mardi 30 juin 2015

En Galilée, des relations parfois difficiles entre juifs et chrétiens | La-Croix.com - Actualité

En Galilée, des relations parfois difficiles entre juifs et chrétiens | La-Croix.com - Actualité
En Galilée, des relations parfois difficiles entre juifs et chrétiens
Une dizaine de jours après l'incendie criminel de l'église de Tabgha, en Galilée, La Croix s'est rendue dans cette région du lac de Tibériade.

Dans cette région, chrétiens et juifs ont parfois du mal à cohabiter.

Mais certains tentent de dépasser la méconnaissance en créant des liens personnels.

Dans son bureau du presbytère de Maghar, le village arabe le plus proche de Tabgha, au nord-ouest du lac de Tibériade, où l'église de la Multiplication a été incendiée dans la nuit du 18 juin, le P. Fauzy Khoury hausse le ton : cette fois, « pas de pardon ». Ce prêtre melkite est convaincu que les services de renseignement israéliens ne peuvent ignorer l'identité des coupables. Ils seront punis, espère le P. Fauzy, à la hauteur de leur crime. La police soupçonne des adolescents juifs vivant dans des colonies de Cisjordanie.

 >> Lire aussi : L'église de Tabgha en Galilée visée par un incendie criminel  

Outre le rassemblement spontané d'environ 4 000 personnes le dimanche qui a suivi, ce prêtre oriental a recueilli des centaines de messages de solidarité ; de fidèles, bien sûr, mais aussi de députés arabes, de chefs religieux de toutes confessions, d'anonymes musulmans, juifs, bédouins, tous bouleversés, comme lui, par cet acte de haine qui n'a pas fait de victime. « Les idolâtres doivent être éradiqués », ont tagué les agresseurs sur un mur du cloître, en hébreu et en lettres rouges : macabre mise en scène qui rappelle les terroristes de Daech.

En six ans, il s'agirait de la 43e  attaque perpétrée par des juifs fondamentalistes contre des lieux saints chrétiens ou musulmans en Israël. Le groupuscule extrémiste « Prix à payer » avait notamment revendiqué la profanation d'églises en avril 2014, à quelques jours de la visite du pape François en Terre sainte.

« C'est le symbole chrétien qui a été visé »

Mais pour Gilles Courgelongue, consul général de France à Haïfa, l'incendie de Tabgha ne ressemble pas à une action de Prix à payer : « Les autres fois, il s'agissait clairement d'une revanche, par exemple sur un acte terroriste palestinien. Là, les agresseurs n'ont pas signé leur crime. Et ils ne s'en sont pas pris à une église melkite arabe, comme il y en a tant en Galilée, mais à un couvent allemand où vivent des moines européens. Davantage que la population arabe locale, je crois que c'est le symbole chrétien qui a été visé. » 

La Galilée, où le Christ a passé la majeure partie de sa vie, compte de multiples lieux saints et sanctuaires. Jusqu'alors, ils avaient été plutôt épargnés par les actions des juifs terroristes, plus concentrées sur Jérusalem et ses environs.

Minorité dans la minorité, les chrétiens d'Israël cohabitent avec les musulmans dans les villages arabes du pourtour du lac de Tibériade. Ils partagent avec eux leur non-judéité et leur identité palestinienne. « Nous sommes des Arabes, martèle le P. Fauzy, et c'est ainsi que les juifs nous perçoivent. Il faut arrêter de croire qu'ils ont pour les chrétiens une sympathie particulière. » D'après les sociologues, juifs et chrétiens d'Israël présentent néanmoins des similitudes, comme une culture occidentale et des études plus longues que leurs concitoyens musulmans.

« Elle est aussi à nous, cette terre ! »

Étudiant en droit dans la ville juive de Safed, Anan Muzalbet, un chrétien de 24 ans, a davantage d'amis musulmans que juifs. « Une année, raconte-t-il, j'avais installé un sapin de Noël dans mon université. Il a été retiré et on m'a dit :  " C'est une fac juive, ici ! "  » En déambulant dans les décombres de l'église partiellement incendiée, le jeune homme se dit convaincu que ce drame ne fera que renforcer sa foi. « Je ne partirai pas d'ici, promet-il. Elle est aussi à nous, cette terre ! » 

Pierre-Yves et Marie-Claire, membres de la communauté de l'Emmanuel, ont du mal à créer des liens avec les juifs religieux de Tibériade, où ils habitent depuis décembre dernier. Pierre-Yves raconte : « La femme de notre informaticien était sur le point d'accoucher, je lui ai dit que nous prierions pour lui, que nous lirions des psaumes.  " Tu connais ça, toi ? "  m'a-t-il lancé, surpris. Pour eux, nous sommes une secte. Ils connaissent mal la religion chrétienne. » 

« Les Galiléens sont des gens paisibles ; ici, nous avons tous des amis chrétiens »

Cette méconnaissance n'a pas empêché une quarantaine d'Israéliens juifs, choqués, de se rendre à l'église de Tabgha par solidarité. L'incendie criminel a rappelé à certains de mauvais souvenirs, ceux de « l'époque où l'on brûlait les synagogues ». Avi Ohayon, résident d'un kibboutz de la rive est du lac, est persuadé que les coupables ne sont pas du coin : « Les Galiléens sont des gens paisibles ; ici, nous avons tous des amis chrétiens. » 

 >> Lire aussi : Un rabbin a lancé une collecte de fonds pour l'église de Tagbha  

Cette bonne entente, Amal et Elias Daw veulent y croire. Dans leur appartement coquet des hauteurs de Nazareth, ce couple grec-catholique explique que ces problèmes sont d'ordre institutionnel plus que personnel. « C'est la politique qui crée des fractures entre les communautés », regrette Elias, qui est aussi curé de Deir Annah, village arabe voisin de Tabgha. Les mesures visant à renforcer le caractère juif de l'État d'Israël, par exemple, sont vues par les citoyens arabes comme des provocations.

Pour dépasser cette peur de l'autre, Elias et son épouse travaillent à « ouvrir les portes ». Professeur dans une école catholique de Nazareth, Amal organise des rencontres entre sa classe et celles de consœurs juives. À 12 ans, leurs élèves ont ainsi l'opportunité de visiter église, mosquée et synagogue. Malheureusement, déplore-t-elle, les lieux de culte juifs leur restent souvent fermés.



Envoyé de mon Ipad 

mercredi 24 juin 2015

La pasionaria de l’anti-islam Mireille Vallette passe à l’action - LeTemps.ch

La pasionaria de l'anti-islam Mireille Vallette passe à l'action - LeTemps.ch

Mireille Vallette lance une association de lutte contre «l'islamisation de la Suisse»

Après les livres, l'action concrète. Déjà auteure de deux ouvrages qui dénonçaient une inexorable poussée islamiste dans un Occident jugé trop bien-pensant pour s'en alarmer, la Genevoise Mireille Vallette passe à la vitesse supérieure. Elle lance l'Association Suisse Vigilance Islam, une plateforme de «défense de la démocratie suisse face à l'expansion de l'islam». Dont elle sera présidente et porte-parole.

Journaliste, socialiste (jusqu'en 2012) et féministe (depuis toujours), Mireille Vallette est très claire sur ses intentions: «Défendre nos valeurs et notre civilisation, menacées par une religion totalitaire.» Dès le mois de juillet, Vigilance Islam et son futur site internet promettent d'informer sur «la réalité de l'islamisation de notre pays et […] les démissions et abandons de nos élites face à l'islamisation». L'association ira plus loin: elle entend lancer pétitions, initiatives, référendums et autres manifestations pour plaider sa cause, voire engager des procédures judiciaires le cas échéant.

Vigilance Islam l'écrit noir sur blanc dans sa charte fondatrice: «L'expansion de l'islam constitue la menace la plus grave qui pèse aujourd'hui sur la démocratie et la liberté dans notre pays.» Islam ou islamisme? Au diable les nuances, répond Mireille Vallette: «Nous nous refusons à faire la distinction. L'islam comme l'islamisme se réfèrent tous deux au Coran et aux hadiths, lesquels véhiculent une idéologie politico-religieuse totalitaire qui n'admet pas l'égalité des êtres humains ni leur droit à l'autonomie.»

Le message ne souffre aucune ambiguïté: «J'ai lu tout le Coran et le problème est dans les textes, martèle la pasionaria islamophobe, stricto sensu. Je n'aime pas cette religion, qui porte en elle des choses inacceptables. Tous ceux qui sont incrédules sont condamnés à l'enfer. Les textes ne sont pas remis en question, et le risque que le littéralisme reprenne le dessus est permanent. Il en sera ainsi tant que les musulmans ne seront pas capables d'admettre qu'il faut oublier des pans entiers du Coran.»

Issus de la gauche

La Genevoise n'animera pas toute seule son association. «L'idée est née l'an passé autour d'une grillade réunissant une douzaine de personnes qui partagent les mêmes idées, raconte-t-elle. Je ne peux pas vous dire de qui il s'agit, puisque ces gens craignent pour leur image s'ils apparaissent publiquement. Mais il s'agit plutôt de gens issus de la gauche.»

La gauche. Celle dont vient Mireille Vallette et celle qui l'exaspère aujourd'hui, au même titre que «nos élites politiques, médiatiques et culturelles». Naïve et dogmatique, la bien-pensance dominante ferait preuve de «lâcheté», en ne défendant plus «le caractère séculier de notre société». Pour Mireille Vallette, l'affaire est entendue: «La liberté d'expression n'existe plus; dès que quelqu'un de connu critique l'islam, il se met en danger. La censure est à l'œuvre, mais aussi l'autocensure.» Et encore, «l'islamisation de la Suisse, c'est aussi la soumission aux injonctions de l'islam, à la pénétration de mœurs et de rites musulmans dans l'espace public».

Acceptation du foulard islamique, «aménagements discrètement négociés pour le ramadan», autorisation du port du burkini: autant d'illustrations de la «pente glissante sur laquelle nous sous sommes engagés», estime-t-elle.

Désormais militante active anti-islam, Mireille Vallette compare volontiers Vigilance Islam à des plateformes comme Riposte laïque, Bivouac-ID, Poste de veille ou l'Observatoire de l'islamisation. Des sites pourtant souvent épinglés à l'étranger pour leur proximité – au minimum – avec l'extrême droite. «Cette cause peut évidemment attirer des gens d'extrême droite, reconnaît-elle. Mais ça n'est pas notre cas. Nous sommes totalement opposés à toute forme de racisme.»

Reste une question: quel message Mireille Vallette adresse-t-elle à tous les musulmans qui n'auraient pas pour dessein d'imposer quoi que ce soit à qui que ce soit? Ou à ceux qui ne perçoivent pas, comme elle, la réalité d'une menace? «S'ils ne la voient pas, j'espère qu'ils ouvriront les yeux. Et s'ils la voient, j'espère qu'ils nous rejoindront, répond-elle. Je ne considère pas les musulmans différemment des autres gens. Sauf s'ils m'infligent des convictions inacceptables et agissent sur ma société pour la changer.»



Envoyé de mon Ipad 

lundi 22 juin 2015

Observatoire de l'islamisation: L'évêque d'Aix Mgr Dufour souhaite un bon ramadan en citant un auteur appelant au meurtre et au djihad.

Observatoire de l'islamisation: L'évêque d'Aix Mgr Dufour souhaite un bon ramadan en citant un auteur appelant au meurtre et au djihad.
L'évêque d'Aix Mgr Dufour souhaite un bon ramadan en citant un auteur appelant au meurtre et au djihad.

Monseigneur Christophe Dufour, évêque d'Aix et Arles, écrit :

A vous, amis musulmans,

Vous commencez ce mois de Ramadan, temps de jeûne, de prière, de partage. En ce moment important nous prions Dieu qu'il vous bénisse.

Un hadith prophétique de votre tradition dit bien: « Nul d'entre vous n'est un croyant tant qu'il ne souhaite pour son frère ce qu'il souhaite pour lui-même. » (Les Quarante Hadîths de Nawawi, 13) Lire la suite du communiqué.

Dans les Quarante Hadîth du célèbre juriste sunnite An-Nawawi (1233-1277) cités respectueusement comme "prophétiques"  par Mgr Dufour on lit :


Le hadith n° 8 :«Il m'a été ordonné de combattre les hommes jusqu'à ce qu'ils témoignent qu'il n'est d'autre divinité qu'Allah, et que Mohammed est Son Envoyé, qu'ils accomplissent la prière rituelle, qu'ils acquittent la Zekâa »



Le hadith n°14 :«Il n'est pas licite de faire couler le sang du musulman, sauf s'il s'agit d'un des trois coupables que voici: le fornicateur dont le mariage a été consommé, le meurtrier qui subira le sort de sa victime, et l'apostat qui se sépare de la communauté musulmane». 



Le hadith n°17 :«Certes, Allah a prescrit de pratiquer le bien en toutes choses. Lorsque vous tuez, tuez bien. Lorsque vous égorgez, égorgez bien. Que chacun de vous aiguise son couteau et traite bien sa victime».



Le hadith n°29: "Veux-tu que je te montre la partie principale de la religion, sa colonne vertébrale et son sommet ?" "Oui, ô Envoyé d'Allah", répondis-je. Il répondit: "La partie principale de la religion c'est la soumission à Allah, sa colonne c'est la prière rituelle, et son sommet la guerre sainte" 




Dans son livre "Riyad As-Salihin" [Les jardins des saints], un chapitre est entièrement consacré à la "guerre sainte" Il s'agit clairement, suivant les  enseignements du "prophète", de combattre les "idolâtres" les "polythéistes" et plus généralement ceux qui n'attestent pas que Mahomet est l'envoyé d'Allah. On y lit :"390. Selon Ibn 'Omar , le Messager de Dieu a dit : « On m'a ordonné de combattre les gens jusqu'à ce qu'ils attestent qu'il n'est pas de divinité hormis Dieu, que Muhammad est l'Envoyé de Dieu, qu'ils accomplissent la salat et qu'ils s'acquittent de la zakat. S'ils s'en acquittent, alors ils préservent de moi leur vie et leurs biens, excepté dans le cas où ils sont coupables au regard de l'islam, et Dieu les jugera en dernier ressort. » 



Il serait trop fastidieux de citer tous les hadîth de Nawâwi prônant la guerre contre les non-musulmans. L'évêque d'Aix et Arles doit revenir sur son communiqué,  exprimer ses regrets, reconnaitre son énorme bourde, ou être considéré comme un hérétique. 



Envoyé de mon Ipad 

jeudi 18 juin 2015

معهد أديان خرج برنامج التنشئة على الأديان والشأن ا

معهد أديان خرج برنامج التنشئة على الأديان والشأن العام

١٨/٦/٢٠١٥  - وطنية 

أقام معهد "أديان" حفل تخرج لبرنامج التنشئة على الأديان والشأن العام في لبنان لدفعته الرابعة دورة 2014-2015، في قاعة كاتدرائية النبي إيليا – وسط بيروت.

بعد النشيد الوطني، ألقى منسق "التنشئة على الأديان والشأن العام في لبنان" الأب أغابيوس كفوري كلمة قال فيها: "هدفنا المحوري من هذه التنشئة هو التعرف على الآخر ليس فقط للازدياد في المعرفة، ولكن إيمانا منا في مؤسسة أديان بأن معرفة الآخر هي العمود الفقري للقائه، للعيش معه، لقبوله، للاندهاش أمامه والتعلم منه".

أضاف: "هذا البرنامج حريص على عدم تدوير الزوايا، ولا يخشى عرض المسائل كما هي، نفكر فيها ونضعها تحت مجهر القلب والعقل على حد سواء. الوطن، لبنان، هو رغبتنا القصوى، والإنسان كقيمة مطلقة هو شغلنا الشاغل".

طبارة
وأشارت مديرة معهد "أديان" الدكتورة نايلا طبارة إلى أن "هذه التنشئة تعتبر جزءا أساسيا من سلسلة البرامج والدروس الأكاديمية التي تنظمها مؤسسة أديان من خلال المعهد الذي يهدف إلى الإسهام في تطوير تفكر نقدي وتحليلي وتفكيكي عند طلابه وإلى بناء قدراتهم ليصبحوا قادة تغيير في مجتمعاتهم".

وبالعودة الى محور التنشئة الاول عن أديان العالم، ذكرت طبارة ب "مبدأين أساسيين في الديانة البوذية هما التغيير المستمر لكل ما هو في الكون والتأثير المتبادل بين كل ما هو موجود".

وأكدت للمتخرجين أنهم "قادةالتغيير الاجتماعي بقدر ما يؤثرون بمن حولهم، في ضوء ما استفادوا منه من التنشئة"، وحثهتم على "الإيمان بدورهم الإيجابي في الوطن والمجتمع".

مسرة
وقال البروفسور أنطوان مسرة: "لسنا بحاجة الى أي عقد تأسيسي جديد في لبنان فهو ليس وطنا قيد التأسيس، وحيث أن كل شيء جرب في لبنان طيلة أكثر من خمسمائة سنة، بخاصة خلال حروب 1975-1990، باستثناء الجدية في الخطاب والممارسة.

أضاف: "العقد الإجتماعي في لبنان لا يحتاج إلى تجديد على مستوى النصوص المؤسساتية الدستورية، بل الحاجة الى تجديد العقد الاجتماعي. هل نحن مجتمع؟ المجتمع ما يجمع. أو نحن مجموعات أفراد ومناطق وحزبيات وفئويات وعائليات وزبائنيات واصطفافات؟ ان هذه الحاجة دفعت أديان لتنظيم هذه التنشئة، فالعقد الاجتماعي بحاجة الى تجديد وإحياء، بخاصة لدى الجيل الجديد من الشباب".

ترحيني
وقبل عرض فيلم قصير تضمن شهادات لمتخرجي التنشئة، ألقت نغم ترحيني كلمة باسم المتخرجين قالت فيها: "أحب حقيقة أننا شكلنا مجموعة أساسها الإختلاف، وقيمتها قبول هذا الإختلاف. أحب أننا تقاطعنا بهاجس البحث عن أجوبة وطرح المزيد من الأسئلة. أحب أننا تقاطعنا بمشاركة خبراتنا الشخصية وبقبول اختباراتنا الروحية والإيمانية. أحب أننا اخترنا أن نذهب إلى عمق هذه التنشئة فتكون نافذة لفهم إيماننا الخاص قبل فهم إيمان الآخرين".

وختاما وزعت الشهادات على المتخرجات والمتخرحين، وأعقب ذلك حفل كوكتيل.

وطنية



Envoyé de mon Ipad 

mercredi 17 juin 2015

Interpréter le Coran, une question de vie ou de mort | Paris planète

Interpréter le Coran, une question de vie ou de mort | Paris planète
Interpréter le Coran, une question de vie ou de mort

« Le monde arabe est un monde croyant »

Najwa M. Barakat, romancière libanaise

Mercredi 20 mai 2015, dans un café du 5° arrondissement

Najwa

L'interprétation des textes fondateurs de l'Islam est un enjeu crucial dans le monde arabe et dans les pays majoritairement musulmans. Certains y puisent les arguments d'une sagesse patiente et pacificatrice; d'autres la justification de terribles violences.

Najwat M. Barakat s'est emparée de ce sujet dans un ouvrage paru en 2004 au Liban et traduit en 2015 en français, La Langue du Secret. Dans ce livre qui emprunte au style du roman policier, un monastère soufi et le village qui le jouxte sont brutalement chamboulés par le vol d'un coffret contenant un objet sacré. Un inspecteur vient enquêter au sein de la communauté religieuse qui se consacre habituellement à l'étude ésotérique des lettres de l'alphabet arabe, sous la houlette d'un grand maître. Jusqu'au jour où le pouvoir que ce dernier tire de ses 'révélations' est contesté.

Une conversation avec Najwa M. Barakat sur ce sujet conduit à de fréquents allers-retours entre le roman et l'actualité du monde arabe. Ainsi, ce matin-là, dans un café donnant sur une paisible placette du 5° arrondissement.

« Certains veulent fermer l'accès aux textes »

« Le grand maître de cette communauté veut imposer sa vision du monde », décrit-elle. « Il affirme que le fondement de toutes les sciences est contenu dans le sens caché des lettres. Il ajoute évidemment qu'il n'est pas donné à tout le monde de pouvoir accéder au sens supérieur des textes sacrés. À l'inverse, le libraire du village pense que même les simples d'esprit ont droit à leur propre interprétation. Il y a là deux écoles quant au rapport entre le savoir et le pouvoir. Aujourd'hui aussi, certains veulent fermer l'accès aux textes. D'autres estiment que chaque croyant peut se les approprier et les réinterpréter ».

« L'arabe, invention humaine ou création de Dieu? »

« Ce conflit est durci par un autre enjeu sur le statut de la langue arabe », ajoute l'écrivaine. « Est-elle une invention humaine ou une création de Dieu? Le débat dure depuis des siècles dans le monde arabe. Croire que c'est une création divine peut conduire à un littéralisme catégorique ».

« La voie soufie »

« Dans cette quête de l'interprétation, le soufisme représente une voie proche de la kabbale juive ou d'un certain érémitisme chrétien : dans l'ascèse, on recueille la parole de Dieu », précise-t-elle. « Il faut se retirer et ouvrir son cœur à la révélation divine. Ce n'est pas vraiment conforme à la tradition orthodoxe de l'islam sunnite ».

« On assiste à la mise à mort d'une culture »

« Mon livre a été publié en 2004 mais beaucoup de gens ont l'impression qu'il reflète l'actualité de ces dernières années, avec l'obscurantisme qui se propage », constate-t-elle. « Le monde arabe aujourd'hui affronte un cataclysme quotidien, un déluge terrible. On dirait une corrida, la mise à mort devant des spectateurs d'une culture, d'un projet civilisationnel. Dans les années 2000, on avait eu le sentiment de vivre une certaine renaissance arabe. Il y avait de très belles prémisses, on se réveillait d'une hibernation de 400 ans. Mais c'est comme si ce big bang avait débouché depuis 2011 sur un grand trou noir, une faillite à tous les niveaux ».

« Je me définis comme une chrétienne musulmane »

« Moi, dans ce contexte, ma seule patrie, c'est ma langue », soupire Najwa M. Barakat. « On s'accroche aux mots, on se protège avec eux. Je me définis personnellement comme une chrétienne musulmane, c'est-à-dire une chrétienne libanaise de culture musulmane. Je suis les deux, c'est ma richesse. Je suis orientale et aussi un peu occidentale dans ma façon de voir les choses. L'occident est un héritage qui est la propriété de tous ».

« Pourquoi renierais-je la diversité qui me constitue »

« Mes parents sont originaires de Bcharrié, le village du poète Khalil Gibran », raconte-t-elle. « C'est un village de tradition maronite, une Église orientale rattachée à Rome dont la langue liturgique est le syriaque tandis que le reste de la messe est dit en arabe. J'ai  grandi à Beyrouth dans un quartier où il y avait de tout : gens de la ville et gens de la campagne, maronites, musulmans, Arméniens, Circassiens. Pourquoi aujourd'hui renierais-je cette diversité qui me constitue, cette part intrinsèque de moi « ?

« J'adore la langue arabe »

« J'adore la langue arabe, je lis le Coran, qui est un texte, un livre exceptionnel », insiste l'écrivaine. « Je pense que les premiers musulmans ont adopté l'islam parce qu'ils sont tombés amoureux de ce livre qui ne ressemblait à aucun autre. Entendre une belle récitation du Coran, c'est comme écouter la Callas. Il parle autant à l'esprit qu'au cœur, tous deux se mettant en devoir de l'interpréter ».

« Comment revisiter le Coran? »

« Comment revisiter le texte, le déconstruire, en prendre ce qui nous parle aujourd'hui, tout en respectant sa beauté? », interroge-t-elle. « Les musulmans savent que le Coran date d'une certaine période historique, qu'on peut minimiser l'importance de certaines sourates. Tôt ou tard,  cela va se décanter. Mais en attendant, le prix que la région paie est vraiment terrible. L'Islam va connaitre des moments très durs. Il est au creux de la vague. Peut-être faudra-t-il attendre que le projet obscurantiste que certains croient salutaire aille au bout de sa réalisation : ils découvriront alors que c'est une impasse, que cela conduit au néant, que leur perception de Dieu n'est plus de mise. Il y a un rapport au sacré qu'il faut transformer ».

« Ne pas plonger dans la frénésie de la laïcité »

« Ce n'est pas l'islam en tant que religion qui est en cause », assure la chrétienne libanaise. « C'est sa manipulation à des fins politiques. La solution, l'enjeu, c'est de séparer le sacré et le politique, l'État et la religion, sans pour autant plonger dans la frénésie de la laïcité. Le monde arabe est un monde croyant. Le spirituel et le sacré y comptent beaucoup. L'être humain a besoin d'enchantement, d'une dimension spirituelle à sa vie. L'Occident a tué Dieu mais il reste orphelin, le deuil du père n'en finit pas. Là-bas, au Moyen Orient, on ne vit pas, on survit, dans la guerre, la crise économique, les dictatures, les monarchies arriérées… mais le relationnel est beaucoup plus fort entre les gens ».

« Sans Dieu, l'homme est capable du pire »

« Je suis, moi, dans la lignée de Dostoïevski pour qui, sans Dieu, l'homme est capable du pire », tranche-t-elle. « Le sacré est inhérent à la nature humaine. Même si on a inventé Dieu, il nous est indispensable dans ce qu'il porte comme idéal, comme espoir de transcender la nature humaine. Le sacré est du côté de la culture, des arts, de la civilisation. Bâtir, peindre, jouer d'un instrument, c'est tendre vers l'être supérieur. Il y a un questionnement qui me travaille et que je travaille depuis que j'ai fui la guerre civile libanaise en 1985 : qu'est-ce qui fait que des gens bien, bons, éduqués, basculent un jour dans une barbarie absolue. Au moindre problème, notre cerveau reptilien semble reprendre le pouvoir ».

« D'un côté, l'obscurantisme, de l'autre, une modernisation superficielle »

« Aujourd'hui, le monde arabe est en souffrance, c'est un cauchemar qui se réalise », déplore Najwa M. Barakat. « Il est écartelé entre deux tendances. D'une part l'obscurantisme, l'extrémisme, religieux ou autre, qui est près à dicter sa loi par les armes; d'autre part, une volonté de modernisation mais dans l'ordre du superficiel, de la superstructure – gratte-ciels, codes vestimentaires et modes de vie à l'occidentale… Les gens habitent des corps déchirés entre le rêve et la réalité, entre le vouloir et le pouvoir. Les mentalités se paupérisent ».

« L'homme est suicidaire »

« C'est ainsi », conclut-elle. « C'est cette mécanique réaction/révolution que le monde emprunte depuis toujours. Le propre de l'être humain est d'être au bord du précipice et de ne se récupérer qu'au dernier moment. L'homme est suicidaire, il n'arrête pas de reproduire la même erreur ».

 Pour aller plus loin

- La recension du roman La Langue du secret parue dans La Croix du 27 mai 2015;

- La tribune « Reconnaître la diversité des visages de l'islam », du P. Adrien Candiard, membre de l'Institut dominicain d'études orientales au Caire, parue le 27 janvier 2015 dans La Croix;

- Une déclaration signée par des dizaines de « laïcs issus du monde islamique » et mise en ligne sur le site Mediapart le 15 janvier 2015 appelant à déclarer inadapté « le corpus référentiel des groupes djihadistes »;

- l'article posté le 12 mai 2015 sur le blog Paris Planète : « Des laïques aux djihadistes, quelles relations entre Islam et politique »;

- l'article posté le 26 avril 2014 sur le blog Paris Planète : « Le combat du soufisme contre l'islam littéraliste »;



Envoyé de mon Ipad 

Les chantiers de «l’islam de France» | La-Croix.com - Actualité

Les chantiers de «l'islam de France» | La-Croix.com - Actualité

Les chantiers de «l'islam de France»

Environ 120 responsables musulmans étaient présents.

« Faire des propositions, fixer des calendriers et se donner des priorités », voilà la feuille de route posée par le premier ministre à l'ouverture de la première réunion de l'« instance de dialogue avec le culte musulman » qui se réunissait lundi 15 juin au ministère de l'intérieur. Tout en reconnaissant l'ampleur de la tâche et les difficultés liées au contexte actuel, Manuel Valls souhaitait, en élargissant le cercle de ses interlocuteurs, poser des jalons pour faire émerger cet « islam de France » qu'il appelle de ses vœux. Pour cela, et s'inspirant de l'instance de dialogue existant avec l'Église catholique, il avait choisi de faire dialoguer responsables musulmans et responsables de l'administration au sein de quatre ateliers thématiques.

 >> Lire aussi : Une nouvelle tentative pour structurer « l'islam de France »  

Préoccupation majeure de la communauté musulmane, la lutte contre « les actes anti-musulmans » et la question de « l'image de l'islam » dans le grand public faisaient l'objet du premier d'entre eux. Côté musulman, certains ont regretté le « verrouillage » de la loi pénale qui empêcherait la condamnation des auteurs des actes anti-musulmans. Tout en reconnaissant aussi leur responsabilité en la matière, les participants musulmans ont déploré le rôle de certains médias et politiques dans la présentation d'un islam « guerrier et violent ».

Permettre que les mosquées soient construites par des « fonds provenant de France »

La construction et la gestion des lieux de culte, ainsi que leur financement, faisaient l'objet d'une autre table-ronde. Baux emphytéotiques, possibilité pour les pouvoirs publics de financer la partie « culturelle » d'un projet ou encore relance d'une fondation musulmane qui devrait être « opérationnelle avant la fin de l'année » selon le ministre de l'intérieur, doivent permettre que les mosquées soient construites par des « fonds provenant de France ». Un groupe de travail pluripartite devrait prochainement « évaluer » ces dispositions.

Au sujet de la formation des cadres, « l'idée est de mettre les différents instituts en réseaux, et de demander à un conseil théologique de définir par une charte un socle commun », fait valoir Messaoud Boumaza, président de l'Institut européen des sciences humaines de Château-Chinon (Nièvre). Quant à la lancinante question de la rémunération de ces cadres religieux, la mise en place d'un système proche du denier du culte, assorti d'une déduction fiscale, pourrait être étudiée. « Nous ne demandons pas l'argent de l'État, mais qu'il nous aide à le collecter », résume Bruno Guiderdoni, directeur de l'Institut des hautes études islamiques de Lyon.

 >> Lire aussi : Le « modèle français » de Manuel Valls pour l'islam  

Enfin, l'instance de dialogue s'est penchée sur les pratiques rituelles : les capacités insuffisantes en termes d'abattage rituel au moment de l'Aïd, les menus sans viande à la cantine, les pratiques critiquables des agences de voyage gérant le pèlerinage à La Mecque ou encore le manque de carrés confessionnels. Là encore, un groupe de travail devrait se mettre en place pour « diffuser les bonnes pratiques ».

Au sortir de cette journée, les participants se montraient satisfaits des mots qu'a eus Bernard Cazeneuve, le ministre de l'intérieur, pour dénoncer ces déclarations ou commentaires qui, à la suite des « événements de janvier », n'ont « pas évité le piège de l'amalgame, du raccourci et de l'outrance ».. Mais les responsables musulmans ne cachaient pas leurs doutes sur les suites de cette instance. Aucun calendrier n'a été fixé. Pour beaucoup, le manque de financement est l'obstacle majeur sur lequel butent tous ces projets.

Une habitude « d'attendre beaucoup des pouvoirs publics »

Le problème est aussi méthodologique : il tient à la fois à l'éclatement de la communauté et à son habitude « d'attendre beaucoup des pouvoirs publics », selon les mots même d'un participant. « Sur tous ces points évoqués aujourd'hui, les questions théologiques rencontrent des questions administratives », explique le sociologue et musulman engagé Omero Marongiu. « Nous devons d'abord dégager des lignes de force entre nous avant de présenter nos revendications à l'État ».

« Pour ne pas reproduire les erreurs du CFCM, nous devons distinguer ce qui est du ressort de la communauté musulmane et ce qui est du ressort de l'État. Et donc répondre à la question : où veut-on aller et comment ? », confirme Bruno Guiderdoni.



Envoyé de mon Ipad 

Quel évêque répondra au Dr Boubakeur ? - Riposte-catholiqueRiposte-catholique

Quel évêque répondra au Dr Boubakeur ? - Riposte-catholiqueRiposte-catholique
Quel évêque répondra au Dr Boubakeur ?

dalil-boubakeur-recteur-de-la-grande-mosquee-de-paris-et-president-2268759

Après avoir demandé à doubler le nombre de mosquées en France, Dalil Boubakeur, le président du Conseil français du culte musulman, a demandé ce matin à transformer les églises vides en mosquées !

A ma connaissance, aucun évêque n'a réagit.

Jean-Pierre Maugendre, président de Renaissance catholique, a publié un communiqué, dans lequel nous apprenons notamment que des démarches auraient eu lieu à Clermont-Ferrand, le diocèse de Mgr Simon, pour prêter des églises aux musulmans.

L'abbé Amar, prêtre du diocèse de Versailles, dénonce des mosquées qui ne servent pas, ou juste une fois par semaine :

« Les musulmans ne se rassemblent en effet qu'une seule fois, pour un office unique. Nous autres, chrétiens, nous multiplions les célébrations. Entre nous soit dit, cette solution éviterait aux musulmans de prier dans la rue. Dans ma paroisse, il y a six messes chaque dimanche. En Pologne ou aux Philippines, il y en a quasiment une par heure… Le soir du 24 décembre, il n'est pas rare d'avoir cinq ou six veillées de Noël. »

Nicolas Bay, Secrétaire général du Front National, s'insurge :

« Cette provocation est par ailleurs révélatrice d'une montée en puissance des revendications, s'appuyant directement sur le communautarisme que l'immigration massive et l'absence de politique d'assimilation ont engendré dans notre pays. Il faut rappeler à Monsieur Boubakeur que la France est un pays laïque de culture chrétienne, et que les exigences politico-religieuses qui s'inscrivent dans un esprit de conquête, n'ont pas leur place dans notre pays.

Sans compter que la construction d'églises dans les pays musulmans est strictement règlementée, pour ne pas dire interdite. Quel évêque de France osera interpeller Dalil Boubakeur ?

Mgr Olivier Ribadeau-Dumas, porte-parole de la CEF, adresse une fin de non-recevoir à Dalil Boubakeur.



Envoyé de mon Ipad 

Islam et République : le "dialogue" s'organise - Le Point

Islam et République : le "dialogue" s'organise - Le Point
Islam et République : le "dialogue" s'organise
Cette nouvelle instance se réunit lundi Place Beauvau en présence de quatre ministres, dont Bernard Cazeneuve.

Image de l'islam, construction de mosquées, formation des imams, pratiques rituelles : le gouvernement réunit pour la première fois lundi une large « instance de dialogue » destinée à renouer le lien avec des musulmans qui ne manquent pas de sujets d'inquiétude. Signe des espoirs que l'État place dans cette initiative, son lancement rassemble à 10 heures Place Beauvau quatre membres du gouvernement dont son chef, Manuel Valls, Bernard Cazeneuve (Intérieur), Najat Vallaud-Belkacem (Éducation) et Fleur Pellerin (Culture).

En déplacement à Mayotte samedi, le Premier ministre a évoqué un « grand défi des années qui viennent : faire la démonstration que l'islam est totalement compatible avec la démocratie, avec la République, avec l'égalité des hommes et des femmes, avec le dialogue ». La création de cette instance avait été annoncée quelques semaines après les attentats djihadistes de janvier qui ont ébranlé la première communauté musulmane d'Europe, estimée à quelque cinq millions de membres, pratiquants ou non. Depuis, les préfets ont tenu des réunions de préparation auxquelles ont participé cinq mille personnes, des plus laïques jusqu'à quelques fondamentalistes salafistes.

« Réunir un forum d'échanges réguliers »

L'exercice est délicat pour le gouvernement qui, en vertu de la loi de 1905, n'a pas vocation à organiser les affaires internes d'une religion, fût-elle la deuxième de France. « Il ne s'agit pas de créer une organisation nouvelle des Français de confession musulmane, ni de constituer une enceinte de négociation devant déboucher sur des décisions immédiates », a prévenu le ministre de l'Intérieur dans la lettre adressée aux invités. L'idée est plutôt de « réunir un forum d'échanges régulier » - une, voire deux fois, par an - en s'inspirant de l'« instance Matignon », réduite à quelques évêques, née en 2002 pour l'Église catholique. L'« instance Beauvau » des musulmans est beaucoup plus large, afin de coller à la réalité d'un islam de France très largement sunnite, dépourvu de clergé et fragmenté.

Plus de 120 personnes - présidents des conseils régionaux du culte musulman (CRCM), responsables de fédération, recteurs de mosquée, imams, aumôniers, théologiens, personnalités de la société civile -, sans compter les représentants des pouvoirs publics, doivent participer à cette première journée de débats. Des soufis tenants d'un islam mystique aux prédicateurs rigoristes du tabligh en passant par l'élite plus ou moins conservatrice des Frères musulmans, des « blédards » (nés à l'étranger) aux convertis, un grand éventail de sensibilités et de profils est annoncé.

Quatre rapports présentés

Dalil Boubakeur, président sortant du Conseil français du culte musulman, sera l'un des premiers à s'exprimer. Une manière de montrer que le CFCM, éreinté pour ses défaillances, ses querelles internes sous le poids des logiques consulaires (Algérie, Maroc et Turquie) et son manque de représentativité, est « au coeur de l'instance », selon Beauvau. Devant l'impossibilité de désavouer une structure élue, l'Intérieur a choisi d'élargir le cadre du dialogue. Bernard Cazeneuve devrait conclure cette première réunion par quelques annonces ou confirmations, selon son entourage : obligation d'une formation universitaire civique et civile d'un an pour les nouveaux aumôniers, ou encore contrôle de la maîtrise du français pour les imams détachés par des pays étrangers.

Auparavant, quatre rapports auront été présentés, fruits d'autant d'ateliers thématiques. La sécurité des lieux de culte musulmans, dont un millier sont désormais protégés, et l'image parfois dégradée de l'islam dans les médias feront l'objet d'une première table ronde. Une autre approfondira la question de la construction et la gestion des mosquées, qui sont au nombre de 2 500 (simples salles de prière comprises), sans compter 300 projets en cours, souvent très difficiles à mener faute de financements. D'autres travaux concerneront la formation et le statut très perfectibles des aumôniers et imams.

Les pratiques rituelles relèveront d'un dernier forum : la certification contestée du halal, le nombre insuffisant d'abattoirs, les critiques relatives à l'organisation du pèlerinage à La Mecque ou le manque de carrés musulmans dans les cimetières municipaux sont parmi les préoccupations premières des fidèles. La prévention de la radicalisation djihadiste, en revanche, ne fera pas l'objet d'un atelier. Placer cette première journée sous un « angle sécuritaire » aurait pu « être vécu comme une forme de stigmatisation », glisse-t-on dans l'entourage du ministre.



Envoyé de mon Ipad 

Dalil Boubakeur propose d'utiliser "des églises vides pour servir le culte musulman" - Le Point

Dalil Boubakeur propose d'utiliser "des églises vides pour servir le culte musulman" - Le Point

Dalil Boubakeur propose d'utiliser "des églises vides pour servir le culte musulman"

Il existe aujourd'hui en France près de 2 500 mosquées, auxquelles il faut ajouter 300 en construction, pour une population de fidèles pratiquants d'environ 3 millions de personnes, selon les estimations du site du journal Le Monde . En comparaison, les 11 millions de catholiques français bénéficient de près de 40 000 églises pour pratiquer leur religion.

Invité de la radio Europe 1 ce lundi, et alors que le gouvernement réunit au même moment une large "instance de dialogue" destinée à renouer le lien avec des musulmans, Dalil Boubakeur relance le débat sur la pénurie de lieux de culte musulman officiels, à différencier des salles de prières sans minaret. Dans son livre Lettre ouverte aux Français, qui paraîtra dans quelques jours, le président du Conseil français du culte musulman propose notamment de recourir aux églises chrétiennes vides ou abandonnées pour accueillir les fidèles musulmans.

"C'est un problème délicat, mais pourquoi pas", a précisé le président du CFCM en donnant l'exemple de Clermont-Ferrand où "des religieux ont accueilli des musulmans". Pendant plus de trente ans, une chapelle clermontoise était inoccupée. Mise à disposition à titre gracieux par une congrégation de sœurs, le refuge du Bon Pasteur s'est transformé en mosquée. "C'est le même Dieu, ce sont des rites qui sont voisins, fraternels, et je pense que musulmans et chrétiens peuvent coexister et vivre ensemble", a conclu Dalil Boubakeur.



Envoyé de mon Ipad 

jeudi 11 juin 2015

Condamnation de la violence et de sa justification religieuse



Envoyé de mon Ipad 

Début du message transféré :

Expéditeur: Vatican Information Service - Français <visnews_fr@mlists.vatican.va>
Date: 29 novembre 2014 13:51:19 UTC+2

Condamnation de la violence et de sa justification religieuse

Cité du Vatican, 29 novembre 2014 (VIS). Hier après-midi, après un entretien avec le Premier Ministre turc M.Shmet Davutoglu, le Pape François a quitté le palais présidentiel pour le siège du Bureau des affaires religieuses, la plus haute instance sunnite en Turquie. Bien que l'état soit laïc, 98% des citoyens sont musulmans (68% sunnites et 30% chiites). Après l'entretien avec le Président du Diyanet M.Mehmet Gormez, il a prononcé un discours devant les Autorités religieuses et civiles du pays:

"Lorsqu'ils voyagent pour accomplir une part de leur mission, les Papes rencontrent aussi les autorités et les communautés des autres religions. Sans cette ouverture à la rencontre et au dialogue, une visite papale ne répondrait pas pleinement à ses finalités... Je suis heureux de rappeler de façon spéciale la rencontre que Benoît XVI a eue, en ce même lieu, en novembre 2006. Les bonnes relations et le dialogue entre leaders religieux revêtent en effet une grande importance. Ils représentent un message clair adressé aux communautés respectives, pour exprimer que le respect mutuel et l?amitié sont possibles, malgré les différences. Cette amitié, en plus d?être une valeur en soi, acquiert une signification spéciale et une importance supplémentaire en un temps de crises comme le nôtre, crises qui deviennent dans certaines régions du monde de véritables drames pour des populations entières. Il y a en effet des guerres qui sèment mort et destructions, tensions et confits inter-ethniques et inter-religieux, faim et pauvreté. Ceci afflige des centaines de millions de personnes, provoque des dégâts dans l?environnement naturel, l?air, l?eau, la terre. La situation au proche et moyen Orient est vraiment tragique, spécialement en Irak et en Syrie. Tous souffrent des conséquences des conflits, et la situation humanitaire est angoissante. Je pense à tant d?enfants, à tant de mamans, aux personnes âgées, aux personnes déplacées et aux réfugiés, victimes de violences de toutes sortes. A cause surtout d?un groupe extrémiste et fondamentaliste, des communautés entières, spécialement mais pas seulement, les chrétiens et les yézidis, ont subi et souffrent encore des violences inhumaines à cause de leur identité ethnique et religieuse. Ils ont été chassés de leurs maisons, ils ont dû tout abandonner pour sauver leur vie et ne pas renier leur foi. La violence a frappé aussi des édifices sacrés, des monuments, des symboles religieux et le patrimoine culturel, comme si on voulait effacer toute trace, toute mémoire de l?autre.

En qualité de chefs religieux, nous avons l?obligation de dénoncer toutes les violations de la dignité et des droits humains. La vie humaine, don de Dieu Créateur, possède un caractère sacré. Par conséquent, la violence qui cherche une justification religieuse mérite la plus forte condamnation, parce que le Tout Puissant est le Dieu de la vie et de la paix. Le monde attend, de la part de tous ceux qui prétendent l?adorer, qu?ils soient des hommes et des femmes de paix, capables de vivre comme des frères et des s?urs, malgré les différences ethniques, religieuses, culturelles ou idéologiques. A la dénonciation, il faut faire suivre le travail commun pour trouver des solutions adéquates. Cela demande la collaboration de toutes les parties : gouvernants, leaders politiques et religieux, représentants de la société civile, et tous les hommes et toutes les femmes de bonne volonté. En particulier, les responsables des communautés religieuses peuvent offrir la précieuse contribution des valeurs présentes dans leurs traditions respectives. Nous, musulmans et chrétiens, nous sommes dépositaires d?inestimables trésors spirituels, parmi lesquels nous reconnaissons des éléments qui nous sont communs..., l?adoration du Dieu miséricordieux, la référence au patriarche Abraham, la prière, l?aumône, le jeûne, tous éléments qui, vécus d?une manière sincère, peuvent transformer la vie et donner une base sûre à la dignité et à la fraternité des hommes. Reconnaître et développer cette communauté spirituelle dans le dialogue inter-religieux nous aide aussi à promouvoir et à défendre dans la société les valeurs morales, la paix et la liberté. La reconnaissance commune de la sacralité de la personne humaine soutient la compassion commune, la solidarité et l?aide active envers ceux qui souffrent le plus. A ce sujet, je voudrais exprimer mon appréciation pour tout ce que le peuple turc, les musulmans et les chrétiens, font envers les deux millions de personnes qui fuient leur pays à cause des conflits. C?est un exemple concret de la manière de travailler ensemble pour servir les autres, un exemple à encourager et à soutenir.

J?ai appris avec satisfaction les bonnes relations et la collaboration entre le Diyanet et le Conseil pontifical pour le dialogue inter-religieux. Je souhaite qu?elles se poursuivent et qu?elles se consolident, pour le bien de tous, parce que chaque initiative de dialogue authentique est signe d?espérance pour un monde qui a tant besoin de paix, de sécurité et de prospérité. Monsieur le Président, j?exprime de nouveau, à vous-même et à vos collaborateurs, ma reconnaissance pour cette rencontre, qui remplit mon c?ur de joie. Je vous suis tous reconnaissant aussi de votre présence et de vos prières que vous aurez la bonté d?offrir pour mon service. Pour ma part, je vous assure que je prierai aussi pour vous. Que le Seigneur nous bénisse tous".

Coexister, l’interreligieux à plus grande échelle | La-Croix.com - Actualité

Coexister, l'interreligieux à plus grande échelle | La-Croix.com - Actualité
10/6/2015-Coexister, l'interreligieux à plus grande échelle

Nommé « grand projet présidentiel » en mars, le mouvement veut profiter de son exposition médiatique et des nouveaux moyens financiers pour continuer à grandir.

Dans le réfectoire de l'abbaye de Saint-Jacut-de-la-Mer (Côtes d'Armor), Ilan et Benjamin récitent la prière d'entrée en shabbat. Autour d'eux, une centaine d'autres jeunes écoutent, attentifs. Pourtant, peu portent la kippa. La plupart ont la tête découverte, certaines filles sont voilées et on distingue même une casquette… Le lien qui les réunit est à chercher ailleurs, sur les tee-shirts violets que beaucoup ont revêtus et où est écrit un même mot : « Coexister », du nom de l'association dont ils font partie.

1 800 adhérents de 15 à 35 ans

Coexister, c'est l'histoire d'un petit projet de quartier transformé en initiative d'envergure nationale en à peine six ans. En 2009, ils sont 11 jeunes chrétiens, juifs et musulmans à organiser le don du sang interreligieux à Paris qui débouchera sur la création de l'association.

Aujourd'hui, ils sont plus de 1 800 adhérents de 15 à 35 ans à organiser des actions de dialogue, de solidarité et de sensibilisation à travers la France et la Belgique. Un chiffre qui a doublé en un an.

Comment expliquer cette soudaine croissance ? Le mouvement a d'abord profité l'an dernier de la présentation, dans toute la France, du tour du monde des initiatives interreligieuses qu'ont réalisé cinq membres de l'association.

Dès septembre, neuf nouveaux groupes sont créés. Depuis le début de l'année 2015, huit autres ont suivi. Un phénomène passager lié aux seuls attentats parisiens qui ont réactivé la nécessité d'un dialogue entre communautés ? « Non : à chaque fois, il y avait déjà eu des contacts avant janvier », assure Victor Grezes, directeur au développement et à la vie associative.

Premier rendez-vous national depuis les attentats

Maël de Vanssay, étudiant en informatique à Limoges, et Modachir Rossanaly Vasram, en école d'ingénieur à Brest, confirment que les attentats ont à la fois ravivé la volonté des uns et attiré de nouveaux adhérents aux profils variés.

Eux-mêmes sont très différents. Le premier est catholique, a été scout et fréquente l'aumônerie des étudiants depuis plusieurs années. Modachir, lui, se dit musulman chiite mais avoue être toujours en recherche. « À Coexister, c'est la dimension du dialogue qui m'intéresse le plus. J'espère que je vais y trouver la preuve irréfutable qui va me faire pencher pour une religion plutôt qu'une autre », explique-t-il, affirmant refuser tout syncrétisme.

Les Assises, organisées en ce premier week-end de juin à Saint-Jacut-de-la-Mer, sont le premier rendez-vous national depuis les attentats. Mais entre-temps, « le mouvement interconvictionnel des jeunes », comme il se désigne désormais (lire ci-dessous), a connu un autre bouleversement, plus réjouissant.

Label et financement

En mars, l'association a été l'une des 12 lauréates du programme « La France s'engage », organisé par l'Élysée. Arrivée en tête du vote des Français via Internet, Coexister est nommée « grand projet présidentiel ». Un label source de reconnaissance mais aussi de financement. Le budget actuel de 210 000 € devrait doubler, voire tripler en trois ans, abondé par six versements semestriels. De quoi faire grimper les ambitions. Prochain objectif : atteindre les 100 groupes.

Dans la salle des Assises, ce changement de dimension galvanise mais fait aussi débat. Coexister grandit vite. « Trop vite ? », s'interrogent certains. Un des intervenants extérieurs met en garde contre l'emballement, rappelant que l'argent promis n'a pas encore été versé.

Benjamin Bitane, trésorier de l'association, répond en citant Bob Dylan : « Celui qui n'est pas occupé à naître est occupé à mourir. » La phrase est même symboliquement ajoutée aux orientations à voter et plébiscitée. Le message est clair : aller de l'avant, malgré les incertitudes. Pour permettre un développement à l'étranger (un groupe existe en Belgique, deux sont en cours de formation en Angleterre), la création d'une structure européenne est même à l'étude.

Croyants et agnostiques

 « Je pense que le mouvement peut tenir car ses membres ne se contentent pas de discours », analyse Pauline Metais, chargée de mission à l'Observatoire de la laïcité. Depuis six ans, 38 200 personnes (en majorité des lycéens et des collégiens) ont participé à ses actions de sensibilisation d'après l'association. Pour accompagner ce tournant, Coexister va passer de cinq à sept salariés et de 17 à 30 jeunes en service civique à la rentrée.

Surtout, elle peut compter sur ce qui fait sa force : sa diversité. « Quand je dis que je suis croyante et attachée à mon éducation catholique mais que je ne me reconnais dans aucune structure ecclésiale, beaucoup de gens ne comprennent pas. Coexister m'a permis de m'assumer en tant qu'agnostique et m'a donné l'impulsion pour agir et approfondir ma foi », explique Bénédicte Charrier, de Grenoble.

Quelques minutes plus tard, elle approuve les critères d'éligibilité du futur président. En octobre, l'AG devra décider du successeur de Samuel Grzybowski, qui est aussi le fondateur du mouvement. Un nouveau vote décisif en perspective.

Le mouvement se veut désormais « interconvictionnel »

Jusqu'aux Assises, qui se sont tenues du 5 au 7 juin, Coexister se définissait comme « le mouvement interreligieux des jeunes ». En 2009, les premiers statuts de l'association sont déposés par une juive, un chrétien et un musulman. Mais depuis 2012 et la seconde vague de création de groupes, athées et agnostiques sont de plus en plus nombreux.

D'après les estimations des responsables, ils représenteraient 10 % des effectifs actuels, contre 40 % de chrétiens, 40 % de musulmans et 10 % de juifs environ. Deux des quatre derniers groupes créés ont d'ailleurs un responsable athée. Pour acter cette transformation, Coexister est devenu, au cours des Assises, « mouvement interreligieux et interconvictionnel des jeunes ».



Envoyé de mon Ipad 

En Arabie saoudite, l’histoire officielle contestée sur Internet | Paris planète

En Arabie saoudite, l'histoire officielle contestée sur Internet | Paris planète
« Le récit officiel assimile ces différentes conquêtes à une mission religieuse et présente la prise de contrôle de territoires tels que le Hedjaz et les villes saintes de La Mecque et de Médine comme une conquête ('fath') au détriment des peuples 'idolâtres' », indique l'universitaire américain, d'origine libanaise. 
http://paris-international.blogs.la-croix.com/en-arabie-saoudite-lhistoire-officielle-contestee-sur-internet/2015/06/09/
En Arabie saoudite, l'histoire officielle contestée sur Internet

« Aujourd'hui, il y a onze millions de comptes Twitter en Arabie saoudite »

Bernard Haykel, professeur d'études moyen orientales à l'université Princeton

Samedi 6 juin, à l'Institut du monde arabe

Haykel

L'Arabie saoudite est aujourd'hui la principale puissance régionale à s'opposer au projet hégémonique de l'Iran au Moyen Orient. Elle est en première ligne pour contrer l'influence de Téhéran au Yémen, en Syrie et en Irak.

Son action n'est pas que militaire. Le régime saoudien est en effet solidement arrimé à un socle idéologique, l'islam wahhabite, qu'il propage à travers le monde par des canaux politico-religieux, publics ou privés. Il peut s'appuyer sur la manne pétrolière, étant détenteur des plus grandes réserves d'hydrocarbures au monde.

Incontournable, la monarchie saoudienne est pourtant méconnue et opaque, gérée d'une poigne de fer par une dynastie gérontocratique. Les analystes capables de croiser les ressources de l'histoire, de la sociologie et de l'économie pour appréhender ce pays sont rares.

Bernard Haykel est l'un d'eux et sa conférence samedi 6 juin a constitué l'un des temps forts des Rendez-vous de l'Histoire du monde arabe, organisé par l'Institut du monde arabe. Directeur de l'Institut pour l'étude du Moyen Orient, de l'Afrique du Nord et de l'Asie centrale à l'université Princeton, il a notamment expliqué comment le royaume avait écrit une historiographie à la gloire de la famille régnante des Al Saoud.

« Le Nejd, la région d'origine des Saoud »

« Par Arabie saoudite, j'entends principalement ici sa province centrale, politiquement dominante, le Nejd, qui est la région d'origine des Saoud, région à partir de laquelle ils ont conquis et unifié le royaume à deux reprises au cours des trois derniers siècles», précise-t-il d'emblée. « Son histoire a plusieurs caractéristiques qui la distinguent de celle des autres pays du monde arabe contemporain ».

« Seulement deux récits historiques sur l'histoire du royaume »

« Premièrement, une pratique très faible de l'écriture de l'histoire », commente le professeur. « Il existe seulement deux récits historiques sur l'histoire du royaume saoudien au XVIIIe et au XIXe siècles. Ils sont couramment désignés comme l'Histoire d'Ibn Ghannam et l'Histoire de Ibn Bishr. Ce sont des relations annalistiques (telle année, tel événement s'est produit, telle personne est décédée, telle bataille a eu lieu…). Et ce sont des ouvrages partisans en ce sens qu'ils participent du grand récit wahhabite, l'État ayant été fondé sur le corps doctrinal du wahhabisme, mouvement religieux et réformateur qui demeure la religion officielle du pays aujourd'hui ».

« Nous ne savons toujours pas comment le wahhabisme a émergé »

« Ce ne sont pas de riches sources pour comprendre l'histoire du Nejd ou de l'État saoudien », regrette-t-il. « Par exemple, nous ne savons toujours pas comment et pourquoi le wahhabisme a émergé, pourquoi il a été un succès politique, comment a émergé son fondateur, un religieux nommé Muhammad B. Abd al-Wahhab (mort en 1792), pourquoi celui-ci était tant obsédé par l'idée puritaine de l'Unicité de Dieu, ni comment il est parvenu à instrumentaliser cette doctrine pour fonder un État nouveau. En résumé, la pauvreté et l'opacité des sources sont une caractéristique importante de l'histoire de cette région du monde ».

« D'autres musulmans auxquels il est légitime de faire la guerre »

« Deuxièmement, la domination du Nejd sur le reste de l'Arabie est due au wahhabisme, » explique Bernard Haykel. « Le trait le plus saillant de ce mouvement est ce point doctrinal qui consiste à considérer tous les musulmans qui ne partagent pas les croyances particulières du credo wahhabite comme des infidèles auxquels il est légitime de faire la guerre. Muhammad b. Abd al-Wahhab jugeait que les musulmans de la péninsule arabique qui n'étaient pas ralliés au wahhabisme étaient pires que les infidèles de La Mecque au temps du Prophète Muhammad. Ses vues intransigeantes allaient provoquer plus tard la colère des autres musulmans et conduire l'Empire ottoman à envoyer une force militaire depuis l'Égypte pour vaincre les wahhabites après que ceux-ci eurent conquis La Mecque et Médine au début du XIX° siècle ».

« Daech évoque fréquemment l'histoire violente des wahhabites »

« La violence au nom de la religion était une caractéristique forte des wahhabites, comme l'illustrent les massacres perpétrés dans les villes de Taëf et de Kerbala au début du XIX° siècle, et à nouveau à Taïf, au XX° siècle », note-t-il. « Daech aujourd'hui évoque fréquemment l'histoire violente des wahhabites pour justifier ses propres actions ».

« Le tribalisme est autonomiste, martial et opposé à toute autorité centralisée'

« Troisième point distinctif : l'Arabie saoudite est en grande partie une société tribale qui, jusqu'à la montée en puissance de l'État wahhabite saoudien au XVIII° siècle, n'avait jamais été unifiée sous la tutelle d'un régime politique unique », déclare l'universitaire. « Les sociétés tribales offrent des hiérarchies politiques peu profondes et horizontales; chaque membre de tribu est en théorie un guerrier, et chaque tribu ou sous-clan constitue une formation politique en soi. Le tribalisme, en particulier le tribalisme nomade, est autonomiste, martial et opposé à toute forme d'autorité centralisée. Ce ne fut guère que dans les années 1920 et 1930 que les tribus rebelles furent vaincues et durent renoncer à leur indépendance ».

« L'Arabie saoudite n'est pas une invention coloniale »

« Quatrièmement, l'Arabie n'a jamais été colonisée, tout comme le nord du Yémen », égrène-t-il. « S'il est vrai que la famille régnante a pu bénéficier d'un soutien financier et militaire des Britanniques dès le lendemain de la Première guette mondiale et même si ses limites territoriales ont été fixées par la Grande-Bretagne, l'Arabie saoudite n'est pas une invention coloniale ou un produit de la colonisation. Le fait qu'elle n'ait pas été colonisée et que la famille régnante peut retracer son histoire jusqu'au milieu du XVIII° siècle signifie que les Saoudiens jouissent de certaines continuités – politiques, sociales, religieuses – ainsi que d'une culture de gouvernement qui s'est, à l'inverse, perdue dans bien des endroits du Levant, en Égypte et ailleurs. Certains attribuent la stabilité du royaume à cette histoire ininterrompue ».

« Un pays  béni – ou maudit ! – par la géologie »

« Un dernier élément qui distingue l'Arabie saoudite est qu'il s'agit d'un État rentier, c'est-à-dire d'un pays qui a été béni – ou maudit ! – par la géologie puisque son sous-sol possède environ 25% des réserves mondiales conventionnelles de pétrole » souligne Bernard Haykel. « Cela fait du royaume saoudien le plus gros producteur de cette ressource (10,3 millions de barils/jour en avril dernier). La vente de cette ressource génère une énorme richesse sous la forme d'une rente qui est contrôlée directement par l'État – lequel est le moteur dominant de la l'essentiel de l'activité économique. Quelque 90% de la population active travaille dans le secteur public. L'État a donc les moyens de coopter toute forme de dissidence sans nécessairement recourir à la violence, et sa richesse a maintes fois acheté la paix sociale ».

« L'État saoudien a imposé sa propre vision de l'histoire du pays »

Bernard Haykel poursuit en revenant à l'intitulé de son exposé : « Arabie Saoudite : l'Histoire officielle et sa contestation. « L'historiographie moderne du royaume ne peut être que familière à des Français : elle a été écrite sous domination d'un État-nation moderne. L'État saoudien a entrepris de contrôler, et même de monopoliser le récit de sa propre histoire, de réduire au silence toute forme de dissidence, et d'imposer sa propre vision de l'histoire du pays, avec pour objectif principal de renforcer la domination de la dynastie des Saoud. Mais cet effort affronte aujourd'hui de sérieux défis ».

« En 1818, les 'infidèles ottomans' écrasent le premier État wahhabite »

« L'historiographie saoudienne traditionnelle présente un narratif assez simple que l'on peut résumer ainsi : au début du XVIII° siècle, les chefs et les savants wahhabites se sont unis pour combattre les infidèles et faire advenir le 'véritable islam' dans une Arabie encore païenne », raconte-t-il. « Ils y sont parvenus à partir de 1745 et jusqu'au début du XIX° siècle, jusqu'à ce qu'en 1818, les 'infidèles ottomans' viennent écraser le premier État wahhabite. C'est encore au nom de Dieu que se produisit l'expansion du deuxième État saoudien (entre 1834 et 1891), cette fois avec de grandes difficultés puisque les dirigeants saoudiens furent amenés à se battre entre eux. Ce ne fut finalement qu'avec la construction du troisième État saoudien (de 1902 à nos jours) que les efforts des wahhabites se révélèrent les plus durables, aboutissant à la création du royaume en 1932″

« Le récit d'une conquête voulue et autorisée par Allah »

« Le récit officiel assimile ces différentes conquêtes à une mission religieuse et présente la prise de contrôle de territoires tels que le Hedjaz et les villes saintes de La Mecque et de Médine comme une conquête ('fath') au détriment des peuples 'idolâtres' », indique l'universitaire américain, d'origine libanaise. « Ce narratif religieux de la construction d'un État engagé dans le jihad et forgé par une guerre voulue et autorisée par Allah s'est poursuivi jusqu'à aujourd'hui parmi les clercs et les érudits wahhabites. Mais à partir des années 1950, l'État a commencé à réduire la dimension djihadiste de l'histoire officielle au profit d'un récit nationaliste centré sur la famille des Al-Saoud. Ces derniers y sont représentés comme les 'unificateurs de l'Arabie' et comme les créateurs d'une nation exceptionnelle dans l'Histoire, en raison de son action en faveur et en défense de l'islam ».

« Une histoire centrée sur la figure d'Ibn Saoud »

« Cette historiographie nationaliste a souvent insisté sur le rôle du roi Abdulaziz, communément désigné comme Ibn Saoud« , ajoute-t-il. « Il s'agit donc d'une histoire centrée sur une figure de 'grand homme', qui non seulement minimise les aspects djihadistes du projet wahhabite mais aussi obscurcit des événements embarrassants de l'Histoire comme lorsque certaines tribus ou villes rebelles ont été traitées en ennemis ».

« Le nouveau roi Salman est le gardien de l'historiographie des al-Saoud »

« Le nouveau roi Salman ibn Abdulaziz, qui a accédé au trône en janvier 2015, est le gardien de cette historiographie », continue Bernard Haykel. « Il a passé une grande partie de sa carrière, plus de quatre décennies, comme gouverneur de la province du Nejd. A ce poste, il a déployé de grands efforts, non sans une certaine obsession, pour s'assurer que l'histoire officielle ne subisse aucune déformation. Il a créé le Darat Abdulaziz al-Malik, institution équivalente aux Archives nationales. On pourrait également mentionner Dariya, le lieu de la première capitale des Saoud, qui est une pure fantaisie historique imaginée par la dynastie puisque en réalité, elle n'a jamais existé. Mais le site est à présent classé au patrimoine mondial de l'Unesco ! Un musée national a également été créé. »

> Lire : Qui est Salman, le nouveau roi d'Arabie saoudite ?

« De nombreux auteurs adaptent leur récit au narratif officiel »

« Du fait que l'État, sous l'œil vigilant du roi Salman, s'est montré si vigilant sur la façon dont l'histoire est écrite, de nombreux auteurs se sont efforcés d'adapter leur récit au narratif officiel », constate-t-il. « Les histoires tribales ont été rédigées afin de souligner le rôle de tel chef ou de telle tribu dans 'la construction de la nation'. Toute résistance est totalement passée sous silence ».

« Les accusations des idéologues d'Al Qaïda et de Daech »

« Mais cette narration est aujourd'hui contestée par des personnages proches de groupes tels qu'Al Qaïda ou de Daech », ajoute le professeur de Princeton. « Ils attaquent constamment les dirigeants saoudiens en leur reprochant de ne pas être fidèles à leur propre passé djihadiste et à leur propre engagement en faveur de la propagation de la foi (la 'da'wa'). Ils vilipendent l'État saoudien pour ne pas suivre les normes qu'il a lui-même élaborées. Deux accusateurs se distinguent : Abu Muhammad al-Maqdisi, qui est un idéologue jordano-palestinien membre d'Al Qaïda, et Turki al-Bin'ali, originaire de Bahrein, qui est le principal idéologue de Daech. Ils se sont faits une mission de révéler au grand jour les actes 'takfiris', passibles d'excommunication, et les exactions violentes qui jalonnent la mise en œuvre du projet étatique saoudien, en particulier ceux de la période initiale des XVIII° et XIX° siècles. Le premier État saoudien constitue d'ailleurs la référence idéologique qui définit la fidélité aux principes du wahhabisme ».

« Des narratifs alternatifs en anglais ou à travers des fictions »

« Il y a d'autres narratifs alternatifs », complète-t-il. « Le savant Hamad al-Jasir (décédé en 2000), dont le journal al-'Arab représente une source unique pour l'étude de l'histoire tribale de la péninsule arabique, était un nationaliste mais pas forcément inféodé à la dynastie saoudienne. D'autres savants choisissent d'écrire exclusivement en anglais, afin de ne pas générer une controverse à Riyad – c'est le cas d'Abdulaziz al-Fahd, une sommité en histoire de l'Arabie et en sociologie politique. D'autres abordent l'histoire à travers des romans et de la fiction. Le plus célèbre est peut-être Abdulrahman Munif et son livre Villes de sel. Le plus important peut-être est Turki al-Hamad, dont les livres, comme al Shumaysi, témoignent de transformations sociales et politiques qui ne pouvaient pas être exposées autrement ».

« Les Saoudiens surfent sur internet comme des poissons dans l'eau »

« L'Internet est arrivé en Arabie saoudite en 1999, alors que le royaume célébrait son centième anniversaire selon le calendrier de l'Hégire », renchérit Bernard Haykel. « Le développement de cette technologie a été rien moins que révolutionnaire. Internet a brisé le monopole quasi complet que l'État exerçait sur la production du récit historique en Arabie. Les Saoudiens se sont retrouvés à surfer comme des poissons dans l'eau et bien vite les forums, les services d'informations municipales, les listes de diffusion, les sites web spécialisées se sont multipliées ».

« Le pays consomme plus de vidéos YouTube que n'importe quel autre sur le globe »

« Aujourd'hui Facebook et, pour les trois dernières années, Twitter, sont devenus les moyens les plus couramment utilisées par les Saoudiens pour échanger des informations », conclut-il. « Aujourd'hui, il y a onze millions de comptes Twitter en Arabie saoudite. Presque chaque adolescent et adulte y est. Le pays consomme plus de vidéos YouTube que n'importe quel autre sur le globe. Ces médias, avec l'anonymat qu'ils peuvent offrir, ont conduit à la distribution de contenus jusqu'ici censurés. On peut voir et télécharger des élégies décrivant la conquête et les douleurs infligées; des titres de propriété sur des terres que l'État a expropriées… Des habitants du Hedjaz peuvent produire des documents montrent que leur histoire n'est pas celle représentée par l'État saoudien. Quelqu'un comme Mahmoud Sabbagh vise à montrer que le Hedjaz était bien plus avancé socialement et politiquement avant son passage sous la domination saoudienne ».

« L'Internet sape les efforts centripètes de l'État »

« Ces forces centrifuges sont des facteurs de division. L'Internet offre des possibilités innombrables de fragmentation. Les médias et les technologies dont disposent les dissidents sapent à peu de frais les efforts centripètes de l'État qui, en ayant largement insisté sur le rôle de la famille royale et de la province centrale du Nejd, s'est aliéné de très nombreuses personnes au sein de la société très diversifiée qu'est l'Arabie saoudite ».

Pour aller plus loin

- Le lien vers la présentation du dernier livre de Bernard Haykel paru du janvier 2015 : « Saudi Arabia in Transition », co-écrit avec Stéphane Lacroix et Thomas Hegghammer;

- L'article paru le 26 janvier 2015 sur le site Orient XXI : » Luttes à couteaux en Arabie Saoudite »;

- L'article paru le 29 avril 2015 sur le site de La Croix : « Arabie Saoudite : branle-bas de combat dans la dynastie des Saoud »;

- Un précédent article avec Bernard Haykel posté le 23 mai 2012 sur le blog Paris Planète : « Pour l'Arabie saoudite, l'anti chiisme est la solution »;

- L'article posté le 12 mai 2015 sur le blog Paris Planète, « Des laïques aux djihadistes, quelles relations entre Islam et politique »;



Envoyé de mon Ipad