vendredi 30 mars 2018

L'Islam et la guerre : toujours et partout

La mort du lieutenant-colonel Beltrame, il y a quelques jours, est venue nous rappeler douloureusement que nous sommes bien en guerre. Et pourtant… Devant la violence et la mort, les traditionnelles voix politico-médiatiques se sont élevées pour nous rappeler, pour la très lassante énième fois, que l’islamisme n’a rien à voir avec l’islam, religion de paix et d’amour.
À les entendre, deux visions se partagent le nom d’Allah, qu’il ne faut surtout pas mélanger : il s’agit du principe bien connu, usé jusqu’à la corde, du « pas d’amalgame », qui permet à l’imam de Carcassonne de nous expliquer doctement qu’à Trèbes, « c’est l’islam qui a été poignardé. » Comme le disait avec tant de justesse le grand  Audiard, les c… osent tout, et c’est à cela qu’on les reconnaît.
Enfin, allons-nous un jour être sérieux ? Depuis quatorze siècles, l’immense majorité des penseurs musulmans, des dirigeants du monde musulman, des théologiens musulmans, des musulmans dans le monde  le disent et le répètent : il n’y a qu’un seul Coran et qu’un seul islam, dicté par « Dieu » à son  « prophète ». Le monde politico-médiatique de l’Occident, qui est à la connaissance de l’islam ce qu’Attila fut à la douceur de vivre, contredit ces élites musulmanes sans rien connaître du sujet. Comme le disait Audiard, les c… À l’évidence, pour tous ceux qui ont un minimum de connaissances et d’intelligence, l’islam est tout un : un système politico-religieux de guerre de conquête, jusqu’à l’islamisation intégrale du monde.
Dans les dizaines de pays régis d’une main de fer par le système islamique, la dictature est implacable et la guerre déclarée à tous ceux qui ne sont pas musulmans. Qu’il s’agisse de l’Afghanistan, du Pakistan, de l’Indonésie, des Maldives, de nombre de pays africains, de la plupart des pays du Moyen-Orient, et de tant d’autres encore, nous sommes en présence d’une violence et d’une persécution insupportables envers les non-musulmans. Aucune tolérance, aucune liberté, aucune possibilité de vivre normalement pour ceux qui ne professent pas la religion officielle. Partout, des violences effrayantes, des meurtres, des tortures : le système politico-islamique, quand il est au pouvoir, est une machine de guerre dramatique.
Dans les pays dans lesquels le système islamique n’est pas encore au pouvoir, l’islamisation se fait insidieusement, dans les rues, dans les écoles, dans les boucheries hallal, dans les transports en commun, partout. Apparemment, cette islamisation est douce, et donc acceptable. Dans les faits, elle est violente et inacceptable. Car partout en Occident, les zones de non-droit, livrées au monde islamique, sont désormais interdites aux mécréants, qui n’ont plus que le choix entre la valise ou la violence quotidienne. Préfiguration de ce qui attend le monde occidental quand la conquête islamique aura été menée à terme.
En France, en mars 2018, dans une petite ville de province, l’islam violent et l’islam insidieux se sont rencontrés et, la main dans la main, ont semé la mort et la désolation. Des morts et des blessés côté « guerre ». Des déclarations hallucinantes d’excuses lénifiantes padamalgamiques côté « paix ». La guerre qui est à mener doit l’être contre l’islam, doucereux et insidieux côté pile, violent et sanguinaire côté face. Les circonlocutions, les exercices d’équilibre oratoire sur le vrai et le faux visage de l’islam nous empêchent de prendre la réalité d’une guerre sainte politico-religieuse qui dit bien trop haut son nom. À nous de savoir mettre nos actes en cohérence avec ce combat, sans céder un pouce de terrain, faute de quoi nous verrons se multiplier des sacrifices héroïques comme celui d’Arnaud Beltrame. Nous aimerions éviter de nous dire, comme Cyrano, que « c’est bien plus beau lorsque c’est inutile. »

http://www.libertepolitique.com/Actualite/Editorial/L-Islam-et-la-guerre-toujours-et-partout

mercredi 28 mars 2018

Le prince héritier saoudien révèle que le wahhabisme a été exporté à la demande des Occidentaux

28 mars 2018, 07:26
Dans une interview au Washington Post, le prince héritier Mohamed ben Salmane a déclaré que l'Arabie saoudite avait commencé à propager l'idéologie wahhabite à la demande de ses alliés occidentaux, pendant la guerre froide, pour contrer l'URSS.
Une déclaration du prince héritier d’Arabie saoudite Mohammed ben Salmane (surnommé «MBS») publiée par le Washington Post le 22 mars et passée, semble-t-il, inaperçue dans les médias francophones, fait office d’aveu. En effet, le prince héritier saoudien a assuré que l’idéologie wahhabite avait été propagée au cours de la seconde moitié du XXe siècle par Riyad à la demande des alliés occidentaux du royaume, dans le but de contrer l’influence de l’Union soviétique dans les pays musulmans. 

En visite diplomatique aux Etats-Unis, «MBS» s’est exprimé lors d'une rencontre avec des membres de la rédaction du Washington Post. Bien que cette réunion ait été tenue secrète dans un premier temps, l'ambassade saoudienne a par la suite autorisé le célèbre journal américain à publier des extraits spécifiques des propos tenus par le prince héritier. Ainsi, le journal relate des déclarations de Mohamed ben Salmane sur différents dossiers, dont sa relation avec Jared Kushner, le gendre de Donald Trump et conseiller de la Maison Blanche, ses réformes internes au royaume, la guerre au Yémen ou encore le conflit israélo-palestinien.
Interrogé sur la propagation du wahhabisme, idéologie islamiste rigoriste née en Arabie saoudite et parfois accusée par la presse et des responsables politiques en Occident d'être une source du terrorisme islamiste, le prince héritier a déclaré que les investissements saoudiens dans les mosquées et écoles islamiques à l'étranger trouvaient leur origine dans le contexte de la guerre froide. Le prince héritier a expliqué que, à cette époque, les alliés occidentaux de Riyad avaient demandé à l'Arabie saoudite d'utiliser ses ressources afin d'empêcher l’Union soviétique de «conquérir le monde musulman ou d’y acquérir de l’influence».
Une révélation tardive du rôle de l'Occident dans la propagation du wahhabisme
Un systèmjour par WikiLeaks.
Riyad ne semble toutefois plus assumer son rôle d'exportateur global du wahabisme. Aux journalistes du Washington Post, Mohammed ben Salmane a en effet confié que les gouvernements saoudiens successifs «s[’étaient] fourvoyés sur de fausses pistes» et qu’il était temps désormais que «les choses reviennent à la normale», en ce qui concerne notamment le financement du wahhabisme. Il a assuré que ce «financement prov[enait] aujourd’hui en grande partie de fondations saoudiennes, et non du gouvernement». De manière on ne peut plus claire, le prince héritier Mohammed ben Salmane entend donc séduire ses partenaires occidentaux. L’accueil que lui a réservé Donald Trump au premier jour de son voyage à Washington semble démontrer que cette offensive de charme fonctionne à merveille.e de promotion mondiale de l'islam rigoriste

Interrogé par RT France, Pierre Conesa, historien français et ancien haut fonctionnaire au ministère de la Défense, qualifie cette révélation de «tardive». Pour ce spécialiste en stratégies politiques internationales, cette révélation permet au prince héritier de «se décharger d’une partie de sa responsabilité sur le financement du terrorisme». 
Dans un article publié dans le Monde Diplomatique de juin-juillet 2016, intitulé «Un demi-siècle de diplomatie wahhabite», Pierre Conesa expliquait déjà que la politique étrangère du royaume saoudien avait été anticommuniste durant la guerre froide et opposait le panislamisme au panarabisme socialisant de Gamal Abdel Nasser, dirigeant égyptien de 1954 à 1970. Cette politique était largement soutenue par les Occidentaux et notamment les Américains. «L’adage très répandu pendant la guerre froide selon lequel "l’ennemi de notre ennemi est notre ami" empêche alors [les Occidentaux] de voir que le royaume wahhabite a son propre programme », ajoute l’historien. Une véritable industrie «théo-idéologique» qui «emprunte au soft power américain et à la propagande soviétique» se met alors au service du wahhabisme.

«Quand après les attentats du 11 septembre 2001, alors que 15 des terroristes étaient saoudiens, George W.Bush désigne l’Afghanistan et l’Irak comme les ennemis des Etats-Unis, on comprend que l’Arabie est un bon client qu’il ne faut pas contrarier », analyse encore Pierre Conesa. Pour l’historien, la situation est similaire aujourd’hui, quand «Donald Trump annonce depuis Riyad que c’est l’Iran qui est la cause du terrorisme».

https://francais.rt.com/international/49248-nous-avons-propage-wahhabisme-a-la-demande-des-occidentaux?utm_source=browser&utm_medium=push_notifications&utm_campaign=push_notifications

samedi 24 mars 2018

23-3-2018
L’aviation turque aurait détruite la tombe de St Maroun, fondateur de l’Eglise Maronite, a annoncé la Direction Générale des Antiquités en Syrie ce jeudi.
Dans cette province d’Afrin, les bombardements turcs avaient déjà endommagé le site hittite d’Ein Dara en janvier dernier. Ce site, daté d’environ 3 000 ans avant Jésus Christ a été détruit à 60%.

Selon la DGA syrienne, l’aviation turque aurait ainsi pris pour cible le site archéologique de Brad, situé à 15 kilomètres de la ville d’Afrin, au Nord Ouest d’Alep. Ce site classé par l’UNESCO comme patrimoine mondial de l’Humanité depuis 2011, inclus de nombreuses églises byzantines et romaines. Le bombardement aurait fait de nombreux dégâts et aurait détruit un certain nombre de structures dont la fameuse tombe de St Maroun, découverte par une équipe française seulement en 2002.
Moine chrétien syriaque ayant vécu à la fin du IVe et au début du Ve siècle, Saint Maroun est un saint des Églises « chalcédoniennes », fêté le 9 février par l’Église maronite et le 14 février par l’Église orthodoxe. Le 9 février est fête nationale chômée au Liban.
La patrimoine syrien a connu d’innombrables dommages en ces années de guerre civile, notamment avec la destruction de plusieurs centaines de sites historiques par différences millices dont Daesh, certaines pour des raisons idéologiques comme Palmyre, d’autres en raison des pillages en faveur de la contrebande.
Ces destructions interviennent alors que l’Armée Turque et ses milices supplétives donc certaines comportent d’anciens éléments de Daesh ou encore des unités paramilitaires d’extrême droite des Loups Gris turcs poursuivent leurs offensives militaires contre la milice kurde des YPG dans la province d’Afrin.
https://libnanews.com/syrie-laviation-turque-detruit-la-tombe-du-saint-fondateur-de-leglise-maronite/

Attaques dans l'Aude : Daech vise une nouvelle fois le cœur de la France

INFOGRAPHIE - Quatre personnes ont été tuées dans l'Aude, vendredi, dans une série d'attaques revendiquées par l'État islamique. L'auteur des faits, connu pour délinquance, a été abattu.
Le scénario tant redouté, celui d'une attaque terroriste perpétrée dans une paisible petite ville de province, a semé l'effroi dans tout le pays. L'action, menée au cœur de l'Aude et revendiquée par l'État islamique, témoigne, s'il en était besoin, que la menace n'a jamais faibli même si le dernier attentat remonte à près de cinq mois avec l'assassinat au poignard et au cri d'«Allah Akbar» de deux jeunes femmes gare Saint-Charles à Marseille. Le raid sanglant qui vient d'endeuiller le pays et met à l'épreuve Emmanuel Macron s'est soldé, vendredi soir, par un bilan, toujours provisoire, d'au moins cinq morts - dont le terroriste - et une dizaine de blessés, dont un dans un état très grave.
Selon les derniers éléments de l'enquête, confiée par le parquet de Paris à la Sous-direction antiterroriste (Sdat), la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) et la PJ de Montpellier, l'équipée meurtrière, fulgurante, s'est déroulée en trois étapes. Le terroriste, Radouane Lakdim, né au Maroc en avril 1992, était connu pour des faits de petite délinquance. Condamné le 29 mai 2011 à un mois de prison avec sursis pour port d'arme prohibé, il exécute un bref séjour derrière les barreaux en août 2016 pour «usage de stupéfiants». «En raison de sa radicalisation et de ses liens avec la mouvance salafiste, il était fiché S depuis 2014, a révélé le procureur de la République de Paris, François Molins, qui s'est rendu à Trèbes dans l'après-midi. En 2016 et 2017, il a fait l'objet d'un suivi effectif des services de renseignement sans qu'aucun signe précurseur ne laisse présager un passage à l'acte». «Il a agi seul, avait déclaré peu avant sur place Gérard Collomb. Nous l'avions suivi et nous pensions qu'il n'y avait pas de radicalisation, mais il est passé à l'acte brusquement.» Rappelons, pour mémoire, que le fichier des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste (FSPRT) recensait, le mois dernier, pas moins de 19.745 suspects. Le tueur de l'Aude figurait au nombre de ceux-là.

Demandes fantaisistes

À 10 h 13, Radouane Lakdim a d'abord volé une Opel Corsa de couleur blanche à Carcassonne, tuant son propriétaire et blessant par balles le conducteur, retrouvé gisant du côté de la cité des Aigles. «Il s'est ensuite rendu à la caserne du 3e RPMa et a attendu pendant quelques minutes des militaires avant de se raviser et de faire demi-tour en direction de la caserne des CRS», précise François Molins. Manifestement, Lakdim souhaitait cibler l'uniforme. Peu avant 11 heures, il ouvre le feu à six reprises sur quatre policiers de la CRS 53 rentrant d'un footing, touchant un des fonctionnaires à l'épaule. Par miracle, la balle est passée à trois centimètres du cœur. Un de ses collègues a poursuivi l'assaillant à pied pour relever le numéro de sa plaque d'immatriculation. Cette précieuse information a permis de faire le lien avec la prise d'otages du magasin Super U de Trèbes, situé à quinze kilomètres, sur le parking duquel le véhicule a été identifié.
Vers 11 h 15, Radouane Lakdim, armé d'un pistolet, a fait irruption en lançant «Allah Akbar!» dans le magasin où se trouvait alors une «cinquantaine de clients». Indiquant être « soldat de l'État islamique prêt à mourir pour la Syrie», il sollicite la «libération de frères» avant d'abattre le boucher du magasin ainsi qu'un client. Alors que les autres otages ont pu être libérés lors de négociations, le lieutenant-colonel Arnaud Beltrame, arrivé parmi les premiers sur les lieux, a proposé, au péril de sa vie, de prendre la place d'une femme encore retenue sous la menace.
Il est donc resté l'ultime otage de Radouane Lakdim, «soldat de l'État islamique, qui a agi en réponse à l'appel à viser les pays membres de la coalition», comme l'a déclaré Amaq, l'agence de propagande de Daech, dans un communiqué partagé sur l'application Telegram. Mais la phase de négociation avec l'antenne locale du GIGN a fait long feu. L'islamiste, pointant son arme sur l'officier de 44 ans, demande un chargeur et menace de «tout faire sauter» en cas d'intervention. Puis, le duo retourne dans le funeste huis clos du magasin.
À 14 h 30, trois coups de feu y sont perçus, grâce à un téléphone laissé allumé sur une table par le militaire. Le preneur d'otages est tué au cours de l'assaut aussitôt donné par les hommes de l'antenne du GIGN de Toulouse. Outre deux gendarmes d'élite blessés, le lieutenant-colonel Beltrame a été retrouvé dans un état jugé «très sérieux». Officier adjoint du commandement de groupement de gendarmerie départementale de l'Aude, il a été héliporté vers l'hôpital de Carcassonne où son diagnostic vital est engagé. Samedi matin, le ministre de l'Intérieur Gérard Collomb a annoncé qu'il avait succombé à ses blessures. Emmanuel Macron lui a rendu hommage, indiquant qu'il «était tombé en héros» et méritait «respect et admiration de la nation tout entière».
Dans la soirée, les enquêteurs s'employaient à retracer l'origine de l'arme mais aussi le parcours de Radouane Lakdim. La question était de savoir si ce petit voyou a pu être en lien direct avec des complices ayant sévi dans les zones de combat. En début de soirée, sa compagne était en garde à vue et une perquisition était en cours dans son quartier pour trouver le moindre élément susceptible d'éclairer sa funeste trajectoire.
.


http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2018/03/23/01016-20180323ARTFIG00368-trebes-daech-vise-une-nouvelle-fois-le-coeur-de-la-france.php?utm_source=CRM&utm_medium=email&utm_campaign=[20180324_NL_ACTUALITES]&een=197ec60227781c490e5f147c1975ad4f&seen=6&m_i=jbyjcAVZYUjm_TY_GkZ_UsgQ69bxq5nmQF0O5x%2BkybfWrozjGBdserLgieslm1%2BasLu9peajuu6KNux71hIIwfo%2BcjkoX8cMjA

dimanche 11 mars 2018

Vienne: des leaders religieux s'unissent "contre la violence au nom de la religion" 02.03.2018 par Jacques Berset, cath.ch


Vienne: des leaders religieux s'unissent "contre la violence au nom de la religion"
02.03.2018 par Jacques Berset, cath.ch



Une bonne vingtaine de représentants religieux chrétiens et musulmans de haut rang ont lancé une plate-forme de dialogue pour la région du Moyen-Orient à l’occasion d’un congrès, les 26 et 27 février 2018 à Vienne. Le but de cette première historique est de s’unir “contre la violence au nom de la religion”.
Les chefs religieux se sont engagés à promouvoir, dans les régions arabes, la diversité et la citoyenneté par le dialogue et le travail en commun afin de reconstruire et de protéger leurs communautés des effets de la rhétorique et des actions extrémistes et violentes.

Organisée par le Centre international du Roi Abdallah ben Abdelaziz pour le dialogue interreligieux et interculturel (KAICIID), basé à Vienne, des importants responsables musulmans, chrétiens et juifs ainsi que des représentants d’autres communautés religieuses se sont exprimés d’une seule voix en faveur de la cohésion sociale, de la coexistence pacifique et du respect de la diversité religieuse.

Congrès du Centre international du Roi Abdallah ben Abdelaziz pour le dialogue interreligieux et interculturel, les 26 et 27 février 2018 à Vienne (KAICIID)

Faire de l’islam une partie de la solution
A Vienne, l’Arabie saoudite a confirmé sa volonté “de faire de l’islam une partie de la solution et non plus du problème”, a confié au quotidien francophone libanais L’Orient-Le Jour le patriarche maronite, le cardinal Béchara Raï. “Je pense que le royaume est sincère dans sa volonté d’ouverture, mais je regrette l’insuffisance de la représentation chiite”, a-t-il déclaré.

Le patriarche libanais considère comme “très positifs” les efforts déployés par le centre KAICIID. Il a déclaré participer à la conférence de Vienne “dans l’esprit qui a présidé à ma visite en Arabie saoudite, en décembre 2017, et en signe de gratitude pour l’accueil fastueux, qui, pour la première fois, m’a été manifesté en ma qualité de patriarche maronite, au palais des hôtes”.

Les chiites quasiment absents
Fort de l’ouverture des chrétiens à toutes les communautés, le patriarche Raï déplore l’absence à Vienne d’une représentation chiite digne de ce nom et affirme que les organisateurs auraient dû s’y efforcer “à tout prix”, relève le journaliste Fady Noun, responsable de la rubrique religieuse à L’Orient-Le Jour.

“Dans l’état actuel des rapports entre l’Iran et l’Arabie saoudite, l’effort, de toute évidence, n’a pas été fait”. En effet, il y avait à Vienne, venu du Liban, le cheikh Sayyed Ali el-Amine, ancien mufti de Tyr, ainsi qu’un confrère venu d’Irak, “une représentation insuffisante au regard des ambitions déclarées”.

L’expertise libanaise dans le vivre-ensemble
L’expertise libanaise dans le vivre-ensemble s’est signalée par la présence sur place du mufti de la République, Abdellatif Deriane, du métropolite de Beyrouth Elias Audi, d’un représentant du cheikh Akl, le cheikh Gandhi Makarem, du catholicos arménien Aram Ier, de l’archevêque de Beyrouth, Boulos Matar, de la secrétaire générale du Conseil des églises du Moyen-Orient (MECC), Souraya Bechaalani, première femme à occuper ce poste, et du Père Fadi Daou, d’Adyan, une fondation libanaise pour les études interreligieuses et la solidarité spirituelle. Elle a été fondée le 6 août 2006 par des membres de confessions chrétiennes et musulmanes.

“Jésus a détruit la violence dans son corps même”
“Jésus a détruit la violence dans son corps même”, a résumé pour son auditoire, à l’hôtel Hilton, le patriarche Raï, soucieux de faire passer la pensée des présents, comme l’avait éloquemment affirmé un peu auparavant le patriarche de Constantinople, Bartholomée, “de la tolérance à l’amour”. Le patriarche devait également affirmer avec vigueur que “le moment” – le “kairos” – est là, et qu’il faut le saisir. “L’Eglise a tourné un jour la page de la violence exercée au nom de Dieu”. Le moment est donc venu pour que l’islam “saisisse l’occasion que l’Esprit Saint lui offre et le fasse à son tour”. Les crimes commis au nom de la religion sont désormais “une offense pour plus d’un milliard de croyants”.

“Convertir le monde au dialogue”
Fayçal ben Muammar, secrétaire général du Centre international du Roi Abdallah ben Abdelaziz pour le dialogue interreligieux et interculturel (KAICIID), a déclaré en ouverture qu’il fallait “convertir le monde au dialogue”. L’Arabie saoudite, qui traîne une réputation sulfureuse de promotion du salafisme, se veut désormais “l’un des moteurs d’une révolution culturelle et religieuse qui conduirait l’islam à être une partie de la solution, et non plus du problème”.

La monarchie wahhabite viendrait ainsi au secours de “la majorité modérée” qui souffre en silence des ravages de l’extrémisme, tel qu’il a, entre autres, assombri la plaine de Ninive, en Irak, ensanglanté les plages de Libye, ravi à leurs parents de jeunes pensionnaires au Nigeria, heurté et écrasé à mort des promeneurs à Nice, mitraillé des spectateurs au Bataclan à Paris et décapité la rédaction de la revue Charlie Hebdo.

Mohammad ben Salmane face au wahhabisme
La présence à l’inauguration des travaux du congrès de personnalités saoudiennes de premier plan, comme le ministre d’Etat aux Affaires étrangères Nizar Madani, et Mohammad ben Abdul Karim el-Issa, secrétaire général de la Ligue islamique mondiale, reflèterait l’aspiration du prince héritier Mohammad ben Salmane (MBS) de faire de son royaume le centre d’un “islam du juste milieu et de la modération”.

Il a en tout cas affirmé que “l’usage de la religion à des fins de violence est une faute grave”, relevant que les Saoudiens se faisaient “les avocats de la diversité, de la citoyenneté et de la participation”. Rappelons que la Ligue islamique mondiale est l’institution qui finance les mosquées et dissémine la doctrine rigoriste wahhabite dans le monde. En tout cas jusqu’à récemment, car ce financement aurait désormais cessé.

Guerre déclarée à l’extrémisme ?
“C’est, sans aucun doute, la guerre déclarée à l’extrémisme, le divorce total avec la doctrine wahhabite qui a régné en Arabie saoudite, depuis Ibn Saoud”, souligne le journaliste Fady Noun.

Les chefs religieux présents au congrès  étaient notamment
le patriarche œcuménique Bartholomée de Constantinople,
Mohammad ben Abdul Karim el-Issa, secrétaire général de la Ligue islamique mondiale (LIM),
Abbas Shuman, adjoint du grand Imam d’Al Azhar,
le patriarche copte orthodoxe Théodore II (Tawadros II) pape d’Alexandrie et de toute l’Afrique, Pinchas Goldschmidt, grand rabbin de Moscou et président de la Conférence des rabbins européens (CER),
Adama Dieng, conseiller spécial du Secrétaire général de l’ONU pour la prévention du génocide, et Ahmad Alhendawi, Secrétaire général de la Fondation du Scoutisme Mondial.


samedi 10 mars 2018

L’ARABIE SAOUDITE DANS LA LUTTE CONTRE LE TERRORISME

L’ARABIE SAOUDITE DANS LA LUTTE CONTRE LE TERRORISME 
ARTICLE PUBLIÉ LE 05/03/2018

Par Camille Lons

Mohammed bin Salman a officiellement lancé en novembre 2017 dernier la coalition islamique antiterroriste qu’il avait annoncée deux ans auparavant. Dans un contexte régional agité, sur fond de bouleversements internes majeurs, l’Arabie saoudite a fait de la lutte contre le terrorisme un instrument clé de sa politique, au croisement entre stabilité interne du régime et hégémonie régionale.
L’Arabie saoudite, champion de la lutte anti-terroriste ?
Une relation ambiguë avec certains groupes islamistes
La lutte contre le terrorisme, outil de politique étrangère et domestique
Conclusion
Le royaume saoudien est engagé depuis plus de trente ans dans une politique d’identification et de répression des groupes radicaux violents, aussi bien sur son propre territoire qu’à l’extérieur de ses frontières. Il a développé une collaboration étroite avec les Etats-Unis en termes d’échange de renseignements, a fortement renforcé sa législation contre le financement du terrorisme, et a ouvert un centre de déradicalisation dont les programmes ont servi de modèles pour de nombreux autres pays.
Victime depuis les années 1990 d’attaques terroristes sur son territoire, et conscient que sa population jeune et fortement touchée par le chômage constitue une cible potentielle de radicalisation, le royaume perçoit le terrorisme comme une menace sécuritaire réelle. Plusieurs milliers de Saoudiens se battraient aujourd’hui en Syrie, en Irak et au Yémen, et la question de leur retour en Arabie saoudite se pose de manière toute aussi problématique que le retour des combattants partis en Afghanistan l’avait été dans les années 90.
L’engagement de l’Arabie saoudite en termes de lutte contre le terrorisme prédate les attentats de 2001. Le royaume fut en effet le premier pays membre de l’Organisation de la Conférence Islamique à signer le Traité de Lutte contre le Terrorisme International en juillet 2000. Mais les attentats du 11 septembre 2001 – dans lesquels une majorité de Saoudiens était impliquée – et les pressions de la communauté internationale, ont poussé le royaume à renforcer son engagement dans ce domaine. La vague d’arrestations et de condamnations à mort de cadres d’Al Qaida qui suivirent le 11 septembre ne suffirent pas à empêcher l’attaque de Riyadh par le groupe djihadiste en 2003. Cet attentat, vécu comme un véritable traumatisme pour les Saoudiens, marqua un tournant dans la stratégie saoudienne de lutte contre le terrorisme.
Le royaume a en effet considérablement renforcé les moyens alloués à la lutte contre le terrorisme. Les services secrets saoudiens ont aussi enquêté ces dernières années sur plusieurs milliers de dossiers de suspects, et ont arrêtés des centaines de collaborateurs suspectés d’Al Qaida. Il a aussi renforcé sa législation visant à combattre le financement du terrorisme, et a introduit une nouvelle approche dénommée PRAC (Prevention, Rehabilitation and After-care) visant à prévenir les risques de radicalisation chez les jeunes, déradicaliser les détenus djihadistes et accompagner leur réinsertion dans la société. Si cette politique n’a rien de nouveau, l’Arabie saoudite est le premier pays à l’avoir réellement développé et financé à cette échelle. Son centre de déradicalisation a servi de modèle pour de nombreux autres pays.
A l’extérieur de ses frontières, le royaume coopère de manière bilatérale avec de nombreux pays de la région, l’Union européenne, mais aussi et surtout les Etats-Unis. Les deux pays ont en effet créé dès 2003 une « joint task force » ayant pour objectif de combattre le financement des groupes terroristes, et ont signé en 2008 un accord bilatéral de coopération dans le domaine du contre-terrorisme.
A l’échelle internationale, l’Arabie saoudite a joué un rôle majeur auprès du G20 dans l’adoption du plan d’action contre le financement terroriste, et est l’un des principaux financeurs du Centre des Nations unies pour la lutte contre le terrorisme (UNCCT).
La coalition islamique de lutte contre le terrorisme, lancée officiellement par Mohammed bin Salman en décembre 2017, vise à prolonger ces efforts et à permettre une coopération renforcée entre les pays musulmans de la région. Basée à Riyad et rassemblant 34 pays musulmans, la coalition doit encore définir ses objectifs et moyens d’opération.
L’État saoudien continue cependant d’apparaître aux yeux de certains comme la source du problème qu’il prétend combattre. Suite aux attaques du 11 septembre 2001, les pays occidentaux ont en effet pointé du doigt le fait que 11 des 19 djihadistes impliqués étaient d’origine saoudienne. Le soutien financier à certains groupes radicaux dans la région, mais aussi l’exportation même de la doctrine ultra-conservatrice wahhabite dans le monde, ont été pointés du doigt comme ayant joué un rôle dans le développement de certains réseaux terroristes.
Cette relation pour le moins ambiguë du pouvoir saoudien avec certaines mouvances radicales tient au fait que celles-ci jouent un rôle clé dans la politique étrangère du royaume et la préservation de ses intérêts dans la région. A partir des années 1950-60, le royaume a utilisé l’aide aux musulmans en détresse à travers le monde et la rhétorique panislamique pour consolider sa légitimité en tant que leader du monde musulman, par opposition notamment au nationalisme arabe de l’Egypte. Lors de la persécution des Frères musulmans en Egypte par Nasser, le royaume a accueilli plusieurs milliers d’entre eux et leur a fourni une plateforme d’expression, avec pour objectif principal de déstabiliser l’Egypte qui constituait alors son principal rival dans la région.
Le royaume a aussi fourni une aide humanitaire importante dans les principaux conflits de la région. Bien qu’il soit difficile de connaître avec précision la nature et l’ampleur de ces soutiens, de nombreux rapports déclarent que cette aide s’est parfois convertie en aide logistique et militaire envers des groupes impliqués dans les combats, avec pour objectif de faire peser la balance dans le sens des intérêts saoudiens. Le royaume aurait ainsi soutenu financièrement des groupes armés et mouvements de résistance en Palestine, Bosnie Herzégovine ou Tchétchénie dès les années 1980, ou encore aux Talibans en Afghanistan, avec la complicité des Etats-Unis dont l’objectif était de contrer l’expansion Russe. Ce soutien à la communauté musulmane étrangère s’est d’autant plus renforcé dans les années 1980 que le pays était confronté à une première baisse des prix du pétrole et à une crise économique interne qui remettait en cause sa capacité à subvenir aux besoins de sa population et menaçait ainsi la légitimité du régime.
Outre la solidarité panislamique, l’Arabie saoudite aurait utilisé ce soutien à des groupes armés pour contrecarrer les intérêts de l’Iran, son principal rival. En Irak en 2005, alors que les Etats-Unis encourageaient l’élection d’un gouvernement chiite à la tête du pays, l’Arabie saoudite a soutenu des groupes de l’opposition sunnite, dont certains auraient par la suite contribué à la création de Daech. De la même manière, en Syrie, l’Arabie saoudite a soutenu pendant les Printemps arabes l’opposition au régime de Bachar al-Assad, parfois sans distinguer l’opposition modérée aux groupes djihadistes. Le soutien aux groupes radicaux en Syrie avait avant tout pour objectif de faire tomber Bachar al-Assad, allié clé de l’Iran dans la région, qui permettait le transit d’armements destinés au Hezbollah sur son territoire et accueillait le quartier général du Hamas palestinien. Plus récemment, l’implication de l’Arabie saoudite dans le conflit yéménite a pour principal objectif de bloquer l’avancée des Houthis, groupe chiite proche de l’Iran, au risque de favoriser la montée de mouvances radicales telles qu’Al Qaida ou Daesh.
Cette stratégie de soutien à certains groupes armés s’est cependant rapidement retournée contre le royaume. Le retour au pays de près de 12 000 djihadistes partis se battre en Afghanistan dans les années 90, et aujourd’hui la question du retour des combattants saoudiens partis en Syrie ou au Yémen, posent des problèmes sécuritaires majeurs pour le royaume. De plus, certains groupes salafistes, qui n’ont pas pardonné à l’Arabie saoudite d’avoir accueilli les troupes américaines sur son sol pendant la guerre du Golfe, considèrent désormais le royaume comme leur ennemi numéro un. Celui-ci est ainsi devenu la cible d’attaques sur son propre territoire dès les années 1970-80, avec notamment la prise de la mosquée de La Mecque par un groupe d’extrémistes en 1979, puis les attaques à la bombe de Riyadh en 1995 puis de Khodar en 1996. L’attaque de Riyadh par Al Qaida en 2003, qui fit 27 victimes, marque cependant une réelle prise de conscience au sein de la sphère politique saoudienne.
Il est aujourd’hui difficile de savoir dans quelle mesure l’Arabie saoudite continue de financer ou non certains groupes, dans la mesure où ces financements se font souvent de manière privée et non officielle. Certains observateurs considèrent que le financement saoudien de l’expansion à l’international de la doctrine wahabbite, contribuerait à nourrir l’idéologie djihadiste. Cependant, le lien direct entre conservatisme religieux et djihadisme est largement questionnable.
Les pressions de la communauté internationale et les risques sécuritaires internes posés par la menace terroriste ont fortement encouragé le royaume à encadrer l’aide envoyée à certains groupes armés et à ainsi décroître le risque de financement du terrorisme. Mais c’est paradoxalement aujourd’hui la lutte contre le terrorisme elle-même qui constitue un outil de politique étrangère et intérieure pour le royaume.
Depuis les attaques du 11 septembre 2001, la notion de « terrorisme » s’est chargée d’une dimension émotionnelle forte, sans avoir jamais pour autant été définie par la communauté internationale de manière claire et consensuelle. Elle a ainsi été l’objet de toutes formes d’instrumentalisation politique par divers pays et pour divers intérêts. L’Arabie saoudite s’en est largement servie dans ses discours visant à justifier son opposition à l’Iran ou au Qatar, qu’elle accuse de financer le terrorisme, légitimant ainsi ce qui constitue avant tout une lutte de pouvoir.
La logique est la même dans sa politique intérieure. La frontière est fine entre la lutte contre le terrorisme et la répression des opposants politiques, et celle-là inclut souvent la répression de groupes armés violents, que de réseaux islamistes modérés et d’opposants politiques non-islamistes, comme le montre la purge effectuée par Mohammed ben Salman en septembre 2017. Les lois antiterroristes de 2014 et 2017 maintiennent un flou volontaire autour des crimes terroristes, incluant notamment le fait de critiquer ouvertement le régime ou de menacer la paix sociale. De nombreux activistes des droits de l’homme ont été arrêtés sous ces lois, dont notamment Waleed Abu Al Khair, Mohammed al Bajadi ou encore Abdulaziz al Shubaily. Ce lien entre stabilité du régime et lutte anti-terroriste s’est encore renforcé avec la création par Mohammed Ben Salman de la Sécurité de l’Etat, un nouvel organe en charge du renseignement antiterroriste et national, directement dépendant du roi.
L’Arabie saoudite fait face à de nombreux défis, aussi bien internes, avec la chute du prix du pétrole et les profondes réformes économiques et sociales entamées par Mohammed Ben Salman, qu’extérieures, avec le retrait relatif des Etats-Unis de la région, la montée en puissance de l’Iran et les rivalités intra-CCG. La crise du CCG laisse présager une possible redéfinition des alliances et de l’architecture sécuritaire du Golfe dont l’impact reste encore à définir. La question de la lutte contre le terrorisme se retrouve à nouveau au cœur de ces enjeux. A l’heure où les pays européens s’interrogent sur la façon d’améliorer leur coopération dans ce domaine avec les pays de la région, et notamment l’Arabie saoudite, comprendre en profondeur les enjeux que cette notion englobe est essentiel.

https://www.lesclesdumoyenorient.com/L-Arabie-saoudite-dans-la-lutte-contre-le-terrorisme.html