jeudi 24 mars 2016

En guerre, oui ou non? | Le Journal de Montréal



Justin Trudeau refuse de dire que le Canada est en guerre contre les islamistes radicaux. Pour les empêcher de prétendre qu'ils forment de véritables armées qui respectent les lois de la guerre.

Si j'ai bien compris, le premier ministre refuse de déclarer la guerre aux terroristes islamistes parce qu'ils sont trop barbares pour être appelés soldats? Parce que nous ne voulons pas descendre à leur niveau pour les combattre?

La question se pose alors: «Jusqu'où sommes-nous prêts à aller pour anéantir la menace islamiste?»

Horreur de la violence

Au-delà même de la question des droits de l'Homme, le libéralisme occidental, bien installé sur son socle judéo-chrétien, nous interdit de répliquer avec toute la force de nos moyens à la violence islamiste. Mais quand frappe la terreur, on se surprend à rêver d'une morale moins contraignante qui permettrait à l'injonction biblique «œil pour œil, dent pour dent» de servir à nouveau de repère moral en cas de conflit.

Quelques heures après les attentats de Bruxelles, Donald Trump a répété qu'il fallait combattre les atrocités terroristes par la terreur. Mais on aura beau vouloir expulser, emprisonner, torturer ou tuer quiconque ressemble vaguement à l'image qu'on se fait d'un islamiste, cela n'arrivera pas.

« Les islamistes n'ont pas notre souci d'agir de manière éthique. Ils savent que notre civilisation n'est pas prête à faire ce qu'ils font, même pour les combattre » 

«Les islamistes n'ont pas notre souci d'agir de manière éthique. Ils savent que notre civilisation n'est pas prête à faire ce qu'ils font, même pour les combattre», me disait l'éthicien québécois de renommée internationale René Villemure.

Nous n'avons pas eu à discuter longtemps pour nous mettre d'accord sur l'importance d'appeler au moins les choses par leur nom. Obama et tous les autres se trompent quand ils condamnent le terrorisme. L'ennemi, c'est l'islamisme, l'islam politique. Le terrorisme, le moyen.

«Il faut commencer par savoir ce que nous voulons. Gérer le problème ou le régler? Il y a des cellules dormantes partout. Nous mesurons mal la menace».

«Nos dirigeants sont timorés», soupire-t-il, «alors que nous faisons face à un mouvement historique plus grand que la Deuxième Guerre mondiale».

Guerre contre criminalité

François Hollande affirme que la France est en guerre alors que le Canada, et la Belgique, utilisent des moyens policiers pour déjouer, et non pas détruire, un ennemi vu comme un criminel et non comme un combattant.

La Turquie avait informé la Belgique qu'Ibrahim El Bakraoui, un des kamikazes de Bruxelles, était possiblement un terroriste, mais les policiers belges n'avaient pas assez de preuves pour l'arrêter. Il a été relâché. Les règles de droit normales réduisent l'efficacité de l'État dans la traque aux terroristes.

Notre éthique nous interdit de bombarder intensivement des régions militarisées où vivent des civils. Si nous envoyons nos soldats au sol, certains reviendront dans des cercueils. Emprisonner les musulmans comme on l'a fait avec les Italiens et les Japonais pendant la Deuxième Guerre mondiale est impensable et illégal aujourd'hui.

Par contre, ne pas agir concrètement, ne pas tenir compte des craintes légitimes de la population, ne pas appeler un chat un chat, c'est ouvrir la porte à l'extrême droite qui se fiche bien des droits de l'homme, de l'éthique et des règles d'engagement. Exactement comme l'ennemi.

Au fond, les barbares n'attendent que le jour où nous deviendrons aussi barbares qu'eux.

Notre défi, c'est de les anéantir tout en protégeant les valeurs qui nous distinguent d'eux.



JTK

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