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vendredi 15 juin 2018

Doctrine : le « grand jihâd » spirituel n’exclut nullement le « petit jihâd » guerrier (Ghazali, Ibn Taymiyya)

Mise au point doctrinale alors que beaucoup de polémistes prennent la défense du rappeur Médine, qui lui connait sa doctrine sunnite.
Abû Hâmid Al Ghazali (1058-1111) est connu en occident sous le nom de Algazel. A Paris  c’est son nom  qu’a choisi l’Institut de théologie de la Grande Mosquée de Paris…Ses livres sont parmi les meilleures ventes dans les rayons Islam des grandes librairies française. Dans son livre  La mesure des Actes (Albouraq, 2005)  il affirme que  la distinction entre petit et grand jihâd aurait été définie par Mahomet et ses compagnons, donc sacralisée :
« Combattre effectivement est aussi malaisé que de reprendre le souffle. Seul le connaîtra celui qui cherche à extirper l’appétit de son âme. C’est pourquoi les compagnons ont dit « nous revenons du « petit jihâd » pour aborder le « grand jihâd » ils ont donné à la lutte à l’épée contre les mécréants le nom de « petit jihâd ».C’est ainsi que quand on a demandé au prophète « quel est le meilleur des jihâd Ô envoyé de Dieu » il a répondu « Le combat contre tes passions».
Le petit jihâd est un préalable à l’accomplissement d’une société pacifiée et vouée sans entraves à l’islam, où il n’existe pas de groupes d’individus gênant l’application de son programme. Le « grand jihâd », combat spirituel, ne peut se réaliser pleinement que dans une société favorable à l’islam. Ghazali, aussi surnommé l’ « argument de l’islam »  ne dit pas autre chose dans son Livre du Repentir (éditions de la Ruche, 2003) :
« La cessation de l’inclination est due à la force de la certitude et à la sincérité de la lutte antérieure […] l’affirmation de celui qui estime cela n’atteint pas le mérite du combat spirituel puisqu’elle relève une incapacité à embrasser le sens plénier du mot jihâd (note de l’Obs-i: combat spirituel), car le but du jihâd (guerrier) n’est pas une fin en soi, il vise plutôt le fait de briser l’acharnement de l’ennemi pour qu’il ne t’entraîne pas vers ses désirs et s’il échoue dans sa tentative de t’entraîner ainsi, il ne peut plus t’empêcher d’emprunter la voie de la religion. »
Mais le hadith sur la distinction entre petit et grand jihâd ne fait pas partie des Authentiques (Sahîh), et est rejeté par ibn Taymiyya.
Très lu par les musulmans pratiquants et France, et référence des Frères Musulmans, le théologien Ibn Taymiyya rejette la fiabilité du hadith sur le petit jihâd (cité plus haut) dans son traité La distinction entre les alliés :
« Quant au hadith raconté par certains selon lequel le Prophète est supposé avoir dit au retour de la bataille de Tabouk (localité en territoire byzantin, 630) : « Nous revenons du djihâd mineur pour mener le djihad majeur »…c’est un faux hadith, qui n’a pas d’origine, et aucun de ceux qui connaissent les mots et actes du Prophète (pbsl) ne l’a transmis. Combattre les incroyants est la plus grande des causes. En fait, c’est la meilleure chose qu’une personne peut rechercher. Allah dit, Coran, 4:95 : « Ne sont pas égaux ceux des croyants qui restent chez eux-sauf ceux qui ont quelque infirmité- et ceux qui luttent corps et biens dans le sentier d’Allah. Allah donne à ceux qui luttent corps et biens un grade d’excellence sur ceux qui restent chez eux. Et à chacun Allah a promis la meilleure récompense , et Allah a mis les combattants au dessus des non-combattants, en leur accordant une rétribution immense. »
Un prédicateur écouté par Médine, venant régulièrement aux évènements de « Havre de Savoir » dont le rappeur est « ambassadeur », Hassan Iquioussen, n’a pas une vision exclusive du jihâd contre soi-même par rapport aux autres :

Lors d’une conférence du 14 janvier 2013 à la mosquée de Saint-Denis de La Réunion, filmée sur Dailymotion[1], ayant pour thème l’engagement des musulmans dans la société, Iquioussen fait le point sur les différents combats à mener.Il fait référence au théologien Ibn Qayyim Al-Jawziyyah (1292-1328) qui avait classifié les types de Jihâd dont l’effort armé physique :
« Préférez l´au-delà […] Vous ne savez pas que l´au-delà est meilleur. […] Si vous ne voulez pas vous engager, vous allez souffrir, sur terre et dans l´au-delà. […] Les vieillards s´engagent, vous entendez, les jeunes? […] L´obstacle numéro un c´est que nous préférons la vie d´ici-bas et tous ses plaisirs. […] Si vous préférez  la dounia [ les biens du monde terrestre]  à Dieu, au prophète et au Jihad fisabilillah [sur la voie de Dieu], à l´engagement, au sacrifice […] Alors si vous préférez tout cela […] Dieu ne guide pas vers le Paradis les pervers. […] Ceux qui préfèrent la dounia à Dieu, au prophète, et au Jihad ont quitté le chemin de la droiture.C´est ce que le Coran dit. […] Le sommet de l’islam c’est quoi ? c’est l’effort pour la religion [Jihâd]  (…) l’imâm Ibn Qayyim explique ce qu’est le djihâd en islam il dit il y a 13 degrés, Il y a 13 niveaux de Jihad (…) le jihâd contre le nafs[soi-même] le jihâd contre le shirk [paganisme/idolâtrie/association de divinités] . Après, il y a le jihad contre le munkar[mauvaise action ; abominable ; qui provoque l’aversion], le jihad contre les hypocrites[2](…) et il [Ibn Qayyim]  met au 13eme rang le Jihad armé contre l´ennemi extérieur.(…) la vie du musulman c’est un effort en permanence pour la promotion du bien, pour répandre sur terre la miséricorde et le combat contre l’injustice, le mal […]Le musulman doit être dans l´action pas dans la réaction. Si l’ennemi choisi le champ de bataille tu as perdu la bataille (…) Nous devons contrecarrer la stratégie du diable. »
Les 13 niveaux de Jihad font référence à la classification du juriste Ibn Qayyim Al-Jawziyyah (1292-1350), qui comprend le jihad armé.  « le djihâd est de quatre sortes :« le djihâd contre ses propres passions (jihad an-nafs),le djihâd contre Satan (jihad ash-Shaytan), le jihâd contre les mécréants (jihad al-kuffar) et les hypocrites (al-Munafiqeen)et le djihâd contre les gens de l’injustice et de l’innovation (Jihad ahlu) ». Ce passage extrait de son livre Les Types du djihâd, est un grand classique du droit musulman, l’auteur ayant été l’élève de Ibn Taymiyya (1263-1328), un des juristes sunnite des plus apprécié encore à notre époque. Al-Jawziyya précisait bien que, si le combat contre les hypocrites devait se faire le plus souvent « avec la parole », en revanche, celui contre les mécréants s’appliquait « avec les mains ».
Observatoire de l’islamisation, 12 juin 2018.
[1]Conférence de Hassan Iquioussen sur l’engagement en islam, à Saint-Louis de La Réunion le 14 janvier 2013. Mis en ligne sur Dailymotion le 18 janvier 2013.
[2]L’hypocrisie (munafiqines) en islam qualifient selon le juriste Ibn Taymiyya dans son livre As-Sârim Al Masloûl, ceux qui se présentent comme musulmans mais qui ne sont pas observant des lois islamiques : « leur hypocrisie peut être connu à travers une parole qu’un homme croyant les entend prononcer, et le rapporte alors au prophète. Ils jurent alors qu’ils n’ont jamais dit ça ou alors des fois ils ne jurent pas. Et des fois cela apparaît lorsqu’ils retardent la prière ou le Jihâd, ou lorsque la Zakât est pénible pour eux, ou lorsqu’ils manifestent de la répulsion envers beaucoup de lois d’Allah. »
http://islamisation.fr/2018/06/12/doctrine-le-grand-jihad-spirituel-nexclue-nullement-le-petit-jihad-guerrier-ghazali-ibn-taymiyya/

mardi 21 mars 2017

Qatar: le dialogue interreligieux « est une nécessité réelle et non un choix », par Mgr Ayuso Guixot

5e conférence internationale du Centre de recherche sur la législation islamique et l’éthique

Pour éviter les conflits et les guerres, « le dialogue est une nécessité réelle et non un choix : il ne peut y avoir de paix dans le monde sans dialogue, surtout parmi les croyants qui forment de loin la majorité de l’humanité d’aujourd’hui ». C’est ce qu’a affirmé Mgr Miguel Angel Ayuso Guixot, à la cinquième conférence internationale du Centre de recherche sur la législation islamique et l’éthique (CILE), qui s’est déroulée les 18 et 19 2017 mars à Doha, capitale du Qatar.
Dans ses propos rapportés par L’Osservatore Romano en italien daté du 21 mars, le secrétaire du Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux a affirmé que « dans toutes les religions, il y a un trésor de valeurs qui peuvent contribuer à la construction d’un monde de justice, de fraternité et de prospérité ».
Le représentant du Saint-Siège est intervenu sur le thème des travaux : « Ethique du conflit et de la résistance : vers une approche critique du jihad et de la ‘guerre juste’ ». Il a notamment souligné les valeurs communes aux « disciples des religions partout dans le monde » en tant que « personnes de bonne volonté », appelées à se tendre mutuellement la main et à collaborer pour le bien commun.
Les « tendances extrémistes, indépendamment de leur origine », a-t-il dénoncé, sont « parmi les menaces les plus périlleuses pour la paix et la sécurité mondiale » : elles sont à l’origine de « mouvements radicaux qui introduisent des changements fondamentaux et imprévus imposant des politiques intransigeantes et violentes. Elles créent un environnement dans lequel l’acceptation et la compréhension réciproques ne peuvent coexister ».
L’évêque combonien espagnol a estimé au contraire que le dialogue pouvait créer « une école d’humanité » et devenir « un instrument d’unité, en contribuant à construire une société meilleure, fondée sur le respect réciproque ». Et de souhaiter que grandisse « la conscience que tout type de guerre est incompatible avec la véritable éthique religieuse ».
Avec une traduction de Zenit, Constance Roques
https://fr.zenit.org/articles/qatar-le-dialogue-interreligieux-est-une-necessite-reelle-et-non-un-choix-par-mgr-ayuso-guixot/

dimanche 25 septembre 2016

Le djihad et la mort / Témoignage Chrétien » Chrétiens de la Méditerranée

Le djihad et la mort / Témoignage Chrétien » Chrétiens de la Méditerranée

Chrétiens de la Méditerranée

​Le djihad et la mort
Propos recueillis par Romain Chabrol
Avant le massacre de Nice, nous avions rencontré Tareq Oubrou, imam et recteur de la Grande Mosquée de Bordeaux, pour lui demander d'apporter son éclairage sur le rapport qu'entretiennent les djihadistes avec la mort et sur leur espoir d'un paradis directement accessible. Ce texte est aujourd'hui d'une cruelle et brulante actualité.
TC : Que pensez-vous de ces hommes qui espèrent un paradis en commettant un acte terroriste ?
Tareq Oubrou : Ces gens ont une conception erronée de ce qu'est un martyr. C'est celui qui subit la mort et non celui qui la recherche. Et puis dans l'Islam, la notion de martyre est très large ! La femme enceinte qui meurt pendant les couches, celui qui meurt noyé ou brûlé, tous ceux qui sont victimes d'une mort subite et subie sont des martyrs. Le martyr n'est pas que celui qui meurt au combat… Et ce n'est certainement pas le kamikaze qui provoque sa mort et qui tue des innocents. Il y a donc une instrumentalisation d'une conception dévoyée de cette notion de martyre.
Par ailleurs, qui peut se targuer d'un accès direct au paradis ?
Personne. Le suspense est total. Personne ne sait… Les mystères de Dieu sont infinis. Parler de martyre pour ces gens est un abus eschatologique. Il y a dans les textes de l'islam plusieurs manières d'accéder au paradis, mais provoquer la violence et tuer des innocents n'en est pas une. La fin ne justifie pas les moyens. La fin est dans les moyens. Mais évidemment, vivre dans la rectitude et dans la foi, c'est plus difficile, cela prend du temps et demande des efforts. Eux essaient de précipiter le paradis.
Comment expliquer un tel dévoiement ?
Ces gens sont des lâches. On leur donne un alibi pour commettre des actes de violence. Mais la violence est présente en eux. N'oublions pas que ce sont aussi et surtout des déséquilibrés : ils souffrent de dépression parce que leur vie est difficile. Et c'est vrai, la vie est de plus en plus angoissante du fait de l'absence de cadres religieux structurants, mais aussi des difficultés sociales. La détresse est par exemple très grande dans le milieu carcéral. Et il y a une France des exclus sur laquelle surfe cet islam dévoyé. À défaut de trouver un sens à leur vie, on offre un sens à leur mort. On leur offre un produit falsifié et ils y adhérent… On leur dit n'importe quoi et ils y croient car cela se présente à un moment donné comme une solution à leurs problèmes psychologiques ! Ce sont en quelque sorte des délinquants psychologiques qui deviennent des délinquants religieux et des criminels.
Quelle est dans l'Islam la signification du djihad ?
Le djihad, qui veut dire « effort » a plusieurs significations. Le premier sens, c'est un effort intellectuel de compréhension de la vérité universelle. C'est le superlatif du djihad : l'ijtihad. Il y a ensuite ce qu'on appelle le djihad majeur qui est un effort moral et spirituel. Il s'agit essentiellement de se combattre soi-même, de lutter contre ses passions et contre l'ignorance. C'est un travail de tous les jours.
Enfin, il y a un djihad mineur qui consiste à défendre son territoire et sa foi et qui a donc une dimension physique. Mais il ne s'agit jamais d'imposer sa foi : le Coran est très clair là-dessus ! De plus, en matière de violence, ce qu'a dit le Prophète l'est aussi : « Ne souhaitez pas la rencontre de l'ennemi et demandez plutôt à Dieu la paix ; mais, si vous le rencontrez, montrez de l'endurance et sachez que le Paradis est à l'ombre des épées. » La violence est envisagée seulement dans une guerre imposée et autorisée et avec le souci de faire le moins de victimes possibles. Ce serait aujourd'hui le cas d'une guerre menée par un État dans le respect du droit de la guerre.
Prétendre comme certains que l'Occident menace l'Islam n'est qu'un alibi pour ces adeptes de la violence politique. Tout est aujourd'hui intriqué. Le monde musulman est en Europe et l'Europe dans le monde musulman. Il n'y a pas d'Orient et pas plus d'Occident, il n'y a pas « eux » et « nous »… Ce type de terrorisme est une esquive. La lutte pour le vrai passe en fait par la démocratie, la culture, le savoir, et jamais par la violence. Celle-ci n'a jamais rien réglé.
Nous avons demandé à Tareq Oubrou de réagir sur l'attaque de Nice. Voici sa réponse : "Une porte est ouverte à une nouvelle forme de folie meurtrière où la délinquance et la violence séculière se convertissent en une délinquance et une violence religieuses. C'est ce que nous remarquons dans presque tous les actes terroristes qui ont été perpétrés dans notre pays. L'enquête montrera les motivations de cet homme. Désormais, tout est devenu possible."
Propos recueillis par ROMAIN CHABROL
Tareq Oubrou est imam et recteur de la Grande Mosquée de Bordeaux.

jeudi 3 décembre 2015

Le djihad, un crime contre l'humanité ?

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Jacques Tarnero est chercheur à la Cité des sciences et de l'industrie et documentariste français, membre du Cercle de l'Oratoire (cercle de réflexion français fondé après les attentats du 11 septembre 2001, néoconservateur et partisan de la guerre d'Irak en 2003).
Il a été président de la Commission d'études politiques du CRIF. Il est contributeur régulier de Hatikva75, B'nai brith et Europe-Israël News.

Le tueur qui invoque «Allah» avant de tirer et de tuer n'est pas un malade mental ni un déséquilibré. Il n'est pas non plus un «loup solitaire». Il prétend «venger le prophète». C'est sont les mots de «Allah Akbar!» qui sont prononcés par les coupeurs de tête des otages occidentaux en Irak et de Syrie. C'est bien Dieu qui est convoqué pour cautionner le crime, pour sanctifier ces gestes supposés purificateurs.
Ces tueurs qui se font exploser ne commettent pas des «attentats suicide» tels qu'on les nomme trop souvent car ils ne sont pas suicidaires. Ces jouisseurs de mort n'ont pas le désespoir au cœur mais la jubilation de tuer en mourant. Qualifier leur geste de suicide c'est déjà entrer dans la stratégie qu'ils nous imposent car ils cherchent simultanément à culpabiliser leurs victimes en se faisant exploser. Qu'avons nous commis pour qu'ils nous haïssent tant, pensent de belles âmes? Serions nous aussi responsables de la haine qu'ils nous portent? Ainsi l'explication psychologisante ou sociologisante expliquant par le relégation sociale leur désespoir suicidaire donne un alibi au geste terroriste. C'est aussi le message que les «marcheurs pour la dignité» ont voulu faire passer: le néocolonialisme, le racisme dont ces indigènes de la République seraient les victimes donnent de bonnes raisons à ces supposés désespérés. Toutes ces arguties fonctionnent et il y a en France des sots ou des malveillants pour les partager.
Ce sont les mêmes qui se sont fait exploser à Madrid, à Londres, à Mombassa, à Nairobi, à Boston. Ceux sont les mêmes qui ont attaqué à Bombay. Ce sont les mêmes qui tuent au couteau des juifs en Israël. Ce sont les mêmes jouisseurs de mort qui ont tué des militaires français et des enfants juifs à Toulouse et au musée juif de Bruxelles. Ce sont les mêmes imprécations qui ont accompagné les gestes du tueur de Sydney en Australie et du conducteur de la voiture bélier de Joué-les-Tours. Etaient-ils seulement des malades mentaux? Ce sont les mêmes individus que la France combat au Mali, en Afghanistan, en Irak. Ce sont les mêmes qu'Israël affronte à Gaza. Ils se nomment Califat islamique, Boko Haram en Afrique, Chebab somaliens, Hamas à Gaza ou Hezbollah au Liban. Cette hydre à tête multiple a un socle commun et s'il ne faut pas assimiler tous les musulmans à des terroristes tous ces terroristes là sont musulmans. Certes tous les musulmans ne sont pas djihadistes mais tous les djihadistes sont musulmans. Cette religion «d'amour et de paix» devrait regarder de près ce qui en son sein nourrit cette violence et cette rage meurtrière.
Depuis le 11 septembre 2001 l'islam radical a déclaré la guerre au monde.
Depuis Daniel Pearl, combien faudra-t-il d'autres journalistes assassinés, d'autres têtes coupées pour que les juristes qualifient les crimes de cette barbarie? Combien d'autres mécréants, combien d'autres infidèles, combien de «croisés» et combien de juifs vont être assassinés au nom de l'islam? Combien d'autres adolescents israéliens vont être assassinés pour que l'on comprenne qu'il s'agit d'une barbarie identique? Les uns font ça au couteau, les autres à la kalashnikov. Les uns découpent, les autres se font exploser dans des arrêts de bus ou des cafés. Les uns sont plus artisanaux tandis que les autres sont plus modernes. Pourtant les uns envoient sur Facebook les images de leurs performances alors que les autres cherchent à les dissimuler et pourchassent les journalistes qui pourraient en témoigner. Les uns sont les disciples du nouveau Calife de l'Etat islamique en Irak et au Levant, les autres sont disciples du Hamas.
Qu'est ce qui définit en droit la notion de crime contre l'humanité? Qu'est ce qui caractérise ce crime? Cette notion, établie après les jugements des crimes nazis au procès de Nuremberg caractérise les crimes de masse commis contre des personnes au nom de leur origine, ethnique, religieuse, politique. Il s'agit de crimes commis contre des personnes au nom de ce qu'elles sont, de leur identité, de leur appartenance, de leur religion ou de leur croyance.





Qu'est ce que le djihad? Cette guerre sainte promet le paradis à celui qui pourchasse et anéantit les infidèles, les non musulmans. Il s'agit de cette forme spécifique de guerre commise au nom de l'islam, visant à l'extermination ou la réduction en esclavage de populations pour la seule raison de leur identité non musulmane. Le djihad, présenté dans un premier temps comme une ascèse spirituelle, un travail sur soi visant à une communion spirituelle avec le divin, a laissé place à sa forme politique telle que nous la voyons aujourd'hui à l'œuvre.
Le djihad (tel qu'il est invoqué et pratiqué par certains groupes islamistes) s'inscrit dans cette définition pénale du crime contre l'humanité. Inscrire le djihad dans la catégorie des crimes contre l'humanité constituerait déjà un fort coup de semonce contre tous ceux qui habillent leurs crimes du masque d'une différence culturelle. Aucune religion ne saurait se prétendre telle si elle devait servir d'alibi de la barbarie a estimé le président Obama. Le dire haut et fort, au nom de principes universels, permettrait de faire un tri entre ceux qui partagent cette idée d'un universel commun pour une humanité commune et ceux qui refusent cette idée d'une communauté humaine acceptant des règles obéissant à des lois universelles.
Tant que ceux qui prétendent être dépositaires de l'héritage spirituel de l'islam n'auront pas fait ce travail critique sur leur propre corpus spirituel, ils resteront aveugles sur les sources intimes de leur désastre de leur supposée humiliation. C'est du sein de l'islam que des voix doivent s'élever pour dénoncer cette imposture. C'est bien plutôt l'islamisme version Hamas ou version Hezbollah ou version Etat islamique et leurs multiples clones qui sont responsables de cet enfermement aussi surement que le goulag ne protégeait pas les droits des peuples mais les garrotait.
Pourtant tous deux ne jouissent pas d'un statut identique dans le regard que l'Occident leur porte. L'Etat islamique est dénoncé comme un mal absolu, un «cancer» par les Etats Unis, la France et les Européens. Le Hamas, bien que figurant sur la liste des organisations terroristes, jouit d'une meilleure considération et a même reçu sur ses terres, de brillants intellectuels, Stéphane Hessel et Régis Debray. Tandis que l'EI (Etat Islamique) profite de la dislocation de l'Irak et de la Syrie, dont les frontières furent établies à la serpe par la Grande-Bretagne et la France, à la fin de la première Guerre mondiale, après la dislocation de l'Empire ottoman. Presque un siècle plus tard ces châteaux de cartes s'effondrent au profit d'une nébuleuse aussi chaotique que sanglante.
Est-on capable en Occident de regarder cela en face? On pourra toujours invoquer les mânes de la République et déclarer solennellement que ces gestes quand ils sont commis en France, sont isolés et qu'ils défigurent la France. Mohamed Merah, Mehdi Nemmouche, font hélas partie de la France d'aujourd'hui. Les manifestations en faveur de Gaza de juillet dernier n'étaient pas seulement pro-palestiniennes, elle étaient en partie antijuives.
Les indignés qui sont descendus dans la rue pour dénoncer les massacres de Palestiniens en Syrie? Sont ils indignés par les deux cent mille morts en Syrie? Sont-ils descendus dans la rue pour dénoncer les kidnapping de centaines de jeunes filles au Nigéria commis au nom d'Allah par la secte islamiste Boko Haram? Ont-ils dénoncés les attentats contre d'autres musulmans en Somalie, en Algérie, au Liban, en Irak, en Afghanistan? Les massacres arabo-arabes ou islamo-islamistes seraient-ils à ce point une affaire de famille pour y trouver une excuse? Quelle serait cette normalité acceptée pour cette barbarie alors que chaque riposte d'Israël pour assurer la protection de ses habitants serait considérée comme bien plus condamnable? Quel souci ont-ils de la Palestine ceux qui ont fait de la haine du Juif une seconde nature? Quelle différence en effet! Israël utilise ses armes pour protéger sa population alors que le Hamas utilise sa population pour protéger ses armes!
Au cours d'autres manifestations ce sont les drapeaux du Hamas, du Hezbollah et l'Etat islamique qui ont été exhibés place de la République. «Nous sommes tous des djihadistes», ont crié certains manifestants. Cet avertissement est valable pour tous. La haine qui motive les émeutiers anti-juifs ne s'adresse pas qu'aux seuls juifs au prétexte de leur solidarité supposée avec Israël. Cette haine recuite va puiser ses sources dans un archaïsme qui déjà fait la preuve de sa malfaisance. L'Europe en connaît le prix. Que cette vieille haine s'habille des atours progressistes de l'antisionisme ne change rien à l'affaire. La haine des juifs est toujours annonciatrice d'autre chose: à travers les juifs c'est la liberté qui est visée, celle des femmes, celle de l'autonomie de l'individu. Depuis près de quinze ans, la République a perdu de nombreux territoires. Ils sont tout autant symboliques que réels. Faire de l'Occident ou d'Israël le responsable du malheur arabe constitue l'une des grandes impostures de l'histoire contemporaine. Le déni idéologique de cette réalité constitue l'autre face de ce désastre de la pensée.