jeudi 31 mars 2016

Syrie, Irak, Liban... Comment réinventer un nouveau Proche-Orient - Challenges.fr

Syrie, Irak, Liban... Comment réinventer un nouveau Proche-Orient - Challenges.fr

Syrie, Irak, Liban... Comment réinventer un nouveau Proche-Orient

Les précédents n'incitent guère à recommencer. Que ce soit à Vienne ou à Versailles, lorsque les diplomates se sont essayés à redessiner des frontières, ils n'ont fait que susciter de nouvelles guerres et révolutions.

On ne touche pas aux cartes sans danger. C'est si vrai que « l'intangibilité des frontières » était devenue, depuis 1945, un principe sacré du droit international auquel la décolonisation elle-même n'avait que rarement dérogé mais le fait est, en même temps, que c'est l'éclatement d'Etats reconnus qui est au cœur des crises proche-orientales.

La Syrie, l'Irak et le Liban ne sont plus que des Etats fictifs, avec des représentants à l'ONU et des ambassades à travers le monde mais sans plus d'unité sur le terrain. Le Liban est si divisé entre ses sunnites, ses chiites et ses diverses communautés et partis chrétiens qu'il n'arrive même plus à s'élire un président. Il n'y a plus un mais trois Irak, celui des chiites majoritaires qui trustent les institutions nationales mais n'a pas plus de vraie prise sur celui des Kurdes, devenus indépendants de fait, que sur celui des sunnites, passés sous la coupe de Daech ou divisés en territoires tribaux.

Quant à la Syrie en guerre, théoriquement gouvernée par un président appartenant à la branche alaouite du chiisme, elle n'est plus qu'une mosaïque de fiefs sunnites, kurdes et chiites qui sont tous contrôlés par leurs propres armées - celles du pouvoir, de Daech, des Kurdes et des si nombreuses composantes de la majorité sunnite insurgée.

Ces Etats ont, en un mot, vécu

Dessinés sur les décombres de l'Empire ottoman par la Grande-Bretagne et la France qui s'étaient partagées le Proche-Orient à l'issue de la Première Guerre mondiale, rien ne les ressuscitera plus car leurs communautés ne veulent plus coexister et ne l'avaient, en réalité, jamais souhaité. L'Irak et la Syrie n'avaient tenu que sous la férule des puissances coloniales puis d'impitoyables dictatures. Le Liban n'était resté uni, jusqu'à la moitié des années 70, qu'en vertu de l'alliance des sunnites et des chrétiens maronites aujourd'hui rendue vaine par l'émergence des chiites et le soutien militaire que leur apporte l'Iran.

Ces éclatements sont d'autant plus irréversibles que l'Iran chiite et l'Arabie sunnite se disputent une prééminence dans ces trois Etats au nom de la défense de leurs coreligionnaires et, avant tout, de leurs intérêts de puissances régionales.

Non seulement les frontières du Liban, de l'Irak et de la Syrie sont d'ores et déjà effacées mais le Proche-Orient ne trouvera de paix durable que le jour où ses communautés ethniques et religieuses auront les moyens de se gouverner par elles-mêmes dans la définition d'un équilibre régional entre Riyad et Téhéran.

Cela ne se fera pas de sitôt. La tâche est au moins difficile mais, pour peu qu'on y mette de la créativité et s'inspire des idées en germe en Syrie, elle n'est pas impossible.

Trouver une forme juridique à un nouveau Proche-Orient

Avec l'épuisement du pouvoir et de l'insurrection, le recul de Daech et la volonté commune des Américains et des Russes d'imposer un règlement, non seulement l'espoir d'un compromis syrien s'affirme mais ses grandes lignes s'esquissent. L'idée serait à la fois de constituer un gouvernement de transition avec des hommes du régime et de l'opposition, de lui confier tous les pouvoirs, y compris militaires, qui sont jusqu'à présent dévolus à Bachar al-Assad et de faire de la Syrie un Etat confédéral dans lequel chacune des communautés disposerait de la plus large autonomie au sein de ses propres cantons.

Les frontières internationales de la Syrie ne seraient ainsi pas modifiées. La Syrie se survivrait à elle-même mais uniquement comme cadre internationalement reconnu d'un Commonwealth de länder, cantons, généralités ou Etats bénéficiant de leurs propres institutions.

C'est déjà le cas du Kurdistan irakien. Les Kurdes de Syrie viennent de faire un pas dans cette direction en proclamant une « fédération » de leurs régions. Le sud et le nord du Liban sont déjà des territoires respectivement chiite et sunnite dont les liens avec Beyrouth sont devenus très relatifs. Politique et militaire, la réalité des faits a déjà inventé un nouveau Proche-Orient auquel il s'agit désormais de donner une forme juridique.

Il faut, pour cela, commencer par la Syrie ; la stabiliser dans sa nouvelle forme ; la démilitariser progressivement ; proclamer, parallèlement, sa neutralité pour la mettre à l'abri de la rivalité irano-saoudienne et étendre, ensuite, ce modèle à l'Irak et au Liban, neutralité comprise.

Contrairement aux précédents de Vienne et de Versailles, cette nouvelle carte régionale aurait des chances de ne pas être éphémère car elle n'impliquerait pas de modifications des frontières internationales et répondrait, elle, aux vœux profonds des peuples concernés qui l'ont déjà esquissée par la guerre.

Ce n'est alors pas seulement un nouvel Irak, une nouvelle Syrie et un nouveau Liban qui verraient le jour. C'est aussi un nouveau Proche-Orient dans lequel ces Etats neutres et confédéraux seraient géographiquement encadrés par quatre Etats à l'histoire longue, l'Egypte, l'Arabie saoudite, la Turquie et l'Iran.



JTK

En Ecosse, un musulman assassiné après avoir souhaité « joyeuses Pâques » aux chrétiens

En Ecosse, un musulman assassiné après avoir souhaité « joyeuses Pâques » aux chrétiens

Le Monde.fr |  • Mis à jour le  |Par 
Une cérémonie de recueillement, samedi 26 mars 2016, devant la boutique où travaillait Asad Shah à Glasgow.

Quelques heures avant d’être assassiné, jeudi 24 mars au soir, Asad Shah, 40 ans, un petit commerçant pakistanais de Glasgow, avait tenu à souhaiter de bonnes fêtes de Pâques aux chrétiens. « Bon vendredi [saint] et très joyeuses Pâques à mon pays chrétien bien-aimé ! », avait-il chaleureusement lancé surFacebook. Poignardé en pleine rue, l’épicier-marchand de journaux a été rapidement transporté à l’hôpital, mais il n’a pas survécu à ses blessures.

La profonde émotion qui s’est emparée du quartier de Shawlands, au sud de la métropole écossaise où il vivait, s’est teintée de vive inquiétude lorsque la police a affirmé qu’elle considérait les faits comme « liés à des préjugés religieux ».L’enquête a abouti à l’arrestation d’un homme de 32 ans, Tanveer Ahmed, originaire de Bradford (nord de l’Angleterre) que les autorités ont qualifié, comme la victime, de « musulman », et qui doit comparaître le 5 avril devant un tribunal.
Si la police écossaise ne fait état d’aucun mobile précis, le lien entre le message d’amitié aux chrétiens et le meurtre est dans tous les esprits. Car Asad Shah n’était pas un musulman ordinaire : il était membre de la minorité ahmadie, qui professe la tolérance religieuse, la réforme de l’islam, et voue un culte particulier à Jésus.

Appels au meurtre des ahmadis

Selon le quotidien écossais Daily Record, les précédents messages vidéos de paix postés en ligne par l’épicier avaient été détournés et rediffusés en novembre 2014 sous le titre « Asad Shah, faux prophète » par un groupe de musulmans militant précisément contre l’ahmadisme. Des messages se réjouissant de la mort du commerçant ont d’ailleurs été postés sur la page Facebook de la Khatme Nubuwhat Academy, un mouvement dont l’objet est la dénonciation des ahmadis comme « apostats » et « infidèles ». Plusieurs médiasbritanniques ont rapporté dans le passé que cette association, basée à Londres, avait diffusé des brochures appelant au meurtre de ces derniers.
Présente surtout au Pakistan, en Inde et au Nigeria, la secte des ahmadis est un mouvement réformiste musulman dont le fondateur, Mirza Ghulam Ahmad, qui vivait à la fin du XIXe siècle au Penjab, se présente comme un prophète chargé par Allah de restaurer l’islam dans sa pureté et de faire cesser toute guerre de religion. Cette croyance en un nouveau prophète les fait considérer comme des hérétiques par les musulmans orthodoxes, qui les persécutent dans plusieurs pays. Le siège de la secte se trouve à Londres depuis que ses responsables ont été expulsés du Pakistan en 1984, lorsqu’une loi a interdit aux ahmadis de sedénommer « musulmans ».
A Glasgow, Asad Shah était membre actif de ce mouvement, dont quelque 500 musulmans se réclament en Ecosse. Sur une vidéo qu’il avait lui-même diffusée, on voit le commerçant barbu, coiffé d’un calot grenat, prier pour « l’humanité entière », devant les rayonnages de médicaments de son magasin. « Suivons le vrai chemin du bien-aimé Jésus-Christ et parvenons au succès dans les deux mondes », enjoignait son ultime message pascal.

« Comportement criminel odieux et inacceptable »

Des gerbes de fleurs et des bougies parsèment désormais la scène du crime, tandis que les responsables musulmans de Glasgow ont appelé au calme et à la solidarité. « Ce type de comportement criminel est odieux et inacceptable », ont condamné les responsables de la mosquée centrale de Glasgow. « Il n’y a pas de « si » ou de « mais », ne vivons pas dans le déni. Le cancer du sectarisme doitêtre éradiqué partout, y compris chez les musulmans », a déclaré Humza Yousaf, ministre de l’Europe de l’exécutif d’Edimbourg, qui est présenté comme « le seul ministre musulman » du gouvernement écossais.

Asad Shah avait immigré du Pakistan dans les années 1990, mais il semble que, comme bien des musulmans, il se considérait comme écossais. Pour sa page d’accueil sur Facebook, il avait choisi un panneau routier bleu et blanc – les couleurs de la province – souhaitant
 « bienvenue en Ecosse ».Nicola Sturgeon, la première ministre d’Ecosse, a assisté à l’une des veillées funèbres organisées à Glasgow conjointement par des musulmans et des chrétiens qui se définissent sur Twitter sous le mot-clé #thisisnotwhoweare (« ce n’est pas ce que nous sommes »). Plus de 400 personnes y ont assisté vendredi soir. La popularité du commerçant, unanimement décrit comme serviable et pacifique, s’est aussi manifestée par une collecte sur Internet qui, mercredi 30 mars, avait rapporté 102 000 livres sterling (129 000 euros). L’un des contributeurs déplore l’« ironie de cette tragédie », « la mort d’un homme qui aimait tout le monde au-delà de la religion et qui semble avoir été assassiné à cause d’elle ».

http://www.lemonde.fr/europe/article/2016/03/30/asad-shah-musulman-ecossais-pacifiste-assassine-en-ecosse_4892446_3214.html#xtor=RSS-3208

mercredi 30 mars 2016

Une minorité chrétienne au Pakistan discriminée et violentée

http://www.la-croix.com/Religion/Monde/Une-minorite-chretienne-au-Pakistan-discriminee-et-violentee-2016-03-28-1200749544?&PMID=197ec60227781c490e5f147c1975ad4f


Une minorité chrétienne au Pakistan discriminée et violentée


Fwd: [29/03/16] La prière à Jésus miséricordieux change la vie



JTK

Début du message transféré :

Expéditeur: ZENIT <info@zenit.org>
Date: 29 mars 2016 23:04:45 UTC+3
Destinataire: joseph khoreich <uciplb@yahoo.fr>
Objet: [29/03/16] La prière à Jésus miséricordieux change la vie
Répondre à: ZENIT <info@zenit.org>

La justice de Dieu est miséricorde, tweet

Marina Droujinina  |  29/03/16
Bénédiction urbi et orbi, Pâques 2016 (3)

La puissance de Dieu est amour et sa justice est miséricorde, dit le pape François dans un tweet posté sur son compte @Pontifex_fr ce mardi 29 mars, alors que l'Eglise s'apprête à célébrer le Dimanche de la Miséricorde, en l'Année sainte de la Miséricorde, dimanche prochain, 3 avril.

Le pape a écrit : « Jésus nous montre que la puissance de Dieu n'est pas destruction, mais amour ; la justice de Dieu n'est pas vengeance, mais miséricorde. »

Le pape condamne la destruction et la vengeance qui ne sont pas les œuvres de Dieu. Il publie ce message après un attentat sanglant à Lahore, au Pakistan, le dimanche de Pâques, qui a fait au moins 72 morts – dont une trentaine d'enfants – et 340 blessés.

Le pape continue à appeler à la paix et à la coexistence pacifique et à opposer « les armes de l'amour » au « terrorisme, forme aveugle et atroce de violence », comme il a dit lors de la bénédiction pascale urbi et orbi le 27 mars 2016.

« Que le Seigneur Jésus, notre Paix, qui par sa résurrection a vaincu le mal et le péché, stimule en cette fête de Pâques notre proximité avec les victimes du terrorisme, forme aveugle et atroce de violence qui ne cesse pas de répandre le sang innocent en diverses parties du monde », a déclaré le pape François.

Il a cité « les récents attentats en Belgique, en Turquie, au Nigeria, au Tchad, au Cameroun et en Côte d'Ivoire ».

Vendredi saint, le pape avait condamné la « violence sans précédent » des terroristes islamistes qui « profanent le nom de Dieu » en tentant de justifier leurs actes par la religion.

lundi 28 mars 2016

Pakistan: des chrétiens frappés par la violence fanatique, par le P. Lombardi



Expéditeur: ZENIT <info@zenit.org>
Date: 28 mars 2016 20:50:52 UTC+3

Pakistan: des chrétiens frappés par la violence fanatique, par le P. Lombardi

Anita Bourdin  |  28/03/16
P. Federico Lombardi SJ, Zenit SM

« L'horrible massacre de dizaines d'innocents dans un parc de Lahore jette une ombre de tristesse et d'angoisse sur la fête de la Pâque », déclare le porte-parole du Saint-Siège, le P. Federico Lombardi, SJ qui déplore que les chrétiens soient une nouvelle fois la cible d'une « violence fanatique ».

Un attentat à la bombe a visé des chrétiens qui fêtaient Pâques, dimanche, 27 mars, dans un parking, près du parc Gulshan-e-Iqbal, proche du centre de Lahore.  Il a fait, selon un bilan provisoire, 72 morts et 340 blessés. Un deuil de trois jours a été décrété dans cette province du Pendjab.

« Une fois de plus la haine homicide frappé lâchement les personnes les plus sans défense », déplore le P. Lombardi.

« Ensemble avec le pape, qui a été informé, dit la note du Saint-Siège, nous prions pour les victimes, nous sommes proches des blessés, des familles touchées, de leur immense douleur, des membres des minorités chrétiennes touchées une nouvelle fois par la violence fanatique, et de tout le peuple du Pakistan qui est blessé. »

« Comme le pape l'a affirmé hier matin, malgré la poursuite de ces horribles manifestations de haine, le Seigneur crucifié et ressuscité pour nous continue de nous donner le courage et l'espérance nécessaires pour construire des voies de compassion, de solidarité avec les souffrants, de dialogue, de justice, de réconciliation et de paix », ajoute le P. Lombardi

Après les attentats, « résister à la tentation de la simplification » par Tarek Oubrou

Après les attentats, « résister à la tentation de la simplification » par Tarek Oubrou

Le Monde.fr |  • Mis à jour le  | Propos recueillis par 

En ces temps de terrorisme, qu’évoque, pour vous, le mot « résister » ?
Il faut d’abord résister, en tant que citoyen, à cette émotion négative qu’est la peur : le terrorisme cherche à semer l’effroi, le désordre et le chaos. Mais il faut aussi résister intellectuellement à la tentation de l’essentialisme ou de la simplification. Et là, je convoque un mot important en islam qui est le mot ijtihad. Ce terme est le superlatif du terme « djihad » – il comprend d’ailleurs la même racine – et il désigne un effort intellectuel, mené jusqu’à l’épuisement, afin de comprendre les choses. C’est le propre du théologien et de l’homme de spiritualité d’accomplir cet effort de recul, qui permet de se soustraire à la tyrannie émotionnelle de l’immédiateté, et donc de mieux voir et de mieux agir. L’ijtihad permet de ne pas subir l’orthodoxie de masse et la tyrannie communautariste, mais aussi de réagir avec un optimisme énergique.
La résistance intellectuelle, théologique, herméneutique est centrale. Il faut refuser de succomber à la paresse qui consiste à essentialiser les religionséviter la facilité de mettre tout le monde dans des cases, initier notre esprit à la complexité parce que le ­ « présentisme » est devenu le paradigme structurant de notre mentalité. Résister, c’est faire entrer de la nuance dans nos esprits. Restaurer la raison pour lutter contre les pensées inadéquates, incohérentes et simplistes. Chasser les préjugés et les idées toutes faites car ce sont des prisons mentales qui nous empêchent de comprendre la complexité des phénomènes.
Il ne suffit pas de prononcer les mots « djihad », « Coran » ou « califat » pour expliquer la violence : le terrorisme est le produit de notre postmodernité, caractérisée par la technique dans une main, et l’émotion dans l’autre. Le terrorisme consacre la défaite de la raison, mais, tout comme la douleur nous signale une pathologie physiologique, il nous informe sur un dysfonctionnement.
Quel est-il ?
Le dysfonctionnement que nous signale le terrorisme, c’est une lecture instrumentalisée du Coran. Le texte devient un prétexte qui est mis au service d’objectifs qui n’ont évidemment rien à voir avec la spiritualité musulmane. Il faut donc résister en diffusant une lecture de l’islam appropriée à notre monde, refuser l’importation d’une lecture religieuse médiévale qui était peut-être valable au Moyen Age mais qui ne l’est plus aujourd’hui. C’est le littéralisme qui aboutit à la violence terroriste.
Le califat, c’est un vocable médiéval qui a été sacralisé au fil de notre histoire, mais notre histoire, ce n’est pas notre code : en islam, l’histoire n’a ni un statut théologique ni un statut canonique. Il appartient donc aujourd’hui à chaque communauté musulmane d’inventer des formes de pratiques et d’intégration qui sont adaptées au monde dans lequel elle vit. Il faut donner une bonne lecture de l’islam à nos jeunes, pour qu’ils puissent vivre une spiritualité en phase avec leur époque. Il faut aussi résister par l’action, par une morale active. Partir de la spécificité musulmane pour faire de l’universel dans une société plurielle. Ma fonction, en tant que théologien et imam, c’est d’avoir une parole d’apaisement : je rappelle en cette occasion que le mot islam dérive du mot ­salam, qui veut dire « paix ».

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/idees/article/2016/03/25/tareq-oubrou-une-parole-d-apaisement_4890048_3232.html#kDOKWXWd0J0goKEF.99

jeudi 24 mars 2016

En guerre, oui ou non? | Le Journal de Montréal



Justin Trudeau refuse de dire que le Canada est en guerre contre les islamistes radicaux. Pour les empêcher de prétendre qu'ils forment de véritables armées qui respectent les lois de la guerre.

Si j'ai bien compris, le premier ministre refuse de déclarer la guerre aux terroristes islamistes parce qu'ils sont trop barbares pour être appelés soldats? Parce que nous ne voulons pas descendre à leur niveau pour les combattre?

La question se pose alors: «Jusqu'où sommes-nous prêts à aller pour anéantir la menace islamiste?»

Horreur de la violence

Au-delà même de la question des droits de l'Homme, le libéralisme occidental, bien installé sur son socle judéo-chrétien, nous interdit de répliquer avec toute la force de nos moyens à la violence islamiste. Mais quand frappe la terreur, on se surprend à rêver d'une morale moins contraignante qui permettrait à l'injonction biblique «œil pour œil, dent pour dent» de servir à nouveau de repère moral en cas de conflit.

Quelques heures après les attentats de Bruxelles, Donald Trump a répété qu'il fallait combattre les atrocités terroristes par la terreur. Mais on aura beau vouloir expulser, emprisonner, torturer ou tuer quiconque ressemble vaguement à l'image qu'on se fait d'un islamiste, cela n'arrivera pas.

« Les islamistes n'ont pas notre souci d'agir de manière éthique. Ils savent que notre civilisation n'est pas prête à faire ce qu'ils font, même pour les combattre » 

«Les islamistes n'ont pas notre souci d'agir de manière éthique. Ils savent que notre civilisation n'est pas prête à faire ce qu'ils font, même pour les combattre», me disait l'éthicien québécois de renommée internationale René Villemure.

Nous n'avons pas eu à discuter longtemps pour nous mettre d'accord sur l'importance d'appeler au moins les choses par leur nom. Obama et tous les autres se trompent quand ils condamnent le terrorisme. L'ennemi, c'est l'islamisme, l'islam politique. Le terrorisme, le moyen.

«Il faut commencer par savoir ce que nous voulons. Gérer le problème ou le régler? Il y a des cellules dormantes partout. Nous mesurons mal la menace».

«Nos dirigeants sont timorés», soupire-t-il, «alors que nous faisons face à un mouvement historique plus grand que la Deuxième Guerre mondiale».

Guerre contre criminalité

François Hollande affirme que la France est en guerre alors que le Canada, et la Belgique, utilisent des moyens policiers pour déjouer, et non pas détruire, un ennemi vu comme un criminel et non comme un combattant.

La Turquie avait informé la Belgique qu'Ibrahim El Bakraoui, un des kamikazes de Bruxelles, était possiblement un terroriste, mais les policiers belges n'avaient pas assez de preuves pour l'arrêter. Il a été relâché. Les règles de droit normales réduisent l'efficacité de l'État dans la traque aux terroristes.

Notre éthique nous interdit de bombarder intensivement des régions militarisées où vivent des civils. Si nous envoyons nos soldats au sol, certains reviendront dans des cercueils. Emprisonner les musulmans comme on l'a fait avec les Italiens et les Japonais pendant la Deuxième Guerre mondiale est impensable et illégal aujourd'hui.

Par contre, ne pas agir concrètement, ne pas tenir compte des craintes légitimes de la population, ne pas appeler un chat un chat, c'est ouvrir la porte à l'extrême droite qui se fiche bien des droits de l'homme, de l'éthique et des règles d'engagement. Exactement comme l'ennemi.

Au fond, les barbares n'attendent que le jour où nous deviendrons aussi barbares qu'eux.

Notre défi, c'est de les anéantir tout en protégeant les valeurs qui nous distinguent d'eux.



JTK