mercredi 31 août 2016

Fwd: [Agence Fides] Newsletter Fides del 31-08-2016



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Expéditeur: Fides News Fr <fidesnews-fr@fides.org>
Date: 31 août 2016 09:10:27 UTC+3
Destinataire: fidesnews-fr@fides.org
Objet: [Agence Fides] Newsletter Fides del 31-08-2016
Répondre à: no-reply@fides.org

  ASIE/TURQUIE - Remise en liberté anticipée du jeune coupable du meurtre du Père Santoro   Trabzon (Agence Fides) – Oguzhan Ayudin, le citoyen turc de 26 ans, condamné en 2016 à 18 ans et 10 mois de réclusion pour l'assassinat confessé du Père Andrea Santoro a été libéré a été remis en liberté ces derniers jours avec plus de 10 ans d'avance par rapport à la fin de la peine de réclusion qui lui avait été infligée. Selon les informations rapportées par la presse turque, le meurtrier est l'un des quelques dizaines de milliers de détenus libérés par avance afin de libérer les cellules nécessaires à la détention des milliers de personnes arrêtées après le coup d'Etat manqué du 15 juillet dernier.
Le meurtre du Père Andrea Santoro eut lieu le 5 février 2006 alors que le prêtre italien se trouvait en prière dans l'église de Trabzon où il exerçait son ministère. L'assassin, afin de lui infliger deux coups de feu, avait hurlé « Allah o'akbar » (Dieu est grand). Quatre jours après, Oguzhan Ayudin, à cette époque encore mineur, avait été arrêté et avait confessé le crime, le justifiant par un « trouble » causé par l'affaire des caricatures satyriques sur Mahomet, publiées quelques mois auparavant par un quotidien danois. Depuis le départ, de nombreux observateurs exprimèrent des doutes et des perplexités sur l'enquête hâtive qui avait résolu le cas au travers de l'arrestation d'un jeune de 15 ans qui, en cas de condamnation, du fait de son jeune âge, risquait une peine plus légère que celles prévues dans des cas analogues pour les adultes. (GV) (Agence Fides 30/08/2016)

mardi 30 août 2016

Agence Fides : Homicide de religieuses et profanation en USA et Argentine 29/8/2016

AMERIQUE/ETATS UNIS - Homicide de deux religieuses, pleines de foi au service des pauvres
 
Durant (Agence Fides) – Deux religieuses, Sœur Margaret Held des Sœurs de la Charité de Nazareth (SCN), et Sœur Paula Merrill des Sœurs scolastiques de Saint François (SSSF), ont été poignardées à mort dans leur maison de Durant, au Mississipi, dans une zone où plus de 40% de la population vivent en deçà du seuil de pauvreté. Sur la base de l’enquête préliminaire, on estime qu’elles ont été tuées par un voleur ayant ensuite pris la fuite à bord de leur voiture retrouvée abandonnée à peu de distance. La police a effectué une arrestation. Les deux religieuses, toutes deux américaines, âgées de 68 ans, prêtaient service en tant qu’infirmières à la Lexington Medical Clinic, centre sanitaire qui assiste gratuitement les familles qui ne peuvent se permettre les soins médicaux. Le 25 août, ne les voyant pas arriver ponctuellement, comme toujours, leurs collègues ont avisé la police, qui a relevé dans leur habitation des signes d’effractio n et trouvé leurs corps sans vie. Elles étaient aimées de tous pour leur affabilité, leur disponibilité et leur prévenance en particulier envers les nécessiteux.
Sœur Susan Gatz, présidente des SCN, a demandé à « prier en signe de gratitude pour les précieuses vies de Sœur Paula et de Sœur Margareth, qui ont si bien servi les pauvres. Puisque nous sommes des femmes de l’Evangile, priez également pour les auteurs du crime ». Dans un communiqué conjoint aux deux Congrégations religieuses, il est demandé « d’aller de l’avant ensemble en ce moment, de manière priante, en se concentrant sur les vies de Sœur Paula Merrill et de Sœur Margaret Held, deux femmes compatissantes et pleines de foi. Nous voulons réaffirmer nos convictions, en tant que femmes de foi, et dire que nous apprécions la vie. Pendant des années, les Sœurs de la Charité de Nazareth et les Sœurs scolastiques de Saint François se sont dépensées en faveur de l’abolition de la peine de mort, tout en recherchant la justice et la vérité ».
Différentes célébration de suffrage en faveur des deux religieuses ont eu lieu en divers lieu au cours de la fin de semaine qui vient de s’écouler. (SL) (Agence Fides 29/8/2016)
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AMERIQUE/ARGENTINE - Profanation du Saint Sacrement et agression contre la maison des Missionnaires de la Charité
 
Mar del Plata (Agence Fides) – Les Missionnaires de la Charité résidant à Mar del Plata ont fait l’objet d’une agression et ont été rouées de coups dans leur couvent. Les criminels ont également profané le tabernacle de la chapelle et sont parvenus à voler 50 pesos, à savoir tout le liquide en possession des religieuses au moment des faits. Selon la nouvelle, diffusée par le Diocèse, le crime a été commis dans la soirée du 25 août et les religieuses ont été intimidées et maltraitées. En outre, les malfaiteurs ont saccagé les quelques biens de la maison. Les religieuses, fondées par la Bienheureuse Mère Teresa de Calcutta, se trouvent à Mar del Plata depuis environ 20 ans et exercent leur activité en assistant les malades du SIDA en phase terminale et en effectuant un intense travail de promotion humaine et d’assistance dans l’ensemble du vaste quartier où se trouve leur couvent. (SL) (Agence Fides 29/8/2016)

Bernard Cazeneuve veut croire dans la réussite d’un islam de France














Place Beauvau, le ministre de l’intérieur, Bernard Cazeneuve, a réuni lundi 29 août les membres du Conseil français du culte musulman (CFCM), des personnalités de la société civile et des parlementaires pour réfléchir autour de la construction « d’un islam de France dans le respect des valeurs de la République ».
À l’issue de la journée de consultation, le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve s’est dit « déterminé » à voir se réaliser et se pérenniser la Fondation pour un islam de France, contrairement à la Fondation des œuvres pour l’islam de France, créée le 31 mai 2005, sous le gouvernement Villepin. Cette dernière avait pour mission la construction et la gestion des lieux de cultes musulmans.

« Faire entrer l’islam de plain pied dans la République »

«Plusieurs raisons me rendent optimiste dans l’aboutissement de ce projet », a énuméré le ministre. À la différence de la première, cette fondation sera « une instance de dialogue élargie » qui ne sera pas réduit au ministère de l’intérieur et au CFCM, mais ouvert aux acteurs de la communauté musulmane et issus de la société civile. « D’ailleurs, tous ont eu conscience aujourd’hui d’assister à un moment historique », s’est réjoui Bernard Cazeneuve.
Deuxième raison, la fondation sera portée « par une nouvelle génération de musulmans » issue de différents milieux, comme ceux de la recherche, de la culture ou encore de la médecine. « Tous auront à cœur de s’engager », a ainsi précisé le ministre. D’ailleurs, le ministre s’est réjoui de la prise de conscience de ces acteurs car « tous ont eu l’impression de vivre aujourd’hui un moment historique et ils mettront tout en œuvre pour faire entrer l’islam de plain-pied dans la République ».
Enfin, le ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve s’est dit confiant sur l’avenir de la fondation car l’ensemble des acteurs publics et privés, qui prendront part au projet, ont à présent corrigé leurs erreurs, faisant ainsi allusion à la fondation de son prédécesseur.

La longue marche vers un islam de France

Comme l’a rappelé le ministre à l’issue de la journée, il s’agira d’une fondation d’utilité publique et laïque en vue de lever des financements pour de projets en matière profane (bourses d’études, expositions…).
Créée officiellement à l’automne prochain, elle sera présidée par l’ancien ministre de l’Intérieur, Jean-Pierre Chevènement, âgé de 77 ans. « Jean-Pierre Chevènement a accepté d’en prendre la présidence. Il connaît bien le monde musulman et son attachement à la laïcité est incontestable », a rappelé le ministre de l’intérieur. Parmi les autres membres du conseil d’administration et en tant que membre de droit, se trouvera le président du CFCM Anouar Kbibech, trois représentants des ministères de l’intérieur, de l’éducation et de la culture, ainsi que deux membres du « comité des donateurs ».
À leurs côtés, quatre personnalités, issues de la société civile française et de confession ou de culture musulmane, figureront également au conseil d’administration. Il s’agira de l’écrivain marocain Tahar Ben Jelloun, lauréat du Prix Goncourt en 1987 ; de l’islamologue et président de la Conférence mondiale des religions pour la paix Ghaleb Bencheikh ; du recteur de la mosquée de Lyon Kamel Kabtane et de l’ingénieure en construction chez Vinci et ancienne présidente du « Club XXIe siècle », Najoua Arduini-Elatfani.
Blandine GAROT


http://www.la-croix.com/Religion/France/Bernard-Cazeneuve-veut-croire-dans-la-reussite-d-un-islam-de-France-2016-08-29-1200785336

lundi 29 août 2016

Les versets d’épée du Coran incitent-ils à la violence ? - Mohammad NOKKARI - L'Orient-Le Jour- 29/8/2016

Les versets d'épée du Coran incitent-ils à la violence ? - Mohammad NOKKARI - L'Orient-Le Jour

Les versets d'épée du Coran incitent-ils à la violence ?

Depuis quelques années, le monde dit « civilisé » découvre un terrorisme islamiste très destructif et aveugle, n'épargnant aucun pays et n'excluant aucun peuple d'une appartenance religieuse particulière. En parlant de ce terrorisme, des voix animées par un esprit anti-islamique évident pointent du doigt le Coran et l'accusent d'être responsable de l'endoctrinement des extrémistes musulmans qui sont utilisés pour commettre les attentats suicidaires. Ces voix se lèvent de temps en temps pour exiger la suppression des versets coraniques dits « violents ». Elles réagissent comme si toute l'histoire de la violence humaine a été gommée et ne survivent plus dorénavant que les actes du terrorisme commis par les islamistes.

Pour ne pas pousser très loin leur haine contre l'islam, ces voix acceptent « gentiment » de laisser aux musulmans les versets dits « mecquois » du Coran. La thèse qu'elles soutiennent atteste d'une ignorance totale de la religion islamique. Pour elles, le soupçon de l'existence des versets dits « violents » ne touche pas seulement le Coran, mais aussi la Bible qui contient surtout dans l'Ancien Testament des textes qui sont plus violents encore. Mon but est de répondre à la question de savoir si les textes coraniques, et plus particulièrement les versets médinois dits « d'épée », incitent à la violence aveugle contre les innocents.
Mais, avant de répondre à cette question, il faut reconnaître que pour comprendre l'histoire islamique, violente sans doute, il faut la mettre dans les circonstances de l'époque et non pas l'analyser suivant notre conception moderne actuelle. Le Coran contient un très grand nombre de versets cléments et d'une valeur humaine très élevée. La guerre fait exception aux règles qui doivent régir l'humanité tout entière : paix, justice et miséricorde...
Une forme d'organisation sociale

Comme toute forme d'organisation sociale, l'islam appelle à la solidarité humaine et au respect des croyances et des idées. S'il contient des versets « violents », c'est pour faire face aux agressions des autres (comme l'expulsion des peuples de leurs terres ou l'empêchement de la libre circulation des idées et des croyances) et aux injustices commises contre les plus faibles. Comme dans toute forme d'organisation sociale, des paroles sont inscrites pour inciter les membres de la société à être vigilants et prêts à se défendre et protéger les membres du groupe. Tous les commandements militaires dictent aux soldats leur conduite au moment de la guerre. Des chants patriotiques et des hymnes nationaux évoquent la conduite exemplaire des soldats pendant les batailles. Face à de tels commandements ou chants patriotiques, personne ne se lève contre ces « violences » légitimes à se défendre. Le Coran ne fait que tracer la conduite exemplaire à suivre pendant la paix, et si les circonstances obligent : pendant la guerre.

En répondant à ces accusations de violence des versets médinois, il faut savoir tout d'abord que le Coran a été révélé au prophète Mohammad pendant vingt-trois ans et pendant deux grandes périodes, celle de La Mecque et celle de Médine. Les spécialistes du Coran font une distinction – historique et non point dogmatique – entre les premiers versets qui ont été révélés à La Mecque (période s'étalant sur treize ans) et ceux révélés après son expulsion de La Mecque et son émigration forcée à Médine (pendant une période de dix ans). Cette division prend en compte la date et non pas le lieu de la révélation.

(Lire aussi : Les débuts d'une troisième guerre mondiale pas comme les autres)


Quelques caractéristiques marquent les versets coraniques mecquois :

1. Ce sont des versets courts et d'une mélodie rythmée.
2. Ils ont un thème qui se réfère essentiellement aux dogmes et à la théologie : croire en Dieu, aux anges, aux révélations précédentes, au jour de Jugement dernier.
3. Ils incitent les croyants à accomplir de bonnes actions et suivre les valeurs morales.
4. Ils favorisent le dialogue avec les polythéistes mecquois.
5. Ils ont une portée universelle, s'adressant à l'humanité tout entière et ne mentionnant pas la qualité des « fidèles » ou « musulmans » mais plutôt « les gens, les hommes ». Parmi ces nombreux versets, je cite sourate (al-hojorat – les appartements), verset 13 mentionne : « Ô hommes ! Nous vous avons créés d'un mâle et d'une femelle, et Nous avons fait de vous des nations et des tribus, pour que vous vous entre-connaissiez. »
Les versets médinois
Les versets médinois se caractérisent par le fait qu'ils sont des :

1. Versets longs et non rythmés.
2. Versets détaillant les preuves de la véracité de la religion.
3. Versets incitant au dialogue avec les gens de la révélation et suspendant toute conciliation avec les polythéistes mecquois.
4. Versets alertant les musulmans de l'existence des « hypocrites » et leurs complots avec les juifs et les idolâtres.
5. Versets qui mettent en œuvre les dispositions juridiques de la vie à la cité de Médine : droit constitutionnel, droit pénal, droit successoral, droit privé et des biens, droit de guerre et de paix...

Pour répondre aux accusateurs acharnés contre les versets médinois dits « d'épée », nous analyserons les vingt-neuf versets accusés d'être « violents » sur les six mille deux cent trente-six versets que contient le Coran.

À la lecture du premier verset (190 de la sourate la génisse – al-baqara) rompant avec l'esprit de tolérance des versets mecquois et autorisant le recours des musulmans au combat, nous constaterons que ce verset a autorisé le recours à la guerre sous certaines conditions. Parmi elles : le droit de se défendre contre les attaques de l'ennemi mecquois et ne pas aller au-delà de la riposte (interdiction de déclencher une guerre préventive). Ce verset est : « Combattez dans le sentier de Dieu ceux qui vous combattent, et ne transgressez pas. Certes. Dieu n'aime pas les transgresseurs. »

Le deuxième verset (191 de la sourate la génisse – al-baqara) exigeait des musulmans de tuer les polythéistes mecquois (désignés sous le terme « mouchrikoun », ou associateurs) partout où ils se trouvaient par mesure de réciprocité : puisqu'ils continuaient à combattre les musulmans après les avoir expulsés de La Mecque, leur ville natale, et les tuer où ils se trouvaient. Cependant, les musulmans ne devaient pas les combattre devant le sanctuaire de La Mecque sauf si les polythéistes les combattaient. À cela s'ajoutait le fait que les polythéistes mecquois n'avaient jamais cessé de semer le trouble contre les musulmans. Ce verset incitait les musulmans à reconquérir La Mecque et expulser ceux qui avaient auparavant chassé les musulmans de cette ville. (Le prophète leur a tous pardonné après sa victoire à La Mecque, ce qui constitue pour les musulmans une source de droit aussi expressive que le Coran).
Pas de contradiction entre les versets
Le troisième verset (193 de la sourate la génisse – al-baqara) demandait aux musulmans de combattre les polythéistes mecquois jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de troubles et que la religion soit entièrement rendue à Dieu seul. Cependant, le Coran exigeait l'arrêt du combat si les Mecquois cessaient de combattre les musulmans. Quelques commentaires traduisent le mot trouble, « fitna », par « association » (polythéisme). Les jihadistes utilisent l'interprétation de ce verset pour légitimer leurs attaques contre les non-musulmans en prétendant que le Coran exige des musulmans de combattre les peuples entiers désignés « d'associateurs » afin de les soumettre à la religion islamique. Cette opinion ne peut pas être fondée, puisque ce verset s'adressait aux musulmans à l'époque du prophète et les incitait à lutter contre un ennemi spécifique et bien désigné : les polythéistes mecquois « les associateurs ». En outre, interprété ainsi, ce verset (pour les savants qui n'admettent pas le principe des versets abrogés et abrogeant) rentre en conflit avec l'autre verset qui établit la règle intangible de la loi musulmane : « Nulle contrainte en matière de religion. »

(Lire aussi : Islamisation de l'Europe ou islam européen ?)

Le quatrième verset (216 de la sourate la génisse – al-baqara) précisait que le combat contre les polythéistes mecquois est prescrit aux musulmans bien qu'ils le haïssent. Quelques commentateurs du Coran soutiennent que ce verset s'adresse uniquement aux compagnons du prophète qui ont été expulsés de La Mecque et suivis ensuite par les polythéistes mecquois jusqu'à Médine (la ville de leur émigration). Alors que la majorité des commentateurs soutient que l'obligation de faire cette guerre défensive incombe à tous les peuples qui se défendent pour repousser l'agression d'un ennemi. (L'obligation est ici une obligation collective et non pas individuelle, sauf en cas d'une attaque généralisée).

Le cinquième verset (121 de la sourate la famille – al-Omran) parlait des préparatifs de la guerre déclenchés contre les polythéistes mecquois dans la localité dite Ohod.

Le sixième verset (146 de la sourate la famille – al-Omran) incitait les musulmans à suivre le chemin des prophètes ultérieurs à l'islam. Leurs disciples ont obéi à leurs ordres et se sont engagés à défendre leurs cités contre les attaques de l'ennemi dès que la situation l'exigeait.

Du septième au dixième verset (157 et 195 de la sourate la famille – al-Omran, et 74 et 75 de la sourate les femmes – al-nissa') : ces versets parlent des récompenses qui attendaient les martyrs et précisent que ceux-ci sont :

• Ceux qui défendaient leurs terres chaque fois qu'ils étaient contraints à l'émigration après en avoir été expulsés.
• Ceux qui subissaient une agression à cause de leur appartenance religieuse.
• Ceux qui étaient témoins d'une injustice à l'encontre des plus faibles : les vieillards, les enfants et les femmes.

Si les combattants meurent dans les champs de bataille, ils auront une meilleure vie dans l'au-delà.
Le onzième et le douzième verset (89 et 91 de la sourate les femmes (al-nissa') mettaient les musulmans en garde contre les espions qui cachent leurs jeux en prétendant embrasser la religion islamique afin de passer les informations à l'ennemi mecquois. Ceux-ci vivaient dans la cité de Médine avec les musulmans et constituaient une très grande menace pour l'islam naissant. Le prophète connaissait cette réalité et demandait aux musulmans de ne pas les prendre comme amis et alliés. S'ils passaient à l'action, ils devraient être exécutés. Cette procédure était admise dans tous les pays pendant la période de guerre.
Les espions
Le verset treize (33 de la sourate la table – al-ma'idah) prescrivait une peine très sévère à l'encontre de ceux qui semaient les troubles et propageaient la corruption dans le monde (qu'ils soient musulmans ou non) : allant de la peine capitale sous diverses formes (y compris la crucifixion des criminels) à l'expulsion en dehors du territoire. Cette mesure s'appliquait en priorité aux voleurs pillards et pirates qui tuaient sans pitié les gens et mettaient à sac les voyageurs après les avoir massacrés.

Les versets quatorze et quinze (17 et 65 de la sourate le butin – al-fayei) rassuraient les musulmans sur le fait que Dieu s'est engagé avec eux dans le combat qui les opposait aux polythéistes mecquois, et que le nombre de combattants n'est pas déterminant pour la victoire, c'est seulement la foi qui anime le cœur des combattants qui aboutit à la victoire.

Le seizième, le dix-septième et le dix-huitième verset (il est souhaitable de lire les versets 5 au 14 de la sourate le repentir – al-tawba) distinguaient les polythéistes pacifistes, qui étaient liés avec les musulmans par des traités, et les polythéistes guerriers-transgresseurs qui ont été les premiers à prendre les armes contre la nouvelle religion monothéiste. Vis-à-vis des premiers, le Coran demandait aux musulmans d'honorer leur engagement. Les autres devaient être combattus et tués où ils se trouvaient, sauf ceux qui parmi eux acceptaient de jeter les armes et de se repentir, ou demandaient l'exil et la protection des musulmans. Dans ce cas, les musulmans devaient leur accorder la sécurité et la protection. Durant cette période de « mise sous protection », les musulmans devaient leur enseigner la religion et puis les accompagner jusqu'à leurs résidences.

Le dix-neuvième verset (29 de la sourate le repentir – al-tawba) évoquait l'ancienne conception de la souveraineté, « la capitation ». Cette conception a été précédée par un pacte de souveraineté entièrement égalitaire (le pacte de Médine entre musulmans, juifs et arabes païens) mais rompu par les juifs établis à Médine. Le retour à la formule de la capitation soumet les gens de la révélation (chrétiens et juifs) qui se trouvaient à l'intérieur de l'État islamique à l'autorité de la nouvelle puissance publique et exigent d'eux le paiement de la « jizya ». Les jurisconsultes précisent que cette obligation est au même titre que l'obligation pour les musulmans de payer la « zakat ». Les deux termes « zakat » et « jizya » pouvaient être échangés, comme c'était le cas pendant le règne du deuxième calife Omar qui a accepté que les chrétiens remplacent le mot « jizya » par le mot « zakat ». Cette obligation ne concernait que les personnes qui se trouvaient en âge de combattre et refusaient de s'incorporer dans l'armée. Les enfants, les femmes, les vieillards et les malades étaient exonérés de cette obligation. Les jeunes qui s'incorporaient dans l'armée étaient également exempts de payer la « jizya ».
Les « hypocrites »
La conception moderne de l'État fait défaut à l'obligation de payer la « jizya ». Cette conception ne contrarie pas la loi islamique puisque « le pacte de Médine », qui est considéré comme la première Constitution écrite dans l'histoire de l'humanité, engageait les musulmans et les juifs dans une vie publique commune et égalitaire. Tous les citoyens sont obligés dorénavant à défendre leur pays contre l'ennemi de l'extérieur et verser les impôts pour financer l'État.

Le vingtième verset (21 de la sourate le repentir – al-tawba) critique les idées diffusées par les gens de la révélation de l'époque lorsqu'ils plaçaient leurs chefs religieux au rang des divinités alors qu'il leur était révélé de n'adorer que Dieu.

Le vingt et unième verset (36 de la sourate le repentir – al-tawba) revenait sur l'obligation de combattre les polythéistes mecquois par mesure de réciprocité puisqu'ils combattaient les musulmans.

Le vingt-deuxième verset (111 de la sourate le repentir – al-tawba) évoquait le fait que toute personne qui combattait dans le sentier de Dieu et tombait en martyr aura sa récompense dans l'au-delà.

Le vingt-troisième verset (123 de la sourate le repentir – al-tawba) encourageait les musulmans à combattre les polythéistes mecquois qui étaient dans leur voisinage et qui ont participé au combat contre les musulmans, par mesure de persuasion.

Le vingt-quatrième et le vingt-cinquième verset (26 et 60 de la sourate les coalisés – al-ahzab) évoquaient la trahison d'une partie de tribus juives établies à Médine en alliance avec les polythéistes mecquois contre les musulmans. Cette tribu consciente de la gravité de ses actes s'est repliée dans sa forteresse. Les musulmans ont réussi à y pénétrer, ont tué les combattants et fait les autres prisonniers. Le Coran les désigne comme étant des hypocrites qui tenaient un double langage, car lorsqu'ils étaient avec les Mecquois, ils leur passaient les informations des préparatifs militaires des musulmans et les soutenaient dans leur guerre contre eux.

Le vingt-sixième verset (16 de la sourate la victoire de La Mecque – al-fath) demandait aux bédouins qui n'étaient pas engagés dans le combat de se préparer cette fois ci-contre la force des Mecquois qui devaient dorénavant être combattus jusqu'à ce qu'ils se soumettent. S'ils se détournent une fois de plus du combat, Dieu leur infligera des châtiments.

Le vingt-septième verset (9 de la sourate les appartements, al-hojorat) règle la question de la discordance entre les musulmans lorsqu'ils s'engagent dans des combats fratricides. La solution qui s'impose est la conciliation, sinon le combat contre la partie injuste jusqu'à ce qu'elle se soumette.

Le vingt-huitième verset (10 de la sourate le fer – al-hadid) critiquait les musulmans qui n'ont pas participé au financement de la lutte contre les Mecquois. Ce verset relève le rang de ceux qui ont participé au combat par leurs biens et leurs personnes avant la conquête de La Mecque sur ceux qui ont financé et participé au combat après la victoire de La Mecque.

Le vingt-neuvième verset (4 de la sourate les rangs – al-saf) parle de l'estime que Dieu accorde à ceux qui combattent dans Son sentier en rang serré comme un édifice renforcé.

(Lire aussi : « Les jihadistes ne sont pas du tout utopistes »)
Perplexité
Suite au verset légitimant la capitation, le verset qui laisse perplexes les non-spécialistes de l'islam quant à son interprétation est le verset 5 de la même sourate « le repentir », connu sous le terme du verset d'épée, nous mentionnons ici les deux versets qui le précèdent et le verset qui le suit :

4. À l'exception des polythéistes avec lesquels vous avez conclu un pacte, puis l'ont pleinement respecté, et n'ont soutenu personne (à lutter) contre vous : respectez pleinement le pacte conclu avec eux jusqu'au terme convenu. Allah aime les pieux.
5. Après que les (quatre) mois sacrés expirent, combattez les polythéistes où que vous les trouviez. Capturez-les, assiégez-les et surveillez-les de près. Si, ensuite, ils se repentent, accomplissent la prière et acquittent la « zakat », alors ne leur faites aucun mal, car Dieu est pardon et miséricorde.
3. Et si un polythéiste te demande asile, accorde-le-lui, afin qu'il entende la parole d'Allah, puis fais-le parvenir à son lieu de sécurité. Car ce sont des gens qui ne savent pas.

Plusieurs interprétations sont avancées, nous nous limitons ici à mentionner les quatre suivantes :

1. L'interprétation des jihadistes extrémistes qui soutiennent que ce verset a abrogé tous les autres versets « cléments ». À partir de sa date de révélation, les musulmans sont appelés à soumettre les non-musulmans à l'autorité de l'islam et les obliger à se convertir ou à être tués, sauf les gens de la révélation (juifs et chrétiens) qui doivent payer la « jizya » pour être sauvés. Cette lecture se base sur l'avis de la majorité des anciens jurisconsultes qui admettent le principe des versets abrogeants et abrogés. Cependant, cette interprétation jihadiste fait de ces versets un appel divin, valable tout le temps et dans toutes les époques, alors que l'interprétation des anciens jurisconsultes ou tout au moins d'une partie importante d'eux soutient que ces versets ne concernent que les associateurs polythéistes de La Mecque. Preuve à l'appui, l'islam indien triomphant n'a pas cherché à appliquer cette même règle aux hindouistes, pourtant polythéistes.

2. La lecture du Soudanais Mahmoud Mohammad Taha (fondateur de la pensée républicaine soudanaise – contesté par les autorités traditionnelles, jugé d'apostasie à 2 reprises, emprisonné et exécuté) : pour lui, les versets coraniques se divisent en versets fondateurs et principaux et versets secondaires et subordonnés. Les premiers sont les versets mecquois qui tracent – dans des situations normales – la voie à suivre, comme ceux du verset 29 de la sourate al-kahf : « Et dis : La vérité émane de votre Seigneur, quiconque le veut, qu'il croie, quiconque le veut, qu'il mécroie », et la sourate al-gachiyah : « 21. Eh bien, rappelle ! Tu n'es qu'un rappeleur, 22. et tu n'es pas un dominateur sur eux. » Les seconds sont les versets médinois qui ont une portée exceptionnelle et sont abrogeants dans le contexte de leur époque. À l'heure actuelle, ce contexte n'est plus le même, nous devons revenir aux versets fondateurs mecquois et les faire prévaloir sur les versets médinois. Cela est possible en renversant le rôle des versets mecquois qui deviennent cette fois-ci des versets abrogeants.
Nulle contrainte en religion
Cette thèse a été critiquée, pour la simple raison que les versets médinois ne sont pas toujours des versets moins conciliants avec les idolâtres mecquois. Ils adoptent aussi une vision très tolérante, selon le contexte historique, comme le verset 256 de la sourate la génisse, considéré comme ferme et définitif :

« Nulle contrainte en religion ! La vérité se distingue assez de l'erreur. Celui qui ne croira pas au Thagout (NDLR : Satan) et croira en Dieu aura saisi une anse, à l'abri de toute brisure. Dieu entend et connaît tout. »

3. L'imam Tabari et d'autres soutiennent que ce verset :

• n'est pas un verset abrogeant ;
• a été révélé dans un contexte particulier ;
• ne concerne que les idolâtres mecquois ;
• et ne peut pas être étendu à d'autres populations.

D'autres jurisconsultes vont plus loin en disant que ce verset n'a pas la qualité d'un verset abrogeant puisque il a été lui-même abrogé par le verset n° 4 de la sourate Mohammad : « 4. Lorsque vous rencontrez (au combat) ceux qui ont mécru (les polythéistes mecquois), frappez-en les cous. Puis, quand vous les avez dominés, enchaînez-les solidement. Ensuite, c'est soit la libération gratuite, soit la rançon, jusqu'à ce que la guerre dépose ses fardeaux. »

4. c'est la position de très nombreux éminents jurisconsultes anciens et contemporains qui n'admettent pas le principe des « versets coraniques abrogeants et abrogés ». Ce point de vue n'a pas obtenu la majorité des jurisconsultes musulmans, mais reste très convainquant et prometteur dans l'avenir.
Pour eux, le mot « combattez » dans son sens exact, traduit de l'arabe, ne signifie pas « tuez » mais suppose un combat engagé entre deux belligérants : les polythéistes mecquois et les musulmans. À cela s'ajoute le fait que ce verset, appelé à tort « verset d'épée », n'est qu'un verset qui a été révélé au sujet des polythéistes guerriers de La Mecque et ne peut pas être compris tout seul si on le détache des versets qui l'ont précédé ou succédé (déjà mentionnés).
L'islam comme forme sociale
L'islam, comme toute forme sociale, est passé par une période de fondation et une période d'expansion avant de se réduire à une appartenance de moins en moins communautaire et plus en plus séparatiste et variée. L'islam reste toujours une religion universelle, certes, mais dorénavant il cherche ses assises bien théologiques que juridiques dans un monde changeant en progrès vertigineux. Les anciens concepts de la souveraineté, qui divisaient le monde en terre d'islam et en terre de guerre, ne sont plus admis. Auparavant, la guerre politique des États musulmans avait pour justification la propagande de la nouvelle religion et la pénétration de nouvelles idées. Cette justification ne peut plus être défendue puisqu'en matière de la circulation des idées et des pensées il n'existe plus aucune frontière entre les États. Le progrès scientifique garantit à n'importe quelle idée à circuler en un clin d'œil grâce à l'utilisation d'Internet et de la haute technologie dans la réception des informations. Ajoutons à cela le fait que le monde est régi actuellement par un système juridique international qui garantit aux États leurs droits à l'indépendance et à l'auto-administration. Le système de la capitulation ou de « jizya » a été adopté par le Coran selon le principe de la souveraineté reconnu de l'époque et était concrétisé suite à des négociations entre le prophète et les chrétiens et juifs.

Ce système négocié répondait parfaitement aux exigences de l'époque et recevait l'approbation des deux parties en négociation. À l'heure actuelle, les États qui ont succédé à l'État islamique ont été fondés sur une conception moderne de la souveraineté et sur une stricte égalité entre musulmans et non-musulmans. Ces deux composantes musulmane et chrétienne (ou autres) ont consenti à participer à tous les financements de l'État et la défense du pays. Ces deux exigences ont été à la base du pacte conclu entre le prophète et les habitants juifs et polythéistes de Médine. Donc, sous ces deux angles, les musulmans ne peuvent plus prétendre que la volonté divine exige d'eux d'islamiser le monde. Le verset coranique d'une valeur stricte et autoritaire doit être toujours observé en cette matière : « Nulle contrainte en matière de religion. » La libre circulation des idées et des croyances dorénavant ouverte et garantie contrarie la thèse des jihadistes pour islamiser le monde. La nouvelle conception moderne de la souveraineté, qui soumet tous les citoyens aux mêmes droits et devoirs, est en stricte analogie avec le système du pacte de Médine, considéré comme la première Constitution écrite de l'histoire de l'homme.
Mohammad NOKKARI


JTK

Bernard Cazeneuve : « Faire émerger un islam de France ancré dans les valeurs de la République »




Dans un entretien à « La Croix », le ministre de l’intérieur détaille le projet de « Fondation pour l’islam  de France » ainsi que le dispositif de formation des  imams.
Après les attentats de juillet et dans un contexte de tensions, Bernard Cazeneuve consulte lundi 29 août, place Beauvau, les membres du Conseil français du culte musulman, les personnes pressenties pour participer au conseil d’administration de la nouvelle fondation ainsi que des représentants de la société civile.
Il entend franchir une « nouvelle étape » pour « réussir la construction d’un islam  de France dans le respect des valeurs  de la République »
Quel est l’objectif de cette réunion aujourd’hui sur « l’islam de France » ?
Bernard Cazeneuve : Cette journée constitue une nouvelle étape d’un travail engagé depuis de nombreux mois pour réussir la construction d’un islam  de France dans le respect des valeurs de la République. La France a plus que jamais besoin d’une relation apaisée avec les  musulmans. Cela suppose que la République soit déterminée à prendre dans ses bras tous ses enfants. Cela suppose aussi que tous les  musulmans, avec l’ensemble des Francais, s’engagent dans une défense totale de la République face au terrorisme, face au salafisme, car la République est bien leur première appartenance. La France est en effet une République laïque et l’adhésion aux valeurs républicaines doit transcender toutes les autres.
« L’attachement de tel ou tel citoyen à telle ou telle croyance, à telle ou telle religion ne saurait être pour lui ni une cause de privilège, ni une cause de disgrâce », disait Jean Jaurès. Les musulmans  de France ont très majoritairement  manifesté leur attachement à la République. Ils l’ont fait après chacun des attentats qui ont frappé notre pays. Ils ont adopté le Manifeste citoyen du 29 novembre dernier qui traduit sans ambiguïté leur engagement pour les valeurs de fraternité, de tolérance et de respect que nous avons en partage. En première ligne, aux côtés de tous les républicains, avec eux, ils doivent porter ces valeurs pour faire vivre en France un islam moderne.
En quoi la Fondation pour l’islam  de France y contribuera-t-elle ?
B. C. : La fondation, laïque, reconnue d’utilité publique, ne pourra pas financer le culte,  c’est-à-dire la  construction de mosquées ou la formation théologique des imams. Elle aura vocation à soutenir des projets, dans les domaines de l’éducation, de la culture, de l’engagement des jeunes, elle pourra prendre en charge la formation profane des imams, le développement de la recherche en islamologie, être un acteur d’une meilleure connaissance de l’islam à travers ses productions littéraires et artistiques. J’ai prévu qu’elle puisse bénéficier de fonds publics pour son démarrage, à côté du financement des entreprises et des particuliers.
Qui en sera le président ?
B. C. : Jean-Pierre Chevènement a accepté d’en prendre la présidence. C’est un grand républicain, qui a été le premier à mettre sur le métier une déclaration commune entre l’État et les responsables musulmans, dès les années 1990. Il connaît bien le monde musulman et son attachement à la laïcité est incontestable. Je rappelle que la fondation traite de la relation entre la République et les musulmans : qu’un grand républicain en prenne la tête au moment de sa création, avec en son sein de nombreux musulmans, revêt une vraie dimension symbolique,  puisque cette nouvelle structure sera le pont entre la République et les musulmans  de France. Par la suite, la fondation – nous en avons parlé ensemble – a vocation à prendre son envol et avoir à sa tête à terme d’autres personnalités. Il y a beaucoup de talents parmi les Français de confession musulmane qui ont la volonté de s’engager et de contribuer au succès de la fondation.
La fondation ne pourra donc pas intervenir dans la formation théologique des imams. Comment avancer sur ce dossier ?
B. C. : À côté de la fondation, nous proposons la création d’une association cultuelle, qui serait dirigée entièrement par les représentants musulmans et pour laquelle l’État ne sera évidemment pas partie prenante. Elle aura plusieurs objectifs : centraliser l’ensemble des financements nationaux pour la construction de mosquées  – sachant que beaucoup ont déjà été construites – et la formation théologique des imams. Nous souhaitons que transitent par elle des fonds, dont elle garantira la transparence : non pas une taxe mais une contribution – volontaire et négociée – des acteurs de la filière halal, ainsi que les dons des fidèles.
Comment s’organisera la formation – théologique et profane – des imams ?
B. C. : Même en Alsace-Moselle, l’État ne peut pas créer une « Faculté de théologie musulmane », sauf à s’engager dans une réforme constitutionnelle longue et source de divisions dans le pays. Ce que nous proposons – et qui a été confirmé par les arbitrages du premier ministre, avec l’engagement de la Ministre de l’éducation nationale et de la recherche – c’est la création de nouveaux départements d’islamologie au sein des universités, avec un très haut niveau d’exigence scientifique dans les matières profanes, qu’il s’agisse de l’histoire des religions ou de l’étude des courants d’idées s’y rattachant. Ils ne se substitueront pas, bien entendu, aux instituts privés de théologie musulmane où se forment les futurs imams, mais ces derniers doivent pouvoir bénéficier en parallèle d’une formation universitaire dans les matières « non-confessantes ». Le Conseil français du culte musulman, comme l’État, souhaite des imams dotés d’un haut niveau de qualification, et non pas autoproclamés ou ne sachant pas parler français. C’est un chemin qui implique de la détermination : nous devons aller vers un dispositif complet de formation en France, qui permettra de mettre fin progressivement au système des imams « détachés » par des pays étrangers. Encore une fois, l’objectif est de faire émerger de manière volontariste, dans le respect de la laïcité, dans le dialogue et le respect mutuel, un islam de France ancré dans les valeurs de la République.
Au-delà de ce travail de longue d’haleine, y a-t-il des mesures d’urgence à prendre pour lutter contre l’extrémisme religieux ?
B. C. : Les mesures de longue haleine, nous les prenons en urgence. Elles renvoient à des sujets complexes sur lesquels beaucoup de gouvernements se sont cassé les dents. Nous les abordons donc avec humilité, mais aussi avec une détermination sans faille. Nous sommes ainsi intraitables avec ceux qui, dans les mosquées, appellent à la haine et provoquent au terrorisme. J’ai donné des instructions fermes pour procéder à l’expulsion de tous les individus de nationalité étrangère qui tiennent ces discours dans ou en dehors des mosquées. Depuis 2012, plus de 80 arrêtés d’expulsions ont été pris. Nous avons procédé à 15 expulsions depuis le début de l’année, dont six en août. Nous avons aussi procédé à la fermeture d’une vingtaine de mosquées ou salles de prière radicalisées depuis ces derniers mois et d’autres dossiers sont en cours de traitement. Je rappelle que d’autres avant nous n’en avaient fermé aucune… Nous utilisons tous les moyens du droit. Le Comité interministériel de prévention de la délinquance et de la radicalisation organise également, dans tous les départements, la mobilisation des services de l’État, des collectivités et des associations pour engager des actions puissantes, systématiques et coordonnées, de déradicalisation. Notre action contre l’islam radical est globale et mobilise tous les acteurs, y compris bien entendu les cadres religieux musulmans. La dernière réunion de l’Instance de dialogue avec l’islam de France, en juin dernier, a précisément été consacrée à la prévention de la radicalisation.
La décision du Conseil d’État vendredi sur l’arrêté anti-burkini clôt-elle le débat selon vous ?
B. C. : Cette décision dit le droit : elle reprend une jurisprudence constante du Conseil d’État qui définit précisément les conditions dans lesquelles les libertés fondamentales peuvent être restreintes en raison de risques avérés d’atteinte à l’ordre public. Sans priver les maires de ce pouvoir, le Conseil d’État a rappelé les conditions de son exercice, dans un cadre juridique conforme à la constitution et notamment à son préambule. Il appartient désormais à chacun de rechercher dans la responsabilité l’apaisement qui, seul, est de nature à éviter les troubles à l’ordre public et à conforter le vivre-ensemble. Le gouvernement, comme l’a dit le premier ministre, refuse de légiférer sur ce sujet car une loi serait inconstitutionnelle, inefficace, et de nature à susciter des antagonismes et d’irréparables tensions. En revanche, les musulmans doivent continuer à s’engager avec nous pour l’égalité hommes-femmes, l’intangibilité des principes républicains, la tolérance qui fait le vivre-ensemble. Je crois davantage à la force de ce dialogue qu’à la stratégie dangereuse de la division, qui finirait par faire divorcer la France de la République.
Souhaitez-vous une extension de l’interdiction du port du voile ?
B. C. : Non. Nous avons la constitution, la loi de 1905, la loi de 2004 sur l’interdiction des signes religieux ostensibles dans les établissements scolaires publics et celle de 2010 interdisant de se dissimuler le visage dans l’espace public. C’est le dispositif juridique défendant la laïcité le plus puissant au monde. Nous n’avons pas besoin d’une nouvelle loi. Le droit actuel nous permet de vivre la laïcité, pilier de la République, de manière à la fois ferme et apaisante. La laïcité est d’autant plus ferme qu’elle est apaisante, elle est d’autant plus faible qu’elle est stigmatisante. Elle doit demeurer un principe d’émancipation et de tolérance mutuelle. Comme l’avait rappelé le président de la République peu après les attentats de janvier 2015, la laïcité n’est pas négociable car elle nous permet de vivre ensemble. Ce vivre-ensemble suppose que chacun se pose la question de savoir si le propos qu’il tient, le comportement qu’il adopte, est de nature à blesser l’autre, ou encore à le provoquer. Cela renvoie à l’éthique de la responsabilité et à l’exigence de la citoyenneté. Les musulmans comme tous les républicains ont la responsabilité de les faire vivre.
Comment sortir le débat politique de l’hystérie ?
B. C. : Chaque parole compte, chaque prise de position peut contribuer à conforter l’unité de la République ou au contraire la fractionner. La France a besoin d’apaisement et de rassemblement, pas de ces emportements dictés par les surenchères liées aux primaires, qui portent en elles la division des Français en les dressant les uns contre les autres. Certains dirigeants de l’opposition font beaucoup de bruit. Ils pensent que, dans le contexte actuel de menace terroriste, on peut abandonner les principes fondamentaux du droit que portent la constitution ou la déclaration des droits de l’homme et du citoyen. C’est une grave erreur que de penser que pour sauver la France, il faut l’opposer aux principes de droit qui fondent la République. Parce que la France et la République c’est la même chose.
Pourquoi la gauche a-t-elle tant de mal à se saisir de la question de l’islam ?
B. C. : Quand je regarde les faits, je constate que c’est la gauche qui aujourd’hui se saisit de ces enjeux avec volonté et réalisme, sans renoncer aux valeurs et aux principes qui ont conduit les peuples du monde à se reconnaître dans le discours puissant de la France. La gauche reconnaît le fait religieux. Mais elle doit être intraitable avec le communautarisme, le salafisme, ces enfermements qui éloignent de la République et ignorent des combats essentiels pour la tolérance et l’égalité entre les hommes et les femmes. Elle le doit le faire avec le souci constant du droit, des valeurs, de la fraternité, en préférant l’efficacité aux outrances, la vérité à la démagogie. C’est là ce qui sépare résolument la gauche de la droite extrême et de l’extrême droite.
Qu’avez-vous pensé des réactions des responsables de l’Église catholique cet été, après l’assassinat du P. Jacques Hamel ?
B. C. : Les paroles du pape ont été d’une chaleur fraternelle et réconfortante pour la France. Le président de la République lui a exprimé sa gratitude lorsqu’il s’est rendu au Vatican le 17 août dernier. La réponse des catholiques a été admirable. Ils ont su tenir une parole élevée, fraternelle et apaisante, qui portait des valeurs éminemment humanistes que je partage naturellement en tant que républicain.
La société française est-elle capable de résister au risque de guerre civile ?
B. C. : Lorsqu’un pays est confronté à un défi historique, il y a deux stratégies possibles et finalement inconciliables. Soit on parle aux instincts, on s’emploie à instrumentaliser les peurs pour gagner les élections ; soit on parle à la raison et on fait confiance aux Français en les respectant, en parlant à leur histoire et à leur intelligence. On ne peut pas faire les deux à la fois. Les Français peuvent surmonter les défis qui se présentent à eux. Aux responsables publics de montrer le chemin.
Craignez-vous des débordements et des actes de vengeance ?
B. C. : Si la parole publique n’est pas capable de rassembler les Français, les dynamiques de divisions peuvent s’avérer dangereuses. La sagesse n’est pas une mollesse, elle est une force. Et dans le monde tumultueux dans lequel nous vivons nous avons besoin de sagesse.
–––––––-
Dix-huit mois de travail pour « un islam de France »
15 juin 2015. L’« instance de dialogue avec le culte musulman » se réunit pour la première fois au ministère de l’intérieur, en présence de membres du Conseil français du culte musulman et des fédérations musulmanes, mais aussi des représentants « des grandes mosquées, de la société civile », rejoints par des imams et des « intellectuels ».
Quatre ateliers sont organisés, mêlant représentants de l’administration et de la communauté musulmane : construction et gestion des lieux de culte, islamophobie, pratiques rituelles (halal, pèlerinage à La Mecque, etc.) et formation des imams.
Deux guides pratiques sont rédigés. L’un sur la construction et la gestion des lieux de culte, l’autre consacré à l’abattage rituel. Les règles concernant les carrés confessionnels dans les cimetières sont également rappelées.
21 mars 2016. La deuxième réunion de cette instance est consacrée à la lutte contre la radicalisation, axée sur la nécessité d’un « contre-discours » sur Internet et la promotion d’un islam du « juste milieu ».
Un décret, qui doit être soumis au Conseil d’État, va rendre obligatoire l’obtention d’un diplôme universitaire (DU) sur l’histoire et la laïcité pour tous les aumôniers salariés à l’hôpital, en prison ou dans l’armée. Le nombre de ces DU est passé de 3 en 2014 à 15 aujourd’hui.
Recueilli par Guillaume Goubert, Anne-Bénédicte Hoffner et Corinne Laurent
http://www.la-croix.com/France/Politique/Bernard-Cazeneuve-Faire-emerger-un-islam-de-France-ancre-dans-les-valeurs-de-la-Republique-2016-08-28-1200785101

dimanche 28 août 2016

Journée de la paix 2017: la non-violence comme méthode politique – ZENIT – Francais


Journée mondiale de la paix © L'Osservatore Romano
« La non-violence: style d'une politique pour la paix » : c'est le thème du message que le pape François donnera à l'occasion de la 50e Journée mondiale de la paix, célébrée le 1er janvier 2017.
Dans un communiqué publié le 26 août 2016, le Bureau de presse du Saint-Siège explique que par ce message le pape François « indique un nouveau pas, un chemin d'espérance à franchir, adapté aux circonstances historiques actuelles: obtenir la résolution des différends par la négociation, en évitant que ceux-ci dégénèrent en conflit armé ». Il s'agit en d'autres termes de « reconnaître la primauté de la diplomatie sur le crépitement des armes ».
« Nous devons donc faire tout le possible pour négocier des chemins de paix, même là où ces chemins semblent tortueux, voire impraticables, insiste la note. De cette façon, la non-violence aura une signification plus étendue, nouvelle: elle n'est pas simplement une aspiration, un désir, un rejet moral de la violence, des barrières et des impulsions destructrices, mais aussi une méthode politique réaliste, ouverte à l'espérance ».
La méthode politique de la non-violence, poursuit le communiqué, est fondée « sur la primauté du droit » : « Si les droits de l'être humain sont sauvegardés, de même que l'égale dignité de tous sans discriminations ni distinctions, la non-violence comme méthode politique peut alors devenir une voie réaliste pour le dépassement des conflits armés. Dans cette perspective, il est important que l'on reconnaisse toujours davantage la force du droit au lieu du droit de la force. »
La politique de la non-violence comporte aussi « le respect pour la culture et l'identité des peuples, et le dépassement de l'idée selon laquelle une partie serait moralement supérieure à l'autre », ajoute la note. Elle se doit aussi d'endiguer le « fléau » du trafic mondial des armes, « souvent sous-estimé », qui « entretient de nombreux conflits dans le monde ».
Il s'agira de la 4e Journée de la paix célébrée par le pape argentin depuis son élection. La Journée mondiale de la paix a été instituée par le pape Paul VI. Traditionnellement, le Message du pape est transmis aux Églises particulières et aux chancelleries, marquant aussi « la ligne diplomatique du Saint-Siège pour l'année qui commence », conclut le communiqué.


JTK

Journée de la paix 2017: la non-violence comme méthode politique – ZENIT – Francais


Journée mondiale de la paix © L'Osservatore Romano
« La non-violence: style d'une politique pour la paix » : c'est le thème du message que le pape François donnera à l'occasion de la 50e Journée mondiale de la paix, célébrée le 1er janvier 2017.
Dans un communiqué publié le 26 août 2016, le Bureau de presse du Saint-Siège explique que par ce message le pape François « indique un nouveau pas, un chemin d'espérance à franchir, adapté aux circonstances historiques actuelles: obtenir la résolution des différends par la négociation, en évitant que ceux-ci dégénèrent en conflit armé ». Il s'agit en d'autres termes de « reconnaître la primauté de la diplomatie sur le crépitement des armes ».
« Nous devons donc faire tout le possible pour négocier des chemins de paix, même là où ces chemins semblent tortueux, voire impraticables, insiste la note. De cette façon, la non-violence aura une signification plus étendue, nouvelle: elle n'est pas simplement une aspiration, un désir, un rejet moral de la violence, des barrières et des impulsions destructrices, mais aussi une méthode politique réaliste, ouverte à l'espérance ».
La méthode politique de la non-violence, poursuit le communiqué, est fondée « sur la primauté du droit » : « Si les droits de l'être humain sont sauvegardés, de même que l'égale dignité de tous sans discriminations ni distinctions, la non-violence comme méthode politique peut alors devenir une voie réaliste pour le dépassement des conflits armés. Dans cette perspective, il est important que l'on reconnaisse toujours davantage la force du droit au lieu du droit de la force. »
La politique de la non-violence comporte aussi « le respect pour la culture et l'identité des peuples, et le dépassement de l'idée selon laquelle une partie serait moralement supérieure à l'autre », ajoute la note. Elle se doit aussi d'endiguer le « fléau » du trafic mondial des armes, « souvent sous-estimé », qui « entretient de nombreux conflits dans le monde ».
Il s'agira de la 4e Journée de la paix célébrée par le pape argentin depuis son élection. La Journée mondiale de la paix a été instituée par le pape Paul VI. Traditionnellement, le Message du pape est transmis aux Églises particulières et aux chancelleries, marquant aussi « la ligne diplomatique du Saint-Siège pour l'année qui commence », conclut le communiqué.


JTK

samedi 27 août 2016

Burkini : le faux débat par excellence - International - LeVif.be

Burkini : le faux débat par excellence - International - LeVif.be

Burkini : le faux débat par excellence

Les Français ont le goût de ces débats qui cristallisent les passions et permettent à chacun de se positionner bruyamment, à coup de phrases assassines et de citations définitives. Sans qu'au fond, rien ne change.

Ainsi des arrêtés d'interdiction du burkini, qui évoquent directement le débat, il y a quelques années, sur l'interdiction de la burka.

Si le problème se limitait à des vêtements -- ce que sont d'abord et avant tout la burka et le burkini, ne l'oublions pas -- comme nous serions heureux !

Bien sûr, il n'en est rien. Le problème est ailleurs, il git dans l'idéologie dont ces accoutrements ne sont que l'une des manifestations qui bourgeonnent sur le continent européen. Il est tellement plus facile de s'en prendre à un vêtement qu'à l'idéologie dont il procède !

Car, cette idéologie, ce n'est pas DAESH, ce n'est pas l'islamisme. C'est l'islam. Trente années d'éducation contre "la discrimination", "le racisme" et ses variantes ont si bien conditionné nombre de nos intellectuels -- pour ne rien dire de nos politiques -- que le simple fait de désigner l'islam comme problème leur est inconcevable.

En effet, nous disent-ils, l'islam est une religion. Allons-nous discriminer une religion ? Empêcher des hommes et des femmes de vivre librement leur foi ? À moins que ces velléités de discrimination ne cachent, plus grave !, une sorte de racisme latent et refoulé ?!

Cette disposition d'esprit, que je me suis permis de qualifier de "trahison des clercs" dans un essai récent (*), il est facile de montrer qu'elle procède de l'ignorance.

Car l'islam est plus qu'une religion. À l'opposé du christianisme, l'islam définit un projet politique et un droit complets, régissant tous et chacun des aspects de la vie des individus. L'islam est une doctrine, que l'esprit des Lumières, précisément, nous oblige à traiter comme toute autre doctrine, avec esprit critique et sans déférence (inutile d'y ajouter le mépris, qui aveugle le jugement).

"Vous n'allez pas nous reservir le couplet sur l'islam opposé à l'égalité entre hommes et femmes ?" Non. Car l'incompatibilité de l'islam et de l'Occident -- en fait, de l'islam et de l'idée même de démocratie -- est plus fondamentale. L'islam définit non seulement un ensemble de normes, mais un droit qui se veut complet et immuable, car il prend sa source dans la parole d'Allah. C'est dans la complétude divine de son droit, le fiqh, que réside la différence ontologique entre islam et christianisme. On ne réforme pas la parole de Dieu, on ne discute pas la volonté de Dieu dans une assemblée médiocrement humaine telle qu'un parlement. Abroger une sourate du Coran, ce serait abroger Dieu.

Ainsi les questions vestimentaires sont-elles remises dans une juste perspective, celle du symptôme de la diffusion, en Europe, d'une doctrine islamique radicalement opposée aux fondements de notre civilisation (ie, toute norme est questionnable et réformable). Voici la vraie question : celle de l'avenir, en Europe, de la doctrine islamique, et non de "l'islamisme", "des musulmans" ou de tel ou tel vêtement.

Pour autant, faut-il balayer d'un revers de main le débat sur le burkini ? Ma réponse est oui. Car ce débat masque l'essentiel, il crispe inutilement les passions et ne présente, en soi, aucun intérêt. Que faire ? Laisser agir les autorités locales. Si leurs arrêtés sont conformes au droit, c'est leur prérogative. Il existe des juridictions pour s'en assurer.

(*) La trahison des clercs -- Lettre à un combattant de l'islam. Texquis, 2016.



JTK