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mercredi 27 juillet 2016

Saint-Etienne-du-Rouvray : pourquoi l’un des auteurs de l’attentat avait été remis en liberté

Saint-Etienne-du-Rouvray : pourquoi l'un des auteurs de l'attentat avait été remis en liberté
« Je suis un musulman basé sur les valeurs de miséricorde, de bienveillance (…) Je ne suis pas extrémiste », insiste-t-il, avant de préciser faire deux prières par jour..."

Saint-Etienne-du-Rouvray : pourquoi l'un des auteurs de l'attentat avait été remis en liberté

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Pourquoi Adel Kermiche, 19 ans, identifié comme l'un des meurtriers du père Jacques Hamel dans l'église de Saint-Etienne-du-Rouvray, près de Rouen, mardi 25 juillet, a-t-il été remis en liberté le 18 mars, après dix mois de détention provisoire ? Le Monde a obtenu les pièces du débat judiciaire qui a opposé les juges d'instruction et le parquet de Paris. A l'époque, le jeune homme est mis en examen pour « association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste » depuis mars 2015 pour avoir tenté de rejoindre les groupes djihadistes en Syrie. D'abord placé sous contrôle judiciaire, il a été incarcéré en mai 2015 après une deuxième tentative de départ.

Lire la totalité de notre enquête (abonnés) :   le parcours chaotique d'un des deux tueurs
Une enquête de personnalité est ordonnée par la juge d'instruction chargée du dossier d'Adel Kermiche. Elle débute en octobre 2015, et la magistrate en reçoit les conclusions en février. Le jeune homme a connu un parcours chaotique. Il est suivi depuis qu'il a 6 ans et a été régulièrement hospitalisé pour des troubles psychologiques. Lors de l'enquête, il évoque ses projets professionnels : il espère devenir aide médico-psychologique. Sa famille assure qu'il dispose de plusieurs possibilités d'emploi comme animateur dans un centre de loisirs municipal. « Je suis un musulman basé sur les valeurs de miséricorde, de bienveillance (…) Je ne suis pas extrémiste », insiste-t-il, avant de préciser faire deux prières par jour, n'étant « pas réveillé » pour celle du matin.

« Déterminé à entamer des démarches d'insertion »

En prison, Adel Kermiche a partagé la cellule d'un Saoudien et fait la connaissance d'un jeune Français ayant passé dix-huit mois dans les troupes de l'EI. Il vit mal son incarcération. Il assure à la magistrate qu'il regrette ses envies de départ : « J'ai envie de reprendre ma vie, de revoir mes amis, de me marier. »
La juge, qui veut croire à un avenir possible pour ce jeune homme perturbé, motive son ordonnance par le fait qu'il aurait « pris conscience de ses erreurs », qu'il a eu des « idées suicidaires » durant son incarcération, qu'il serait « déterminé à entamer des démarches d'insertion » et que sa famille semble disposée à lui apporter « encadrement » et « accompagnement ».
L'enquête réalisée sur la faisabilité de placement sous bracelet électronique précise que ses parents « avouent qu'ils préfèrent savoir leur fils incarcéré et vivant que libre et en route pour la Syrie. S'ils acceptent de l'accueillir, c'est parce qu'ils pensent sincèrement qu'il sait s'être trompé et qu'il ne tentera plus de partir ».

« Risque très important de renouvellement des faits »

Le parquet est peu sensible à ces arguments et fait appel de l'ordonnance du juge, qu'il juge « peu convaincante ». Dans son réquisitoire, il estime que les contraintes prévues par le contrôle judiciaire « s'avèrent parfaitement illusoires au vu du contexte du dossier ». « Dans ces conditions, et quoiqu'il fasse état d'une erreur et réclame une seconde chance, il existe un risque très important de renouvellement des faits en cas de remise en liberté », insiste le ministère public.
La chambre de l'instruction ne suit pas l'appel du parquet. Adel Kermiche sort de prison. Il est assigné à résidence chez ses parents et équipé d'un bracelet électronique. Les modalités de son contrôle judiciaire lui interdisent de quitter le département, l'obligent à se soumettre à une prise en charge psychologique et ne l'autorisent à quitter le domicile familial qu'entre 8 h 30 à 12 h 30 en semaine, période durant laquelle il a commis, mardi, son attentat dans l'église de Saint-Etienne-du-Rouvray.


JTK

samedi 16 juillet 2016

Attentat de Nice : la prière des musulmans de Narbonne

"Si cet attentat est revendiqué, je crains une nouvelle fois pour l’image de l’islam. »

La Croix -Ysis Percq (à Narbonne), le 15/07/2016
À Narbonne (Aude), les fidèles se sont retrouvés, vendredi 15 juillet, à la mosquée pour la prière du vendredi, avec l’envie de prier pour les victimes et leurs proches.
À l’heure où le soleil brûle les murs blancs de la mosquée de Narbonne (Aude), les fidèles rejoignent la salle de prière, comme tous les vendredis. Les hommes s’engouffrent en bas. Les femmes empruntent l’escalier. Djellaba traditionnelles et modernes se côtoient. Jeunes et moins jeunes aussi.
L’attentat de Nice, perpétré la veille sur la promenade des Anglais, après le feu d’artifice du 14 juillet, est sur toutes les lèvres. « J’y ai pensé toute la matinée » avoue l’un d’eux. « C’est barbare et cruel », constate Mohamed El Aissi, président de l’association culturelle et éducative de la grande mosquée de Narbonne.
Au lendemain des attentats de Paris, cette association avait organisé, avec le groupe interreligieux pour la paix de l’Aude, une marche commune et l’imam avait tenu, lors de la prière du vendredi, un prêche particulier. « C’est encore tôt pour décider de ce que nous ferons. Mais nous condamnons fermement cet attentat », précise le président.

« Il nous faudra du temps pour cicatriser la plaie née de cette nouvelle attaque »

À l’étage de la mosquée, une large pièce dont le sol est recouvert d’une épaisse moquette rouge à motifs, accueille une quinzaine de femmes. Sur le grand écran suspendu au mur, le prêche – en Arabe –, de l’imam qui se déroule juste en dessous, est retransmis. Les chants résonnent. Quelques fidèles ferment les yeux tout en manipulant le tasbih (chapelet musulman) entre deux doigts. Les mains jointes, ouvertes vers le ciel, les femmes prient.
Appuyée contre un mur, dans sa longue robe noire couvrant ses pieds nus, Fatima témoigne à mi-voix. « Il nous faudra du temps pour cicatriser la plaie née de cette nouvelle attaque. Nous sommes tous concernés, toutes les communautés, tous les Français. Aujourd’hui, je prie pour les victimes et leurs proches. Pour qu’ils aient de la force pour supporter ce deuil. Quand je vois ma tristesse, je n’arrive pas à imaginer le caractère insondable de celle des proches des victimes. »
« Je suis Française musulmane, je souffre », lâche Fatima qui, par ailleurs, regrette que l’imam habituel de la mosquée ne soit pas présent aujourd’hui [il est en congés, NDLR] car « il prêche en français, parle souvent de l’actualité, et insiste sur notre nationalité française ».

« Ces gens qui tuent gâchent nos vies »

Joint par téléphone, l’imam Mohamed Hanou prévoit « un prêche particulier » lors de la prochaine prière du vendredi et condamne « un attentat d’une extrême gravité qui a visé notre pays alors même que nous étions en pleine célébration de la fête nationale, symbole de la liberté, de l’égalité et de la fraternité. La France a de nouveau été frappée alors que nous n’avons toujours pas digéré le 13 novembre, ni le 7 janvier. Nous sommes des musulmans mais nous sommes d’abord Français. »
Un voile discrètement fleuri sur ses cheveux, des yeux verts, Naïma (1) est assise, robe repliée sur ses pieds. « Ma fille était malade cette nuit, j’ai donc veillé devant la télévision. Cet attentat est un choc. Malheureusement, nous ne sommes à l’abri nulle part. J’ai de plus en plus peur pour mes enfants. Si cet attentat est revendiqué, je crains une nouvelle fois pour l’image de l’islam. »
Sophie (1), 19 ans, s’y est convertie, il y a quatre ans. Elle n’a pas dormi de la nuit. « J’ai passé des heures à regarder les informations. Nous devons nous désolidariser de cet attentat. Ces gens qui tuent gâchent nos vies. Il y a des versets du Coran sur lesquels nous pouvons nous appuyer pour nous aider à prier pour les victimes. Ils portent des valeurs de protection pour tous nos frères, de toutes les religions. Je prie pour eux. »
Ysis Percq (à Narbonne)
(1) Les prénoms ont été changés
http://www.la-croix.com/Religion/France/Apres-l-attentat-de-Nice-la-priere-des-musulmans-de-Narbonne-2016-07-15-1200776048?utm_source=Newsletter&utm_medium=e-mail&utm_content=20160715&utm_campaign=newsletter__crx_urbi&utm_term=244161&PMID=bb494601670887f92d5d4c8bfcd0ef06

Après l’attentat de Nice, l’émotion des responsables religieux

La Croix -Gauthier Vaillant, le 15/07/2016

Outre les évêques catholiques, les responsables chrétiens et musulmans de France ont également condamné avec fermeté, vendredi 15 juillet, l’attentat de Nice qui a fait au moins 84 morts la veille.

Les instances musulmanes demandent d’honorer les victimes lors de la prière du vendredi

« La France vient d’être touchée une nouvelle fois par un attentat d’une gravité extrême », a déploré dans un communiqué le Conseil français du culte musulman (CFCM), en condamnant cette attaque « odieuse et abjecte qui vise notre pays le jour même de la Fête nationale qui célèbre les valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité »« Le CFCM transmet sa totale solidarité avec les habitants de Nice, exprime sa profonde compassion aux familles des nombreuses victimes et souhaite un prompt rétablissement aux blessés », ajoute l’instance présidée par Anouar Kbibech. Il appelle également les musulmans de France à prier, vendredi 15 juillet « à la mémoire des victimes de cette attaque barbare ».
Dalil Boubakeur, recteur de la Grande mosquée de Paris, a exprimé dans un communiqué « son immense émotion et sa consternation », et il a « condamné fermement cet odieux et horrible attentat criminel de masse ». Il « appelle à l’unité de tous les citoyens dans cette nouvelle terrible épreuve qui endeuille toute la communauté nationale ».
Mohammed Moussaoui, le président de l’Union des mosquées de France (UMF), liée au Maroc, a aussi condamné cet attentat « lâche et abject » et rappelle que la lutte contre le terrorisme doit privilégier « l’éducation et la prévention » auprès des jeunes dont « certains sont aujourd’hui transformés en instruments et armes du terrorisme ». L’UMF a également appelé les musulmans de France à faire de la prière de ce vendredi « un moment de recueillement à la mémoire des victimes ».
Le conseil régional du culte musulman (CRCM) de Rhône-Alpes a condamné« avec la plus grande fermeté cet acte barbare et inhumain commis ce jour de fête nationale ». Appelant également à la solidarité et à « l’unité nationale », le CRCM « appelle également les Musulmans de France à saisir l’occasion de la Prière du Vendredi pour élever des prières à la mémoire des victimes de cette attaque barbare ».
En Égypte, l’université Al-Azhar du Caire, considérée comme la plus influente autorité du monde sunnite, a également condamné l’attaque, appelant à l’unité pour « débarrasser le monde du terrorisme »« Ces attaques terroristes abominables contredisent les enseignements de l’islam », déclare l’institution dans un communiqué. « Al-Azhar affirme la nécessité d’unir les efforts pour vaincre le terrorisme ».

Les Églises chrétiennes prieront aussi pour les victimes dimanche

L’Assemblée des évêques Orthodoxes de France (AEOF) a condamné « avec la plus grande fermeté » cet « attentat terroriste inqualifiable », dénonçant « une violence qu’aucune cause ne peut justifier »« Les évêques orthodoxes de France saluent la continuelle mobilisation des autorités françaises et des forces de l’ordre qui apportent soutien et secours aux citoyens de notre pays. Ils prient pour les victimes blessées et pour les personnes décédées, et expriment leurs condoléances les plus fraternelles et leur solidarité à leurs familles et proches. »
Les Églises protestantes ont également réagi. Le Conseil national des évangéliques de France (Cnef) propose « un temps de prière en faveur des familles endeuillées, des nombreux blessés, des forces de l’ordre et des autorités de notre pays » lors des cultes de dimanche 17 juillet, dans toutes les Églises évangéliques. Le Cnef « compte sur les nombreuses communautés présentes à Nice et sur la Côte d’Azur pour manifester concrètement la solidarité des protestants évangéliques ».
« L’effroi, l’horreur, l’absurde nous assaillent », écrit dans un communiqué l’Église protestante unie de France (EPUdF), qui voit dans l’attentat de Nice« une sorte de tragique répétition qui rappelle d’autres attaques et d’autres morts violentes en France et dans le monde ». L’EPUdF met aussi en garde contre la violence terroriste qui « cherche à provoquer l’affolement en chacune et chacun, la suspicion généralisée, la surenchère des « y a qu’à » nourrie du sentiment d’impuissance, la division et la désignation des boucs émissaires ».

L’appel à la « tolérance zéro » du consistoire israélite

Le président du consistoire central israélite de France, Joël Mergui a exprimé sa« douleur » et sa « vive émotion ». Selon lui, le mode opératoire de l’attentat de Nice indique « une fois encore que les ennemis de la démocratie ne reculeront devant rien pour semer la mort, le chaos et la terreur, avec pour seul objectif d’imposer leur vision djihadiste du monde », affirme-t-il, bien que l’attentat n’ait pas été revendiqué à ce stade.
« Plus que jamais l’urgence est à la tolérance zéro contre tout ce qui touche ou atteint notre mode de vie, nos choix démocratiques et le message universel de paix et d’harmonie qui unissent et structurent le monde libre », poursuit Joël Mergui, qui estime que « notre pays est entré en résistance contre l’islamisme ».
Lançant un appel à la « détermination internationale à mettre en pratique nos idéaux », il juge que « les paroles doivent désormais devenir des actes et nous devons, unanimement, toujours refuser la moindre concession aux terroristes djihadistes de tous les pays et les condamner partout sans hésitation ».
Gauthier Vaillant

http://www.la-croix.com/Religion/France/Apres-l-attentat-de-Nice-l-emotion-des-responsables-religieux-2016-07-15-1200775998?utm_source=Newsletter&utm_medium=e-mail&utm_content=20160715&utm_campaign=newsletter__crx_urbi&utm_term=244161&PMID=bb494601670887f92d5d4c8bfcd0ef06

Mgr Marceau : « Avec cet attentat, l’inhumanité sous nos yeux »

Où vous trouviez-vous jeudi 14 juillet au soir, au moment de l’attentat sur la Promenade des Anglais ?
Mgr André Marceau : J’ai quitté la Promenade à 19 heures, après avoir assisté à la cérémonie officielle du 14 juillet. Il y avait une ambiance sereine et ensoleillée, avec des vacanciers, loin des scènes d’horreur qui allaient s’y dérouler quelques heures plus tard. Cette nuit, après avoir appris l’attentat, je me suis tenu au courant continuellement.Ce matin, les rues de Nice sont très calmes. C’est le calme de la mort, qui fait régner un climat très pesant.
Comment réagissez-vous au bilan très lourd ?
Mgr A. M.  : Réagir à cet attentat, c’est d’abord dire que nous sommes confrontés, dans notre département, à une violence aveugle. C’est aussi poser une question : qu’est ce qui peut habiter le cœur d’un homme au moment où il agit ainsi, et qu’il perpétue cet acte de haine, de barbarie et de mort ? Ce sont des questions graves, et qui laissent sans réponse. Nous sommes témoins de scènes de guerre, insupportables. C’est l’inhumanité sous nos yeux.
Le rôle de l’Église, dans ce moment tragique est de dire des paroles de consolation, de compassion, et d’être au plus proche de ceux qui souffrent et qui ont perdu des amis ou de la famille. Nous devons ouvrir une fenêtre pour que s’éclairent un peu ces scènes de noirceurs de l’âme humaine. Nous croyons que la compassion et la consolation sont un moyen pour que le cœur de l’homme soit touché par l’amour.
La Croix -Recueilli par Loup Besmond de Senneville, le 15/07/2016 
Entretien avec Mgr André Marceau, évêque de Nice, qui s’est rendu sur la Promenade de Nice quelques heures avant l’attentat qui a fait 84 morts. L’évêque annonce que l’Église organisera plusieurs temps de prière à la cathédrale vendredi 15 juillet, pour recueillir « les cris de douleur » de ceux qui le souhaitent.
Que va faire l’Église catholique à Nice aujourd’hui et ce week-end ?
Mgr A. M.  : La cathédrale sera ouverte toute la journée. Des prêtres et des laïcs se tiendront à la disposition des visiteurs, pour les accueillir et les écouter. Plusieurs temps de prière sont organisés, et un cahier est ouvert pour permettre à ceux qui le souhaitent d’exprimer leurs questions, mais aussi leurs cris de douleur. Dans le week-end, il y aura peut-être une célébration interreligieuse. Pour l’instant, rien n’est fixé.
Nous devons aussi être attentifs, chacun d’entre nous, à ne pas nous laisser envahir par ce qui pourrait être de la haine, de la violence, des discriminations ou des replis sur soi. Il faut éviter cela à tout prix. Attention à ce que notre douleur ne génère pas ce qui est à l’origine de ces faits.
Recueilli par Loup Besmond de Senneville

http://www.la-croix.com/Religion/France/Mgr-Marceau-Avec-cet-attentat-l-inhumanite-sous-nos-yeux-2016-07-15-1200775928?utm_source=Newsletter&utm_medium=e-mail&utm_content=20160715&utm_campaign=newsletter__crx_urbi&utm_term=244161&PMID=bb494601670887f92d5d4c8bfcd0ef06