mercredi 27 avril 2016

L’Arabie saoudite et le Qatar : rôle réel ou rôle fictif dans la lutte contre le terrorisme et Daech ? | Investig'Action

L'Arabie saoudite et le Qatar : rôle réel ou rôle fictif dans la lutte contre le terrorisme et Daech ? | Investig'Action

L'Arabie saoudite et le Qatar : rôle réel ou rôle fictif dans la lutte contre le terrorisme et Daech ?

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Pour combattre le terrorisme, il est primordial de maintenir le dialogue avec les pétromonarchies du Golfe. C'est ce que répètent les dirigeants occidentaux qui multiplient les contrats juteux avec l'Arabie saoudite et le Qatar. Mais quel rôle ces deux pays ont-ils joué dans l'émergence de mouvements comme Al-Qaida et Daech ? Faut-il considérer l'action des institutions saoudiennes et qatariotes ou plutôt se pencher sur les conglomérats de familles et de clans aux intérêts parfois contradictoires ? Quel rôle idéologique a joué le wahhabisme dans la formation des groupes terroristes ? La mainmise des Etats-Unis sur l'or noir du Golfe a-t-il influencé ce courant religieux pour donner lieu à un islamisme anglo-saxon sanctifiant la violence et le culte de l'argent ? Comment le monde arabe et musulman pourra-t-il renouer avec le progrès scientifique, culturel et social ? Maître de conférences à l'Institut national des langues et civilisations orientales, Bruno Drewski examine le rôle des pétromonarchies dans cette guerre contre le terrorisme qui déchire le globe avec en trame de fond, un soi-disant choc des civilisations. (IGA)


N'étant pas spécialiste des pétromonarchies arabes, c'est en tant que chercheur géopolitiste et analyste des questions géo-culturelles dans un monde soumis désormais au pilonnage de l'idéologie du clash des civilisations que je vais intervenir ici.
Si, au départ, l'idéologie politique proclamée par Abd el Wahhab constituait une réaction de repli compréhensible face à la décadence de l'islam ottoman et à l'influence en expansion des pays colonisateurs, très vite la montée du royaume des Saoud puis la création du Qatar et d'autres monarchies dans la péninsule arabique fut gérée par le colonialisme anglais puis son successeur anglo-américain. Ce qui entraîna le fait que ces entités s'engagèrent avec les moyens grandissant que leur procuraient les revenus pétroliers placés dans les circuits du capitalisme planétaire dans la lutte contre les mouvements arabes favorables à la renaissance d'une dynamique de développement autocentré. Acceptant depuis la guerre d'Afghanistan de 1979 de devenir le financeur des mouvements de diversion chargés d'affaiblir le militantisme patriotique arabe concentré sur le drame palestinien.
Ces terrorismes successifs de diversion, tous en partie financés à partir des États du Golfe, touchant Afghanistan, Algérie, Yougoslavie, Irak, etc. connurent une accélération avec le mal nommé « printemps arabe » qui démultiplia les actions de terreur d'abord dans le monde arabe et en Afrique (Libye, Mali, Nigeria, Cameroun, Syrie, Irak, Yémen, etc.). Conflits alimentés par l'afflux d'armes et de combattants financés par des princes du Golfe, en premier lieu d'Arabie saoudite et du Qatar. Deux monarchies par ailleurs rivales et voulant chacune jouer un rôle clef dans la refonte du « Grand-Moyen Orient » bushien puis post-bushien, en s'appuyant d'un côté sur la puissance nord-américaine en crise et d'un autre sur la masse de jeunes plus ou moins musulmans, précarisés par la généralisation des politiques de démantèlement des acquis sociaux et de développement national. Face à la dégradation des services publics et éducatifs, une masse d'argent s'est déversée pour créer jusque dans les banlieues du monde occidental, des réseaux où l'idéologie au pouvoir à Riyad et à Doha s'est répandue. Une idéologie déconnectée de perspectives de progrès social et offrant une vision individualiste, simpliste, faite d'interdits et de fascination pour une consommation et une convoitise morbides, fussent-elles repoussées dans un au delà pour lesquels leurs promoteurs n'ont pas de compte immédiat à rendre.
Qui rendre responsable des financements terroristes ?
Tous les réseaux éducatifs, informatiques, médiatiques et politiques financés à partir des pétromonarchies ont été mis en branle pour lancer vers les Etats arabes encore indépendants des masses de jeunes souvent désoeuvrés et sans avenir sur terre. Deux royaumes du désert ont entretenu, avec l'appui tacite voire actif de leurs protecteurs occidentaux et alliés, les départs de ces jeunes désespérés, mal éduqués ou peu éduqués de plusieurs dizaines de pays vers la Syrie dans le but de mettre à bas, coûte que coûte, un Etat qui avait maintenu, malgré quelques hésitations au début des années 2000 et quoiqu'on pense de son fonctionnement, une politique d'indépendance, de non endettement et de développement auto-centré. Etat qui refusait en plus de devenir le corridor gazier vers l'Europe au service des pétromonarchies et de Tel Aviv. La multiplication des fonds privés et publics en provenance du Golfe finançant les guerres de Libye, de Syrie, d'Irak, du Yémen, etc. a donné naissance à une nébuleuse takfiriste dont Daech est le produit le plus visible. Danger qui menace désormais aussi l'équilibre des trônes pétromonarchiques.
Mais il faut savoir que ces monarchies ne constituent pas en fait de vrais États mais un conglomérat de cercles familiaux et tribaux en concurrence permanente les uns avec les autres et ayant tous accès à des richesses immenses quoique désormais menacées et contrôlant des réseaux de charité, de formation et donc de recrutement qu'ils utilisent tant pour combattre des gouvernements qu'ils jugent « impies », car refusant en fait le culte de l'argent-roi, que pour se concurrencer les uns les autres. Dans ce contexte là, il est inutile de chercher les responsabilités au niveau des seules institutions officielles de ces monarchies mais il faut les chercher au niveau des réseaux auxquels elles ont donné naissance, avec la bénédiction de la puissance nord-américaine qui a accordé par le traité de Quincy sa protection non pas à l'État saoudien, une fiction, mais à la famille des Saoud, dans ses multiples clans et sous clans. Puissance qui, avec son relai britannique constitue le lieu de dépôt des avoirs des princes du pétrole et des pétromonarchies dont l'indépendance budgétaire, et donc nationale, devient du coup purement fictive.
Question à poser sur les origines du terrorisme dans sa version « islamiste »
Si le terrorisme est un phénomène universel qui s'est développé dans le monde entier, entre l'attentat de la gare de Bologne commis par l'extrême droite italienne aux attentats suicides inventés par les Tigres tamouls à Sri Lanka1, il trouve toujours ses justifications dans un terreau social et culturel spécifique. Dans le cas du monde musulman, on remonte souvent pour l'analyser aux origines de ce qu'on appelle le wahabisme d'un côté, les manipulations coloniales d'un autre. C'est ainsi que certains auteurs arabes n'hésitent pas à considérer Abdul Wahab comme un espion anglais qui aurait été démasqué par le contre-espionnage ottoman et la famille Saoud comme les descendants de juifs expulsés de Médine par le prophète de l'islam pour avoir trahi le pacte d'alliance qu'ils avaient signé et qui se vengeraient aujourd'hui de leur humiliation en pervertissant l'islam de l'intérieur2. Ces hypothèses n'ont pas été soutenues par des recherches scientifiques incontestables et ne peuvent donc être retenues jusqu'à preuve du contraire, mais elles témoignent de la profonde division du monde musulman à l'égard du phénomène que constitue les monarchies pétrolières puritaines d'Arabie. Nous devons donc bien analyser les éléments idéologiques au pouvoir dans ces entités si nous voulons comprendre l'éventuelle tolérance qui se manifeste en leur sein, et pas seulement au niveau des pouvoirs officiels, envers les activités terroristes.
Ce qu'on appelle le wahhabisme, que d'autres appellent salafisme, ou islam cherchant un retour aux bons comportements des premiers musulmans, et ce que d'autres encore appellent takfirisme ou islam excommunisateur, a incontestablement d'abord constitué une réaction face à la dégénérescence du monde islamique sunnite et de sa dynamique culturelle, sociale, politique, philosophique et scientifique depuis au moins les Almohades et la destruction de Bagdad par les Mongols. Réaction a priori logique, voire légitime, apparue dans la province tout à fait éloignée et périphérique du Nedj, en Arabie orientale où l'on a observé l'émergence de cet islam à la fois de repli identitaire et de simplicité bédouine mais contenant en lui également ce qui allait devenir dangereux avec son expansion et son enrichissement matériel :
  • Clanisme et tribalisme de type ethnocentrique pouvant déboucher sur un opportunisme politique sans principes,
  • Simplisme philosophique et artistique pouvant favoriser les tendances à l'éradication de tout facteur de culture, de science, de civilisation et de progrès.
Une sorte de tendance à la vengeance du monde nomade face au monde sédentaire, comparable au comportement des nomades mongols au moyen-âge devant toutes les civilisations établies sur leurs pourtours. La conquête des territoires arabiques plus évolués que le Nedj, le Hasa, les terres des Chammar, le Hedjaz et finalement l'Asir yéménite allait donner aux Saoud l'occasion de multiplier les razzias, les massacres de civils dans le but de terroriser les populations qu'ils intégraient à leur nouveau royaume, avec l'accord du colon anglais qui, dans le même temps, utilisait voire créait sur les bords du Golfe persique un chapelet de monarchies de pacotille qui lui étaient inféodées, entre autre celle du Qatar3. Ces nouvelles entités sans véritable lien avec l'histoire politique arabe et musulmane antérieure éprouvaient sans doute plus qu'une ignorance envers l'histoire et la culture mais une véritable haine qui a commencé à surgir dès les années 1930 à l'égard des habitudes, des écrits et des monuments de la première ère islamique, et de tout ce qui l'avait précédé depuis la haute Antiquité. Le respect à l'égard du savoir accumulé et des monuments historiques manifesté depuis 1400 ans par tous les musulmans a soulevé la haine de ces nouveaux puritains des déserts arabiques qui ressemblaient au puritanisme de leurs épigones néo-chrétiens du Far West américain décidés à éradiquer toute trace de culture et de religiosité antérieure, amérindienne comme européenne. On peut donc considérer que la première vague de vandalisme qui a succédé à la conquête de La Mecque par les Saoud dans les années 1930 constitue, même si elle a semblé s'assagir ensuite jusque dans les années 1990, un des fondements récurrents existant au sein des courants musulmans liés aux monarchies du Golfe. Ce dont Daech ou An Nosra mais aussi tous les mouvements du même type répandus aujourd'hui dans le Sahel constituent une réémergence techniquement modernisée.
Comme nous l'avons indiqué plus haut, il ne faut pas forcément voir dans les gouvernements des pétromonarchies un agent d'exécution systématique des politiques terroristes car nous avons affaire à des réseaux familiaux et claniques démultipliés et en concurrence permanente. Il y a bien entendu tout d'abord la concurrence entre la très nombreuse famille des Saoud et la grenouille qatariote qui, assis sur une immense bulle de gaz, souhaite en profiter pour devenir plus grosse que le bœuf de Riyad, mais il y a aussi en-dessous, les rivalités entre princes nés de mères différentes et donc ayant des allégeances tribales différentes et qui vont puiser dans l'islam qu'ils croient « salafiste » ce qui leur permet de mieux excommunier, « takfiriser », leurs adversaires, « mécréants » comme « apostats » mais aussi leurs concurrents, en s'appuyant sur leurs propres réseaux de complicités au sein des puissances de l'OTAN dont les élites ont eu tendance à verser dans l'affairisme à courte vue depuis le triomphe du « libéralisme sans frontières » d'après guerre froide.
Islamisme anglo-saxon ?
Si le takfirisme puise ses sources dans une certaine interprétation réductrice de l'islam, il est, comme tout phénomène historique et social, avant tout le fruit de son temps, c'est-à-dire de l'ère de l'hégémonie culturelle du cercle anglo-américain qui a pénétré le monde arabe autant par le biais de l'ARAMCO et des nombreuses bases militaires occupées par l'US Army que par le biais de Hollywood et de sa culture binaire et violente. Culture née de la réforme néo-protestante puritaine qui a été à la source du capitalisme le plus radical, par sa pleine réhabilitation de l'usure, son culte du salut individuel ne devant plus dépendre des œuvres mais de la seule foi, d'une pratique purement ritualiste et aussi de la réinterprétation d'une vision du peuple élu par simple caprice divin en faveur d'âmes, de tribus et d'un peuple choisi bénéficiant de mannes célestes apportant un bien-être matériel justifié aux élus de ce dieu là. Cette lecture pragmatique et terre-à-terre de la Bible dont on trouvait les prémices dans l'interprétation messianique active et proto-sioniste4 élaborée au sein du judaïsme depuis le Moyen-âge européen a donné naissance à la puissance coloniale britannique puis à la Manifest Destiny anglo-américaine, ensuite au sionisme moderne et enfin à la conviction que la distribution des richesses, en particulier celle des hydrocarbures dans le monde arabe, était le signe d'une bénédiction divine en faveur de « croyants » qui auraient tiré le gros lot dans un islam désormais perçu comme un grand casino au main d'un dieu sévère, arbitraire, capricieux et paternaliste.
Cette évolution utilitariste et opportuniste de la religion qui n'était pas forcément inéluctable dans le discours puriste wahhabite originel a rejoint l'opportunisme bourgeois, mercantile et pragmatique exporté d'Amérique du nord. Complété d'ailleurs souvent par l'errance d'une partie des chefs des Frères musulmans qui, renonçant à leur combat anticolonial et donc anti-impérialiste, avaient concentré à partir du milieu des années 1950 leur activités contre leurs concurrents directs, les régimes progressistes tiers-mondistes plus indépendants qu'eux à l'égard des métropoles du monde.
Ceux qu'on allait nommer les « islamistes », les promoteurs d'une renaissance politique de l'islam, s'engluèrent donc, sauf dans le cas iranien, libanais et pour une grande part palestinien5, dans un conservatisme social qui allait être exploité par les grandes puissances conservatrices d'Occident6. Décidées à mettre un terme aux tentatives de révolutions sociales et socialistes, à la mobilisation palestinienne, à la résistance visant l'entité coloniale créée en 1948 pour couper en deux le monde arabe, musulman et tout le tiers-monde et aussi au dynamisme nouveau né de la révolution islamique en Iran.
Formation et désinformation
Les rapports de wikileaks7 ont démontré que des sommes colossales ont été dépensées par le royaume des Saoud pour le financement de milliers d'organisations, mosquées, écoles, rencontres, conférences à travers le monde entier, le Qatar n'étant pas en reste, en particulier, par exemple, dans les banlieues françaises. C'est ainsi que le Conseil de la Sharia de Grande-Bretagne a été financé par les Saoud tandis que le trésor US a découvert que l'argent du Qatar avait permis à de nombreuses recrues takfiristes de rejoindre la Syrie en guerre8. A une époque où un ministre français pouvait d'ailleurs annoncer à ses jeunes compatriotes et urbi et orbique son président « ne méritait pas de vivre sur terre » et que « An Nosra faisait du bon boulot en Syrie »9 !
Alors que ces royaumes n'avaient rien contre le chiisme conservateur du Shah d'Iran ou de l'ancien souverain du Yémen qu'ils préféraient aux républicains, fussent-ils sunnites, la révolution islamique en Iran, partie des bases de la société, a provoqué chez eux un tel choc et un sentiment de menace que c'en est devenu une obsession qui se prétend anti-chiite mais qui vise en fait toute tendance révolutionnaire optant pour le développement autonome des peuples du monde musulman. Le conflit chiite-sunnite a été inventé ou réinventé en fait pour couvrir et légitimer les politiques contre-révolutionnaires, laïques ou religieuses.
L'objectif étant de créer un « cordon sanitaire » visant à préserver au moins les sunnites de toute tentative d'imaginer une théologie de la libération islamique ou un mouvement d'émancipation laïc remettant en cause les structures sociales nées de l'économie rentière centrée sur les hydrocarbures et favorisant la tertiarisation d'une économie soumise de fait à l'économie usuraire mondialisée contraire à l'esprit et à la lettre de l'islam.
Tous les investissements éducatifs faits de par le monde par les pétromonarchies ne visent en revanche pas forcément à la promotion de ce qu'on appelle injustement l'« islam radical », car il s'agit bien au contraire de promouvoir un islam socialement conservateur. Beaucoup d'élèves de ces écoles soutiennent l'idée d'une soumission à l'égard des pouvoirs et d'une séparation stricte mais passive d'avec la société environnante si celle-ci n'est pas soumise aux stricts dogmes en vigueur en Arabie saoudite ou au Qatar. Tous ceux qui s'appellent des salafistes ne sont donc pas décidés à mener un combat armé, c'est parfois tout le contraire. Mais, comme dans le cas des « Ikhwans », les partisans les plus extrémistes du wahhabisme des premières années du royaume des Saoud, il existe dans les pays du Golfe et chez leurs protégés, de façon récurrente au sein des mouvances politiques, claniques, tribales et familiales, des partisans d'une résurgence de l'esprit de ce qu'ils considèrent à tort comme le « jihad » et qui vise à détruire physiquement toute forme de « corruption sur terre », dans une logique binaire très proche de la vision du monde qui se dégage des Westernd'origine et des séries télévisées hollywoodiennes.
On doit donc d'abord, avant de parler de double-jeu de la part des pétromonarchies, prendre conscience du fait que celles-ci ne constituent pas des véritables structures étatiques mais un réseau de familles ayant un accès plus ou moins direct au pouvoir et qui jouissent de leur propre autonomie et de moyens économiques importants. Réseaux qui ne s'étendent pas seulement aux Etats dont ils sont les sujets et/ou les gestionnaires mais qui débordent souvent vers l'ancienne métropole coloniale britannique, vers la City, d'où, par ce biais, ils ont atteint les rivages d'Amérique où ils ont aussi étendu leurs réseaux de complaisances, de liens d'affaire et d'affairisme, et désormais d'affinités idéologiques, par-dessus les différences formelles entre religions monothéistes. Beaucoup de princes du Golfe sont actionnaires des grands groupes financiers ou du secteur militaro-industriel transnational basés dans les pays anglo-saxons, ce qui conditionne leurs intérêts et donc aussi beaucoup de leurs décisions politiques10. Ce qui explique les convergences visibles qu'ils ont avec les USA et désormais avec Tel Aviv11, autre base d'exportation d'armes et de formations sécuritaires désormais transnationale12, visant à s'opposer à d'autres pouvoirs musulmans, en Irak, en Syrie, en Iran, en Algérie, en Mauritanie, au Yémen, en Indonésie ou au Tadjikistan.
Aujourd'hui, il est devenu clair que, pour beaucoup de dignitaires et de notables pétromonarchistes, les cercles néoconservateurs, sionistes chrétiens et sionistes tout court d'outre-Atlantique, d'Europe occidentale et du Moyen-Orient sont devenus leurs partenaires dans la lutte contre les Etats et les mouvements politiques qui souhaitent maintenir un développement économique et culturel plus auto-centré. Il ne faut donc pas forcément chercher l'ennemi et le promoteur du terrorisme au niveau des seuls Etats ni dans tous les courants qui se disent salafistes, car certains sont « pacifistes » ou tout au moins politiquement passifs, et il ne faut pas non plus se limiter à les chercher dans des réseaux qui seraient uniquement « musulmans », mais bien voir que ce que l'on considère comme une Internationale de la terreur est en fait un réseau de réseaux qui a implanté des clones et trouvé des appuis dans différents pays, dans différents systèmes étatiques, dans différents systèmes idéologiques et religieux se complétant mutuellement, s'entraidant tout en se concurrençant aussi parfois, selon la logique du marché libre, non faussé et sans frontières. Logique productrice par ailleurs à l'échelle mondiale de masses de jeunes désespérés et déscolarisés que l'on peut exploiter sur le mode du nouveau mercenariat de bandes terroristes et d'armées privées. Qu'il faut d'ailleurs dans l'intérêt du système-monde dominant prendre en main avant qu'ils n'aient envie de se rebeller contre leurs propres pouvoirs. Le monde arabe, y compris l'Arabie saoudite, sont remplis de jeunes sans avenir, à la fois fascinés par le clinquant de la société bourgeoise occidentale de la convoitise et formés dans une vision rigide d'un islam qui n'a en fait jamais existé tels qu'ils le conçoivent, ni dans ses premiers temps ni plus tard mais qui constitue une invention réactive face à la modernité et plus encore à la post-modernité constituant un phénomène réactionnaire visant les idées des Lumières et de progrès.
Depuis la première guerre d'Afghanistan, ce néo-islamisme a visé à détruire systématiquement, politiquement, idéologiquement, militairement, culturellement, tous les Etats et tous les courants politiques autochtones qui échappaient à sa logique binaire socialement conservatrice et méfiante devant l'essor du savoir et de la science dite profane …Alors même que l'islam ne fait en principe pas de différence entre sciences religieuses, sciences exactes et sciences humaines, l'une devant abreuver l'autre, ce que les télécoranistes et téléfatawistes du Golfe, qui sont le plus souvent de véritables clones du télévangélisme inventé outre-Atlantique, ne peuvent imaginer car ils se sont réduits à n'être, au moins depuis 2011, plus que des rabatteurs pour les mouvements terroristes et les armées mercenaires. Créés d'abord en Irak après l'occupation américaine de 2003, lorsque l'ancien promoteur des escadrons de la mort d'Amérique centrale, John Negroponte, fut nommé au poste d'ambassadeur US en Irak.
Le monde arabe et musulman ne pourra renouer avec le progrès culturel, scientifique et social que le jour où il aura scié les branches pétromonarchistes sur lesquelles ses élites sont assises et qui pourrissent sa culture, sa foi, sa jeunesse, son énergie et ses capacités de développement. Pour le plus grand profit de la base israélienne plantée comme un poignard au cœur du monde arabe par l'impérialisme basé aux Etats-Unis et devenu aujourd'hui culturellement et économiquement quasi-totalement destructif et stérile.
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Notes :
1 Voir < http://www.lapenseelibre.org/2016/04/n-109-sri-lanka-les-annees-rajapaksa-entre-triomphe-et-desastre.html >; < http://www.lapenseelibre.org/article-entretien-avec-jean-pierre-page-sur-le-sri-lanka-79682753.html > ; < http://www.globalresearch.ca/operation-gladio-cia-network-of-stay-behind-secret-armies/9556 > ; Daniele Ganser, Les armées secrètes de l'OTAN, Gladio et Terrorisme en Europe de l'Ouest, Éditions Demi-Lune ; Frédéric Laurent, L'Orchestre Noir, Stock, 1978.
2 Voir entre autre, < http://www.yabiladi.com/forum/saoud-rois-juifs-d-arabie-saoudite-2-5608585.html > ; < http://infomuslim.over-blog.com/les-origines-juives-de-la-famille-al-saoud > ; < https://croyancesunnite.wordpress.com/2010/09/24/pour-decouvrir-le-complot-lisez-les-confessions-de-l%E2%80%99espion-anglais-hempher-qui-avait-ete-charge-de-la-mission-de-diviser-l%E2%80%99islam-de-l%E2%80%99interieur-il-raconte-comment-il-a-infilt/ >, consultés le 01/12/2015
3 < http://www.lesclesdumoyenorient.com/Ibn-Saoud-et-la-naissance-du-1642.html > ; < https://en.wikipedia.org/wiki/Ikhwan > consultés le 01/12/2015
4 Voir Youssef Hindi, Occident et islam – Sources et Genèses messianiques du sionisme de l'Europe médiévale au choc des civilisations, Sigert, 2015. Ouvrage qui montre que l'idée sioniste a pu être formulée dès le Moyen-âge au sein du judaïsme mais qu'elle y est restée longtemps très minoritaire. Ouvrage qui ne démontre pas en revanche qu'il existe un lien automatique entre les trois phases de l'idée messianique sioniste, médiévale, néo-protestante et moderniste laïque et qui a tendance à laisser penser qu'il y a eu transmission secrète et organisée par le biais d'organisations, comme la franc-maçonnerie, qui font souvent fantasmer ceux qui négligent l'analyse des bases matérielles et sociales des processus historiques et spirituels.
5 Il s'agit du Djihad islamique palestinien et de l'aile militaire du Hamas à Gaza, Al Qassam, qui ont refusé de rompre leurs coopérations avec le Hezbollah libanais et l'Iran malgré les pressions venues de Turquie et des pétromonarchies qui veulent les amener à cesser leur résistance à l'occupation au nom d'une menace chiite fantasmée.
6 Sur l'islam comme théologie de la libération, voir Faris Esack < https://www.youtube.com/watch?v=HVIB8ftKfLs >
7 Voir < http://www.nytimes.com/2015/07/17/world/middleeast/wikileaks-saudi-arabia-iran.html?smid=fb-share&_r=3 >, consulté le 01/12/2015
8 < http://www.courrierinternational.com/article/2014/09/30/le-club-med-des-terroristes >, consulté lé 01/12/2015
9 Voir Laurent Fabius, < http://www.atlantico.fr/pepites/laurent-fabius-bachar-al-assad-ne -meriterait-pas-etre-terre-453229.html >; < http://www.comite-valmy.org/spip.php?article4542 >
10 Voir : < https://books.google.fr/books?id=mqobBAAAQBAJ&pg=PT157&lpg=PT157&dq=saoud+militaro-industriel+carlysle&source=bl&ots=1R0pj16nMv&sig=ZCMqpNisPK56pD0cADSDF4x1Bso&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwiUtJ6XsY3MAhXMWRoKHdydCAYQ6AEIODAE#v=onepage&q=saoud%20militaro-industriel%20carlysle&f=false > ; < http://arretsurinfo.ch/vers-une-revision-des-priorites-saoudiennes-en-matiere-de-designation-de-lennemi-principal-liran-ou-daech/ > ; < http://secretebase.free.fr/complots/organisations/carlyle/carlyle.htm >
11 < https://blogs.mediapart.fr/patrice-coste/blog/070615/alliance-israel-saoud-contre-liran > : consulté le 01/12/2015
12 < http://www.jpost.com/Defense/Israeli-defense-exports-hit-record-high-320850 > ; < http://michelcollon.info/Israel-exporte-son-savoir-faire-en.html > ; < http://www.legrandsoir.info/guantanamo-israel-exporte-son-savoir-faire-pour-gerer-la-greve-de-la-faim.html >
Source: Le blog de la pensée libre


JTK

mercredi 20 avril 2016

Entre USA et Arabie Saoudite des relations compliquees




mardi 19 avril 2016

Céline Pina : "L'islamisme, ce n'est pas une invasion de barbus, c'est beaucoup plus insidieux"

Céline Pina : "L'islamisme, ce n'est pas une invasion de barbus, c'est beaucoup plus insidieux"

Céline Pina : "L'islamisme, ce n'est pas une invasion de barbus, c'est beaucoup plus insidieux"

En septembre, vous dénonciez les discours entendus au salon de "la femme musulmane" à Pontoise. Six mois plus tard, vous publiez un livre le renoncement des politiques à défendre la laïcité. Que s'est-il passé entretemps ?

Ces questions, elle me travaillent et je les travaille depuis très longtemps. C'est parce que certains ont été traités de tous les noms avant moi que je peux parler de ces sujets aujourd'hui. Je pense à des gens comme Christophe Guilluy, Caroline Fourest, Elisabeth Badinter, Djemila Benhabib… Ils m'ont aidé à ouvrir les yeux et à me délier de l'affectif, qui peut empêcher de parler, surtout quand vous pensez que cela peut vous coûter votre place. Mais quand je vois l'état de la société aujourd'hui, je me dis qu'il faut savoir prendre sa perte.

Vous dénoncez les élus qui pactisent avec des islamistes en citant des municipalités comme Bagnolet, Cergy-Pontoise ou Aulnay-sous-Bois, mais vous n'accumulez pas de nombreux exemples. Est-ce pour ne pas jeter des noms en pâture ou parce que tout cela reste marginal ?

D'abord, je n'ai pas mené moi-même une enquête : j'ai pris des exemples que j'ai vus ou dont on m'a parlé. Ensuite, ce n'est pas forcément intéressant de livrer des noms car c'est une logique de système. Surtout, c'est dangereux. Certaines personnes vous racontent des choses, mais ne veulent pas témoigner publiquement de peur d'être violemment attaquées. Les accusations d'islamophobie ferment encore la bouche de beaucoup de monde. Quand quelqu'un d'aussi respectable et respecté qu'Elisabeth Badinter subit de telles attaques pour avoir dit qu'il ne faut pas avoir peur de se faire traiter d'islamophobe, vous imaginez la trouille des gens qui n'ont pas son aura.

Dans votre livre, vous décrivez des salafistes dans une logique permanente de dissimulation…

Ce n'est pas une invasion de barbus, c'est beaucoup plus insidieux. C'est de l'infiltration qui s'inscrit dans le temps long. Or, nous ne savons pas observer ces lentes montées en puissances, et quand elles aboutissent, nous sommes complètement décontenancés. Lorsqu'une association a voulu construire une mosquée dans la ville où j'étais élue, elle a d'abord envoyé trois gugusses sur la liste de gauche et trois autres sur la liste de droite. Ceux qui sont envoyés en première ligne sont de vieux chibanis sympas, pas du tout agressifs. Mais derrière, vous voyez souvent des jeunes, plutôt beaux gosses et sportifs, avec un look à la Tariq Ramadan. Ils ne disent jamais rien tant que les places ne sont pas prises, mais à la fin, vous vous rendez compte que ce sont eux qui tirent les ficelles.

"On vous explique que ce serait bien de construire la mosquée à côté du lycée, pour que les jeunes puissent y aller au lieu de traîner dans la rue."Concrètement, qu'avez-vous observé dans le cas des mosquées ?

D'abord, la mairie accorde un bail emphytéotique (de très longue durée, NDLR), ce qui permet de subventionner sans le dire. Ensuite, les promoteurs de la mosquée vous demandent de construire un parking, en assurant que c'est l'intérêt général puisqu'il servira à tout le monde. Ensuite, on vous explique que ce serait bien de construire la mosquée à côté du lycée, pour que les jeunes puissent y aller au lieu de traîner dans la rue. Ensuite, on vous demande pourquoi on ne la mettrait pas dans le centre-ville. C'est un moyen de montrer sa puissance et de gagner en visibilité. On ne parle jamais de religion dans ces discussions, qui ressemblent plus à des négociations politiques qu'à une revendication légitime de gens qui veulent pratiquer leur religion dans l'enceinte privée.

On distingue en général l'islamisme non violent du terrorisme djihadisme, mais vous écrivez que les courants islamistes quiétistes sont en réalité "les préparateurs du terrain". Pourquoi ?

Parce qu'ils ensemencent des graines de haine, de violences, de rejet de la société et préparent ainsi le passage à l'acte, même si je suis bien consciente que tous ne basculeront pas. Que la prise du pouvoir se fasse par la violence ou la légalité, la société qu'elle installe est la même. Quelle que soit la différence entre les Qataris, l'Arabie saoudite, l'Etat islamique, etc, la finalité est identique : soumission, oppression des femmes, violence envers les homosexuels, refus d'accorder les mêmes droits à ceux qui n'ont pas la même religion… On dériverait alors vers des sociétés claniques, non démocratiques, marquées par une embolie intellectuelle.

"Les autorités ne doivent pas sous-traiter la politique de la jeunesse"

Mais comment s'adresser aux populations victimes de l'emprise islamiste ?

Il faut commencer par remettre à leur place ceux qui les infusent, en disant aux salafistes qu'ils n'ont pas de place dans cette République. Il faut leur retirer les outils de la puissance : la possibilité d'accueillir des enfants, de donner des cours, d'organiser des rassemblements, de devenir des interlocuteurs de la mairie… Ensuite, un territoire perdu, c'est souvent un territoire abandonné. Les autorités ne doivent pas sous-traiter la politique de la jeunesse, mais s'en occuper elles-mêmes, en y mettant le prix. Aujourd'hui, on fait la promotion du service civique pour tenter de remettre la jeunesse dans une perspective citoyenne, mais on s'aperçoit que l'un de ses opérateurs principaux est la Ligue de l'enseignement, qui a fêté son 150e anniversaire avec l'European Muslim Network, le lobby de Tariq Ramadan… La Ligue des droits de l'homme (LDH) aussi sert de caution de moralité à ces gens, qui ne se trompent pas sur les lieux qu'ils infiltrent.

Aujourd'hui, les lanceurs d'alerte comme vous semblent mieux écoutés…

Oui, quelque chose est en train de changer. On l'a vu le 11 janvier 2015 : on s'est rendu compte qu'il y avait un peuple, que ce peuple avait une conscience du monde commun dans lequel il veut vivre et qu'il était prêt à se lever pour le défendre. Mais les politiques ne veulent pas voir ce changement, par peur d'une remise en cause des rentes de situation dans lesquelles ils se complaisent.

"Il y a un vrai courage chez Manuel Valls"

Mais quelqu'un comme Manuel Valls n'hésite pas à donner de la voix. Il s'est encore alarmé récemment de la progression d'une "minorité agissante" salafiste…

Je trouve effectivement qu'il y a un vrai courage chez Manuel Valls. Mais quand il sort du bois contre Jean-Louis Bianco pour défendre Elisabeth Badinter (dans la polémique qui a agité l'Observatoire de la laïcité en janvier, NDLR), il se fait humilier par le président de la République qui veut sauver un copain de 30 ans. L'autre problème, c'est que quand Valls parle de ces sujets-là, le gouvernement baisse les yeux et le PS lui tire dessus à boulets rouges.

Il ne faut pas se leurrer : aujourd'hui, le voile n'est pas une pièce vestimentaire, c'est une forme de revendication politique.Quand Valls estime qu'il faudrait interdire le voile à l'université, vous êtes d'accord avec lui ?

Oui, car le voile dont on parle n'est plus un petit foulard flottant sur des cheveux dénoués. C'est un uniforme total, un linceul. Il ne faut pas se leurrer : aujourd'hui, le voile n'est pas une pièce vestimentaire, c'est une forme de revendication politique. Il dit que des femmes qu'elles sont impures, qu'elles sont des sexes ambulants et qu'elles doivent cacher cela. Il dit surtout qu'elles sont inférieures à l'homme. Et si on introduit l'inégalité en raison du sexe, pourquoi ne pas l'introduire à raison de la couleur de peau ou de la conviction religieuse ?

Alain Juppé m'a particulièrement déçue lorsqu'il a justifié l'autorisation du voile en parlant de sa mère qui portait un foulard à l'église. J'ai envie de lui dire : tu sais Alain, ta mère qui portait un foulard, elle n'emmerdait pas les autres femmes pour qu'elles le portent. Et elle n'avait pas le droit d'avoir un compte en banque ou de travailler sans l'autorisation de son mari, elle n'avait pas la maîtrise de son corps… 70 ans ont passé, donc ne me renvoie pas à ces images-là. J'en ai marre de ces mâles politiques qui trouvent que rogner sur les droits des femmes, finalement, ce n'est pas un problème.

Comment expliquer le problème du Parti socialiste avec la laïcité ?

En un mot : électoralisme. Ce qui m'a fait partir, c'est le refus de clarification idéologique, l'ambiguïté cultivée à dessein et des désignations qui ne dépendent pas des qualités intellectuelles et morales, mais de la capacité à manipuler des paquets de voix. Je l'ai vu aux élections régionales : on invite des gens à devenir élus pour être le représentant de leur particularisme, et pas pour créer et faire vivre le monde commun.

"Le FN, comme les islamistes, pue la mort"

Vous parlez de "guerre des identitaires" entre les islamistes et le Front national. Que voulez-vous dire ?

Je perds souvent mes combats avec les gens qui me disent qu'ils vont voter FN en arguant que la seule qui est claire sur la laïcité, c'est Marine Le Pen. Déjà, quand vous écoutez ce que dit Marion Maréchal-Le Pen, vous réalisez que ce n'est pas exactement le même discours. Ensuite, le FN n'a pas plus de rapport à la vérité que les islamistes. Ce sont des tacticiens purs. Ils voient que la laïcité et la République sont des mots porteurs, donc ils les utilisent. Mais ce discours ne les engage à rien. Quelque part, ils sont aussi absolutistes dans l'identité que les islamistes. Le rêve de ces derniers est un monde immanent et figé. C'est pareil pour le FN, qui a une vision d'une France presque mythifiée, figée dans ses représentations. Pour moi, l'un comme l'autre pue la mort.

Selon vous, quel candidat à la présidentielle tient le discours le plus clair sur ces questions ?

2017 me désespère. Hollande ne devrait pas se représenter, Sarkozy non plus. Cela créerait un vrai appel d'air. Celui qui me semble le plus proche des idées pour lesquelles je me bats, c'est Bastien Faudot, le jeune candidat du Mouvement républicain et citoyen (MRC), que je vais bientôt rencontrer. Mais pour l'instant, soutenir un candidat n'est pas mon objet. Je veux redonner de la spiritualité en politique, l'envie aux gens de se lever et de se battre pour être co-créateurs de notre monde commun.

D'où viendra le déclic ?

Dans la population, on sent qu'il est là. Malheureusement, les politiques préfèrent tourner le dos par manque de courage. Je sais que le discours "tous pourris" est insupportable et violent pour des élus souvent dévoués. Mais le dévouement sans le courage, ce n'est pas suffisant. Ce ne serait pas grave si nous étions comme il y a 30 ans. Seulement, aujourd'hui, des gens meurent à cause de ça. Il faut arrêter de jouer.

>> Silence coupable, de Céline Pina, éditions Kero, 256 pages, 18,90 €.

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JTK

« L’État islamique est une entité éminemment postmoderne » - Propos recueillis par Anthony SAMRANI - L'Orient-Le Jour

« L'État islamique est une entité éminemment postmoderne » - Propos recueillis par Anthony SAMRANI - L'Orient-Le Jour
« L'État islamique est une entité éminemment postmoderne »










18/4/2016

L'Institut des sciences-politiques de l'Université Saint-Joseph a organisé, les 14 et 15 avril 2016, une conférence internationale sur le thème : « Repenser les relations internationales après les révolutions arabes ». Cet événement exceptionnel, regroupant une trentaine d'intervenants, a donné lieu à de multiples débats, d'une qualité assez remarquable, sur les questions de l'interventionnisme, de la guerre globale contre le terrorisme, de l'islamisme et des contre-révolutions arabes.

L'un des débats les plus intéressants s'est porté sur la question de l'identité de l'État islamique (EI), sur les raisons de son succès, les motivations des candidats au jihad et la meilleure façon de combattre cette organisation terroriste. Pour rendre compte de ce débat, L'Orient-Le Jour a rencontré Mohammad-Mahmoud Ould Mohamedou et Olivier Roy. Le premier est directeur adjoint et doyen académique du Centre de politique de sécurité de Genève (GCSP) et professeur à l'Institut des hautes études internationales et du développement à Genève et à Sciences-Po Paris. Le second est professeur à l'Institut européen universitaire de Florence et directeur du programme Religio West. Au lendemain des attentats du 13 novembre, M. Roy a défendu, dans les colonnes du journal Le Monde, l'idée que ces événements étaient la conséquence d'une « islamisation de la radicalité », reprenant ainsi l'expression de l'anthropologue Alain Bertho. Cela lui a valu de nombreuses critiques de la part de ses collègues, à l'instar de Gilles Kepel, qui défend pour sa part l'idée que l'engagement jihadiste est une conséquence de la radicalisation de l'islam.
Estimant que ce débat est limité face à la la montée en puissance de l'État islamique, M. Ould Mohamedou appelle à une analyse plurielle prenant en compte le principe de subsidiarité.
Première partie aujourd'hui de ce débat, brûlant d'actualité, avec l'interview de M. Ould Mohamedou.

Dans quelle mesure l'État islamique s'inscrit-il dans une logique de continuité par rapport à el-Qaëda ?

Le monde se réveille, les médias s'intéressent et les experts se redéploient, lorsque Mossoul tombe en juin 2014 et que, tout d'un coup, on découvre l'acronyme « Isis/EI ». Dès lors, on oublie el-Qaëda et on décrète que cette organisation, qu'on a étudiée pendant 15 ans, est derechef passée de mode. Mais « passée de mode » ne veut rien dire fondamentalement, puisque précisément la violence enfantée par el-Qaëda a été remise à jour et transcendée par l'EI. L'EI a certes donné un coup de vieux à el-Qaëda. Mais l'EI s'inscrit d'abord dans une logique de continuité au niveau de l'inspiration et non au niveau de son mode opératoire, par rapport à el-Qaëda. De nombreuses vidéos de l'EI rendent hommage à Ben Laden et Zarkaoui (Abou Moussab el-Zarkaoui était responsable de la branche d'el-Qaëda en Irak) qui représentent la double matrice du mouvement. Ben Laden est la figure référentielle aux niveaux philosophique, politique et religieux. Zarkaoui est la figure référentielle au niveau du mode opératoire, de la violence, de la militarisation. Mais c'est également lui, le Jordanien, qui a contribué à faire de l'Irak une place centrale pour el-Qaëda.


(Lire aussi : La stabilité plutôt que la démocratie pour les jeunes Arabes)


Mais, dans le même temps, l'État islamique critique l'actuel leader d'el-Qaëda, Ayman el-Zawahiri...

Dès le départ, on savait que Zawahiri n'allait pas être à la hauteur. C'est un fin stratège et c'était la matière grise d'el-Qaëda pendant longtemps, mais il ne pouvait pas porter le costume de Ben Laden. Ben Laden est parti dans une logique de « che guévarisation », qui fait de lui une figure quasiment impossible à remplacer. De ce fait, sa mort a été aussi une respiration pour ses seconds (les middle managers d'AQ), car cela leur a permis de prendre de l'ampleur. Ils ont pu se concentrer davantage sur le développement de l'organisation au niveau local. Ben Laden avait d'ailleurs déjà donné cette impulsion avant sa mort. Ce qui est révolutionnaire parce que, en général, les leaders terroristes veulent tout accaparer, puisqu'ils ont une espèce d'« ego trip » au sein de leur organisation. Ben Laden, au contraire, a préparé le terrain à ses seconds. Ceci a installé le mouvement « Aqisis » dans la continuité, et c'est ce biais qui n'est pas compris lorsque l'on reste rivés, dans une logique d'actualité, sur la compétition entre Baghdadi et Zawahiri. Ce qui importe, c'est la présence continue depuis 1989 – soit depuis 27 ans – de ce mouvement transnational, el-Qaëda, franchises Aqmi, Aqpa, etc., EI et le Front al-Nosra.

Ce que vous décrivez, c'est la logique d'une multinationale ?

Exactement, et c'est pour cela que le point essentiel, et j'insiste là-dessus, c'est qu'el-Qaëda est davantage l'enfant de la mondialisation que celui de l'islamisme politique. Les lectures théologiques et théologisantes de l'EI manquent de lire l'essentiel : la nature innovante de ce mouvement est son hybridité par rapport à notre époque bien plus que par rapport aux trajectoires de l'islamisme depuis la fin du XXIe siècle. L'EI est un animal politique, une entité militaire, une organisation non étatique qui a des velléités de pouvoir qu'il faut lire à ce niveau-là. Leur phrasé religieux, leur religiosité proclamée ne sont que ceci. C'est une théâtralisation de la religion, de l'islam en l'occurrence. Oui, leur idéologie est un islamisme radical extrémiste, mais cette idéologie est cliniquement secondaire par rapport à leur mode opératoire mondialisé et moderne. En soi, le premier élément ne nous permet pas d'aller plus loin dans notre compréhension du groupe. Le second révèle des patterns nouveaux.

Les jeunes qui rejoignent l'EI ne le font-ils pas pour des motifs religieux ?

Que les jeunes qui rejoignent l'organisation soient religieux ou pas est secondaire. Certains le sont peut-être, d'autres sûrement, les uns en apparence et d'autres ne le sont pas du tout. D'autres encore viennent à la religion sur le tard, comme le phénomène des « new born Christian », et d'autres sont des convertis zélés. Le religieux est là, il est au centre, puisque c'est de l'idéologie dont il s'agit, mais il n'est que le paravent d'une logique qui est beaucoup plus complexe et historiquement nouvelle.

Comment définir l'identité de l'organisation État islamique ?

Il faudrait étudier plusieurs paliers pour parvenir à définir l'identité de l'État islamique. En faisant cela, on aboutira, et c'est toute la complexité de l'État islamique, à une entité hybride qui possède plusieurs filiations. La première est liée aux conséquences de l'invasion de l'Irak en 2003. Et là, il est indéniable que c'est l'interventionnisme américain qui a créé un terreau favorable au développement d'el-Qaëda en Irak, la première version de l'EI en 2004. Le deuxième palier, c'est la filiation avec la crise syrienne en 2011. Dans ces deux premiers éléments, il y a très peu de religieux. L'un est une invasion, une rébellion, une insurrection. L'autre est une guerre civile qui dégénère et dont certains acteurs prennent le paravent de l'islamisme militarisé. Ce qui n'est pas étonnant puisque ce sont souvent les mieux organisés.
La troisième filiation est le résultat d'une continuité/mutation d'el-Qaëda. Cette dernière prônait un projet transnational, politique, militaire, et un déplacement du combat vers les capitales étrangères. Donc, il n'est pas étonnant que, tôt ou tard, l'EI se retrouve à continuer à vouloir frapper les capitales occidentales comme le faisait sa matrice dix ans plus tôt. Les attentats de Paris et de Bruxelles font écho à ceux qui avaient frappé, 10 ans auparavant, Madrid et Londres. Cela fait partie de l'imaginaire de l'action politico-militaro-religieuse de ce groupe-là. On ne l'a pas assez souligné.
Enfin, on peut et on doit rajouter qu'il y a un palier religieux, même s'il est secondaire, comme on l'a dit. En l'espèce, c'est l'instrumentalisation du religieux. C'est l'intolérance qui vient se greffer sur un terreau social avec toute la radicalisation des extrémismes religieux. Cet élément existe, mais il ne faut pas pour autant, comme le font beaucoup d'analystes en Orient ou en Occident, prendre pour argent comptant le discours religieux de ces groupes. C'est réductionniste et peu analytique. Ce n'est pas parce que les membres d'el-Qaëda au Maghreb islamique disent qu'ils font cela au nom de la religion qu'il faut fermer les yeux sur leurs criminalités « gangstéro-narco-trafiquantes » au Sahel, au Levant, en Somalie, etc. Il faut faire la part des choses dans cet élément religieux par rapport aux dires du groupe et à sa réalité.

Est-ce qu'on peut ajouter un cinquième palier, à savoir l'affrontement entre les deux théocraties du Golfe, l'Arabie saoudite et l'Iran, qui a exacerbé les tensions entre les communautés sunnite et chiite ?

Bien entendu, c'est le cinquième palier. Autour de l'EI vient se greffer une géopolitique qui prend la forme d'une guerre par procuration qui se joue en Syrie, en Irak, au Yémen, et dans laquelle l'EI s'invite. L'EI a par exemple ciblé une mosquée chiite en avril 2015 au Yémen, au tout début de la seconde crise, afin d'affirmer sa présence dans ce pays. Ils attaquent régulièrement les Saoudiens et combattent au quotidien les Iraniens en Irak et en Syrie. Cette dimension géopolitique est presque revendiquée par l'EI. Les agents de l'EI décrivent leurs victimes dans des termes qui font référence à l'histoire, comme les Safavides (pour parler des Iraniens) ou les croisés (pour parler des Occidentaux). C'est une logique de géopolitique civilisationnelle qui instrumentalise et met en scène le religieux.

(Lire aussi : En Irak, des Français entraînent les forces spéciales contre l'EI)


Des références historiques passées, traduites dans un langage moderne...

C'est la caractéristique principale qui regroupe tout ce qu'est l'EI : c'est son côté postmoderne. Le cœur de la question, c'est que l'EI est une entité éminemment postmoderne. Elle a toutes les caractéristiques de la modernité : dans la communication, dans l'efficacité, dans l'immédiateté... Mais elle est, elle-même, le produit d'une évolution de la modernité vers une multiplicité d'identités.
Aujourd'hui, la postmodernité donne la possibilité d'avoir un référentiel multiple au double niveau culturel et religieux. Beaucoup d'experts se demandent comment ils peuvent adopter la technologie et en même temps tenir un discours qui glorifie le passé, mais c'est un faux débat. Le profil de l'ingénieur, du terroriste porté sur la technologie a toujours été présent dans la grande cosmologie terroriste. Ils instrumentalisent une modernité vers un projet alternatif qu'ils poursuivent par une violence radicale, c'est aussi simple que cela.

Est-ce qu'il est possible d'identifier un profil type de terroriste ?

Le profil unique du terroriste n'existe pas. Cela peut être n'importe qui. À quoi cela sert-il d'essayer d'identifier un portrait unique de terroriste puisqu'on sait, par définition, que le terrorisme se décline de manière plurielle. On cherche la clé simple, simpliste, pour comprendre l'esprit du terrorisme, mais l'histoire a montré que cette logique est vouée à l'échec. Le terrorisme est un mode opératoire, c'est un moyen pour arriver à une fin. Donc, n'importe quel profil peut se prêter à cela. Certains plus que d'autres : ceux qui sont rejetés, ceux qui sont aliénés, ceux qui s'auto-excluent, ceux qui se radicalisent eux-mêmes et on peut faire la liste. Par contre, dresser une liste qui aboutirait à identifier un jeune musulman arabe, d'une banlieue française ou européenne, rejeté par la société comme le profil d'un candidat au terrorisme, c'est faire fausse route. Et, surtout, c'est discriminatoire.


Le seul point commun entre les différents profils, c'est leur âge...

La jeunesse est une caractéristique du terrorisme, elle l'a toujours été depuis les nihilistes russes jusqu'aux jeunes des années 1970 jusqu'à Anders Breivik ou les frères Tsarnaev. Elle a une disposition générationnelle à la fougue, l'action. Et puis ces jeunes n'ont pas une expérience suffisante pour rationaliser et contextualiser une idéologie. Ils y voient une ferveur qui peut porter à l'action extrémiste.

Est-ce que l'EI vient remplir un vide, aux niveaux politique, idéologique et religieux? Est-ce que l'engagement des jeunes dans les rangs de l'EI peut être compris comme une quête de sens ?

La quête sur laquelle sont axés ces jeunes peut rapidement trouver n'importe quelle substitution, et cette substitution peut être effectivement offerte par tel groupe extrémiste ou tel autre, qui offre un récit, qui peut avoir un écho dans des faits d'action politiques ou militaires.
Ce qui amène surtout l'influence, c'est le fait que l'EI a très bien compris que, pour capter ces jeunes, il faut une efficacité communicationnelle. Il a mis en place une architecture de la communication qui est tout simplement révolutionnaire. On attendait pendant six mois les cassettes de Ben Laden alors que maintenant l'EI diffuse des messages ultraprofessionnels tous les 4/5 jours. Ces vidéos sont mises en scène de façon hollywoodienne, ce qui, à nouveau, prouve que le postmodernisme est dans l'ADN de ce groupe. L'EI s'adresse aux jeunes en parlant leur langage, qui est celui de la vidéo, des jeux vidéo, du montage MTV, etc.
Cette violence aberrante, complètement mise en scène, peut parler à une jeunesse en quête de repères et de sens.

Comment l'organisation va-t-elle être amenée à évoluer, selon vous ?

Pour l'heure, l'EI a réussi à faire ce qu'il a fait parce qu'il a joué sur plusieurs tableaux. El-Qaëda, même s'il a réalisé une révolution importante, a joué sur un créneau essentiel : la planétarisation, le transnationalisme militarisé, avec les grandes villes occidentales comme cibles. Baghdadi a eu une autre approche. Il a développé son organisation en Irak, puis au niveau régional et enfin au niveau international.

L'internationalisation était-elle pensée dès le départ ?

Je crois que cela a commencé à être paramétré suite au conflit syrien. Si on réfléchit en termes de sciences politiques et d'histoire, il y a une période de flottement après la mort de Ben Laden et avant le dérapage de la crise syrienne. Dans ce moment de flottement, Baghdadi a pu se dire que ce qui se passait en Syrie était l'occasion pour lui d'étendre son influence, par rapport à son organisation – dont il était le chef depuis 2010 –, mais aussi de faire concurrence à Zawahiri. Et c'est pour cela que Zawahiri est piqué au vif. Il y a des histoires d'ego qui sont visibles là. Baghdadi a pris son indépendance par rapport à Zawahiri.
L'internationalisation vient plus tard avec les attentats en Tunisie, au Yémen, en Arabie saoudite. Mais l'entrée absolue dans l'internationalisation n'arrive qu'à partir de septembre dernier avec l'attentat qui a frappé l'avion russe, puis les attentats de Paris et de Bruxelles. Les trois paliers, local, régional et international, sont désormais visibles. L'EI va-t-il continuer à les jouer sur le même registre ou va-t-il y avoir une modulation ? On est, à mon avis, à la croisée des chemins.
Les six prochains mois vont être très importants. Pas dans cette logique de narratif de reconquête, comme le disent les autorités syriennes et irakiennes, mais par rapport à l'évolution interne de l'État islamique. Ce dernier s'est inscrit dans la durée. Il est dans la logique d'une construction d'État. Il publie des ouvrages, il y a des vidéos qui parlent d'éducation, on parle de génération, on invite les gens à une immigration. Tout cela est nouveau par rapport à el-Qaëda. Mais comment réagira l'organisation en cas de revers militaire conséquent, c'est-à-dire si elle devait perdre Raqqa et/ou Mossoul ? On ne le sait pas encore.

(Lire aussi : Daraya la martyre verra-t-elle enfin la fin du tunnel ?)

Vous avez critiqué à plusieurs reprises les effets désastreux de l'interventionnisme militaire. Comment combattre alors, au-delà du militaire, cette organisation hybride, qui ressemble à un proto-État et qui développe des ramifications sur plusieurs continents ?

Il n'y a pas de réponse au singulier, comme il n'y a pas de définition du terroriste au singulier. Une telle réponse pour une organisation aussi complexe ferait forcément fausse route. Il faut séparer le problème de l'EI en Irak, qui doit être résolu dans le cadre du conflit irakien qui se joue depuis maintenant 10 ans, pour permettre l'obsolescence de cette organisation sur le terreau irakien. Il faut diminuer les raisons de la violence sociétale, trouver des solutions pérennes, pas seulement d'union nationale mais une véritable solution à l'injustice qui a prévalu au lendemain de la chute du système baassiste pour faire en sorte que la radicalisation au sein de la société irakienne n'ait plus lieu d'être. Mossoul, la deuxième ville d'Irak, a tout de même accueilli les jihadistes en libérateurs en juin 2014.
En Syrie, de la même manière, la quête de l'obsolescence, c'est la résolution pacifique de la révolution qui a été entamée au nom de la démocratie, des droits de l'homme, et qui a été rejetée par Bachar el-Assad. Une solution ferait en sorte que le Syrien moyen ne trouve aucune utilité à la présence d'une organisation aussi radicale. Enfin, la question des jeunes Occidentaux qui rejoignent la Syrie et l'Irak (80 pays sont touchés par ce phénomène) doit se résoudre dans le contexte de ces pays-là. Il faut apporter une réponse sociétale, politique, une réponse d'intelligence face à ce défi d'époque.

Et de l'humilité ?

Tout bon décideur fait un pas en arrière, évalue, regarde, cherche à élever le débat. Comment le débat est-il tombé si bas aux États-Unis au point qu'un candidat à la présidence (Donald Trump) en vienne à vouloir interdire l'accès à son pays à tous les musulmans, à savoir 1,5 milliard d'individus. Et tout cela est digéré tout de go par les médias, et donc par nos sociétés. Personne ne dit « stop ». Il y a une forme de normalisation, d'abrutissement général, et on se retrouve dans une espèce de fascisation qui se joue au ralenti, comme le prédisait Norman Mailer en 2004.


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