jeudi 30 avril 2015

À Abu Dhabi, des responsables musulmans réunis contre l’extrémisme | La-Croix.com - Monde

À Abu Dhabi, des responsables musulmans réunis contre l'extrémisme | La-Croix.com - Monde

À Abu Dhabi, des responsables musulmans réunis contre l'extrémisme

Pour la seconde année consécutive, un « Forum pour la paix dans les sociétés musulmanes » se tient du 28 au 30 avril, à Abu Dhabi, en présence de 350 leaders musulmans du monde entier en vue d'« une réflexion commune contre l'extrémisme religieux, le sectarisme et le terrorisme qui frappe le monde musulman depuis des décennies », rapporte l'agence de presse des Émirats (WAM).

Un plan d'action en dix points

Objectif annoncé de ces trois jours de travail dans l'Hôtel Saint-Regis, sur la corniche d'Abu Dhabi : définir un plan d'action en dix points, pour aider à combattre les mauvaises interprétations du Coran et des textes religieux, qui devra être mis en œuvre sur les trois ans à venir. « Cet événement, important pour le monde entier, a pour but de poser partout des bases de paix et d'établir la compréhension parmi les peuples », a déclaré le cheikh Abdullah Bin Bayyah, président du Forum lors de son ouverture dès le 27 avril, en présence du cheikh Abdallah ben Zayed Al Nahyane, ministre émirati des affaires étrangères.

Réfuter l'idéologie extrémiste de Daech

Il s'agit, selon lui, « de réfuter l'idéologie extrémiste de Daech en adoptant une compréhension réelle de l'islam comme une religion de sagesse, de compassion, de tolérance et de patience, comme il est décrit dans le Coran et les enseignements du prophète Mohamed ».

« Ce qui se passe aujourd'hui dans le monde musulman ne peut en aucun cas être fait au nom de Dieu, a ajouté Mohamed Bechari, président de la Fédération nationale des musulmans de France (FNMF, soutenue par le Maroc) et coordinateur du Forum pour l'Europe. Il est du devoir, pour chaque personnalité ayant des responsabilités publiques de clarifier la teneur du message de notre religion, religion de paix, d'amour et de pardon. »

Violences sur le continent africain

En mars 2014, pour la première édition de ce Forum, 250 scientifiques et intellectuels musulmans s'étaient déplacés à Abu Dhabi. À la suite de ce Forum, ils avaient participé à diverses rencontres au Sénégal, au Nigeria ou en Mauritanie, rencontrant les chefs de gouvernement mais aussi des ONG et des représentants religieux, afin d'endiguer la montée des violences sur le continent africain.

Cette année à Abu Dhabi, ils sont 350 oulémas (érudits de l'islam), académiciens, entrepreneurs et artistes… Certains pays, notamment le Maroc, ayant envoyé une délégation importante (comprenant, notamment, le ministre des habous et des affaires islamiques, Ahmed Toufiq ; le secrétaire général du Conseil supérieur des oulémas, Mohamed Yssef et le secrétaire général de la Rabita Mohammadia des oulémas, Ahmed Abbadi).

La géographie des crises

Les tables rondes et ateliers tournent autour de trois thèmes : « La géographie des crises dans les sociétés musulmanes et les expériences de paix et de réconciliation » ; « La révision et la promotion des valeurs liées à la paix »  ; enfin, « La paix et l'islam », ainsi que l'examen de plusieurs autres questions liées, notamment aux rôles des universités islamiques et des nouvelles technologies.

Tous ensemble, politiques, scientifiques et oulémas, veulent trouver des idées pour pacifier le monde musulman. Ainsi, tandis que le cheikh Abdullah Bin Beyah a relevé « la responsabilité des oulémas dans le renouvellement du discours religieux », le grand imam d'Al-Azhar, cheikh Ahmed Al-Tayeb, a souligné « l'urgente nécessité d'une relecture critique de plusieurs concepts du patrimoine islamique en vue d'éclairer la jeunesse, à travers les programmes scolaires, et de l'immuniser contre les idées extrémistes qui propagent une fausse lecture des textes sacrés ».



Envoyé de mon Ipad 

Mgr Pontier, Haïm Korsia et Dalil Boubakeur lancent un appel interreligieux à la fraternité | La-Croix.com - France

Mgr Pontier, Haïm Korsia et Dalil Boubakeur lancent un appel interreligieux à la fraternité | La-Croix.com - France
« NOS LIEUX DE CULTE SONT DES LIEUX DE FOI, DE PAIX ET DE FRATERNITÉ »

« Soyons tous les gardiens de nos frères », demandent Mgr Georges Pontier, président de la conférence des évêques de France, Haïm Korsia, grand rabbin de France, et Dalil Boubakeur, recteur de la Grande Mosquée de Paris, dans un appel publié mardi 28 avril par l'hebdomadaire Pèlerin .

« Des synagogues, des mosquées et des églises sont attaquées en France. Des sépultures profanées. Des croyants menacés, et parfois, tués, interpellent les responsables religieux. Nous, catholiques, juifs, musulmans, refusons de céder à la peur. Ce serait faire le jeu de ceux qui cherchent à nous dresser les uns contre les autres, à nous diviser. »

« Nos lieux de culte sont des lieux de foi, de paix et de fraternité, poursuivent-ils. Cette diversité spirituelle est une richesse pour notre pays. Il est de notre responsabilité collective de la préserver. Restons unis dans la solidarité nationale. Et soyons tous, plus que jamais, les gardiens de nos frères. »

« Tous les indicateurs prouvent malheureusement que les actes antisémites, antimusulmans, antichrétiens sont de plus en plus nombreux en France », a expliqué sur la radio RCF Benoît Fidelin, rédacteur en chef à Pèlerin, en revenant sur l'origine de cet appel. C'est pour promouvoir « la solidarité » et « le dialogue entre les religions » que Pèlerin a pris l'initiative d'inviter les trois représentants français des grandes religions à lancer cet appel commun à la fraternité.



Envoyé de mon Ipad 

mercredi 29 avril 2015

Génocide arménien : un massacre au nom de la laïcité ? - Aleteia

Génocide arménien : un massacre au nom de la laïcité ? - Aleteia
Les interventions diplomatiques de Benoît XV
L'historien allemand Michael Hesemann s'est penché sur la tragédie du génocide arménien durant laquelle entre un million et un million et demi de chrétiens ont été massacrés. Interrogé par Aleteia, il explique avoir découvert une lettre intitulée « Persécution des Arméniens » alors qu'ils faisaient des recherches sur la vie d'Eugenio Pacelli, le futur pape Pie XII.
L'archevêque de Cologne, le cardinal von Hartmann, écrivait alors au chancelier du Reich, Graf Härtling, que la persécution des Arméniens « n'était pas moins brutale que celle des chrétiens dans les premiers siècles de la chrétienté ». L'archevêque requérait de la part de l'Allemagne qu'elle intervienne auprès de son allié turc pour arrêter ces exactions. Malheureusement en vain. Suivant cette piste, l'historien retrace les tentatives désespérées du pape Benoît XV. Le Souverain Pontife écrivit au sultan Mehmet V pour plaider la cause des Arméniens. Mais celui-ci ne semble même pas avoir lu la lettre. Le délégué apostolique à Constantinople, Mgr Dolci, fit tout son possible pour interférer diplomatiquement, mais il se heurta à un mur. Il finit par obtenir une audience, avec l'aide des ambassadeurs autrichiens et allemands, mais seulement quatre semaines plus tard, alors que la majorité du massacre était déjà réalisée. On lui promit alors que la tuerie cesserait, que les déportés pourraient rentrer chez eux ou que tel ou tel groupe de chrétiens serait épargné : autant de mensonges.


La devise des Jeunes-Turcs : liberté, égalité, fraternité

Influencé par l'actualité récente, et en particulier les horreurs perpétrées par le pseudo État islamique sur les minorités chrétiennes et yézidies, l'observateur contemporain pourrait être tenté de rapprocher ce massacre vieux d'un siècle de ce qui se passe actuellement. Le Dr Hesemann combat cette erreur à l'aide des archives, rappelant le rôle central du parti des Jeunes-Turcs. Leur devise donnée à l'Empire Ottoman ne fut pas « Allah est grand » mais « Liberté, égalité, fraternité »... « Il n'y avait aucun fanatique musulman parmi les responsables politiques. Les Jeunes-Turcs étaient tout sauf des fondamentalistes. Ils étaient jeunes, c'étaient des étudiants révolutionnaires qui, pour la plupart, avaient fait leurs études à Paris où ils avaient découvert les idéaux de la franc-maçonnerie et du nationalisme européen. Beaucoup d'entre eux étaient admis dans les loges maçonniques et, de fait, la loge de Thessalonique est devenu leur quartier général. » Pour appuyer cette affirmation, l'historien rappelle que Talaat Bey, le ministre de l'Intérieur turc en 1915, l'homme responsable du génocide arménien, était le grand maître du Grand Orient turc.


Un proto-fascisme

Plus que le fanatisme religieux, c'est un « proto-fascisme » qui aurait été à l'œuvre chez les Jeunes-Turcs, selon le Dr Hesemann, où l'unité de la nation ne serait pas réalisée par la pureté de la race, mais par celle de la religion, en l'occurrence l'islam sunnite. « L'islam est instrumentalisé pour des raisons politiques. Il y avait en arrière-fond une idéologie, à savoir que les nations homogènes étaient des nations fortes et qu'il fallait rendre la nation turque homogène. »


Envoyé de mon Ipad 

Pour l'émergence d'un islam moderne en Europe

Pour l'émergence d'un islam moderne en Europe
28/4/2015-Pour l'émergence d'un islam moderne en Europe
Prière du vendredi dans une ancienne caserne transformée en mosquée à Paris fin 2011.

FIGAROVOX/ANALYSE - Le discours de Christian Estrosi sur les courants radicaux de la religion musulmane a suscité la polémique. Pour Claude Sicard, il est urgent qu'émerge en Europe un islam rénové, compatible avec les valeurs occidentales.


Claude Sicard est agronome, docteur en économie et consultant international. Il est l'auteur de deux livres sur l'islam, «L'islam au risque de la démocratie» (Préface de Malek Chebel, éditions FX du Guibert) et «Le face-à-face islam chrétienté. Quel destin pour l'Europe?».


Avec les atrocités que commettent quotidiennement les djihadistes, tant au Moyen Orient qu'en Afrique, ainsi d'ailleurs que, occasionnellement, dans des pays de la vielle Europe, l'actualité ne cesse de nous confronter avec la question de savoir ce qu'est réellement l'islam.

Car c'est bien au nom de cette religion révélée au VIIème siècle par le prophète Mahomet que sont commises ces exactions qui nous glacent d'horreur: égorgement de pauvres innocents accusés d'être des «incroyants», mise en esclavage de jeunes femmes au prétexte que, elles aussi, sont des «incroyantes», incendie de nombreux lieux de culte chrétiens... autant d'exactions commises par des djihadistes, afin, disent-ils, que s'étende sur la terre le règne d'Allah et que les hommes vivent sous la loi de la charia selon les règles dictées par Dieu à Mahomet.

Les intellectuels et les philosophes musulmans vivant en Occident, ainsi que plusieurs «savants islamistes» fortement pénétrés par la civilisation occidentale, comme par exemple le docteur Shawki Allam, grand mufti d'Egypte, qui a pris la peine de publier tout récemment un long article dans le Wall Street Journal, s'élèvent vigoureusement contre ces «interprétations erronées» que font ces djihadistes incultes du Coran: ils déforment complètement, nous disent-ils, le message du prophète Mahomet. Ainsi, toutes ces voix qui condamnent en chœur ces exactions commises un peu partout au nom de l'islam nous disent: «Ce n'est pas cela l'islam!».Pourtant, on retrouve bien, dans le Coran, des sourates qui sont de nature à fonder le combat que mènent tous ces salafistes fanatisés qui se montrent prêts à sacrifier leur vie pour que s'étende le «dar al islam», et que l'ensemble de notre planète se trouve islamisée. La lettre au monde musulman, diffusée en octobre dernier sur internet par le jeune et très brillant philosophe Abdenour Bidar, a jeté un pavé dans la mare: il y apostrophe courageusement l'islam en lui disant: «Les racines de ce mal qui te vole aujourd'hui ton visage, sont en toi-même».

Qu'en est-il donc exactement? Ce que nous disent les musulmans modernes, c'est qu'il ne faut pas faire du Coran une lecture littérale, et qu'il y a lieu aujourd'hui de «contextualiser» le message du prophète. Ce message a été délivré dans une société primitive, celle de l'Arabie au VIIème siècle: il faut donc avoir l'intelligence de replacer dans notre siècle le message de Dieu. Tariq Ramadan est le premier, dans ses écrits, à nous expliquer qu'il ne faut surtout pas faire du Coran une lecture littérale: cela signifie, en clair, qu'il faut savoir interpréter le texte sacré de l'islam. Il nous dit dans Islam: le face à face des civilisations: «On peut, et on doit, craindre la lecture littéraliste, formelle et archaïque, des sources coraniques et traditionnelles».

On nous demande donc de nous défier d'une interprétation par trop rigoureuse du texte coranique, et il nous est indiqué que s'ouvre aujourd'hui la voie d'une nécessaire réforme de l'islam. Il s'agit d'un chantier énorme, car on entre alors dans des querelles byzantines sans fin, s'agissant de débats théologiques que nul n'est en mesure d'arbitrer du fait qu'il n'existe pas dans l'islam un corpus organisé qui aurait l'autorité voulue pour trancher ces débats et imposer au monde des musulmans la même compréhension du message du Prophète. Les réformateurs, en effet, ne s'entendent pas entre eux, et les musulmans fortement attachés à la tradition, les salafistes, les wahhabites… qui sont les plus nombreux sont fortement opposés à ce que l'on puisse s'adonner à faire de l'ijtihad, c'est-à-dire à effectuer une lecture du Coran avec le concours de la raison, ce qui avait été autrefois le péché des mutazilites.

Citons parmi les réformateurs les plus connus, de langur française, des auteurs comme Mohamed Arkoun, Soheb Bencheikh, Malek Chebel, Mohamed Charfi. Le premier plaide pour un islam repensé dans le monde contemporain, le second nous dit que nous avons besoin d'une refondation de la pensée islamique, et le grand spécialiste de l'islam qu'est Malek Chebel avance dans son fameux ouvrage Manifeste pour un islam des Lumières quelques vingt sept propositions pour reformer l'islam. De son côté, le président du CFCM, le recteur de la mosquée de Paris Dalil Boubakeur, dans le document qu'il a présenté à la presse en juin dernier, s'affiche, lui aussi, en réformateur. Avec donc le concours des représentants des divers courants de l'islam, avec le CFCM, et avec l'aide des meilleurs islamologues de notre pays, il devrait être possible de définir un «islam de France», un islam rénové qui serait compatible avec les valeurs qui sont celles des démocraties modernes. Les Pouvoirs publics se trouveraient, alors, en droit de combattre tous les courants islamistes qui s'inscrivent dans la ligne d'un islam violent et intolérant, en les faisant tomber sous le coup de notre législation antisectes. Certes, il n'existe pas de définition juridique en ce domaine, mais on entend par «secte» des fidèles qui se sont détachés de l'enseignement officiel d'une religion, et dont les croyances et le comportement sont jugés malveillants pour le reste de la société. Les Pouvoirs publics s'attachent pour définir ce qu'est une «secte» au phénomène de déstabilisation mentale dont sont victimes les membres de telles organisations, et aux risques de troubles à l'ordre public. Mais il n'existe pas non plus de définition juridique de ce que l'on entend par «religion».

Les évènements récents montrent qu'il est urgent que puisse émerger en France, puis ensuite dans toute l'Europe, cet islam reformé auquel tous les musulmans européens pourraient adhérer, en tant que membres actifs de nos sociétés. La grande majorité des musulmans européens pourrait bien y être prête.



Envoyé de mon Ipad 

Un premier « Forum mondial pour une réforme islamique » prévu à Paris en 2016 | La-Croix.com - France

Un premier « Forum mondial pour une réforme islamique » prévu à Paris en 2016 | La-Croix.com - France
Un premier « Forum mondial pour une réforme islamique » prévu à Paris en 2016

Dans une tribune publiée mercredi 22 avril 2015 sur le site SaphirNews, cinq responsables musulmans européens – Ghaleb Bencheikh, Adnan Ibrahim, Asma Lamrabet, Mohamed Bajrafil et Félix Marquardt – annoncent la tenue « à Paris en 2016 » d'un Forum mondial pour une réforme islamique.

Les cofondateurs ont choisi de placer leur initiative sous le patronage d'Al-Kawakibi, un intellectuel syrien réformiste de la fin du XIXème siècle, tenant du « panarabisme ». Pour officialiser l'annonce, une conférence a été organisée mardi 21 avril à Paris sur le thème : « Islam et démocratie au XXIe siècle ».

Y étaient donc présents Ghaleb Bencheikh, théologien musulman et président de la Conférence mondiale des religions pour la paix, ainsi que Mohamed Bajrafil, jeune imam de la mosquée d'Ivry-sur-Seine, linguiste et professeur de français.

Archaïsme

Deux autres cofondateurs du futur Forum viennent d'Autriche  : imam de la mosquée Al Shura de Vienne et professeur de philosophie à l'université, Adnan Ibrahim, d'origine palestinienne, s'est fait remarquer par ses prêches diffusées sur les réseaux sociaux. Quant à Félix Marquardt, ancien directeur de la communication de l'International Herald Tribune, il se présente comme un converti récent.

Outrée par l'invitation du philosophe Alain Finkelkraut à la conférence d'inauguration, la marocaine Asma Lamrabet, qui dirige le Centre des études féminines en islam au sein de la Rabita Mohammadia des oulémas du Maroc, a en revanche annoncé son retrait.

« À chaque nouveau massacre, chaque destruction d'œuvre d'art millénaire, perpétrés au nom de l'islam, ce dernier devient associé un peu plus à un archaïsme qui finit par lui paraître consubstantiel. C'est malheureux, mais, à l'aune de la barbarie dont font preuve tant d'individus, d'organisations et de gouvernements se réclamant de notre religion, tristement compréhensible », reconnaissent les cinq cofondateurs dans cette tribune présentant leur projet.

Compréhension intelligente de la révélation

Au passage, ils disent également leur regret que « la vaste majorité des mosquées de la planète, y compris les plus ouvertes d'Europe, continuent à reproduire certaines idées obsolètes et imposent encore aux femmes qui souhaitent venir y prier ou assister à des cours une ségrégation spatiale absurde, indigne et dégradante ».

« Pour qu'une réforme islamique digne de ce nom puisse émerger au XXIe siècle, il s'agit donc non pas de transformer, de réinventer, de réécrire mais bien de nous recentrer sur une saine et intelligente compréhension de la révélation », écrivent-ils.

Au nom du projet Al-Kawakibi, ils s'engagent donc à réunir l'an prochain, à Paris, « des musulmans démocrates et réformistes du monde entier en faisant la part belle en particulier à l'islam d'Asie pour des raisons élémentaires de représentativité démocratique, mais également aux musulmans d'Afrique, d'Europe et des Amériques ».

Distinguer sphères religieuse et culturelle

Le Forum souhaite également « offrir aux musulmans du monde entier un point de référence leur permettant de faire la part entre ce qui relève de la sphère religieuse - ce qu'ils ont tous en commun dans leur compréhension et leur pratique de l'islam - et ce qui relève de la sphère culturelle - ce qui diffère d'une contrée à une autre et d'une époque à une autre ».

Ensemble, les participants espèrent rédiger « une charte reflétant les principes énoncés ci-dessus afin que les mosquées et les institutions islamiques du monde entier soient à même de l'adopter et de s'en réclamer ouvertement ».



Envoyé de mon Ipad 

La Croix - Gilles Kepel : « Pour les salafistes radicaux, les chrétiens font partie des cibles légitimes » » Chrétiens de la Méditerranée

La Croix - Gilles Kepel : « Pour les salafistes radicaux, les chrétiens font partie des cibles légitimes » » Chrétiens de la Méditerranée
LA CROIX - GILLES KEPEL : « POUR LES SALAFISTES RADICAUX, LES CHRÉTIENS FONT PARTIE DES CIBLES LÉGITIMES »

En oblitérant la distinction traditionnelle entre « gens du Livre » et « impies », le salafisme radical fait des chrétiens les cibles naturelles

Ils mènent un djihad planétaire contre les ennemis de l'islam, explique Gilles Kepel, professeur des universités à Sciences-Po (1).

Les chrétiens sont-ils une cible privilégiée des djihadistes ?

Gilles Kepel : Traditionnellement, la culture islamique réserve un statut particulier à ce qu'elle appelle « les gens du Livre », – les autres religions monothéistes –, dont les adeptes ne sont pas obligés de se convertir à l'islam, et qui se distinguent des « impies », ceux-ci ayant le choix entre la conversion et la mise à mort.

Le salafisme radical, qui aujourd'hui caractérise l'État islamique (Daech) et qui s'est répandu de façon beaucoup plus importante sous l'influence des pays du Golfe a, dans les faits, complètement oblitéré cette distinction. Il considère que tous ceux qui n'appartiennent pas au groupe des adeptes sont, soit des impies _des « koufar », comme on dit aujourd'hui dans les banlieues pour désigner des non musulmans_, soit des hérétiques, _c'est le cas des chiites_, soit des apostats, _c'est le cas des mauvais musulmans, ceux qui ne suivent pas les préceptes de Daech et consorts.

Tous sont justiciables de la mise à mort. Cette dérive s'est beaucoup accentuée ces dernières années. Au Kurdistan irakien, les chrétiens qui ont fui l'an dernier l'arrivée de Daech dans Mossoul et dans les petites villes environnantes racontent comment les militants islamistes radicaux leur imposaient une capitation (impôt), c'est-à-dire un statut de dhimmi (« protégés ») particulièrement discriminant, ou bien les terrorisaient, prenaient leurs biens et n'avaient aucun scrupule à les égorger comme impies.

La frontière doctrinale entre ce qui est « halal » (autorisé) et ce qui est « haram » (interdit) s'est aggravée. Dans la pensée salafiste radicalisée, la zone grise qui faisait que monde musulman avait des relations non conflictuelles avec son environnement s'est complètement estompée.

Au sein de la troisième génération djihadiste, théorisée par l'ingénieur syrien islamiste, formé en France, Abou Moussab Al-Souri, la désignation des cibles légitimes : les intellectuels considérés comme anti-islamistes, les juifs et les apostats –, rend finalement licite l'exécution de tout le monde, sauf les adeptes.

La tentative d'attentat contre des églises s'inscrit donc dans cette logique…

G. K. : L'attaque des églises, c'est quelque chose auxquels les sympathisants ont déjà été préparés. Lorsque Daech détruit les villes antiques, les sites archéologiques et les musées, ils le font au cri de « Détruisons les croix ! ».

La diffusion de vidéos de massacres d'Éthiopiens chrétiens en Libye, faisant suite aux vidéos de massacres de Coptes, acclimate chez ceux qui les regardent l'idée que les chrétiens sont des cibles naturelles d'un État islamique, qui se voit comme menant un djihad planétaire pour détruire partout les ennemis de l'islam. Et cela se fait d'autant plus qu'Internet et les réseaux sociaux ne connaissent pas de frontières.

Quelle réaction les djihadistes veulent-ils susciter ?

G. K. : Les textes d'Abou Moussab Al-Souri, mis en ligne dès janvier 2005, sont très explicites. En multipliant les attaques contre des cibles faciles, on vise à ce que les sociétés occidentales, particulièrement l'Europe, perçue comme le ventre mou de l'Occident, sur-réagisse, que des gens aillent attaquer des mosquées en représailles et qu'ainsi, les musulmans de base soient confortés dans le sentiment de l'existence d'une islamophobie à leur encontre et se rangent derrière les activistes les plus radicaux.

Cette stratégie est-elle efficace ?

G. K. : Quatre millions de personnes ont manifesté le 11 janvier qu'ils ne confondaient pas les musulmans avec la minorité extrémiste et radicalisée. La guerre se joue aussi au cœur de l'islam entre le cyber-djihadisme et des imams en chair et en os qui doivent trouver un mode de compromis. Plus les musulmans modérés ou traditionnels auront des hésitations à se faire entendre, plus leur situation sera fragilisée. La domination mentale du salafisme, soutenu par les pétro-dollars, pose problème.

Comment évaluez-vous la réaction des autorités françaises ?

G. K . : La traduction, dès le milieu des années 2000, des textes d'Abou Moussab Al-Souri n'a suscité aucune attention des autorités. De Mohammed Merah à Sid Ahmed Ghlam, en passant par les frères Kouachi et Coulibaly, les actes s'inscrivent dans des modes opératoires connus et analysés. Mais cette connaissance n'est pas prise en compte par les pouvoirs publics. L'action publique réagit avec retard.

Le salafisme djihadiste est-il appelé à durer ?

G. K. : Cela dépendra de l'évolution de la situation au Moyen-Orient. La citadelle du salafisme, l'Arabie saoudite, est en situation très difficile. L'offensive qu'elle mène contre les houthistes pro-iraniens au Yémen est un échec. Le retour de l'Iran dans la communauté internationale va lui poser d'énormes problèmes, surtout si Téhéran met son pétrole sur le marché, ce qui fera considérablement baisser les cours.

Le salafisme, dans cette espèce de fuite en avant radicale, va finir par se prendre les pieds dans le tapis. L'Arabie saoudite, où ces idéologies sont nées, est aujourd'hui victime du phénomène et, contrairement à son prédécesseur, le nouveau roi Salman a pris des mesures très fortes contre Daech.



Envoyé de mon Ipad 

lundi 27 avril 2015

Bénin : le pape demande de favoriser le dialogue avec l'islam



Envoyé de mon Ipad 

Début du message transféré :

Expéditeur: ZENIT <info@zenit.org>
Date: 27 avril 2015 20:12:06 UTC+3

Bénin : le pape demande de favoriser le dialogue avec l'islam
Recommandations aux évêques en visite ad limina

Anne Kurian

ROME, 27 avril 2015 (Zenit.org) - Le pape François demande aux évêques du Bénin de « favoriser la rencontre entre les cultures ainsi que le dialogue entre les religions, notamment avec l'islam ». Car si « le Bénin est un exemple d'harmonie entre les religions », il convient « de conserver ce fragile héritage ».

Le pape a reçu les évêques de la Conférence épiscopale béninoise en visite ad limina ce lundi matin, 27 avril 2015, au Vatican : Mgr Antoine Ganyé, archevêque de Cotonou, Mgr Eugène Cyrille Houndékon, évêque d'Abomey, Mgr François Gnonhossou, S.M.A., évêque de Dassa-Zoumé, Mgr Victor Agbanou, évêque de Lokossa, Mgr Pascal N'Koué, archevêque de Parakou, Mgr Paul Kouassivi Vieira, évêque de Djougou, Mgr Clet Feliho, évêque de Kandi, Mgr Antoine Sabi Bio, éveque de Natitingou, Mgr Martin Adjou Moumouni, évêque de N'Dali, le P. Jean-Benoît Gnambode, administrateur diocésain de Porto Novo.

Au cours de la rencontre, le pape leur a remis un discours, saluant le « bel enthousiasme dans l'expression visible de la foi » au sein de l'Église du Bénin : « La vie paroissiale est animée, les fidèles participent en grand nombre aux célébrations, les conversions au Christ sont nombreuses ainsi que les vocations sacerdotales et religieuses. »

Discernement pour les missions extérieures

« Puisque les vocations ne manquent pas, vous êtes prêts à partager généreusement vos ressources avec les Églises d'autres régions qui en sont dépourvues. Il convient, cependant, lorsque vous envoyez des prêtres en études ou en mission extérieure, de le faire avec discernement, n'oubliant pas les nécessités de vos propres Églises », a ajouté le pape.

La foi des chrétiens béninois « est parfois superficielle et manque de solidité », a-t-il aussi mis en garde en souhaitant « que le désir d'une connaissance profonde du mystère chrétien ne soit pas l'apanage d'une élite, mais anime tous les fidèles ».

Cette foi est en effet nécessaire pour lutter « face aux multiples agressions idéologiques et médiatiques », a-t-il poursuivi : « L'esprit de sécularisation est à l'œuvre aussi dans votre pays, même si cela est encore peu visible. Seule une foi profondément enracinée au cœur des fidèles, et concrètement vécue, permettra d'y faire face. »

Favoriser la rencontre entre les cultures

Le pape a exhorté par ailleurs à « favoriser la rencontre entre les cultures ainsi que le dialogue entre les religions, notamment avec l'islam » : « Il est connu que le Bénin est un exemple d'harmonie entre les religions présentes sur son territoire. Il convient d'être vigilant, compte tenu du climat mondial actuel, afin de conserver ce fragile héritage. »

Mais le dialogue doit se vivre « sans renoncer en rien à la Vérité révélée par le Seigneur ». De même, les « œuvres accomplies par l'Église ont une spécificité qui doit être clairement identifiée: il ne s'agit jamais d'une simple assistance sociale, mais de la manifestation de la tendresse et de la miséricorde de Jésus lui-même qui se penche sur les blessures et les faiblesses de ses frères », a-t-il rappelé.

Il s'agit également pour les évêques de « continuer de prendre toute [leur] place dans la vie publique du pays, particulièrement en ces temps, tout en prenant garde de ne pas entrer directement dans le jeu politique ni les querelles de parti ».

Aller courageusement à contre-courant

Devant les défis actuels, le pape a encouragé à « poursuivre avec détermination les efforts entrepris pour soutenir les familles, tant dans leur foi que dans leur vie quotidienne ». Si la pastorale du mariage reste « difficile » au Bénin, « il ne faut pas se décourager, mais persévérer sans cesse, car la famille telle que la défend l'Église catholique est un don de Dieu qui apporte, aux personnes comme aux sociétés, la joie, la paix, la stabilité, le bonheur », a-t-il affirmé.

Il a également exhorté à « poursuivre sans relâche » les efforts auprès de la jeunesse : « la formation intégrale, tant humaine que spirituelle, des jeunes générations est importante pour l'avenir de la société à laquelle ils pourront apporter leur précieuse contribution, notamment en matière de solidarité, de justice et de respect de l'autre ».

« Allez courageusement à contre-courant, en luttant contre la culture du "déchet" partout répandue et en diffusant les valeurs évangéliques de l'accueil et de la rencontre », a-t-il insisté.

Lire en ligne | Envoyer à un ami | Commenter en ligne

dimanche 26 avril 2015

L’internationalisation de l’Etat islamique - Les clés du Moyen-Orient

L'internationalisation de l'Etat islamique - Les clés du Moyen-Orient
L'INTERNATIONALISATION DE L'ETAT ISLAMIQUE ARTICLE PUBLIÉ LE 21/04/2015

Le 10 novembre 2014, le groupe, jusque-là connu sous le nom d'Ansar Beit Al-Maqdis, déclare son allégeance à l'Etat Islamique (EI) et devient la Province du Sinaï. Probablement séduits par la notoriété et l'assise territoriale de l'organisation d'Abu Bakr Al-Baghdadi, les djihadistes égyptiens décident d'établir un lien de type féodal entre suzerain et vassaux. Si Ansar Beit Al-Maqdis n'est pas le premier groupe à s'affilier à l'Etat islamique, il semble être l'un des plus étroitement lié.

En effet, depuis la proclamation du rétablissement du califat par Abu Bakr al-Baghdadi le 29 juin 2014, l'Etat islamique n'a cessé de faire des émules au sein de la mouvance djihadiste. Par l'ampleur et la rapidité de ses conquêtes, il suscite à la fois l'admiration d'une multitude de groupuscules locaux et la méfiance d'Al-Qaida, jusque-là leader incontesté du djihad transnational. Une compétition est ainsi lancée entre les deux organisations, qui cherchent à s'attirer les services de djihadistes locaux afin d'étendre leur sphère d'influence. C'est donc à travers l'établissement de liens plus ou moins étroits entre l'organisation centrale et des groupes périphériques que l'Etat islamique, suivant à sa manière l'exemple historique d'Al-Qaida, tente d'élaborer son plan d'internationalisation.

Les liens historiques entre l'Etat islamique et al-Qaida

Afin de mieux comprendre l'ampleur de la rupture dans la stratégie de l'EI, il convient de rappeler brièvement son histoire [2]. En 2003, à l'occasion de l'intervention américaine en Irak, le djihadiste jordanien Abou Mus'ab al-Zarqawi fonde le groupe Tawhid al-Jihad. En octobre 2004, afin d'assurer la visibilité et la pérennité de son organisation, il décide de prêter allégeance (bay'ah) à Oussama Ben Laden et le groupe Tawhid al-Jihad devient al-Qaida en Mésopotamie (AQM), la branche d'al-Qaida en Irak. En janvier 2006, AQM s'intègre au sein du Conseil consultatif des Moudjahidines d'Irak, une alliance de plusieurs groupes contre l'occupant américain.

En juin 2006, l'égyptien Abou Ayub al-Masri remplace à la tête d'AQM al-Zarqawi, tué lors d'un bombardement américain. Certains djihadistes irakiens contestent alors le caractère « trop étranger » des dirigeants de l'alliance [3]. Afin de renforcer la légitimité et l'implantation locale du Conseil, al-Masri encourage un ancien officier irakien, Abou Omar al-Qurashi al-Baghdadi, à prendre la direction du Conseil et à le renommer Etat Islamique d'Irak (EII) [4].

Malgré les efforts d'al-Masri pour « irakiser » l'organisation, les critiques à l'encontre du leadership jugé trop étranger continuent à se faire entendre. Le 4 juillet 2007, les services de renseignement américains découvrent qu'Abou Omar al-Qurashi al-Baghdadi est un dirigeant fantoche manipulé par al-Masri et censé rassurer les djihadistes iraquiens [5]. En septembre 2006, trente tribus de la province d'Anbar en Irak, excédées par les exactions d'al-Qaida en Irak, s'allient avec les Etats-Unis pour contrer son influence [6]. Début 2008, plus de 2 400 membres d'AQI ont été tués, et à partir de 2010 les liens entre Al-Qaeda et sa branche irakienne ont quasiment été rompus [7]. Al-Masri et Abou Omar al-Qurashi al-Baghdadi sont finalement éliminés le 18 avril 2010 par un raid américain. L'irakien Abu-Bakr al-Baghdadi, docteur en études islamiques, devient alors le nouveau visage de l'Etat islamique en Irak (EIL) [8].

A partir de 2011, l'EII observe avec intérêt la guerre civile syrienne, et crée le Jabhat al-Nusra (Front al-Nosra) afin de s'implanter en Syrie [9]. Le nouveau groupe se dote rapidement d'une grande autonomie et certains membres préfèrent rester autonomes ou suivre al-Qaida plutôt que d'obéir à Abou Bakr al-Baghdadi. En avril 2013, ce dernier proclame la création de l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) et annonce la fusion complète de l'EII et d'Al-Nosra. Al-Zawahiri, leader d'al-Qaida depuis la mort de Ben Laden, publie alors une lettre dans laquelle il condamne cette fusion [10]. Selon lui, al-Baghdadi reste un de ses subalternes, et aurait dû le consulter avant de prononcer une telle déclaration. Le dirigeant de l'EIIL ignore le rappel à l'ordre d'al-Zawahiri. La rupture est consommée entre l'EIIL et al-Qaida, qui annonce en février 2014 couper toute connexion avec al-Baghdadi [11].

Ce n'est qu'à partir du 29 juin 2014 qu'al-Baghdadi, fort de ses succès militaires fulgurants dans la région, change de stratégie. Il élargit ses objectifs, décrétant le rétablissement du califat dans les territoires qu'il contrôle. En invoquant à travers la notion de califat le mythe de la succession du prophète, le calife autoproclamé cherche à asseoir sa légitimité en s'inscrivant dans la continuité des grandes dynasties du Moyen Âge (notamment des Omeyyades, qui régnèrent de 661 à 750 sur un immense empire). Dans ses communiqués officiels, le groupe se désigne à partir de cette date par l'appellation « Etat islamique » (EI), et appelle les musulmans du monde entier à le rejoindre [12].

L'internationalisation de l'Etat islamique : entre interventions directes et stratégies de procuration

À partir de l'été 2014, une multitude de mouvements djihadistes d'ampleur et de notoriété très variables ont annoncé leur ralliement à Abou Bakr al-Baghdadi. Une telle vague de déclarations d'allégeance pourrait à premier abord laisser penser au succès systématique de la nouvelle stratégie de l'EI. Toutefois, les serments d'allégeances sont toujours à étudier et à vérifier au cas par cas afin de comprendre leur véritable ampleur.

Un groupe peut en effet se proclamer vassal de manière spontanée, sans avoir été contacté au préalable par l'EI. Il peut également le faire uniquement afin de bénéficier de l'aura médiatique du « califat » et d'accroitre ainsi sa notoriété. Revendiquer un attentat au nom de l'Etat islamique ne suffit bien évidemment pas non plus à prouver qu'il en est le commanditaire (comme le prouve la prise d'otages du magasin Hyper Cacher en France le 9 janvier 2015, où le lien entre le terroriste et l'organisation n'a pas été avéré). L'allégeance peut en effet être purement symbolique et s'inscrire dans une logique de soutien aux objectifs d'al-Baghdadi, sans que ce dernier n'assiste financièrement ou militairement le groupe. Enfin, les liens supposés entre le « suzerain » et ses « vassaux », même officialisés, doivent toujours être considérés avec prudence tant les informations fiables sur de tels enjeux sont rares et le contexte changeant.

L'objectif est ici d'analyser le rôle que jouent les principaux groupes ayant prêté allégeance à l'Etat islamique. Si chaque groupe s'internationalise en s'affiliant à l'EI, son terrain d'action s'inscrit avant tout à l'échelle régionale voire locale, où il peut souvent profiter d'un contexte d'instabilité pour s'implanter. Dans la course à l'hégémonie, l'EI doit souvent élaborer des plans pour contrer al-Qaida. À cette fin, les « vassaux » peuvent être amenés à servir d'armes dans une guerre par procuration contre l'organisation d'Al-Zawahiri. Parallèlement, l'EI parvient parfois à intervenir directement dans d'autres pays, et n'a donc pas besoin de compter sur des groupes dont la loyauté peut vite être remise en question.

L'Etat islamique et ses soutiens sont principalement présents et actifs au Maghreb (Libye, Egypte (Sinaï), Algérie, Tunisie), au Nigéria et au Yémen. Dans ces six pays, l'EI semble être parvenu à vassaliser des groupes terroristes, à occuper des territoires ou à revendiquer des attentats.

Parallèlement, l'influence de l'Etat islamique a été observée dans d'autres régions, tels qu'au Levant (Palestine, Liban), en Arabie saoudite, au Soudan, en Asie centrale (Pakistan, Afghanistan) et en Asie du Sud-Est (Inde, Philippines, Indonésie). Dans ces pays, des groupes terroristes ont également prêté allégeance à al-Baghdadi, mais les liens effectifs entre ces djihadistes et l'EI semblent être à ce jour de moindre ampleur que dans le cas des djihadistes maghrébins, nigérians, et yéménites.

Interventions directes et principaux vassaux

Libye La Libye est devenue en quelques années une des destinations privilégiées des djihadistes. Certaines factions islamistes, tribales, ou même pro-Kadhafi ont refusé de déposer les armes après la chute de Kadhafi en 2011 et ont contribué à entretenir une instabilité chronique. Depuis 2014, la situation politique s'est aggravée. Deux gouvernements s'opposent : celui de Tobrouk, reconnu par la communauté internationale depuis les élections de juin 2014, et celui de Tripoli, arrivé au pouvoir par la force en août 2014 [13].
L'Etat islamique a rapidement saisi les opportunités d'implantation qu'offrait la faillite de l'Etat libyen. Le Majilis Choura Chabab al-Islam (Le conseil consultatif de la jeunesse islamique), avait attiré l'attention et le soutien de l'EI en parvenant à contrôler de la ville de Derna, au nord-est du pays, en avril 2014. Principal mouvement djihadiste libyen, il officialise son allégeance à al-Baghdadi en octobre [14].

Le nouveau lien entre les deux organisations n'a pas tardé à être illustré par une série d'actes. Le 27 janvier 2015, l'hôtel Corinthia de Tripoli a été la cible d'un attentat. Le 12 février, l'EI s'est emparé de plusieurs bâtiments administratifs de Syrte (bureaux de la télévision et de chaînes de radio). Le 15 février, 21 égyptiens coptes ont été décapités. Le 16 février, l'Egypte, en réaction au meurtre de ses ressortissants, a bombardé des positions de l'EI en Libye, non loin de la frontière égyptienne [15]. En représailles, les terroristes ont organisé le 20 février des attentats suicide à al-Qubbah, ville voisine de Derna (environ 45 civils ont été tués) [16]. Le 12 et le 13 avril, des attaques ont visé les ambassades du Maroc et de la Corée du Nord à Tripoli, faisant deux morts [17]. Enfin, dans une vidéo diffusée le 19 avril, l'EI met à nouveau en scène la décapitation de chrétiens, cette fois-ci Ethiopiens. 28 hommes compteraient parmi les victimes [18].
Derba est quant à elle devenue l'exemple typique d'une ville sous le joug de l'EI. Les effectifs de Majlis Choura se situeraient entre 1 000 et 3 000 [19], sans compter les membres de l'EI présents en Libye. A mi-chemin entre stratégie de procuration et intervention directe, l'organisation d'al-Baghdadi a donc créé sa première enclave en dehors du territoire irakien et syrien.

Egypte La principale menace portée par l'Etat islamique en Egypte se situe dans le désert du Sinaï. Les djihadistes d'Ansar Beit Al-Maqdis (« les Partisans de Jérusalem »), affiliés à l'EI depuis le 10 novembre 2014 sous le nom de Wilayat Sinaï, ont su profiter de l'instabilité chronique du Sinaï et du contrôle réduit de l'Etat égyptien sur cette région pour y établir leur fief. À partir de leur base, ils s'en prennent aussi bien à l'armée égyptienne, jugée responsable de la déposition du président islamiste Mohammed Morsi en juillet 2013, qu'à Israël, notamment via la destruction de pipelines reliant les deux pays.

Les Partisans de Jérusalem, forts du soutien financier et militaire de l'EI, maintiennent un climat de terreur dans le Sinaï. Leurs cibles prioritaires demeurent pour le moment l'armée et la police (plusieurs centaines de soldats et de policiers ont été tués dans des affrontements). Le 12 avril 2015, les djihadistes ont notamment organisé un triple attentat contre les forces de police, faisant 12 victimes [20].

Algérie Jusqu'en 2014, la mouvance djihadiste algérienne dépendait principalement d'al-Qaida au Maghreb Islamique (AQMI). Le 4 juillet 2014, AQMI rejette d'ailleurs dans un communiqué la proclamation du califat par al-Baghdadi. Cependant, Abdelmalek Gouri, cadre local d'AQMI, en désaccord avec la déclaration de l'organisation, choisit de la quitter. En septembre, il fonde son propre groupe, Jund al-Khalifah fi Ard al-Jazayer (les Soldats du Calife), et proclame sa bay'ah (son allégeance) envers l'Etat islamique. Son principal fait d'arme reste à ce jour l'enlèvement le 22 septembre 2014 du français Hervé Gourdel et sa décapitation deux jours plus tard. Cet acte aurait été commandité par l'EI dans le but d'inciter le gouvernement français à cesser les frappes aériennes en Irak [21]. L'armée algérienne a alors lancé des opérations pour empêcher l'expansion du groupe, et est parvenue à tuer Abdelmalek Gouri le 22 décembre.

L'influence de l'EI en Algérie n'est donc pas de la même ampleur qu'en Libye et en Egypte. Néanmoins, la capacité d'al-Baghdadi à attirer des groupes dissidents d'al-Qaida a prouvé que l'Algérie, malgré sa stabilité politique, n'échappe pas à l'influence de l'Etat islamique.

Tunisie Le 19 mars 2015, l'Etat islamique a revendiqué l'attentat perpétré la veille contre le musée du Bardo, à Tunis. Déclarant dans son communiqué que la mort des 20 touristes étrangers n'était que le début d'une longue série d'attentats en Tunisie, l'EI affirme avoir ordonné à deux djihadistes tunisiens passés par des camps d'entrainement libyens de « semer la terreur dans le cœur des infidèles » [22]. L'acte ne témoigne pas ici d'une volonté d'implantation ou de conquête territoriale, mais d'une stratégie terroriste plus traditionnelle visant à créer un climat d'insécurité.

Parallèlement, Katibat Okba Ibn Nafaâ, un des principaux groupes terroristes tunisiens affiliés à AQMI, a déclaré en septembre 2014 apporter son soutien à l'EI (sans toutefois lui prêter allégeance) [23]. Basée au nord-ouest de Kasserine, à la frontière algérienne, l'organisation est responsable de plusieurs attentats contre l'armée tunisienne. Le samedi 28 mars, la brigade anti-terrorisme a tué huit de ses membres et déclaré la « quasi-décapitation » du groupe [24].

Nigéria Le 7 mars 2015, Aboubakar Shekau, chef de Boko Haram, a proclamé sa bay'ah à Abou Bakr al-Baghdadi. Ses effectifs étant estimés entre 7 000 et 10 000 membres [25], la secte nigériane est le plus grand groupe terroriste à s'être rallié à l'Etat islamique. Cette alliance marque également l'entrée en scène de l'EI en Afrique subsaharienne.
L'importance de cette bay'ah doit toutefois être relativisée. La coalition militaire composée du Nigéria, du Tchad, du Niger et du Cameroun a fait subir plusieurs défaites à Boko Haram, qui aurait alors saisi l'occasion d'officialiser son soutien à al-Baghdadi afin d'obtenir de l'aide. A ce jour, le lien entre les deux organisations semble donc surtout être une tentative de diversion [26].

Yémen Le vendredi 20 mars 2015, l'Etat islamique a organisé deux attentats contre des mosquées fréquentées par des musulmans chiites, tuant plus de 142 personnes [27]. Le Yémen s'est transformé en quelques années en terrain d'affrontement entre extrémismes religieux. Depuis le printemps arabe et la fuite du président Saleh en 2011, la situation est devenue chaotique. Al-Qaida dans la Péninsule Arabique (AQPA), malgré les offensives de l'armée yéménite et les frappes de drones américains, est parvenue à rester solidement implantée dans le pays. L'insurrection des Houthis, issus du nord-ouest du pays et désirant rétablir un imamat zaydite (branche du chiisme), a débuté en 2004. Fin septembre 2014, les insurgés sont parvenus à prendre Sanaa, la capitale. En mars 2015, ils ont poursuivi leur marche vers le sud et ont menacé Aden. Soupçonnant l'Iran de soutenir la rébellion afin d'accroitre l'influence du chiisme dans la péninsule en majorité sunnite, l'Arabie saoudite s'est placée à la tête d'une coalition de la ligue arabe et a commencé à bombarder des positions houthistes.

L'apparition de l'Etat islamique s'est donc fait dans un contexte extrêmement complexe. L'organisation d'al-Baghdadi défie al-Qaida dans le pays où elle est le mieux implantée [28]. Partageant la volonté commune de stopper l'expansion chiite, les deux groupes ne parviennent ni ne souhaitent toutefois synchroniser leur action. AQPA, après les attentats du 20 mars 2015, a d'ailleurs réaffirmé son refus de s'attaquer à des mosquées et à des marchés afin de ne pas tuer des « innocents ».

Certains membres d'Ansar al-Charia, le principal soutien et auxiliaire d'AQPA au Yémen, ont demandé un rapprochement avec l'EI [29], jugeant nuisible la compétition entre les deux organisations terroristes. Si l'EI perpétue à nouveau de telles démonstrations de force, AQPA risque en effet de perdre le leadership djihadiste dans la région. L'éventuelle disparition d'AQPA n'est toutefois pas encore une réalité. Le 17 avril 2015, l'organisation a en effet saisi un dépôt d'armes dans le port de Mukalla et s'est procuré plusieurs douzaines de tanks [30].

Autres déclarations d'allégeance

L'Etat islamique, grâce à ses succès militaires fulgurants en 2014, a accru sa notoriété et attiré l'attention d'une myriade de groupes terroristes dans le monde. De nombreuses allégeances ont été prêtées, sans toutefois être de la même ampleur ou bénéficier de la même reconnaissance que dans les six pays précédemment évoqués.

Au Levant :
• Dans la bande de Gaza, al-Baghdadi a refusé début février 2015 l'allégeance du Conseil des Moudjahidines des Environs de Jérusalem, arguant que le cercle djihadiste dans ce territoire n'était pas encore assez organisé [31].
• Au Liban, Liwa Ahrar al-Sunna a déclaré sa bay'ah le 30 juin 2014 [32].

Dans la péninsule arabique :
• En Arabie saoudite, certains cadres d'AQPA ont, tout comme au Yémen, émis leur désir de s'associer à l'Etat islamique, et plus de 2000 djihadistes seraient partis rejoindre les rangs de l'organisation en Irak et en Syrie [33].

En Afrique orientale :
• Au Soudan, al-I'tisam of the Quran and Sunnah a prêté allégeance le 1er août 2014 [34].

En dehors de la sphère arabe, certains groupes terroristes se sont également rapprochés de l'EI, notamment en Asie centrale et en Asie du Sud-Est :

• Au Pakistan, des dissidents du Mouvement des talibans du Pakistan (Tehrik el Khilafat, Jamat-ul Ahrar) sont venus rejoindre les rangs de l'EI [35].
• En Afghanistan, le mollah Omar et ses talibans semblent continuer d'exercer leur leadership sur les djihadistes de la région. L'EI se servirait donc surtout du pays comme plateforme du trafic d'héroïne afin de financer ses activités [36].
• En Inde, Ansar al-Tawhid in India fait sa bay'ah le 4 octobre 2014 [37].
• Aux Philippines, Ansar al-Khilafah déclare son allégeance le 14 août 2014 [38].
• En Indonésie, Mujahideen Indonesia Timor prête allegeance le 1er juillet 2014 [39].

Conclusion

L'Etat islamique se concentre pour le moment sur le monde arabe, mais n'écarte pas pour autant les opportunités de s'implanter durablement dans d'autres régions, telles que l'Asie du Sud-Est. En abandonnant son appellation d'Etat islamique en Irak et au Levant, l'organisation d'al-Baghdadi est sortie du cadre mésopotamien et prétend désormais à un leadership universel. Al-Qaida, souvent jugée en perte de vitesse depuis la mort de Ben Laden en 2011, peine à réagir face à la montée en puissance de son ancienne branche irakienne. Ainsi, plus de trente groupes ont prêté allégeance ou apporté leur soutien à Abou Bakr al-Baghdadi [40], nombre d'entre eux ayant pour cela quitté la sphère d'influence d'al-Qaida.

La coalition internationale contre l'Etat islamique se concentre pour le moment sur ses bases irakienne et syrienne. Néanmoins, la menace de l'EI ne se résume justement plus à ces deux pays. Début mars 2015, Ashton Carter, Secrétaire de la Défense des Etats-Unis, a d'ailleurs comparé le groupe terroriste à un cancer qui métastaserait dans le monde entier [41]. Le 8 mars, Ashton Carter, John Kerry, secrétaire d'Etat, et Martin Dempsey, chef d'Etat-Major des armées, ont présenté devant le Sénat la nouvelle doctrine « d'autorisation de l'usage de la force militaire contre des terroristes » (AUMF - Authorization for Use of Military Force Against Terrorists). Les trois hommes ont expliqué que « la nouvelle AUMF prendrait en compte le fait […] que l'Etat islamique est une organisation amenée à évoluer stratégiquement, à se transformer, à s'associer avec d'autres groupes terroristes [42] ». Selon Ashton Carter, s'imposer des limites géographiques face une organisation qui n'en a pas ne peut pas être une solution viable pour éradiquer l'Etat islamique. La possibilité pour les Etats-Unis d'intervenir militairement en dehors du cadre mésopotamien, c'est-à-dire dans n'importe quel pays où des djihadistes de l'EI apparaitront, semble donc ouverte.

Notes : 



Envoyé de mon Ipad 

La figure du Prophète-combattant dans les textes de l'Islam classique, VIIIe-Xe siècle - Les clés du Moyen-Orient

La figure du Prophète-combattant dans les textes de l'Islam classique, VIIIe-Xe siècle - Les clés du Moyen-Orient

Après avoir reçu les premières sourates transmises par l'ange Gabriel (« Jibrīl » en arabe) Muḥammad prêche à La Mecque un retour à la religion d'Abraham et forme autour de lui une nouvelle communauté de « Croyants » [4] Face aux persécutions répétées des Mecquois et notamment des Quraysh, il décide en 1/622 [5] de partir avec eux à Médine, où il trouve une partie de la population prête à les accueillir, les anṣār [6]. Les Croyants quittant La Mecque sont appelés les muhājirūn [7]. C'est l'Hégire, l'épisode qui sert de référence au calendrier musulman. Muḥammad reçoit alors l'autorisation de combattre les polythéistes, c'est le début d'une longue série d'expéditions et de batailles qui se solde par la conquête de La Mecque.
À la fois prophète et combattant, Muḥammad fait triompher l'Islam et met un terme à la Jāhiliyya [8] dans la péninsule une légende fondée sur l'histoire. Le Prophète devient le héros d'une véritable épopée, une figure à la fois historique et légendaire, ainsi que l'objet d'un culte qui s'intensifie avec le renversement des Omeyyades par les Abbassides [9] en 128/750. À la fois perçu dans les textes comme un guérisseur, un faiseur de miracles, un législateur et un combattant, Muḥammad est une figure en perpétuelle évolution jusqu'à aujourd'hui. Ce dernier attribut qui fait l'objet de polémiques récurrentes doit avant tout être compris comme une construction littéraire et anthropologique,

Guerre et prédication prophétique

La mission prophétique
La guerre et la foi forment un couple indissociable dans l'épopée de Muḥammad. Après l'Hégire, le Prophète reçoit la neuvième sourate qui accorde aux Croyants le droit de prendre les armes : « [Déclaration de guerre aux Non-Musulmans. Condamnation du Judaïsme et du Christianisme.] Combattez ceux qui ne croient point en Allāh ni au Dernier Jour, [qui] ne déclarent pas illicite ce qu'Allāh et son Apôtre ont déclaré illicite, [qui] ne pratiquent point la religion de Vérité, parmi ceux ayant reçu l'Écriture ! [Combattez-les] jusqu'à ce qu'ils payent la jizya [10], directement (?) et alors qu'ils sont humiliés. » [11]
On retrouve également ce type d'injonction dans les sources narratives : « Et combattez-les jusqu'à la fin des persécutions, et jusqu'à ce que la religion soit toute entière pour Dieu » Ṭabarī, The History of Ṭabarī. Volume VI. Muḥammad at Mecca, Albany, State University of New York Press, 1988, vol. 1988, p. 137.
Muḥammad doit prendre les armes pour défendre les Croyants des persécutions, mais aussi mettre fin au paganisme en Arabie. La religion doit être « toute entière pour Dieu », c'est-à-dire tournée vers le Dieu unique. Avec le deuxième pacte de ʿAqabah où les Croyants prêtent serment de combattre pour servir l'Islam et son prophète, la guerre devient un moyen légitime de convertir les populations et d'étendre la communauté. Les razzias, ces expéditions rapides qui existaient dans l'Antiquité et dont le but premier était de faire du butin, deviennent des entreprises religieuses. Le Croyant devient ainsi un guerrier dont le combat prolonge la mission prophétique. Les paroles du Prophète confortent cette idéologie dans les textes : « Ô Dieu, punis les incroyants parmi le peuple » [12].
Comme l'a rappelé Alfred Morabia, les historiens orientalistes se sont demandés si la mission prophétique de Muḥammad était originellement limitée à l'Arabie, ou si l'expansion de l'Islam avait dès le début une portée universelle et œcuménique. S'il est impossible de connaître les intentions du Prophète, ce motif est semble-t-il invoqué bien après, à l'époque abbasside. La prophétie de l'expansion universelle de l'Islam serait venue en rétrospective, afin de justifier les conquêtes des califes. En effet, les lettres envoyées à l'empereur byzantin Héraclius, au Khusraw (roi) de Perse et au Négus d'Abyssinie sont toutes apocryphes et semblent confirmer cette hypothèse.

Le jihād : une conception singulière du combat et de la religion
La notion de jihād est régulièrement invoquée pour décrire le mouvement de conquête des débuts de l'Islam, du temps du Prophète et de ses successeurs les rāshidūn [13]. Le jihād est effectivement une idée clef dans l'épopée de Muḥammad, le mot est repris aujourd'hui dans les médias et souvent traduit par le terme « guerre sainte ». Cette traduction étant désormais galvaudée, certains historiens choisissent de traduire tout simplement le mot « jihād » par « effort » pour en respecter l'étymologie [14]. Le terme est effectivement polysémique et contient une définition spirituelle liée au combat des passions de l'âme qui existait déjà avant l'Islam. On retiendra plus généralement une idée de dépassement de soi. À l'époque médiévale, le « jihād » du combattant peut ainsi être associé à un effort de guerre au nom de la mission que le Prophète a confié aux Croyants. De manière plus neutre, on traduira par « combat sacré » selon l'expression d'Alfred Morabia [15], mais ce n'est qu'un aspect parmi d'autres du lien qui unit la guerre et le sacré dans l'Islam [16].

Contrairement à la définition qu'on en donne habituellement, le jihād n'est absolument pas un effort individuel mais collectif, encadré par la Révélation. En relisant la neuvième sourate, on peut constater que la guerre concerne ceux qui ne croient pas au « Dernier Jour », c'est-à-dire les polythéistes. Le jihād est d'abord dirigé contre le paganisme, les juifs et les chrétiens pour leur part sont « condamnés » à payer un impôt de capitation contre protection, la jizya [17]. Muḥammad semble plus clément pour ceux qu'il nomme les « gens du Livre » (les juifs et les chrétiens), leur réservant le statut de dhimmī ou « protégé » du droit musulman [18], ce statut est dénié aux polythéistes. Le droit habituel de la guerre leur est d'ailleurs refusé [19] et ils ont l'obligation de se convertir. Le jihād passe ainsi par la destruction des idoles païennes et un renouvellement de l'espace sacré. Après la prise de La Mecque et la victoire contre les Qurayshs, Muḥammad envoie Khālid ibn al-Wālid en expédition détruire l'idole d'al-'Uzzā I [20], condition sine qua non de leur conversion à l'Islam. On trouve néanmoins plusieurs épisodes violents contre les « gens du Livre », les juifs sont accusés d'avoir falsifié la Révélation puis d'avoir trahi le Prophète malgré la signature du pacte de protection. Une des tribus juive de Médine, la tribu des Banū Qurayza est massacrée pour s'être retournée contre les musulmans à la bataille du Fossé (5/627) [21]. Les chrétiens sont également accusés d'avoir modifié la Révélation et d'associer Dieu à des images dans le dogme de la Trinité.
Au nom du jihād contre les ennemis de la foi, Muḥammad lance ainsi des appels au martyre. Le martyre est présenté comme un honneur et même dans certains cas comme un devoir, et le martyr est perçu comme un véritable héros. La martyrologie tient d'ailleurs une part importante dans la construction politique de la société de l'Islam classique et fournit un recueil d'exemple aux musulmans, sur le modèle des bioi grecques ou des vitae plus tardives. Chez Bukhārī, célèbre compilateurs de ḥadīth-s, le Prophète prétend désirer lui-même le martyre au combat : « Chapitre VII. — Du fait de souhaiter le martyre. 1. Abu-Huraïra a dit : « J'ai entendu le Prophète dire : ''(…) J'aimerais à être tué au jihād, puis à être rappelé à la vie, et tué encore, puis encore rappelé à la vie, et encore tué.'' » [22]
Le ḥadīth de Bukhārī est typique de la littérature exemplaire musulmane, le Prophète se présente comme un éventuel martyr, ses paroles montrant aux combattants le chemin à suivre. La douleur physique et le sacrifice du corps, des thèmes déjà présents dans l'herméneutique chrétienne, sont réactualisés par l'Islam et garantissent l'accès au Paradis. Le jardin céleste est une puissante motivation pour le combattant, et le martyre est perçu comme un cadeau de Dieu. Le Coran promet d'ailleurs le paradis comme récompense au martyr [23], et Muḥammad l'encourage à plusieurs reprises dans les textes. À Uḥud, al-Muzannī répond à l'appel du Prophète pour repousser les ennemis qui les encerclent. Muḥammad lui dit alors : « Lève-toi et réjouis-toi du Paradis » [24].
Après s'être jeté dans la mêlée, al-Muzannī repousse l'avancée ennemie et meurt de vingt coups de lances. Ainsi Allāh « honore » du martyre les combattants [25], la récompense reçue étant plus grande que le sacrifice. Si les textes donnent à voir une conception radicale de la guerre, on se rappellera que ce sont avant tout des représentations mentales et non des faits historiquement avérés.

Une figure de combattant épique

Le Prophète sur le champ de bataille
Dans l'épopée, le héros est le personnage principal qui par ses exploits parvient à réaliser la quête lui a été assignée. De ce point de vue, il est assez aisé d'identifier Muḥammad comme le héros des maghāzī. La sīra d'Ibn Isḥāq a longtemps été perçue par les orientalistes comme une œuvre biographique, ce qui a été partiellement réfuté par Abdesselam Cheddadi [26]. Néanmoins, la narration reste centrée sur le Prophète et ses expéditions, il est sans aucun doute le personnage principal du récit. Lors des grandes batailles de l'Islam, son action détermine la tournure des événements et de la narration chez Ibn Isḥāq, mais aussi chez ses successeurs comme Wāqidī, Ṭabarī ou Balādhurī. À Badr (2/624) [27], à Uḥud (3/625) [28] ou lors du siège de La Mecque (8/630) [29], Muḥammad est systématiquement au centre du combat, donnant des ordres, encourageant les troupes et commentant le déroulement de l'action. Lors de ces grands moments, le Prophète est soutenu par ses Compagnons qui l'épaulent au combat. On citera à ce titre ʿAlī, un personnage tout aussi important que le Prophète pour les musulmans shīʿites, mais aussi Khalīd ou le futur calife ʿUmar, tous de grandes figures des débuts de l'Islam. Les batailles sont marquées par des temps forts : les duels. En effet à l'époque médiévale, la bataille est représentée par une succession de combats en face à face, ce qui intensifie le caractère épique des récits. Le duel est l'occasion de mettre en lumière les qualités individuelles du personnage : l'honneur, le courage et l'habilité au combat. Ces qualités constituent un héritage universel de l'Antiquité, Achille dans L'Illiade ou Rustam, héros de l'épopée antique perse, se battent en duel et sont décrits de manière similaire. On en trouve les traces dans les Poèmes suspendus [30], attribués aux chevaliers-poètes de la Jāhiliyya. On peut prendre comme exemple le duel de Uḥud Muḥammad à Uḥud contre Ubay ibn Khalaf, qu'il tue d'un geste exceptionnellement rapide [31]. L'image du Prophète comme combattant idéal parcourt ainsi toute la littérature des débuts de l'Islam et on peut apercevoir les prémices d'un culte voué à sa personne et à ses reliques.

Les sept épées légendaires
Les listes détaillées des armes et des possessions du Prophète sont des éléments constants des maghāzī, elles nous révèlent l'aspect princier du personnage visuellement proche des califes abbassides. À Uḥud toujours, il porte ainsi deux cottes de mailles l'une sur l'autre ainsi que deux épées à la ceinture. Une fois armé, la bataille ne peut être évitée : « Il n'est pas correct pour un prophète qui a mis son armure de la retirer avant d'avoir combattu. » [32]
L'image du Prophète en armure est particulièrement forte, Muḥammad apparaît comme un homme sans compromis, associant le combat et la guerre à sa mission prophétique. Dans son histoire universelle, Ṭabarī consacre également tout un chapitre aux sept épées légendaires de Muḥammad [33]. Certaines sont récupérées par ses Compagnons à l'occasion des grandes batailles de l'Islam ou après sa mort. L'épée la plus célèbre du Prophète est sans aucun doute Ḍhū al-Faqār [34], obtenue en butin à la bataille de Badr. Celle-ci est communément représentée à deux dents, et perçue comme la plus meurtrière de ses armes. Muḥammad la confie à ʿAlī sur le champ de bataille de Uḥud, où l'épée lui prodigue une force surhumaine et le fait entrer dans une transe guerrière. Ḍhū al-Faqār est effectivement connue pour ses propriétés magiques et eschatologiques. À la mort de Muḥammad, ʿAlī la reçoit en héritage et est censé la brandir lors du Jugement Dernier. La légende veut que plusieurs montagnes nommées Ḍhū al-Faqār au Moyen-Orient et en Iran aient été découpées par ʿAlī [35]. Les autres épées sont tirées de l'armurerie des Banū Qaynuqā, une des trois tribus juives de Yathrib soumise après un siège. On en compte trois : Qalaʿī [36], Battār [37] et al-Ḥatf [38]. À celles-ci s'ajoutent trois autres épées : al-Mikhdham [39], al-ʿAdhb [40]. et Rasūb [41]. Les propriétés magiques des armes et des équipements du Prophète sont suggérés par les noms qui leur sont donnés, ce qui en fait des objets légendaires uniques. Le surnaturel et le merveilleux ont par conséquent une grande place dans la construction de la figure du Prophète-combattant, comme le prouvent ses miracles.

Le miracle et la guerre

La force miraculeuse du Prophète
Les miracles guerriers sont une particularité de Muḥammad et consolident le culte rendu au personnage. Ces événements viennent considérablement renforcer la dimension épique de son épopée et apposent un cachet sacré aux victoires des Croyants. On citera à nouveau le combat du Prophète contre Ubayy Ibn Khalaf, le champion polythéiste qui tombe à la première attaque portée par Muḥammad et déclare : « Même s'il m'avait craché dessus il m'aurait tué ! » [42] Cette anecdote est à rapprocher du combat très similaire de David contre Goliath dans le premier livre de Samuel, et montre l'influence de la culture biblique sur l'écriture des maghāzī. La liste des miracles est longue, à Badr par exemple, le Prophète jette des graviers aux yeux des cavaliers Qurayshs en pleine charge. L'armée est alors mise en déroute, rendue aveugle et inapte au combat [43]. Le phénomène se répète au siège de la forteresse de al-Nizār à Khaybar, où Muḥammad prend des galets et les lance sur la forteresse, ce qui a pour effet de créer un tremblement de terre et de faire s'effondrer celle-ci [44].
Ces miracles sont également l'occasion de prémonition des conquêtes. À la bataille du Fossé, alors que les combattants creusent la tranchée en préparation du combat, 'Umar ibn al-Khaṭṭāb tombe sur une pierre si dure qu'aucune pioche ne peut la briser. Le Prophète prend un sarcloir et tape trois fois. À chaque coup correspond un éclair et une vision, et la pierre s'effrite pour ne laisser que du sable. Le premier éclair lui fait voir les châteaux de Syrie, le second ceux du Yémen, puis ceux de Khusraw en Perse. Le miracle est confirmé dans le récit par Salmān, un Perse converti qui a voyagé et vu de ses yeux les châteaux. Le Prophète interprète ses visions en prédisant les conquêtes de ces régions à ses Compagnons : « Ces conquêtes voulues par Dieu vous seront ouvertes après moi, Ô Salmân, car le Nord vous sera ouvert. Heraclius fuira jusqu'au royaume le plus lointain, et vous serez victorieux sur le Nord et personne ne pourra vous contester. Le Yémen vous sera ouvert. L'Est sera conquis et Kisrā tué aussitôt. » [45]
On retrouve ce miracle chez Ṭabarī, où à chaque coup de pioche, le Prophète voit des palais qu'il soulève « tels des dents de chien ». Jībril lui annonce que son peuple sera victorieux et conquerra les palais des bords du Tigre al-Madāʿin (Ctesiphon) et de l'Euphrate (al-Ḥīrah) [46]. La prophétie est ainsi liée à un discours politique sur les conquêtes qui vient une nouvelle fois justifier l'expansion de l'Islam.

Les invocations : la figure de l'ange-combattant
Les invocations sont à classer parmi les miracles guerriers du Prophète. À la bataille de Badr, Muḥammad invoque le secours des anges [47], c'est le seul miracle que l'on retrouve dans le Coran : (Rappelez-vous) quand vous demandiez secours à votre Seigneur et qu'Il vous exauça, vous disant : « Je vais vous donner en renfort mille Anges ayant compagnon en croupe. » [48]
Comme les combattants sur le champ de bataille, les anges se battent et décapitent les ennemis, ils sont cependant invisibles et seul le Prophète peut les voir. Les anges sont aussi présents à Uḥud où ils ne combattent pas, mais observent la bataille et encouragent les musulmans. Les païens sollicitaient déjà des miracles de ce type du ciel au combat selon l'historien Glen W. Bowersock [49] ; plusieurs inscriptions et ex-voto ont été retrouvés dans des lieux de culte arabes nabatéens, notamment à Petra. Les inscriptions et les ex-voto agissent comme des invocations, dans le but de demander la protection des anges. Les miracles de Muḥammad sont donc hérités d'une tradition invocatoire qui remonte à l'Antiquité, et qui s'est poursuivie chez les peuples arabes de la péninsule. Les anges guerriers sont déjà présents dans la Bible où ils agissent comme des protecteurs du peuple élu de Dieu. Dans l'Ancien Testament, Gabriel s'adresse à Daniel et affirme avoir combattu avec l'archange Michel le Prince du royaume de Perse pendant vingt et un jours [50]. Dans la tradition biblique, Michel est perçu comme l'ange guerrier par excellence, il est considéré comme le chef des armées célestes. La rencontre avec les chrétiens de Syrie lors de la conquête du Proche-Orient sous le califat de ʿUmar a pu favoriser le passage de ce type de littérature chez les musulmans. Dans la tradition musulmane, c'est Gabriel qui prend le relais de chef des armées célestes à Badr et à Uḥud. Comme le Prophète, il est à la fois le transmetteur du message divin et un combattant exceptionnel. Dans les sources narratives, tous les autres anges sont d'ailleurs perçus comme des guerriers portant un turban blanc, l'insigne des oulémas. On associera donc la figure du Prophète-combattant avec l'image antique des anges guerriers dans les textes des débuts de l'Islam.

Conclusion

Muḥammad est bien un personnage sanctifié par les historiens musulmans du Moyen Âge. La poésie et le contexte préislamique ont joué un rôle dans la construction de l'épopée du Prophète-combattant, dans la représentation du combat et l'édification des martyrs dans l'Islam. Les sources sont rares, mais on peut tout de même retracer des motifs. L'Islam reprend des codes antiques universels mais aussi des images propres à la poésie des princes de la Jāhiliyya. Si les auteurs des textes héritent de ce passé, le contexte du califat abbasside influe également sur l'écriture de l'histoire des débuts de l'Islam. Les enjeux de la construction d'une figure aussi importante que celle du Prophète sont multiples et mêlent l'histoire des conquêtes et de l'empire aux querelles religieuses internes à la communauté. Le conflit entre le sunnisme et le shīʿisme, particulièrement attaché à la figure de ʿAlī l'illustre. Les historiens musulmans répondent ainsi à une demande qui émane de leurs mécènes, les califes, mais aussi de toute la société de l'empire. Durant cette période l'Islam façonne aussi ses propres codes et son esthétique, ce qui est à mettre en lien de manière générale avec la naissance d'une littérature arabe singulière au Moyen-Orient.

Bibliographie indicative :

- Michael Bonner, Le Jihād  : origines, interprétations, combats, Paris, Téraèdre, 2004.
- Jacqueline Chabbi, « Histoire et tradition sacrée. La biographie impossible de Mahomet », Arabica, 1996, vol. 43, no 1, p. 189‑205.
- Abdesselam Cheddadi, Les Arabes et l'appropriation de l'Histoire. Emergence et premiers développements de l'historiographie musulmane jusqu'au IIe/VIIIe siècle, Paris, Sindbad, Actes Sud, 2004.
- David Cook, Martyrdom in Islam, Cambridge, Cambridge University Press, 2007.
- Fred McGraw Donner, Narratives of Islamic origins  : The beginnings of Islamic historical writing, Princeton, The Darwin Press, 1998.
- Denis Gril, « Le corps du Prophète », Revue des mondes musulmans et de la Méditerranée, 2006, p. 37‑57.
- Martin Lings, Le Prophète Muḥammad  : sa vie d'après les sources les plus anciennes, Paris, Seuil, 1986.
- Alfred Morabia, Le Jihād dans l'Islam médiéval  : le « combat sacré » des origines au XIIe siècle, Paris, Albin Michel, 1993.
- Harald Motzki, The biography of Muḥammad  : the issue of the sources, Leiden, Brill, 2000.
- Annliese Nef et Vanessa Van Renterghem, Muḥammad, Paris, La Documentation française, 2011.
- Alfred-Louis Prémare, Les fondations de l'Islam  : entre écriture et histoire, Paris, Seuil, 2002.
- Chase F. Robinson (dir.), The New Cambridge History of Islam. Volume 1  : The Formation of the Islamic world, Sixth to Eleventh centuries, Cambridge, Cambridge University Press, 2010.
- Uri Rubin, The Eye of the Beholder  : The Life of Muḥammad as viewed by the Early Muslims  : A Textual Analysis, Princeton, Darwin Press, 1995.
- Uri Rubin, The Life of Muḥammad, Aldershot, Ashgate, 1998.
- Gregor Schoeler, The Biography of Muḥammad  : Nature and Authenticity, London, Routledge, 2011.

Cet article est extrait d'un mémoire de première année : Adrien de Jarmy, « Le paradis à l'ombre des épées : La naissance de la figure du Prophète-combattant dans l'Islam des VIIe-Xe siècles », École Normale Supérieure de Lyon, 2014, sous la direction de Cyrille Aillet et Abbès Zouache , CIHAM.

Notes :

[1Le mot vient de la racine shahada, « témoigner » : « Ashhadu an lā ilāha illa Allāh, wa ashhadu ana Muḥammadan rasūl Allāh » qui peut se traduire par « je témoigne qu'il n'y a pas de divinité en dehors de Dieu et que Muḥammad est l'envoyé de Dieu ».

[2Littéralement « chemin de vie » d'Ibn Isḥāq Auteur abbasside de la seconde moitié VIIIe siècle ayant servi de modèle littéraire aux historiens qui ont suivi. De son œuvre, il ne nous reste qu'une recension datée du début du IXe siècle, attribuée à Ibn Hishām.

[3Les récits des expéditions du Prophète, du mot « ghazwa » ou « expédition », à donné le mot « razzia » en français.

[4Le mot « musulman » est inexistant à l'époque, on emploie semble t-il tout simplement le terme « Croyant », « Mūmin » en arabe.

[5La double datation fait référence aux calendriers musulman et chrétien.

[6« Auxiliaires » en arabe, littéralement ceux qui aident.

[8« L'Âge de l'Ignorance », terme désignant la période antérieure à l'Islam. Après Muḥammad, certaines tribus apostasient l'Islam et doivent être à nouveau soumises, on nomme cette période la « Ridda ».

[9Les Abbassides sont les descendants de la famille du Prophète par son oncle ʿAbbās.

[10Impôt de capitation destiné aux dhimmi, les gens du Livre « protégés » du droit musulman.

[11Coran, sourate 9 : 29, Régis Blachère, Le Coran, Paris, G.-P. Maisonneuve, 1959.

[12Wāqidī, The Life of Muḥammad, Abington, Routledge, 2011, p. 152-153.

[13Les quatre califes « bien guidés », dans l'ordre chronologique Abū Bakr, 'Umar ibn al-Khaṭṭāb, 'Uthmān ibn Afān et ʿAlī ibn Abī Tālib.

[14Dominique Sourdel et Janine Sourdel, Dictionnaire historique de l'islam, Paris, Presses universitaires de France, 1996, pp. 436-437. La racine « jahada » signifie « lutter », « se battre ».

[15Alfred Morabia, Ibid.

[16On comprendra le phénomène de sacralisation simplement comme le fait de réserver par des pratiques et des discours un espace sacré pour la guerre.

[17À cet impôt de capitation est souvent ajouté un impôt foncier, le kharāj.

[18Le statut de dhimmī tel qu'il est évoqué dans le Pacte de Médine semble relativement anachronique à l'époque de Muḥammad, institutionnellement ce statut ne se met en place qu'à l'époque Omeyyade.

[19Michael Bonner, Le Jihād  : origines, interprétations, combats, Paris, Téraèdre, 2004.

[20bn Isḥāq, The Life of Muḥammad  : Isḥāq's Sīrat Rasūl Allāh, Oxford, Karachi, Oxford University Press, 2006, pp. 565-566.

[21Wāqidī, Op. cit. p. 246.

[22Bukhārī, Les traditions islamiques. Volume II, Paris, Librairie d'Amérique et d'Orient, 1906, vol. 2, pp. 284-285.

[23Coran, sourate 57:19-26, Régis Blachère, Op. cit.

[24Wāqidī, Ibid., 2011, p. 134.

[25Ibn Isḥāq, Op. cit., pp. 371, 381, 385 et 391.

[26Abdesselam Cheddadi, Les Arabes et l'appropriation de l'Histoire. Emergence et premiers développements de l'historiographie musulmane jusqu'au IIe/VIIIe siècle, Paris, Sindbad, Actes Sud, 2004.

[27Ibn Isḥāq, The Life of Muḥammad  : Isḥāq's Sīrat Rasūl Allāh, Oxford, Karachi, Oxford University Press, 2006, pp. 289-313 ; Wāqidī, Ibid., pp. 26-73 ; Balādhurī, Ibid., p. 129 ; Ṭabarī, The History of Ṭabarī. Volume VII. The Foundation of the Community  : Muḥammad at al-Madina, Albany, State University of New York Press, 1987, pp. 26-64.

[28Ibn Isḥāq, Op. cit., pp. 370-390 Wāquidī, Ibid., pp. 99-155 ; Ṭabarī, Op. cit., pp. 105-126.

[29Ibn Isḥāq, Ibid., pp. 540-560 ; Wāquidī, Ibid., pp. 400-407 ; Balādhurī, Ibid., pp. 62-66 ; Ṭabarī, The History of al-Ṭabarī. Volume VIII. The Victory of Islam  : Muḥammad at Medina, Albany, State University of New York Press, 1997, pp. 165-178.

[30« Muʿallaqāt » en arabe. La légende veut que ces poèmes aient été accrochés aux murs de la Kaʿba.

[31Ṭabarī, Op. cit., p.123.

[32Ibn Isḥāq, Ibid., p. 372.

[33Ṭabarī, The History of al-Ṭabarī. Volume IX. The Last Years of the Prophet, Albany, State University of New York Press, 1990, p. 153-154.

[34Plusieurs traductions sont envisageables selon le sens que l'on veut lui donner : « tranchant l'échine », « deux-pointes » ou même « qui distingue du bien et du mal ». L'idée d'une arme qui donne à son possesseur le pouvoir de couper le bien et le mal en deux domine.

[35Jean Calmart, « Ḍhū al-Faqār », Encyclopaedia Iranica online, 2011.

[36« Arracher, prendre de force ».

[37« Très aiguisée ».

[40« Aiguisée » également

[41« Qui a l'habitude de couler ».

[42Ṭabarī, The History of Ṭabarī. Volume VII. The Foundation of the Community  : Muḥammad at al-Madina, Albany, State University of New York Press, 1987, p. 123.

[43Ibn Isḥāq, Ibid., p. 301.

[44Wāqidī, Ibid., pp. 328-329.

[45Wāqidī, Ibid., p. 120.

[46Ṭabarī, The History of al-Ṭabarī. Volume VIII. The Victory of Islam  : Muḥammad at Medina, Albany, State University of New York Press, 1997, pp. 11-12.

[48Coran, sourate 8 : 9, Régis Blachère, Ibid.

[49« Les anges païens dans l'antiquité tardive », conférence de Glen W. Bowersock du 30 septembre 2013 au Collège de France.

[50Daniel, 10 : 13-14.



Envoyé de mon Ipad