluer l'effort des archéologues qui, à la frontière turque, forment des Syriens – qui se sont eux-mêmes nommés les Monuments Men – dont la mission est de rendre compte des dégradations, voire de protéger certains vestiges en les enterrant ailleurs, après avoir noté leurs coordonnées GPS. C'est évidemment la voie à suivre: sur le long terme, ce dont l'Irak a besoin, c'est de plus de professionnels au service de la cause culturelle. Et d'un vrai budget pour la culture ! Comme souvent, la meilleure prévention réside dans l'éducation et la formation des populations. En attendant, ces efforts restent dérisoires face à l'ampleur du désastre.

Propos recueillis par Suzi Veira
Entretien paru dans le numéro de mai du magazine "BoOks"



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Islam en Europe: Message final de l'assemblée de Saint-Maurice



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Expéditeur: ZENIT <info@zenit.org>
Date: 15 mai 2015 22:20:20 UTC+3
Islam en Europe: Message final de l'assemblée de Saint-Maurice

La 4ème Rencontre des évêques et délégués pour les rapports avec les musulmans en Europe se conlut par un message qui évoque la joie et les fatigues du dialogue, dans le sillage du décret conciliaire Nostra Aetate.

Rédaction

Suisse, (ZENIT.org)

« Cette année, alors que nous célébrons le cinquantième anniversaire de Nostra Aetate (la Déclaration du Concile Vatican II sur les rapports entre l'Eglise et les autres religions), nous sommes plus que jamais convaincus que le dialogue interreligieux et, dans notre cas, le dialogue entre chrétiens et musulmans, n'est pas seulement nécessaire pour construire la paix, mais c'est un impératif de notre foi » : voilà ce qu'ont voulu écrire aujourd'hui, dans le message adopté à la fin de la rencontre, les évêques et délégués des Conférences épiscopales d'Europe pour les rapports avec les musulmans, réunis à St. Maurice (Suisse) depuis mercredi dernier, indique ce communiqué du CCEE. 

Voici le message adopté par les participants : 

« Cette année, alors que nous célébrons le cinquantième anniversaire de Nostra Aetate, nous sommes plus que jamais convaincus que le dialogue interreligieux et, dans notre cas, le dialogue entre chrétiens et musulmans, n'est pas seulement nécessaire pour construire la paix, mais c'est un impératif de notre foi. L'Islam est une religion riche et diversifiée dans sa tradition, avec plusieurs courants de pensée. Cependant, comme toutes les religions, il se trouve à aborder les défis de la radicalisation dans le contexte contemporain. Pour dépasser la radicalisation, nous avons besoin de la liberté de religion et de son principe fondamental: la liberté de conscience.

L'éducation religieuse joue un rôle important dans le renforcement de l'identité religieuse, dans le respect le plus total des convictions religieuses des autres. Cela aide également à construire la solidarité avec les personnes marginalisées, persécutées, et avec les victimes de la radicalisation, indépendamment de leur credo. 

Le fruit de notre réflexion sur ces défis consiste à renouveler et approfondir notre engagement à l'égard du dialogue du point de vue religieux, culturel et social. Nous souhaitons renouveler notre engagement pour une rencontre dynamique avec les musulmans, aussi bien en matière intellectuelle-académique qu'en matière de vie quotidienne. 

Cela exige un examen personnel approfondi et une réflexion théologique sur notre foi et sur la pratique chrétienne, notamment à la lumière des défis posés par la sécularisation et par les mouvements populistes aussi bien pour le Christianisme que pour l'Islam. Un dialogue authentique exige que nos communautés chrétiennes continuent d'être les témoins vivants de la Parole de Dieu, communautés de prière et d'accueil de « l'autre » qui vit parmi nous. Le Jubilé de la Miséricorde nous offre une opportunité unique de montrer qu'il est possible de vivre ensemble et de partager des aspirations communes. La Misericorde ne domine pas. La Miséricorde fait «place » à la diversité et à l'acceptation de l'autre. »

Durant les trois journées de travail, le réseau européen des responsables pour le dialogue avec les communautés musulmanes du continent ont abordé le thème de l'origine et des causes du phénomène de radicalisation de certaines communautés musulmanes en Europe. Els ont également présenté un certain nombre d'expériences de dialogue en cours, notamment en Espagne, Suisse, Allemagne, France et Bosnie-Herzégovine. 

Parmi les experts qui ont alimenté la réflexion, nous pouvons citer le prof. Olivier Roy de l'Institut Universitaire Européen de Florence, M. Omero Marongiu-Perria, sociologue des religions et membre du Centre Interdisciplinaire d'études de l'Islam dans le Monde Contemporain (CISMOC - Université de Louvain, Belgique). 

Les travaux ont été guidés par l'archevêque de Bordeaux, le cardinal Jean-Pierre Ricard, et accompagnés par le cardinal Jean-Louis Tauran, Président du Conseil pontifical pour le dialogue Interreligieux.  La rencontre s'est tenue à St. Maurice, suite à l'invitation de la conférence épiscopale suisse.

Les participants ont prié avec la communauté des Augustins de l'abbaye de Saint-Maurice, dont cette année nous célébrons le 1500ème anniversaire de sa fondation. Les origines de l'Abbaye et les effets pastoraux de l'année jubilaire ont été expliqués dans le détail durant les travaux par Fr. Joseph Roduit, Administrateur apostolique de l'Abbaye de St. Maurice d'Augaune. Mgr Diego Causero, Nonce apostolique pour la Suisse a également pris part à la rencontre : il a été nonce à Damas. 

 

Le Conseil des Conférences Épiscopales d'Europe (CCEE) réunit les 33 Conférences Episcopales Européennes actuelles, représentées par leurs présidents, les archevêques de Luxembourg et de la Principauté de Monaco, l'archevêque de Chypre des Maronites, l'évêque de Chişinău (Rép. de Moldavie), l'évêque éparchial de Mukachevo et par l'administrateur apostolique d'Estonie.

Son Président actuel est le cardinal Péter Erdő, archevêque d'Esztergom-Budapest, Primat de Hongrie; ses vice-présidents sont le cardinal Angelo Bagnasco, archevêque de Gênes, et Mgr Angelo Massafra, archevêque de Scutari-Pult, en Albanie. Le Secrétaire général du CCEE est Mgr Duarte da Cunha. Le siège du secrétariat se trouve à Saint-Gall (Suisse

Etre musulman et devenir un européen, par le card. Tauran



Envoyé de mon Ipad 

Début du message transféré :

Expéditeur: ZENIT <info@zenit.org>
Date: 15 mai 2015 22:20:20 UTC+

Etre musulman et devenir un européen, par le card. Tauran

Comment être musulman et devenir un européen ? Le cardinal français Jean-Louis Tauran, président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux répond en évoquant des "lumières d'espoir du dialogue avec les musulmans".

Rédaction

Suisse, (ZENIT.org)

« Le dialogue est plus que jamais nécessaire. D'abord parce que la grande majorité des musulmans ne se reconnaît pas dans ces actes barbares ; ensuite parce que continuer à dialoguer, même dans un contexte de persécution, peut devenir un signe d'espérance »: c'est avec cet appel au dialogue que le Cardinal  Jean Louis Tauran, Président du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, s'est adressé hier aux évêques et délégués des Conférences épiscopales pour les relations avec les musulmans en Europe, réunis à St. Maurice, Suisse, du 13 au 15 mai 2015, indique ce communiqué du CCEE. 
Ces dernières années, certains phénomènes ont aidé à forger une image négative de la religion musulmane, tel que « l'arrivée de nombreux musulmans sur le continent par le biais de l'immigration illégale ; l'apparition de djihadistes nés en Europe, qui deviennent vite 'soldats d'Allah' et le recours de certains musulmans à la religion pour justifier ces pratiques faisant que désormais, en Europe, l'Islam fait peur (trop souvent, qui dit « religion » dit « violence ») », a souligné le cardinal Tauran, qui se demande si « l'Europe est devenue une terre d'accueil pour les mouvements fondamentalistes qui fournissent une éducation de base à la jeunesse musulmane, tout en favorisant un repli communautaire et un rejet de l'environnement ? »
Mais dans ce cadre où beaucoup ne perçoivent que des ombres, le Président du Conseil Pontifical pour le dialogue interreligieux du Saint Siège entrevoit quelques lumières, comme «  la conviction qui s'affirme de plus en plus en Europe, à savoir la nécessité d'appliquer les critères de l'herméneutique aux textes coraniques ; un ayatollah de Téhéran qui a affirmé en novembre dernier que foi et raison ne sont pas incompatibles ou encore la présentation à l'Université Pontifical Grégorienne (Rome) en janvier dernier de la  traduction en langue farsi du Catéchisme de l'Église catholique ».
Pour le Cardinal Tauran, il est clair que les premiers acteurs interpellés pour l'éradication d'une certaine islamophobie croissante en Europe sont premièrement les communautés musulmanes du continent. « Ils doivent faire face aux extrémistes et aux terroristes qui cherchent une justification religieuse à leurs actions. Quoiqu'il en soit, se pose la question : comment être musulman et devenir un européen ? »

vendredi 15 mai 2015

La France, fille aînée de l’athéisme - GARRIGUES ET SENTIERS

La France, fille aînée de l'athéisme - GARRIGUES ET SENTIERS

La France, fille aînée de l'athéisme

Le catholicisme n'est plus la première religion nationale

Après les attentats du mois de janvier, un débat s'est instauré sur les moyens à envisager pour permettre à la religion musulmane de s'intégrer dans la société française. Parmi les sujets abordés, celui de la laïcité « à la française ». Celle-ci s'oppose à la conception anglo-saxonne (américaine surtout) de la laïcité, notamment par le fait qu'elle privilégie un espace public où les religions doivent se montrer discrètes, voire absentes, à une société où les religions sont à la fois valorisées et mises sur un pied d'égalité. Comment les évolutions sociologiques récentes de la société française peuvent-elles nous amener à réexaminer cette question ?

Le reproche fait à la loi de 1905 repose sur le fait qu'elle a été établie pour contraindre la religion catholique à s'intégrer à la République alors que cette religion avait été ultra-majoritaire pendant des siècles. Et qu'elle ne faisait qu'entériner cette situation de domination en la contraignant à rester dans les limites de la loi. Dans cette logique, l'islam ne pourrait trouver, selon les contempteurs de la loi de 1905, sa place sur un pied d'égalité réelle. Principalement à cause de la quasi-impossibilité de construire des lieux de culte nouveaux.

Mais qu'en est-il de cette situation de domination aujourd'hui ? Regardons de plus près les chiffres. En trente ans, sa pratique, sa pénétration et son influence ont été divisées par trois : le ratio de baptêmes sur le nombre de naissances enregistré est passé de 80% à 36% – le ratio de confirmations est passé de 15% à 5% – le ratio de mariages catholiques sur le nombre d'unions civiles (mariages civils et Pacs) est passé de 35% à 9% – le nombre de prêtres est passé de 38 000 à 13 000 (dont largement plus de la moitié ont dépassé l'âge de la retraite) – le nombre de catholiques pratiquants « une fois par an au moins » est passé de 60% à 27%, celui de pratiquants « une fois par mois au moins » de 40% à 9%. Celui des pratiquants « une fois par semaine » a été divisé par 5, passant à 4%.

La moitié des catholiques déclarés (45% de la population) affirment ne pas croire en Dieu, soit 23% de « catholiques athées » auxquels il faut ajouter une majorité des Français qui se déclarent sans religion (45% de la population aussi). Si on additionne « catholiques athées » et « sans religion athées » (certains « sans religion » sont peut-être déistes), on a sans doute largement plus de 50% des Français qui sont athées. Le reste de la population étant composé de 6 à 8% de musulmans, de 0,5% de juifs religieux (pratiquant ou respectant des prescriptions religieuses), de 1% de protestants déclarés, et de 1% de bouddhistes réguliers.

On est donc passé en trente ans d'une situation où la religion catholique était dominante et incontestée (plus de 80% de la population grosso modo) à une situation ou plus de 50% des Français se déclarent athées, voire près de 70% si l'on additionne les 23% de catholiques athées (c'est-à-dire des baptisés qui ne pratiquent pas leur religion et qui déclarent ne pas croire en Dieu) et les 45% de « sans religion ». Le « fait catholique », n'est donc plus un fait dominant, loin de là. On peut même imaginer, si l'on prolonge les courbes de tendance, qu'à l'horizon de 20 ou 30 ans, il n'y aura plus en France que 10% de catholiques. À côté de peut-être 10% de musulmans (si l'immigration ne progresse pas démesurément, sinon on peut imaginer un socle de près de 15% de musulmans).

Ceux qui veulent exonérer les musulmans des efforts à faire pour s'adapter à la République française mettent volontiers en avant une situation française où la religion musulmane serait dominée par la religion catholique. Cette situation de domination religieuse étant le reflet d'une situation de domination sociale et culturelle. Mais on a vu que la structure religieuse française n'était plus celle-ci. Et qu'elle le sera encore moins à l'avenir. Le fait religieux dominant, c'est l'athéisme. La France est devenue « fille aînée de l'athéisme » après avoir été celle de l'Église. Il est tout à fait envisageable, on l'a vu, d'imaginer à l'horizon 2050 une France composée de 80% d'athées ou de sans religion, de 10% de catholiques et de 10% de musulmans.

Dans cette situation sans précédent, le catholicisme ne serait plus le fait dominant de notre nation, mais une de ses deux religions minoritaires, à égalité avec l'islam. Le fait dominant sera celui de l'athéisme, ou tout du moins d'une irréligiosité massive de la population. Dans cette perspective, la laïcité change de rôle. Elle n'est plus un instrument de combat pour réduire une religion dominante et la maîtriser mais la base d'un comportement très largement majoritaire qui s'impose à tous. Elle n'essaie plus d'écarter de l'espace public des comportements religieux pour les contraindre à rester dans le domaine privé car ils seront à l'avenir aussi très largement absents du domaine privé. Elle devient un état majoritaire et largement partagé par la population. Le débat ne se pose plus dès lors entre « séparatistes » (au sens de 1905) et « concordataires » (au sens de 1801) , puisqu'il n'y aura plus grand chose à séparer hormis les pratiques minoritaires de 10% de catholiques et de 10% de musulmans et qu'il n'y aura plus grand chose à protéger puisque la religion musulmane sera à égalité avec la religion catholique.

En étant provocateur, on pourrait dire que le déclin de la religion catholique est une grande opportunité pour imposer la laïcité aux musulmans. Car à l'avenir elle n'apparaîtra plus comme l'instrument de domination d'une France blanche et chrétienne sur une France colorée et musulmane, mais comme l'état général et normal de la très grande majorité de la population. C'est pourquoi, ce n'est absolument pas le moment de renoncer ou d'aménager la laïcité au sens où elle a été mise en place en 1905. C'est au contraire le moment de réaffirmer ses valeurs parce qu'elles ont un avenir certain car la laïcité invite tous les Français à se conformer à quelques règles simples de bienséance : ne pas exposer sa religion en public par des signes ostentatoires – tolérer la critique de sa propre religion – ne pas imposer aux autres des règles qui ne les concernent en rien (le fait de dessiner Mahomet par exemple) – et sans doute laïciser aussi les jours fériés (en proposant à chaque français de disposer d'un stock de 5 jours fériés à utiliser à sa propre convenance, religieuse ou pas).

Régis Debray a écrit que la religion chrétienne était en train de laisser la place à une nouvelle religion « athée » qu'il appelle la ROC (Religion de l'Occident Contemporain). Il se trompe sans doute en l'étendant à tout l'Occident car le continent américain en général et les USA en particulier restent très attachés au christianisme. Mais les signes sont très forts en Europe d'une évolution vers la ROC (ou de la REC, Religion de l'Europe Contemporaine). Ils le sont tout particulièrement en France car les 67% de Français qui se déclarent aujourd'hui athées ou sans religion et qui seront sans doute demain 80% de la population sont certainement à l'avant-garde de cette évolution. Sont-ils pour autant sans valeurs ? Non car ils partagent un certain nombre de principes qui sont au cœur de la laïcité : le respect de l'égalité (hommes-femmes) – le respect des minorités (sexuelles en particulier) – la défense des libertés individuelles et collectives – la tolérance. Ce sont les principes fondamentaux de cette religion des droits de l'homme. Ils s'imposent à tous.

Dans un article récent sur Atlantico, Michel Maffesoli décrit une France évoluant vers une forme de tribalisme fondé sur les affinités électives. Il a certainement raison sur le plan culturel, comportemental, vestimentaire, alimentaire… Mais il omet de voir que sur le plan religieux, une tribu dominera très largement les autres : celles des athées sans religion qui représentera 80% de la population. C'est pourquoi il comment une erreur historique en désignant la laïcité comme l'obstacle à l'harmonie globale de la nation. Il veut « une République multiple et tolérante pour que la France ne soit plus une machine à produire des djihadistes ». Oublions le fait qu'il culpabilise inutilement la République laïque comme responsable des crimes commis par ceux qui réfutent la laïcité, nous avons déjà fait un sort à ces mauvaises interprétations du djihadisme, pour considérer qu'il s'interdit d'imaginer que la laïcité peut être vecteur de tolérance. Il n'est pourtant pas difficile d'entrevoir que des citoyens peuvent – doivent – se respecter pour ce qu'ils ont en commun plus que s'interpeller sur ce qui les différencie. Surtout quand 80% d'entre eux n'ont pas de différences à affirmer au plan religieux.

Avec Régis Debray, on peut au contraire envisager la laïcité non pas comme un obstacle à l'épanouissement de l'individu mais comme un projet pour cimenter une nation en déclin spirituel. La laïcité n'est sans doute plus l'ennemie de la religion chrétienne. Elle ne doit pas devenir l'ennemie de la religion musulmane. La France, parce qu'elle a une vocation universelle et parce qu'elle a la première exprimé le désir de liberté, d'égalité et de fraternité sans lesquelles la laïcité n'existe pas, peut jouer un rôle de premier plan pour faire de l'Europe un espace laïc et tolérant dans un monde en proie à l'intolérance et au désordre. Elle peut montrer la voie si elle est sûre d'elle-même et si elle trouve la force de faire partager son projet à tous.

Xavier Théry
pour Closer



Envoyé de mon Ipad 

mercredi 13 mai 2015

Des laïques aux djihadistes, quelles relations entre Islam et politique | Paris planète

Des laïques aux djihadistes, quelles relations entre Islam et politique | Paris planète
12/5/2015
Des laïques aux djihadistes, quelles relations entre Islam et politique

« Il est faux de prétendre que les jihadistes n'ont rien à voir avec l'Islam« .

Mustafa Akyol, éditorialiste turc

Jeudi 7 mai, lors d'un déjeuner de presse

akyol

« Faith, freedom and Foreign policy » – « Foi, liberté et politique étrangère »- , c'est le titre d'un essai collectif récemment publié par un organisme basé à Washington, la Transatlantic Academy. Financée par des fondations européennes et américaines, notamment le German Marshall Fund, celle-ci promeut une vision libérale du monde.

Elle vient de réunir neuf contributions dissertant sur le rôle des religions dans les relations internationales. La Transatlantic Academy  s'intéresse notamment au fossé qui sépare l'Europe sécularisée et la très croyante Amérique, mais aussi à la façon dont les deux rives de l'Atlantique font face à l'extrémisme religieux.

Jeudi 7 mai, quatre auteurs étaient de passage à Paris pour faire connaitre leurs travaux, rencontrant notamment des diplomates du ministère des affaires étrangères. Parmi eux, Mustafa Akyol, éditorialiste au quotidien turc Hurriyet Daily News, spécialiste de l'islam politique et auteur régulier dans les revues politiques américaines.

Son sujet pour la Transatlantic Academy s'intitule « Islam and the liberal order ». Il y propose un classement en cinq catégories de la façon dont les musulmans du monde entier se situent  par rapport au système libéral et à ses valeurs. Il conclut avec six suggestions à destination des leaders politiques et faiseurs d'opinion. Des points qu'il a résumés lors d'un déjeuner qui s'est déroulé dans un restaurant situé à trois pas de l'Assemblée nationale.

« Très peu de pays musulmans sont des théocraties »

« Le monde musulman compte aujourd'hui environ 1,6 milliard de personnes et il est très divers », commence Mustapha Akyol. « Il y a 49 pays où les musulmans sont majoritaires et leur système politique varie de la monarchie absolue (comme l'Arabie saoudite) à la monarchie constitutionnelle (comme le Maroc), de la république autoritaire (comme l'Algérie) à la république démocratique (comme la Turquie). Très peu de pays majoritairement musulmans sont des théocraties, au sens où la loi islamique (la charia) y est totalement appliquée (Arabie saoudite, Iran, Soudan, Afghanistan). Et très peu ont un système juridique totalement sécularisé (Turquie, les républiques d'Asie centrale, Albanie). Dans la grande majorité des États, il y a une légère touche islamique, dans la mesure où la Constitution rend hommage à l'Islam et où la loi islamique joue un rôle limité, habituellement, aux questions familiales ».

« Deux pays musulmans libres : la Tunisie et le Sénégal »

« Selon le classement de l'organisation Freedom House, en 2015, il n'y a que deux pays majoritairement musulmans totalement libres : la Tunisie, joyau du 'printemps arabe' de 2011, et le Sénégal », poursuit-il. « Certains sont classés comme partiellement libres -  la Turquie, le Maroc, le Pakistan, le Bangladesh, la Malaisie et l'Indonésie. La majorité figurent comme non-libres. Plusieurs figurent avec la Corée du nord parmi les pires des pires quand il s'agit de la liberté : l'Arabie saoudite, la Somalie, le Soudan, la Syrie, le Turkménistan et l'Ouzbékistan. Il faut relever que ce déficit n'est pas toujours lié à l'Islam. Le Turkménistan et l'Ouzbékistan sont des États laïques dominés par des dictateurs post-communistes. Le régime tyrannique de Bachar Al Assad est également laïque ».

« Pour les musulmans laïques, la religion est affaire personnelle »

« Finalement, les tendances politiques parmi les musulmans du monde peuvent être classées en cinq catégories dans leur façon de se situer par rapport à l'ordre libéral : les laïques, les modernistes, les nationalistes, les islamistes et les djihadistes », précise l'analyste. « Les laïques acceptent la séparation entre la religion et le domaine politique. Cette distinction est intériorisée par des centaines de millions de musulmans à travers le monde. La plupart d'entre eux sont des croyants et des pratiquants. Mais pour eux, la religion est une question personnelle d'observance, de tradition, d'appartenance à une communauté ».

« La constitution remarquablement libérale de la Tunisie »

« En 2013, le Pew Research Center a publié une enquête montrant que 99% des Afghans jugeaient que la charia devait être la loi officielle de leur pays, mais seulement 8% des Azerbaidjanais. Le pourcentage est de 12% chez les Turcs, 56 % chez les Tunisiens, 74 % chez les Égyptiens », signale-t-il. « La tension entre ces musulmans laïques et les islamistes est récurrente partout. Jusqu'ici, la Tunisie a été le pays le plus capable de bâtir un consensus entre les deux, puisque les représentants des deux camps ont été capables de rédiger et ratifier une constitution remarquablement libérale en février 2014″.

« Est-ce que tous les musulmans laïques acceptent et apprécient l'ordre libéral? Pas nécessairement », commente Mustapha Akyol. « Mais ils n'ont pas de raison religieuse de le rejeter. Ils peuvent le faire avec d'autres motivations – nationalistes, socialistes, 'anti-impérialistes' -, mais c'est un autre sujet ».

« Pour les modernistes, le cœur de la foi est rationnel »

« La deuxième catégorie, le modernisme islamique, est sans doute la moins répandue », reprend-il. « Les modernistes musulmans de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle – période que l'historien Albert Hourani a décrit comme 'l'âge libéral' de la pensée arabe – dénonçaient les enseignements dogmatiques et autoritaires de la tradition islamique. Ils étaient aussi persuadés que le cœur de la foi est intrinsèquement rationnel et libéral. La démocratie, expliquaient-ils, était recommandée dans le Coran avec son appel à la consultation des croyants. Aujourd'hui, il y a des modernistes musulmans dans la plupart des pays à majorité musulmane et aussi en Occident ».

« L'appartenance à l'oumma, la nation musulmane »

« Les nationalistes musulmans forment la troisième catégorie », énumère le chercheur. « Mis à part les laïques – que l'on pourrait aussi définir comme des musulmans 'culturels' -, pratiquement tous les musulmans ont le sentiment d'appartenir à l »oumma', nom arabe qui désigne la communauté, la nation, et qui est utilisé historiquement pour désigner toute la communauté des croyants musulmans. Les musulmans nationalistes sont ceux pour qui ce lien a des implications politiques ».

« Solidarité envers les 1,6 milliard de musulmans »

« Au niveau le plus faible, cela peut conduire à un sentiment de solidarité politique envers les 1,6 milliard de musulmans », explique-t-il. « C'est pourquoi les souffrances des musulmans en Palestine, en Bosnie, en Tchétchénie a pu toucher les cœurs et les esprits de millions de musulmans jusque dans les endroits les plus reculés du monde. Ce sentiment peut nourrir un projet politique : le pan-islamisme. Les pan-islamistes considèrent que l'État nation est une invention de l'Occident. Ils œuvrent au sein de chaque État musulman pour y développer une prise de conscience en faveur de la piété religieuse et de la solidarité de l'oumma. Ils établissent des connections intellectuelles, économiques, culturelles et politiques entre les nations musulmanes. C'est la ligne d'un parti comme les Frères musulmans d'Égypte ou le Jamaat-e-islami du Pakistan ».

« Les salafistes rejettent la légitimité de l'État nation »

« La forme extrême du nationalisme musulman est le salafisme – la forme la plus rigide et la plus littéraliste de l'islam sunnite », ajoute Mustapha Akyol. « La clé de voûte du salafisme, c'est de condamner l'innovation en religion en tant qu'hérésie et d'essayer de conserver le monde comme il était au temps du prophète de l'islam Muhammad. Ils rejettent la légitimité de l'État nation, considérant qu'il s'agit d'un innovation hérétique. Le groupe salafiste-djihadiste qui occupe de large portions de l'Irak et de la Syrie en s'autoproclamant État islamique a ainsi aboli les frontières entre ces deux pays ».

« L'Occident est perçu comme injuste envers les musulmans »

« Même dans ses versions modérées, le nationalisme musulman a une objection forte envers l'ordre libéral : il considère celui-ci comme injuste envers les musulmans », insiste-t-il. « Le deux poids deux mesures de l'Occident en politique étrangère (vrai ou ressenti), notamment au Moyen Orient, renforce cette vue et conduit à l'accusation d'hypocrisie. Cela peut aller jusqu'à contester l'ordre mondial établi depuis la fin de la Seconde guerre mondiale. Le président turc Recep Tayyip Erdogan dénonce souvent le fait que sur les cinq pays membres permanents du conseil de sécurité de l'ONU, aucun n'est musulman ».

« Les islamistes ont changé de point de vue sur la démocratie »

« Quatrième catégorie : l'islam politique, qu'on désigne souvent comme 'islamisme' », avance le chercheur. « Pour ses tenants, l'Islam comprend un projet politique. Ils sont engagés dans une action politique ( propagande, implantation sur le terrain social, participation aux élections si possible). La création des Frères musulmans en Égypte en 1928 peut-être considérée comme la genèse de l'islamisme moderne. Pendant des décennies, les islamistes ont condamné la démocratie comme un système fondé sur la 'souveraineté du peuple' alors que leur État serait fondé sur 'la souveraineté de Dieu'. Beaucoup ont toutefois changé de points de vue à partir des années 1980″.

« Démocratie électorale sans démocratie libérale »

« Attention toutefois à un 'truc' », prévient-il. « L'acceptation de la démocratie électorale n'implique pas l'acceptation de la démocratie libérale. Bien au contraire, la vision politique des islamistes inclut des éléments anti-libéraux enracinés dans leur interprétation de la charia : par exemple l'imposition de la vertu avec l'interdiction de l'alcool et de l'immodestie dans les comportements; la dégradation des femmes et des minorités non-musulmanes; les châtiments pour blasphème et pour apostasie – censée être punie par la peine capitale ».

« Les djihadistes, des islamistes en armes »

« Quant aux djihadistes – la cinquième catégorie – ce sont des islamistes en armes », pointe Mustapha Akyol. « Ils optent pour la lutte armée du fait de leurs convictions religieuses mais aussi dans certains contextes politiques. Les deux causes les plus communes sont l'occupation étrangère et un pouvoir tyrannique ».

« Non au politiquement correct »

« En Occident, comprendre cette diversité au sein de l'islam, et même à l'intérieur de l'islamisme, est capital pour éviter les généralisations, souvent biaisées. L'une, par exemple, est de prétendre que 'l'Islam est une religion de paix' et que les djihadistes 'n'ont rien à voir avec l'Islam'. Cette opinion politiquement correct est factuellement fausse. Mais il est tout aussi erroné de peindre ces extrémistes comme des représentants de tous les islamistes, a fortiori de tous les musulmans ».

« Des opérations militaires limitées contre les djihadistes »

« Voici donc quelques conseils », conclut l'éditorialiste. « 1) les opérations militaires contre les djihadistes doivent être limitées dans l'espace, et ne pas tourner à la guerre et à l'occupation; 2) les blessures ressenties par l'oumma seraient apaisées si étaient trouvées des solutions politiques pacifiques aux conflits de la Palestine, du Cachemire (Inde) ou de l'Arakan (Birmanie) ; 3) les partis islamistes doivent être intégrés dans l'espace démocratique plutôt que pourchassés par des dictateurs pro-occidentaux, mais sans se méprendre sur leur degré d'acceptation de la démocratie libérale : les valeurs libérales doivent être défendues y compris par des sanctions, si nécessaires ».

« Gare au baiser de la mort »

« 4) le principal obstacle au libéralisme dans le monde musulman est la perception qu'il s'agit d'un produit importé, voire d'une conspiration; il faut veiller à ce que le soutien occidental aux musulmans laïques ou modernes ne devienne pas un 'baiser de la mort'; 5) la meilleure des stratégies occidentales est d'aider à créer un contexte politique, économique et culturel favorable à un libéralisme musulman : soutenir la démocratisation; renforcer l'économie de marché; développer les interactions culturelles par l'éducation, le commerce, le dialogue inter-religieux; 6) en ce qui concerne les musulmans d'Occident, il s'agit pour les pays concernés d'absorber des gens qui sont non seulement de religion différente, mais aussi de cultures différentes. Le modèle européen d'assimilation (notamment en France) risque d'être contre productif, voire antilibéral. Des pays comme les États-Unis et le Canada présentent un meilleur modèle, permettant aux individus de mettre un trait d'union entre leurs différentes identités ».

Pour aller plus loin

- Le lien vers l'essai « Faith, freedom and Foreign policy » (218 pages) publié le 28 avril 2015 par la Transatlantic academy et dans lequel se trouve l'article intégral de Mustapha Akyol (en anglais);

- l'enquête du Pew Research Center rendue publique le 30 avril 2013 : « Muslim beliefs about sharia » (« charia : ce que croient les musulmans ») (en anglais);

- le portrait paru le 29 avril 2015 dans La Croix : « Abdennour Bidar. Méditant engagé »;

- « En Tunisie, un vétéran de l'indépendance face aux islamistes » : article avec Béji Caïd Essebsi (devenu entretemps président tunisien) posté le 11 novembre 2013 sur le blog Paris Planète;

- « Le combat du soufisme contre l'islam littéraliste » : article avec le philosophe Souleymane Bachir Diagne, paru le 26 avril 2014 sur le blog paris Planète;

- « Le leg précieux d'Abdelwahab Meddeb pour un « Islam des Lumières » », paru le 7 novembre 2014 sur le blog Paris Planète.



Envoyé de mon Ipad 

dimanche 10 mai 2015

ماذا تقول الكنيسة في الإرهاب؟ | الاتحاد الكاثوليكي العالمي للصحافة- لبنان

ماذا تقول الكنيسة في الإرهاب؟ | الاتحاد الكاثوليكي العالمي للصحافة- لبنان


ماذا تقول الكنيسة في الإرهاب؟

ماذا تقول الكنيسة في الإرهاب؟

عن أبونا

محاضرة البطريرك ميشيل صبّاح، بطريرك القدس للاتين السابق، التي ألقاها خلال مؤتمر الي عقدته أمانة عمّان الكبرى حول "الإرهاب: الجذور، الظاهرة، آليات المكافحة"، في 25 آذار 2006:

موضوع تفكيرنا في هذا المؤتمر هو الإرهاب. وإذا تكلمنا على الإرهاب تكلمنا على أمور عدة، أولها سر الشر في حياة الإنسان فرداً أو مجتمعاً، وثانيا صلة الإرهاب بالدين بما أن الإرهاب يدَّعي العمل باسم الدين والدفاع عنه، وثالثاً العلاقة بين الشعوب.

أولاً سر الشر في حياة الإنسان فرداً أو جماعة

هو الشر الذي يحدثه الناس في حق الناس. حادثة الحادي عشر من أيلول استرعت انتباه العالم وأوجدت حالة خاصة في العالم في مواجهة شر أسمته الإرهاب. وهناك أحداث كثيرة وحالات كثيرة من الشرور التي نعاني منها، ومنها مآسي الجوع والحروب المتكررة في مختلف بلدان العالم في إفريقيا وفي أميركا اللاتينية وآسيا، وفي عالمنا العربي، في العراق اليوم وفي فلسطين.

يبدأ الشر الجماعي في ذات الإنسان الفرد. جاء في الكتاب المقدس على فم يعقوب الرسول: "من أين تأتي المخاصمات والمعارك بينكم؟ أما تأتي من أهوائكم التي تعترك في أعضائكم؟ تشتهون ولا تنالون، تقتلون وتحسدون، ولا تستطيعون الحصول على ما تريدون فتخاصمون وتعتركون" (يعقوب 4: 1-2). والله سبحانه وتعالى يتعامل مع جميعنا بصبره الطويل أو بعقابه وثوابه في مرحلة من مراحل حياتنا، قبل الوصول إلى الآخرة، بطريقة لا ندركها. قال السيد المسيح في مَثَل: "إن رجلا زرع زرعا طيبا في حقله. وجاء عدوه فزرع بعده بين القمح زؤانا. فلما نما الزرع ظهر معه الزؤان. فجاء الخدم وقالوا لرب البيت: أتريد أن نستأصل الزؤان من بين الزرع؟ قال: لا، مخافة أن تضرّوا القمح وأنتم تجمعون الزؤان. دعوهما إلى يوم الحصاد… (راجع إنجيل القديس متى 13: 24-30).

دعوا الخير والشر إلى يوم الحصاد، سواء في الآخرة أو في هذه الحياة نفسها، لأنه ما من خطيئة في حياة فرد أو شعب إلا وتلقى عقابها أو ثوابها في هذه الحياة نفسها. وفي هذا المعنى نفسه، أي في سر صبر الله أمام شرور الإنسان، قال السيد المسيح أيضا: إن الله "يطلع شمسه على الأشرار والأخيار ويُنـزل المطر على الأبرار والفُجّار" (المصدر نفسه 5: 45). فالله سبحانه صابر على شر الإنسان، وعلى كل أنواع الشرور بما فيها الحروب، ما يقال فيها إنها عادلة وما هي ظالمة، والإرهاب وغيره…

وتاريخ البشرية مليء بشر الحروب. وفي نظر الشعوب كلها، وَلَّدَت الحروبُ أبطالا وحضارات، وقد غاب عن ذهنهم ويغيب عن ذهننا حتى اليوم كيف وُلِدَ الأبطال، أي غابت عن ذهننا حقيقة الموت والتقتيل والكراهية والدماء البشرية المسفوكة في كلا الجانبين، فهي دماء بشرية. وهذا سر ما زال يرافق حضاراتنا اليوم وإيماننا ومفهومنا لدياناتنا وللدفاع عن النفس ولحقوقنا وحقوق الشعوب معنا.

ثانياً: ما هو الإرهاب وما صلته بالدين؟

في إحدى الرسائل الراعوية التي وجهناها إلى أبنائنا المؤمنين، والكلام كان على الصراع الفلسطيني الإسرائيلي ومواقف العنف فيه، جاء في الرسالة:

"الإرهاب هو ممارسة العنف على طرف ثالث بقصد الضغط على العدو، مثلَ احتجاز رهائن لا مسؤولية لها مباشرة في الصراع. أو هو ممارسة العنف من قبل الدولة أو الجماعات المنظَّمة أو الأفراد على أناس أبرياءَ مثلِ الصغار والأطفال والمدنيين عامة الذين لا ضلع لهم في الصراع، ولو أنهم جزء من الشعب الذي هو طرف في الصراع. مِثلُ ذلك أيضا: إلقاء القذائف على المدنيين، والعقاب الجماعي، ورد الدولة على العنف بعنف مثلِه أو أشدَّ منه، والتعذيب، واختطاف الأشخاص، ومعاقبة الأهل والأقارب بدل الشخص المسؤول، والاغتيـالات في صفوف الخصم، والتفجيرات في الطرق والساحات العامة الخ…

الإرهاب عمل لا منطقي ولا معقول وغير مقبول كوسيلة لحل أي نزاع. ولكن في حالة الإرهاب، المجرمون اثنان: أولا المنفذون للعمل والمخططون له والداعمون له. وثانيا هؤلاء الذين هم سبب في استمرارية أوضاع جائرة تولِّد الإرهاب وتسبِّبه".

في هذا الواقع ماذا تقول الكنيسة؟ إنها تكرر وصية الله سبحانه القائلة: لا تقتل. تُسمِعُها لمن قَتل باسم الله غير مميز بين بريء ومقاتل، ولمن قاتل وقَتل ليحرم شعبا حريته، أو ليسيطر على موارده الطبيعية، أو ليزيل من المنطقة خصما يقدر أن يقف في وجهه. لجميع هؤلاء تقول الكنيسة ويقول الله: لا تقتل.

وفي الإرهاب عنصر آخر هو الدين. يُقتَل الناس باسم الله. ويُقتَلون من غير تمييز بين مقاتل وبريء، وبين طفل وامرأة وشيخ طاعن في السن. ونتساءل: ما هو دور الديانة في كل هذا؟ وما الذي يؤدي إلى المواقف الدينية المتطرفة؟ وأخيرا، أصحيح أن الديانات تولد الحروب وتفرق بين الناس بدلا من أن تقرب بينهم؟

الديانة هي أولا الإيمان بالله الواحد الأحد خالق الكون، وهي ثانيا محبة لجميع خلق الله. قال السيد المسيح: "أحبب الرب إلهك بكل قلبك وكل نفسك وكل قوتك وكل ذهنك. وأحبب قريبك حبك لنفسك" (ر. لوقا 10: 27؛ ر. تثنية 6: 5 وأحبار 18:19). ولا بد من التوفيق طبعا والتنسيق بين هذه المحبة وبين حق الدفاع عن النفس وعن كرامة كل إنسان. لأن المحبة لا تقبل أي شكل من أشكال الطغيان والظلم، ولا هي تنازل عن أي حق من حقوق الإنسان.

الديانة هي ذاكرة الماضي للشعب وللفرد المؤمن. وهي نور للحاضر والمستقبل. المؤمن الصادق ينظر إلى الصعوبات الحاضرة ويعمل على رأب الصدع بحسب ما تمليه عليه علاقته بربه. وبنور الإيمان في القلب، يَنفَذُ المؤمن إلى إدراك سر الله ومشيئته من وراء الأحداث الحاضرة، وبقوته يتغلب على عقبات الحاضر ومظالمه وإحباطاته وعلى كل ما يبدو فيه مستحيلا. فالديانة في حالات الصراع هي مصدر أمل مؤسس على نور الله.

وكلنا يعلم أن الديانة في الشرق تنفذ إلى جميع مجالات الحياة الخاصة والعامة وتنعشها وتؤثر فيها. كل شيء يبتدئ وينتهي باسم الله وكل شيء يتم باسم الله. باسم الله تبدأ الحرب وباسم الله توقع معاهدات السلام. ولهذا فإن لصوت رؤساء الدين وتوجيهاتهم أثرا حاسما في نفوس المؤمنين في كلا الطرفين: فهم يقدرون أن يدعوا إلى السلام ويقدرون أن يحملوا على الحرب والعنف، فتتحول الديانة إلى تطرف ديني وإلى عنف يمكن أن يصل إلى الإرهاب، فتُرتكب حينئذ أشنع أعمال العنف باسم الله الرحيم والمحب للبشر، ويقوم المؤمنون بالقتل وانتزاع الحياة باسم الله الذي هو مصدر الحياة. والأسباب المؤدية إلى المواقف المتطرفة كثيرة وهي: استمرار الظلم على مستوى الأفراد والشعوب، وعلاقة القوي بالضعيف التي تستند على القوة فقط، ومادية التكنولوجيا العصرية وتسخيرها للقيم الروحية بصورة خفية أو ظاهرة لمصالح الدول القوية. فيبدو التطرف الديني في هذه الحال بمثابة الملجأ الأخير للضعيف الأعزل حين يصبح مقهورا عاجزا عن إحقاق الحق وإزالة الباطل. ولكن هناك أيضا سببا آخر وخطير وهو فهم غير سليم للديانة.

التطرف الديني يحوِّل الديانة من عبادة الله إلى عبادة الذات الفردية أو الجماعية. في هذه الحال يُحِلُّ المؤمن نفسه محل الله. فبحجة الديانة أو الدفاع عن مصالح الله، يسعى المرء بوعي أو بغير وعي إلى الدفاع عن مصالحه الخاصة فردا كان أم شعبا. وفي مثل هذه المواقف يبدو صحيحاً أن الديانات تفرق بين الناس وتولد الحروب.

يبدو ذلك صحيحاً إذا نظرنا إلى تصرف بعض المؤمنين اليوم أو في التاريخ الماضي. الأصل في الديانات أن توحد الناس فيما بينهم وأمام ربهم. وإنما الذي يفرق بين الناس هو سوء فهم بعض المؤمنين أنفسهم لدينهم ولما يطلبه الله منهم. فليست الديانة هي السبب في التفريق بين الناس، بل مصدر التفرقة والمخاصمات والحروب هم الناس أنفسهم الذين يسيئون فهم الدين أو يسيئون استعماله.

ثالثاً: العلاقة بين الشعوب

ومن الأصول المولدة للإرهاب أيضا المظالم التي تسمح الشعوب القوية لنفسها بأن تفرضها على شعوب أخرى أضعف منها. حرب العراق مثال على ذلك. والصراع الفلسطيني الإسرائيلي مثال آخر على ذلك. والعلاقات بين الشعوب في ما يختص باستغلال الموارد الطبيعية للشعوب ومنها البترول العربي مثال آخر. هناك خلل في العلاقات بين الشعوب ولا بد من نظام جديد يقوم على احترام متساو لكل الشعوب، قوية كانت أم ضعيفة.

قال قداسة البابا يوحنا بولس الثاني للرئيس الأمريكي بوش في رسالة شهيرة له قبل بدء حرب العراق: إن الحرب لن تأتي بحل بل ستأتي بشرور كثيرة جديدة. وهذا ما حصل. ولما أصر الرئيس على موقفه قال له البابا: ستؤدي حسابا عن هذه الحرب أمام ضميرك وأمام الله وأمام التاريخ. وكلنا نعلم اليوم الشرور الكثيرة التي نجمت عن تلك الحرب.

جاء في وثيقة المجمع الفاتيكاني الثاني بعنوان "الكنيسة في عالم اليوم" (الفقرة 83): "إن الشرط الأول لبنيان السلام هو إزالة الخلافات بين الناس ابتداء بالمظالم، فهي التي تغذي الحروب. والكثير منها ناجم عن التباين الشاسع بين الأفراد أو الشعوب في المجال الاقتصادي، والبعض الآخر عن روح السيطرة وعن احتقار الأفراد أو الشعوب" لأنها ضعيف أو محرومة.

فالعلاقة بين الشعوب اليوم مبنية على مصالح قومية أنانية، يَفرض فيها القويُّ رؤيته وإرادته في التصرف بمقدرات غيره. والعالم اليوم مرتبط كله بعضه ببعض، فلا يستغني أحد عن أحد، القوي بحاجة إلى الضعيف ومواردِه وقبول مخططاته، والضعيف بحاجة إلى القوي ليبقى ولا يزول، ولكن مع الفرق أن القوي يفرض إرادته والضعيف يحوِّل إذعانه إلى حكمة وتعقل. وهناك من يلجأ إلى الدين فيستنجد به ويجد فيه مصدر مقاومة لسيطرة القوي، ويلجأ في مقاومته ليس فقط إلى سبل المقاومة المشروعة في التعامل بين الشعوب، بل يلجأ إلى الإرهاب، فيشوه وجه الدين ويهدد أمن العالم والمجتمعات البشرية.

رابعاً: محاربة الإرهاب

الإرهاب يجب أن يحارب حيثما وجد وعلى أي وجه ظهر. ولكنه يجب أن يحارب في مبادئه أولا: باسم الله لا يُقتَل إنسان. "ليس الله إله أموات بل إله أحياء" (إنجيل القديس متى 22: 32). باسم الله يحيا كل إنسان وباسم الله كل إنسان مدعو للدفاع عن الحياة. باسم الله لا تزرع الكراهية في قلب إنسان: فمن أحب الله أحب جميع أبناء الله. قال يوحنا الرسول في رسالته الأولى: "إذا قال أحد إني أحب الله وهو يبغض أخاه كان كاذبا. لأن الذي لا يحب أخاه وهو يراه لا يستطيع أن يحب الله وهو لا يراه" (1 يوحنا 4: 20).

الإرهاب يقاوم في كل مكان يظهر فيه وفي أية صورة يظهر فيها ويحارَبُ في الأصول المولِّدة له.

أولا: التفسير المخطئ للدين هو إحدى هذه الأصول. ومن ثم الضرورة للتربية الدينية الصحيحة التي تجعل الديانة طاقة بناء للحياة والتعاون مع الآخر، ولا سيما في هذا العصر الذي لم تبق فيه ديانة ما وحدها في أي بلد في العالم. بل أصبحت الديانات تتجاور في كل مكان تقريبا. فأصبح من الضروري أن تحدد التربية الدينية مواقف المؤمنين ممن لا يدينون بديانتهم. وهناك اتجاهان ممكنان: إما اعتبار الآخر في الدين الآخر كافرا وخصما وإما اعتباره خليقة لله، ومن ثم فهو إنسان يجب قبوله واحترامه والتعاون معه ولو كان مختلفا في موقفه الديني، وذلك بغض النظر طبعا عن موازين القوى المادية أو العددية. ويُتَّهَم الإسلام اليوم بأنه يسير في الاتجاه الأول فيربي المؤمنين على أن الآخر في الديانة الأخرى هو كافر وخصم، وبذلك فهو يغذي إرهابيين. وهذه هي الصورة التي يقدمها مع الأسف الإرهابيون اليوم معلنين ومصرحين أنهم باسم الله وللدفاع عن الدين يسيرون في سبل الموت التي اختاروها. وأمام هذه الظاهرة نقول إننا جميعا مسؤولون في كيفية فهمنا لديننا، وكيفية توجيه الأجيال الصاعدة في التربية الدينية ولا سيما في ما يختص بالمؤمن المختلف في عقيدته وإيمانه.

الديانة المسيحية، في قسم كبير من الغرب، ومنذ الثورة الفرنسية في أواخر القرن الثامن عشر، تعثر بها أهلها وثاروا عليها، وبدل إصلاح المؤمنين حكموا عليهم بالموت وأزالوا الديانة من الحياة العامة، ليصبح الناس في الحكم، حكاما ومحكومين، سواسية مهما كانت عقيدتهم، أكانت مختلفة أم كانوا منكرين لكل إيمان. ونقول إن هذا الموقف أيضا لا يكفي ولا يبرئ الإنسان من شر الحروب والتعثر في التعامل مع الآخر. الديانة لا تُلغَى من حياة البشرية. ولكن إيمان المؤمن بحاجة إلى تنبيه وتوعية مستمرين لكي يبقي الإيمان لديه طاقة للحياة لا للموت، وليس طاقة تغذي النعرات المخاصِمة والمولِّدة للحروب والمجابهات.

ثانياً: العالم اليوم بحاجة إلى نظام عالمي جديد فيه مساواة بين الشعوب في توزيع الثروات والتصرف بها، ليس على أساس شعوب قوية وأخرى ضعيفة. بل على أساس شعوب تتمتع كلها بالكرامة نفسها وتتعاون بالتساوي لتبني عالما أفضل، لا يخضع فيه بعضها لبعض على أساس القوة والمصلحة القومية الذاتية. جاء في الوثيقة المجمعية "الكنيسة في عالم اليوم": إن تضامن الجنس البشري اليوم يفرض إقامة تعاون دولي أعمق في الحقلين السياسي والاقتصادي. فبالرغم من أن جميع الشعوب تقريبا نالت استقلالها السياسي، إلا أنه يلزمها حتى الآن أن تتحرر من التباين الشاسع في الحالة الاقتصادية ومن الخضوع المفرط لقوى اقتصادية عالمية تتحكم بها. ما زال العالم ينتظر وضع حد للفروق الراهنة بين شعوب متخمة وشعوب جائعة. ولإرساء نظام اقتصادي عالمي حق يجب أنه يوضع حد لجشع الأرباح الطائلة والمطامع الوطنية الأنانية والرغبة في السيطرة السياسية والاستحكامات العسكرية… (راجع وثائق المجمع الفاتيكاني الثاني، الويقة "الكنيسة في عالم اليوم" فقرة 85).

خاتمة

وخلاصة القول إن من أراد صادقا استئصال الإرهاب يجب أن يبتدئ بذاته الداخلية، ويرى هل فيها أصول تؤدي إلى الإرهاب. ثم ينظر الحكام ولا سيما حكام الدول الكبرى والمسيطرة على مقدرات شعوب العالم إلى مواقفهم، ليروا ما في مواقفهم وإملاءاتهم على الشعوب من أخطاء أو مقاييس مزدوجة تولد الإرهاب. من هنا يبدأ استئصال الإرهاب في الأسرة البشرية اليوم. لا شيء يبرر الإرهاب. ولكن هناك أسبابا تغذيه ولا بد من القضاء عليها. قال السيد المسيح: "طُوبَى لِلْجِيَاعِ وَالْعِطَاشِ إلى البِرِّ، فَإنَّهُمْ يُشْبَعُونَ. وطُوبَى لِلسَّاعِينَ إلى السَّلامِ لأنَّهُمْ أبْنَاءَ الله يُدْعَوْن" (متى 5: 6 و9).

رؤيتنا المسيحية الأساسية هي أن الله هو خالق الجميع، الأفراد والشعوب كلها. وكرامة كل إنسان هي من كرامة الله. وكلنا متساوون في هذه الكرامة. وفي هذا تتأصل المساواة بين الشعوب والأفراد في الحقوق والواجبات. وبناء على هذا لا بد من أن يعترف كل واحد بحقوق الآخر، بل ومن واجبه ألا يعيق الآخر في تتميم واجباته وتحصيل حقوقه. كل فرد وكل شعب يحق له ويجب عليه أن يطالب بجميع حقوقه إذا ما وقع عليها اعتداء، ومن واجبه وحقه أن يتمتع بكامل حريته لتتميم جميع واجباته والدفاع عن جميع حقوقه. بل ويجب مساعدة كل فرد وكل شعب في سعيه في طلب العدل، لأن تحقيق العدل يؤدّي إلى تحقيق السلام للجميع. من غير العدل، أي إذا هُضمت الحقوق وبقيت مهضومة، تبقى طريق السلام مسدودة. الفقر والحرمان والإذلال تربة خصبة تولد الإرهاب. وكذلك تربية دينية منغلقة على ذاتها ورافضة للآخر. كل واحد منا مسؤول عن الحياة والموت في بيئته ومجتمعه وفي العالم: الإنسانية بحاجة إلى بناء عالم جديد وهي قادرة إن قصدت، نحن بحاجة إلى بناء عالم جديد على هذه الأرض نفسها، بحسب ما جاء في الكتاب المقدس: "للموت لن يبقى وجود بعد الآن، ولا للحزن ولا للصرخ ولا للألم… لأن العالم القديم قد زال" (رؤيا 21: 4). نرجو أن يكون عالم الإرهاب هو العالم القديم الذي يزول فنرى إنسانية واعية مدركة لجميع واجباتها وحقوقها متمتعة بكرامة متساوية، وشعوبُها متكاتفة لا للموت بل للبناء والحياة.



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