jeudi 24 novembre 2016

Eric Zemmour: La France colonisée par l'Islam : Nous vivons plusieurs gu...

Condamner la violence est « notre responsabilité », affirme le pape aux responsables interreligieux

La Croix -Nicolas Senèze, à Rome, le 03/11/2016 à 12h33
Le pape François recevait jeudi 3 novembre au Vatican 200 responsables interreligieux, dont une délégation du Conseil français du culte musulman.
Le pape François a rappelé jeudi 3 novembre sa ferme opposition à ce que « le nom d’une religion ou de Dieu lui-même soit invoqué » pour justifier la violence.
« Que les religions, à cause du comportement de certains de leurs fidèles, ne transmettent plus un message faux, dissonant de celui de la miséricorde »,a insisté le pape devant environ 200 responsables de différentes religions réunis dans la Salle Clémentine du Vatican, dont une délégation du Conseil français du culte musulman (CFCM) conduite par son président Anouar Kbibech.
Ces responsables chrétiens, juifs, musulmans, bouddhistes ou hindouistes participent actuellement à un colloque interreligieux organisé à l’Université pontificale grégorienne dans le cadre de l’Année de la miséricorde.

« Que les religions soient “entrailles de vie” »

Dans son long discours, le pape a d’ailleurs rappelé que « le thème de la miséricorde est familier à beaucoup de traditions religieuses et culturelles où la compassion et la non-violence sont essentielles et rappellent le chemin de la vie ».
« Dans un monde troublé et avec peu de mémoire, qui file en en laissant beaucoup derrière lui sans s’apercevoir qu’ils errent le souffle coupé et sans but, nous avons aujourd’hui, comme l’oxygène, de cet amour gratuit qui renouvelle la vie, a souligné François. Il est très important que, face à la peur, aujourd’hui diffuse, qu’on ne puisse être pardonné, réhabilité et sauvé de sa fragilité. »
« Hélas, il ne se passe pas un jour sans qu’on entende parler de violences, de conflits, d’enlèvements, d’attaques terroristes, de victimes et de destructions. Et il est terrible que pour justifier de telles barbaries soit parfois invoqué le nom d’une religion ou de Dieu lui-même, a continué le pape. Que soient clairement condamnées ces attitudes iniques qui profanent le nom de Dieu et qui polluent la recherche religieuse de l’homme. Que soit au contraire favorisées, partout, la rencontre pacifique entre les croyants et une réelle liberté religieuse. »
« Notre responsabilité devant Dieu, l’humanité et l’avenir est grande et exige tous les efforts, sans aucune prétention, a martelé François. C’est un appel qui nous implique, un chemin à parcourir ensemble pour le bien de tous, avec espérance. Que les religions soient “entrailles de vie”, conduisant la tendresse miséricordieuse de Dieu pour l’humanité blessée et nécessiteuse ; qu’elles soient des portes d’espérance qui aident à traverser les murs érigés par l’orgueil et la peur. »
Nicolas Senèze, à Rome


http://www.la-croix.com/Religion/Pape/Condamner-la-violence-est-notre-responsabilite-affirme-le-pape-aux-responsables-interreligieux-2016-11-03-1200800501

lundi 21 novembre 2016

Christian Godin face à l'islam | Le Club de Mediapart

Christian Godin face à l'islam | Le Club de Mediapart

Christian Godin face à l'islam

Christian Godin, philosophe rationaliste, a commenté avec beaucoup d'intelligence mon livre "Pour une approche critique de l'islam " (H§O). Comme moi il refuse de séparer l'islamisme de l'islam et intègre son commentaire à une critique générale des religions, signalant que l'on peut vivre, et même vivre mieux, sans elles. Je reproduis son texte parce qu'il le mérite.

                                              Permanence de la lutte contre l'infâme 

Le nouvel essai du philosophe Yvon Quiniou, dédié au très regretté  Abdelwahab Meddeb et au poète syrien Adonis « pour leur courage intellectuel », est un exemple rare de rigueur et de probité de pensée, dont le public le plus large devrait prendre connaissance.

Auteur de nombre d'ouvrages, bon connaisseur de Marx et de Nietzsche, Yvon Quiniou est un philosophe matérialiste et un militant du communisme, que désole une certaine attitude prise dans le camp de la gauche radicale à l'égard de la religion, et plus spécifiquement à l'égard de l'islam.

Contre une certaine doxa, aujourd'hui complaisamment diffusée, Yvon Quiniou montre, textes à l'appui, qu'il existe entre l'islam, tel qu'il s'exprime dans le Coran, et l'islamisme dont nous voyons aujourd'hui les ravages, une continuité certaine. Ce qui ne signifie pas, évidemment, que les musulmans soient fatalement islamistes.

S'inscrivant dans le noble héritage de Spinoza, de Feuerbach et de Marx, Yvon Quiniou, qui a publié, il y a deux ans, une Critique de la religion sous-titrée Une imposture morale, intellectuelle et politique, montre que la critique de la religion est toujours à l'ordre du jour, qu'à de rares exceptions près, elle s'est toujours trouvée du côté des riches et des puissants, pour justifier leur intolérable domination. L'islam aujourd'hui illustre cette collusion jusqu'à la caricature, et à ceux qui se réfugient derrière la thèse de l'instrumentalisation du religieux par le politique, Quiniou répond pertinemment que la religion est déjà par elle-même une forme de pouvoir sur les esprits des hommes, comme le montre assez l'ignominieuse pratique qui, avec le voile intégral, fait de la femme « une espèce de cadavre ambulant ».

Certes, l'islam, comme toute religion du point de vue marxiste (voir la thématique de « l'opium du peuple »), est l'expression d'une aliénation sociale. Mais elle est aussi, Quiniou y insiste, un facteur d'aliénation. Et c'est pourquoi le combat contre ce que Voltaire appelait « l'infâme » n'est jamais fini. C'est pourquoi, écrit le philosophe, qui rejoint sur ce point Élisabeth Badinter, « on a parfaitement le droit d'être islamophobe, comme d'être judéophobe ou christianophobe », ce qui ne signifie évidemment pas détester les musulmans. Marx détestait-il les ouvriers lorsqu'il disait qu'ils étaient exploités ? Si la souffrance sociale devait excuser les pires préjugés (et là Yvon Quiniou s'adresse à ses amis du Front de gauche), alors nous devrions excuser le racisme anti-immigré (déjà bien présent parmi les classes populaires) sous prétexte qu'il est un exutoire à leurs malheurs ! Contrairement à ce que diffuse un autre doxa répandue un peu partout, et pas seulement dans les milieux conservateurs, la religion n'est pas une nécessité sociale, on peut très bien vivre, et surtout vivre mieux, sans elle.

L'islam ne conçoit l'humanité que comme une communauté de musulmans. Son prétendu universalisme n'est que l'empire d'un particularisme. Pour lui, il n'y a d'êtres humains que croyants, convertis ou morts. Et sans doute est-ce là le cœur ou le noyau dur de la critique d'Yvon Quiniou : dès lors que l'islam ne peut penser le monde et humanité en dehors de ses propres valeurs, il ne peut qu'être violent. Certes, le même constat pourrait être fait à propos du christianisme. Deux différences capitales néanmoins séparent les deux  religions : d'une part il existe un universalisme chrétien, comme l'a souligné Alain Badiou dans son livre sur saint Paul, et d'autre part, depuis la Révolution française, l'Église a dû céder une bonne partie de son pouvoir à l'État et, faisant contre mauvaise fortune bon cœur, finir par admettre la sécularisation de la société et la valeur de la laïcité. Pour des raisons qui tiennent à la fois à l'histoire et à la culture, rien de tel ne s'est encore passé dans le monde musulman. D'où l'ardente obligation de cette dénonciation critique.

 

Yvon Quiniou, Pour une approche critique de l'islam, H&O, 2016, 96 pages.

 

Christian Godin.

Curistian Godin et l'auteur d'une oeuvre foisonnante. Il a enseigné à l'Université de Clermont-Ferrand, il est rédacteur en chef de la revue Cités (PUF) et collabore au journal Marianne dont l'orientaion laïque est impecable.

mercredi 16 novembre 2016

Recension - L’Émir Abdelkader, apôtre de la fraternité / Mustapha Cherif » Chrétiens de la Méditerranée

Recension - L'Émir Abdelkader, apôtre de la fraternité / Mustapha Cherif » Chrétiens de la Méditerranée

RECENSION – L'ÉMIR ABDELKADER, APÔTRE DE LA FRATERNITÉ / MUSTAPHA CHERIF

Titre : L'Émir Abdelkader, apôtre de la fraternité

Auteur : Mustapha Cherif[1]

Editeur : Paris : Odile Jacob, 2016

176 p.-21,90 €

Sujets : Abdelkader, 1808-1883

             Algérie, colonisation, 19e siècle

 Islam, soufisme

L'introduction de cet ouvrage est remarquable, elle donne vraiment envie de plonger dans le récit à la rencontre de l'émir Abdelkader. Mais une fois dans les divers chapitres du livre, la lecture est un peu plus difficile pour un lecteur, une lectrice qui n'est pas féru-e de l'histoire coloniale de l'Algérie en lien avec la France. Il a fallu que je fasse un effort et que je m'accroche, parce que l'environnement historique d'Abdelkader ne m'était pas familier. C'est un livre dense, profond dont l'écriture est agréable voire facile. Au fur et à mesure de la lecture, j'ai découvert la très riche personnalité de l'émir Abdelkader, personnalité universelle. Il a eu une vie mouvementée, liée à l'histoire compliquée de l'Algérie et de la France, de l'Orient et de l'Occident qui a influencé sa pensée tant politique, philosophique que religieuse.

Abdelkader est nommé très jeune « Émir », puis « Commandeur des croyants », ce qui lui confère  un pouvoir temporel et une autorité spirituelle. C'est à partir de ce moment, qu'il devient combattant contre l'occupant français.

« Conformément au Coran et à la tradition du Prophète, le petit combat, le petit djihad n'a de validité qu'en cas de légitime défense et doit être mené par l'Etat, selon des conditions strictes et comme dernier recours pour établir la paix. » (p. 55). Difficile pour cet homme épris de paix de vivre la guerre inhumaine, violente, atroce du général Bugeaud nommé gouverneur de l'Algérie en 1836, mais pour l'émir, la « guerre juste » existe pour que l'Algérie soit un Etat autonome et libre, ce qui implique des actes de violence !  Mais quand cette guerre coloniale, inégale est devenue facteur de génocide, l'émir Abdelkader a déclaré : « Je n'abandonnerai pas mon peuple »  et a dû se résigner à voir la fin de la guerre.   « Il se projetait dans une nouvelle mission universelle : contribuer au renouveau de la civilisation musulmane en privilégiant la fraternité humaine et le vivre ensemble. » (p. 73). Il demande à être exilé en Orient, ce que la France accepte dans un premier temps ; mais elle ne tient pas parole, et l'emprisonne d'abord à Toulon, puis à Pau, puis il est transféré au château d'Amboise en novembre 1848. Il est libéré en 1852 et reçu à Paris par Louis-Napoléon, le futur Napoléon III.

Sa grandeur d'âme, son charisme et son autorité spirituelle fascinaient les Français et là où il passait, il était acclamé avec ferveur. « Les Américains en hommage à son combat pour la liberté ont décidé en 1846 de baptiser une ville située dans l'Etat de l'Iowa, canton de Clayton, El Kader. » (p. 83).

Après son combat contre la colonisation, l'émir Abdelkader s'installe à Damas en Syrie en 1855, et c'est là qu'il finira sa vie en 1883. Il consacre sa vie à la méditation, à la lecture, à l'enseignement spirituel qu'il donne tous les jours.

En juillet 1860, éclatent à Damas de violentes émeutes interconfessionnelles entre Anglais, Français et Turcs ; « il a sauvé des milliers de chrétiens du massacre, fait reculer les émeutiers avec foi et conviction » et son engagement et son action pendant ces actes de violence ont renforcé son image de « personnage de légende » (p.88).

C'était un homme de  justice, de paix, de tolérance et de respect qui a mis le dialogue au centre de ses préoccupations. Conscient des diversités culturelles, religieuses, politiques il estime fondamental que les civilisations de l'Orient et de l'Occident se rencontrent, se confrontent, s'interpellent pour atteindre une certaine harmonie.

N'est-ce pas une utopie ?

Non, pas dans son esprit, car l'émir Abdelkader est un homme profondément religieux. Pour lui, le Coran « invite à la connaissance du spirituel et du profane, de l'au-delà et du temporel.  Il est aussi une condition que les croyants et les humanistes soient des hommes exemplaires, ce qui exige de chacun d'eux d'être responsables devant Dieu et devant les hommes. » (p.47).

Il défend un islam responsable, exigeant, vertueux, fraternel qui appelle à l'excellence. Une foi mystique et raisonnée qui s'enracine en Dieu et s'élève vers Dieu, dans la tolérance et le respect des autres. « L'idole de tout homme, c'est son ego » (p.143), il importe de combattre l'égoïsme, l'ignorance, l'agressivité, seules la connaissance, la générosité, la solidarité qui sont des actes raisonnables permettent d'approcher la vérité[2].

Martine Millet

[1] Philosophe et islamologue, spécialiste du dialogue des cultu­res, des religions et des civilisations, Mustapha Cherif est professeur des universités et a été professeur invité au Collège de France. Lauréat du prix Unesco pour la culture arabe et le dialogue des cultures, il est l'auteur d'une dizaine d'ouvrages, dont L'Islam, tolérant ou intolérant ? .- éd. Odile Jacob, 2006.

[2] On pourra :

Lire aussi la recension, par Christian Lochon, du livre d'Ahmed Bouyerdene : Abd el-Kader : l'harmonie des contraires.- Seuil, 2008, parue sur le site de CDM, le 09/08/2010 :

http://www.chretiensdelamediterranee.com/abdel-kader-lharmonie-des-contraires-1808-1883-par-ahmed-bouyerdene/

et l'entretien entre Mustapha Cherif et Frédéric Mounier, paru dans La Croix du 26/ 02/ 2016 et publié sur le site de CDM, le 28/02/2016 : http://www.chretiensdelamediterranee.com/abdelkader-eveilleur-des-consciences-pour-les-deux-mondes/

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samedi 12 novembre 2016

Le film de Mel Gibson est véritablement un film sur «  l’agir en conscience 

 Tu ne tueras pas » : Conscience et courage, une grande leçon humaine et morale

par François de Lacoste Lareymondie, président du think tank «  Amitié politique  »
vendredi 11 novembre 2016


Le film se découpe en deux parties bien distinctes  : la première est celle du conflit moral qui s’apparente à la question de l’objection de conscience  ; la seconde est celle de la vertu de courage au-delà de l’héroïsme. L’unité d’ensemble est donnée par le personnage de Desmond Doss qui se trouve au centre des deux parties. Elles convergent sur la question du bien possible au milieu du mal, qui est celle de «  l’agir en conscience  ».
Il ne serait pas exact de placer d’emblée le film sur le terrain de l’objection de conscience [1]. En effet, le héros n’a pas été mobilisé contre son gré mais il s’est volontairement engagé dans l’armée américaine, d’ailleurs pour de nobles raisons  : il estime qu’il est de son devoir de servir sa patrie et d’être solidaire des autres jeunes qui vont participer au combat.
Mais Doss a donné une portée absolue au «  sixième  » commandement «  Tu ne tueras pas  » (Ex, XX, 13) [2]. Aussi s’engage-t-il comme infirmier  ; mais en unité combattante afin de sauver des vies au plus près du danger.
D’ailleurs lui-même refuse le titre et le statut d’objecteur de conscience, se définissant comme un «  coopérateur de conscience  ». C’est l’armée américaine qui veut le qualifier ainsi pour le faire entrer dans une «  case  » connue et trouver une issue à un problème insoluble. En effet, dès lors qu’il s’était engagé, il devait accomplir la formation de base commune à tous les soldats, laquelle comportait nécessairement un apprentissage du maniement des armes.
C’est là que se cristallise le conflit entre Doss et l’armée. En effet, il refuse à la fois de porter une arme, même à l’entraînement, et d’être qualifié d’objecteur de conscience, ce qui l’aurait renvoyé vers l’arrière.
Le conflit ne peut qu’aller croissant jusqu’au paroxysme, c’est-à-dire la cour martiale pour désobéissance avec une peine d’arrêts de forteresse au régime sévère pour toute la durée de la guerre. Le film en décrit chacune des étapes d’une façon très juste. Et c’est en général ainsi que les choses se passent quand un objecteur de conscience se heurte à une autorité ou une institution qui ne le comprend pas ou qui n’accepte pas sa démarche, dans cet enchaînement irrémédiable de situations qui rendent inévitable une issue dramatique.
Retenons cinq aspects caractéristiques de cet enchaînement.
1. Desmond Doss invoque une loi supérieure aux lois humaines à laquelle il ne peut se soustraire.
2. Cette exigence, il se l’applique à lui seul. Il ne juge pas les autres, pas même ceux qui le sanctionnent  ; il ne cherche pas à leur donner une leçon  ; il ne se met pas en surplomb moral  ; mais il reste dans l’humilité. C’est un point capital qui constitue un critère clé du discernement.
3. La psychologie des conflits nous apprend qu’alors l’autorité contestée se crispe et s’endurcit dans sa volonté de faire plier le récalcitrant. D’où l’enchaînement des pressions, brimades et violences de plus en plus injustes.
4. En général, l’objecteur de conscience finit dans la plus totale solitude. Il a contre lui toute la rationalité du monde qui lui dit  : «  Tu as tort  »  ! Tort dans le principe, tort dans l’entêtement, tort dans le refus du compromis, etc. D’ailleurs, certaines critiques peuvent receler une part de vérité  : le commandement «  Tu ne tueras pas  », en toute précision de termes, signifie «  Tu ne commettras pas de meurtre  » et autorise la légitime défense. De sorte que ses amis et ses proches finissent par l’abandonner.
5. Enfin il est prêt à assumer les conséquences de son acte, aussi pénibles soient-elles, en toute lucidité. Voilà le second critère clé du discernement. Il ne veut pas de faux-fuyants. Il ne veut pas être réformé puisqu’il est apte. Devant la cour martiale, il refuse de plaider coupable parce que ce serait au prix d’un mensonge, par conséquent contraire à la vérité et à la cohérence même de sa démarche.
Je ne dévoilerai pas le coup de théâtre qui clôt cette première partie  ; la conformité à l’histoire le justifie complètement. En dépit donc du point de départ et du terme, le film offre une très belle et très juste illustration de ce que peut être un parcours d’objection de conscience posée en vérité. La seconde partie nous emmène sans transition dans les combats sur l’Île d’Okinawa. L’unité de Doss doit conquérir un point fortifié situé en haut d’une falaise à l’assaut de laquelle sa compagnie doit se lancer après plusieurs autres qui y ont été décimées. Les différents aspects de la vertu de courage qu’elle met en scène élargissent la dimension humaine et morale de la première partie.
Pour Doss qui escalade la falaise avec les autres, ce sera dans l’exécution de sa mission, sous le feu, pour pratiquer les premiers gestes qui sauvent, ramener les blessés en arrière et les faire évacuer. Cette mission, il va l’accomplir jusqu’au bout, même après le repli de sa compagnie  : il va rester une nuit entière en haut de la falaise, en dépit du danger et de sa fatigue, ramenant et faisant descendre les blessés abandonnés. Son courage, il le trouve dans cette prière formulée après chaque homme secouru  : «  Seigneur, donne-moi la force d’en ramener encore un.  » Puis un autre  ; et encore un autre  ; jusqu’au matin.
Cette volonté de faire un pas après l’autre dans l’exécution de sa mission, résolument et prudemment, dans les pires circonstances, voilà l’expression d’un vrai courage.
Deux jours plus tard, la compagnie est renvoyée à l’assaut. L’exploit de Doss est connu et a complètement retourné les sentiments de tous à son endroit. Mais épuisé, il a été mis au repos dans l’hôpital de campagne. Son capitaine vient le voir pour lui apprendre que la compagnie ne veut pas repartir sans lui. Or cet assaut aura lieu un samedi, c’est-à-dire le jour du sabbat, le 7e jour que les adventistes respectent de façon absolue.
Doss ne donne pas tout de suite sa réponse. Mais on le voit ensuite, au pied de la falaise, devant les hommes, en train de lire la Bible et de prier tandis que la compagnie attend. Sa prière, on la devine sans peine  : «  Seigneur, je vais violer le sabbat, mais je le fais pour ceux auprès de qui je me suis engagé. Pardonne-moi, pardonne-nous. Donne-nous le courage d’y aller.  » Ensuite de quoi il monte.
À la fin du combat, les Japonais semblent se rendre. Mais c’est un piège car ils sont tous armés de grenades avec lesquelles ils se suicident en causant le plus de morts possible dans les rangs américains. Une grenade tombe dans le trou où Doss s’était abrité  ; instinctivement, il la renvoie d’un coup de pied pour protéger ceux qui sont autour de lui, et se protéger lui-même. Et là, il est blessé par l’explosion.
Est-ce la preuve que son engagement souffrait une limite, celle de la légitime défense  ? Est-ce une sanction immanente à la violation de cet engagement – il a fini par toucher une arme et elle l’a blessé  ? La leçon est plus élevée  : Desmond Doss a accepté d’aller jusqu’au sacrifice de ses propres convictions, non par faiblesse ni par compromission, mais pour accomplir plus pleinement encore sa mission de secours auprès des hommes qu’il avait choisi d’accompagner.
Belle leçon d’humanité au milieu des horreurs de la guerre  ! Plus encore, grande leçon de comportement moral  ! C’est-à-dire de recherche du bien possible à faire, là où l’on se trouve, au moment présent. Et la détermination des actes bons à poser «  hic et nunc  », c’est là l’œuvre de la conscience.
Le film de Mel Gibson est véritablement un film sur «  l’agir en conscience  »  ; et un grand film  !

Notes

[1] Sur la nature et les caractères de l’objection de conscience, je renvoie à mon livre Je refuse  ! L’objection de conscience, ultime résistance au mal, publié aux Éditions de l’Emmanuel en 2011, qui est encore disponible. Ce que j’en dis ici est en effet sommaire et mériterait des nuances et des précisions qui dépassent le cadre de cet article.
[2] Dans les bibles juives et protestantes, que suivent notamment les adventistes du 7e jour, courant issu des Églises baptistes et auquel appartenait Desmond Doss, il s’agit du 6e commandement. Dans les bibles et le catéchisme de l’Église catholique, il s’agit du 5e commandement. Cet écart de numérotation provient d’une différence de découpage du premier et du dernier commandements.

http://www.france-catholique.fr/Tu-ne-tueras-pas-Conscience-et.html

jeudi 10 novembre 2016

المسيحيّة في مهد الإسلام بقلم الأب جورج مسوح | الاتحاد الكاثوليكي العالمي للصحافة- لبنان

المسيحيّة في مهد الإسلام بقلم الأب جورج مسوح

يشهد المؤرّخون المسلمون لحضور المسيحيّة في الجزيرة العربيّة منذ نشأتها وانتشارها على أيدي الرسل. لن نعرض، هنا، لسوى الحضور المسيحيّ في مكّة، مهد الإسلام. فالمسيحيّة دخلت الحجاز، المنطقة التي تشمل مكّة ويثرب (المدينة المنوّرة) والطائف وغيرها، منذ بداية العصر المسيحيّ.

يورد ابن الأثير وابن خلدون وسواهما أنّ سادس ملوك "جُرهم"، الذين بدأ مُلكهم قبل ظهور المسيحيّة بقليل، كان يدعى باسم نصرانيّ وهو عبد المسيح بن باقية بن جُرهم، ما يعني، إذًا، أنّ المسيحيّة دخلت الحجاز بعد بدء المسيحيّة بزمن يسير. أمّا الإصفهانيّ فيؤكّد في كتابه "الأغاني" أنّ بيت الحرام (الكعبة) في عهد بين جُرهم كان له "خزانة وهي بئر في بطنه يلقى فيه الحلى والمتاع والذي يهدى له، وهو يومئذ لأسقف (إمام النصارى وحبرهم) عليه".
لا ريب في أنّ أهمّ شهادة عن وجود المسيحيّة في مكّة قبيل الإسلام ما جاء في "كتاب أخبار مكّة شرّفها الله تعالى وما جاء فيها من الآثار تأليف ابن الوليد محمّد بن عبدالله بن أحمد الأزرقيّ"، حيث ورد أنّه كانت في دعائم الكعبة "صور الأنبياء وصور الشجر وصور الملائكة وصورة إبراهيم خليل الرحمن وصورة عيسى ابن مريم". ثمّ يذكر الأزرقيّ أنّ محمّدًا، يوم فتح مكّة، "أمر بطمس تلك الصور فطُمست. ووضع كفّيه على صورة عيسى ابن مريم وأمّه عليهما السلام، وقال: امحوا جميع الصور إلاّ ما تحت يدي فرفع يديه عن عيسى ابن مريم وأمّه". وقد تلفت الصورة بعد أكثر من ستّين عامًا من فتح مكّة على زمن عبدالله بن الزبير الذي قاوم الخلافة الأمويّة، فحاصر الأمويّون مكّة بقيادة الحجّاج الذي لم يتوانَ عن قصف المدينة بالمنجنيق وهدم الكعبة.
يتحدّث بعض المؤرّخين المسلمين عن تنصّر قسم من بني قريش. فاليعقوبي يؤكّد في تاريخه على هذا الأمر فيقول: "أمّا مَن تنصّر من أحياء العرب فقوم من قريش من بني أسد بن عبد العزّى منهم عثمان بن الحويرث بن أسد وورقة بن نوفل بن أسد". كما ورد في "السيرة النبويّة" لابن هشام عن ورقة أنّه "تنصّر وقرأ الكتب وسمع من أهل التوراة والإنجيل". كما ورد ذكر عبيدالله بن جحش بن رئاب الذي هاجر إلى الحبشة مع محمّد، ولـمّا بلغها تنصّر وفارق الإسلام. واشتهر أيضًا أبو قيس صرمة بن أبي أنس الذي أورد عنه ابن الأثير أنّه "كان قد ترهّب في الجاهليّة ولبس الـمُسوح". وممّا يدلّ على آثار المسيحيّة في مكّة ما أورد الأزرقيّ عن وجود "مقبرة النصارى في الجبل الذي بأسفل مكّة على يمين الخارج إلى المدينة".
ما أوردناه أعلاه، ولا سيّما بقاء صورة السيّد المسيح وأمّه في الكعبة، يؤكّد على استمرار الوجود المسيحيّ في الجزيرة العربيّة بعامّة، ومكّة بخاصّة، ما يربو عن القرن تقريبًا. غير أنّ المؤكّد هو أنّ نبيّ الإسلام أبقى على الوجود المسيحيّ في مكّة، وما يدلّ إلى ذلك إشارة أبي يوسف في كتابه "الخراج" إلى أنّ محمّدًا "ضرب على نصرانيّ بمكّة دينارًا كلّ سنة". أمّا عن اندثار المسيحيّة من الجزيرة العربيّة فله حديث آخر.

– أثارت مقالتي "العروبة خيارًا مسيحيًّا" (ليبانون فايلز، 26 أكتوبر 2016) أسئلة جمّة لدى قارئيها. لذلك سوف أعرض من حين إلى آخر لبعض وجوه المسيحيّة العربيّة.
– للمزيد عن هذا الموضوع مراجعة كتاب: سلوى بالحاج صالح العايب، المسيحيّة العربيّة وتطوّراتها من نشأتها إلى القرن 4 ه./ 10 م.، دار الطليعة، بيروت، 1997.
ليبانون فايلز

http://www.ucipliban.org/%d8%a7%d9%84%d9%85%d8%b3%d9%8a%d8%ad%d9%8a%d9%91%d8%a9-%d9%81%d9%8a-%d9%85%d9%87%d8%af-%d8%a7%d9%84%d8%a5%d8%b3%d9%84%d8%a7%d9%85-%d8%a8%d9%82%d9%84%d9%85-%d8%a7%d9%84%d8%a3%d8%a8-%d8%ac%d9%88%d8%b1/?utm_source=feedburner&utm_medium=email&utm_campaign=Feed%3A+ucipliban+%28%D8%A7%D9%84%D8%A7%D8%AA%D8%AD%D8%A7%D8%AF+%D8%A7%D9%84%D9%83%D8%A7%D8%AB%D9%88%D9%84%D9%8A%D9%83%D9%8A+%D8%A7%D9%84%D8%B9%D8%A7%D9%84%D9%85%D9%8A+%D9%84%D9%84%D8%B5%D8%AD%D8%A7%D9%81%D8%A9-+%D9%84%D8%A8%D9%86%D8%A7%D9%86%29


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Les évêques ne renoncent pas à un « dialogue en vérité avec l’islam » / La Croix » Chrétiens de la Méditerranée

Les évêques ne renoncent pas à un « dialogue en vérité avec l'islam » / La Croix » Chrétiens de la Méditerranée
La Croix- 
Président du conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, le cardinal français Jean-Louis Tauran s'est exprimé mardi 8 novembre à l'Assemblée plénière des évêques à Lourdes. Sans se voiler la face sur la crise grave que traverse l'islam, le cardinal et les évêques ont appelé à un « dialogue en vérité ».

« Nous sommes condamnés au dialogue ». Le message n'est pas nouveau, mais il semble aujourd'hui si essentiel au pape François et à son bras droit chargé du dialogue avec les musulmans que ce dernier a pris l'initiative de rejoindre mardi 8 novembre les évêques réunis en Assemblée plénière à Lourdes. Après les attentats qui ont frappé la France et l'assassinat du P. Jacques Hamel cet été, le cardinal Jean-Louis Tauran, président du conseil pontifical pour le dialogue interreligieux, a voulu les rencontrer pour échanger sur les nombreuses interrogations et craintes que suscite la montée du terrorisme islamique.

Ni irénisme ni naïveté : le cardinal comme les évêques ne se voilent pas la face et ont dressé un tableau lucide de la « crise grave » que traverse l'islam, de la violence de certains courants dans la société, de la difficulté de certains passages du Coran instrumentalisés par Daech, et des conséquences de ce contexte pour le dialogue, fortement « fragilisé » malgré les avancées des dernières années.

Le discours de Ratisbonne était « prophétique » à la lumière de l'actualité

« Islam et christianisme sont deux religions à vocation universelle, c'est normal qu'il y ait des frottements. Mais la différence, c'est que nous proposons, eux imposent », a reconnu le cardinal, lors d'une conférence de presse, estimant aussi que le discours de Ratisbonne était « prophétique » à la lumière de l'actualité et de ces « groupes de musulmans dévoyés qui commettent ces attentats » : « Violence et religion sont inconciliables », a-t-il rappelé. « Cela alimente dans la communauté chrétienne des peurs mais aussi des questions réelles que nous devons prendre en compte », a reconnu Mgr Jean-Marc Aveline, évêque auxiliaire à Marseille.

Les évêques ont identifié les difficultés dans les quartiers. Et notamment le refus, dans certains lieux, de rencontrer les catholiques, a fortiori de dialoguer avec eux. Mgr Pascal Delannoy, évêque de Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), a notamment évoqué son inquiétude face au « rejet que manifestent certains jeunes musulmans, à l'égard des jeunes catholiques, avec des expressions simplistes comme : vous finirez en enfer » : « Quand des jeunes entendent cela, ils n'ont pas envie d'entrer en dialogue… En Seine Saint Denis, il n'y a pas de mosquée salafiste identifiée comme tel mais des courants islamistes traversent les communautés qui, elles-mêmes, s'en méfient. Ils sont conscients de la menace qui pèse sur eux-mêmes. On parle trop souvent de l'islam de manière globale, au lieu de chercher à soutenir les musulmans modérés ».

Les évêques pris de court par l'initiative d'Anouar Kbibech

« Une fois qu'on a dit cela, nous devons au nom de l'Évangile et de la citoyenneté être des hommes de paix, a souligné Mgr Michel Dubost, évêque d'Évry et président du conseil pour les relations interreligieuses. Non pas en regardant politiquement la situation, en termes de rapports de force, mais évangéliquement, pour la paix civile. »

Face à ce climat tendu, les évêques se sont félicités de la réponse donnée après l'assassinat du P. Hamel. Eux-mêmes ont été pris de court par l'initiative d'Anouar Kbibech, président du Conseil français du culte musulman, invitant les musulmans à manifester leur solidarité en se rendant dans les églises. Des rencontres « assez inédites » ont eu lieu et « même ceux qui sont habitués au dialogue avec les musulmans à Marseille m'ont dit qu'ils avaient vu arriver de nouveaux interlocuteurs qu'ils ne connaissaient pas, remarque Mgr Aveline. Cela a surpris beaucoup de prêtres qui n'ont pas toujours su réagir à la présence spontanée de musulmans dans leurs églises ».

Que faire de ces petits pas inédits, d'autant plus courageux que ces musulmans encouraient le risque d'être désignés comme mécréants par les courants plus extrémistes ? « On sent bien que quelque chose de nouveau émerge mais on ne sait pas encore bien qu'en faire », reconnaît Mgr Aveline. « Catholiques comme musulmans, nous avons le souci de poursuivre le dialogue comme réponse à ceux qui voudraient nous enfermer dans cette violence, pour ne pas nous laisser piéger », a poursuivi Mgr Delannoy. « Ou c'est le dialogue, ou c'est la guerre », a martelé le cardinal Tauran.

Ce qui suppose aussi un dialogue « en vérité » et d'oser poser aux musulmans des questions fondamentales. « Rappeler ce qui est essentiel pour nous : la liberté de conscience, la possibilité de choisir librement sa religion, a souligné Mgr Delannoy. Mais ceci n'est possible que dans la rencontre qui construit un climat de confiance et de fraternité ».

Céline Hoyeau, à Lourdes

lundi 7 novembre 2016

Pour nos évêques c’est la République et la nation qui ont le devoir de s’adapter aux cultures et religions importées, dont l’islam


Pour nos évêques c’est la République et la nation qui ont le devoir de s’adapter aux cultures et religions importées, dont l’islam .
Le conseil permanent de la Conférence des évêques de France a publié, le 13 octobre, une lettre intitulée « Dans un monde qui change, retrouver le sens du politique ». En résumé, ce texte plaide pour une redéfinition du contrat social et du contrat républicain « permettant à tous les Français de vivre ensemble sur le sol du territoire national, ce qui ne semble plus aller de soi »« Il convient donc pour l’avenir de notre société de redéfinir ce que c’est d’être citoyen français. » Sans être vraiment nommée, c’est bien de la difficulté de l’intégration de l’islam dans la République qu’il s’agit. 
Pour nos évêques c’est donc la République et la nation qui ont le devoir de s’adapter aux cultures et religions importées, dont l’islam, et non l’inverse.
Devant tant de béatitude, il fallait s’attendre à une récupération par l’islam politique. C’est ainsi que le Conseil théologique musulman de France, celui des « Frères musulmans » de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF), a écrit le 1er novembre à la Conférence des évêques de France pour saluer son magnifique plaidoyer du vivre ensemble et lui proposer de jeter les bases des états généraux du vivre ensemble.Ce qui est intéressant c’est le contenu très politique de cette réponse, qui piège les évêques de France. Pour expliquer notre mal-vivre ensemble sont évoquées : d’abord la violence des conflits dans le monde « qui ne sont pas circonscrits, s’exportent et créent de la méfiance jusque dans les contrées les plus lointaines », que certains jouent « à les attiser à des fins, semble t-il, purement électoralistes »… Ensuite, le conflit en Syrie avec ses migrants qu’il est nécessaire d’accueillir religieusement (surtout s’ils sont musulmans, car rien n’est dit sur les chrétiens d’Orient), « car l’homme est un éternel voyageur ». Merci pour les terroristes infiltrés. Certains de nos responsables politiques sont également stigmatisés, qui manquent aux obligations de leur charge en ne magnifiant pas l’unité des enfants de notre peuple.Autrement dit, haro sur ceux qui dénoncent et combattent les dérives de l’islam radical dans notre pays. Mais c’est aussi la faute à Robert Ménard et ses panneaux dénonçant l’invasion des migrants dans sa commune, des états-major russe et américain, dont les déclarations font penser que nous sommes à la veille d’un conflit militaire mondial, et enfin de la laïcité qui n’a pas vocation à lutter contre les religions ni à « régenter la manière de s’accoutrer des Français ». Ce serait « un coup fatal porté à la stabilité et au vivre ensemble ». Nous y voilà, des menaces voilées contre ceux qui voudraient interdire le burkini ou le port du voile islamique dans l’espace public. Non, rien de politique dans tout cela, évidemment.Le conseil permanent de la Conférence des évêques de France se retrouve ainsi mal à l’aise. Soit il répond à cette demande œcuménique et sera taxé de connivence avec les Frères musulmans et de semer la zizanie au sein de l’islam en France, soit il n’y répond pas et sera traité de sectaire et manquant de sincérité, ne considérant pas l’UOIF comme un interlocuteur valable. Dans les deux cas, il est piégé. Politique et religion ne font pas bon ménage. Par ailleurs, nos évêques ne semblent pas vouloir prendre en considération le sondage réalisé le 16 septembre 2016 par l’institut IFOP pour le Journal du dimanche, indiquant que près d’un tiers des musulmans français (28 %) estiment que leurs valeurs sont « incompatibles » avec celles de la République.

samedi 5 novembre 2016

Le mufti Deriane au Vatican - L'Orient-Le Jour 4/11/2016

Le mufti Deriane au Vatican - L'Orient-Le Jour

Le mufti Deriane au Vatican

Religion

Le pape François a reçu hier matin, dans la salle Clémentine du Vatican, 200 personnes de plusieurs religions, dans le cadre d'une rencontre organisée par le Conseil pontifical pour le dialogue interreligieux et le Conseil pontifical pour la promotion de l'unité des chrétiens. Une audience interreligieuse au cours de laquelle le pape est revenu sur le sens de la miséricorde, qui est familier à toutes les traditions religieuses.
À cette occasion, le mufti de la République, Abdellatif Deriane, qui faisait partie de la délégation, a salué « les appels du Saint-Siège au renforcement du dialogue islamo-chrétien et à la coexistence dans toutes les sociétés multiconfessionnelles ». Il a rendu hommage « à ses efforts pour mettre fin aux guerres et instaurer la paix dans le monde ». Le mufti de la République a rappelé les propos du chef de l'Église catholique, affirmant qu' « il n'existe pas de terrorisme islamique, mais qu'il existe des terroristes au sein de chaque communauté religieuse ».
« Cette position a eu un impact très important auprès des musulmans dans le monde, et plus particulièrement des musulmans du Liban, ce pays du vivre-ensemble qui entretient des relations d'amitié, d'estime et de respect avec le Saint-Siège », a-t-il souligné, réitérant son hommage « au pape François et à sa position de soutien au Liban-message, symbole de coexistence dans la région ».
Sur un autre plan, le mufti de la République a félicité Saad Hariri pour sa désignation et salué « l'esprit de concorde et la bonne volonté » qu'il manifeste, à la veille des consultations devant conduire à la formation de son gouvernement.

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Nouvelles d'Arménie en Ligne on the air

Nouvelles d'Arménie en Ligne on the air

Nouvelles d'Arménie en Ligne on the air

Dans cette interview accordée à armenews.com, Patrick Karam, vice-président de la région Ile-de-France, dénonce toute tentative d' « accommodement » avec l'Islamisme politique, notamment en France. Cet élu, proche de Nicolas Sarkozy, est également président de la CHREDO dont une mission part aujourd'hui en Égypte, avec une délégation arménienne, pour soutenir la cause des chrétiens d'Orients.


Armenews : L'association CHREDO (Coordination des Chrétiens d'Orient en Danger) que vous dirigez organise une mission en Egypte de 5 jours, qui commence aujourd'hui ? Quel est son but ?

Patrick Karam : L'Egypte revient de loin, de très loin. Notre déplacement vise à saluer la renaissance d'un pays qui n'est pas passé loin du chaos avec les frères musulmans de Morsi. Nous voulons également encourager la volonté du président Al Sissi et du grand imam d'Al Azhar, Al Tayyeb, de réformer l'islam et de donner toute leur place aux chrétiens. Il s'agit aussi pour nous de pousser à l'adoption d'un texte reconnaissant le génocide arménien qui a recueilli le soutien d'une majorité des députés égyptien. Après le Liban qui a été le premier pays arabe à reconnaître ce génocide, l'Egypte donnerait un formidable signal au monde arabo-musulman.

C'est un retour aux sources de la Coordination des Chrétiens d'Orient en Danger (CHREDO) que nous avions fondé en 2013 notamment en raison des persécutions que subissaient les chrétiens en Egypte. La minorité copte subissait de nombreux enlèvement de femmes et de jeunes filles, mariées de force, violées et converties, voilées intégralement, les églises étaient vandalisées et brûlées, les hommes menacés, frappés et tués devant des soldats qui restaient l'arme au pied et détournait les regards. Et tout cela se faisait dans l'impunité la plus totale des assaillants qui appartenaient au parti au pouvoir des Frères Musulmans.

Et malheureusement, à l'époque la plus sombre pour les chrétiens coptes, il s'est trouvé des hommes politiques, y compris en France, pour soutenir les Frères Musulmans.


Armenews : C'est à dire ?

Patrick Karam : C'était le cas d'Alain Juppé qui affirmait qu'il « fallait leur laisser le bénéfice du doute ». Je n'oublie pas qu'au Caire en mars 2011, celui qui était alors ministre des Affaires étrangères recevait des jeunes cadres de l'organisation interdite des Frères Musulmans et les légitimait en déclarant : « Plusieurs de ces jeunes (Frères musulmans) m'ont fait part de leur vision d'un islam libéral et respectueux des règles démocratiques (...) la présentation qui est parfois faire de ce mouvement mérite sans doute d'être révisée ».

Dans le Parisien, le 27 août 2011, Alain Juppé persistait et signait dans son erreur : « En Tunisie, en Egypte, en Syrie... ne stigmatisons pas a priori tous ceux qui se qualifient d'islamistes. Il y a des gens attachés à l'islam et en même temps prêts à accepter les règles de base de la démocratie. »


Il s'est lourdement trompé. C'était de l'inconscience ou de la grande naïveté de considérer que l'islamisme est compatible avec la démocratie. A cause de lui, parce qu'il confondait volontairement islam et islamiste pour laisser croire que les islamistes pouvaient être des démocrates, la France a donné un chèque en blanc aux islamistes sans demander en échange le respect des droits de l'homme.

En Egypte, les conséquences ont été traumatisantes pour les chrétiens coptes qui représentent entre 6 et 15 millions de personnes. Et que dire de la Syrie ! On voit ce que sont devenus les mouvements qu'il soutenait. Tout cela a contribué à semer la destruction et la déstabilisation dans les pays arabes.

En cela, la France a tourné le dos à son histoire. Cela été un coup terrible pour les chrétiens qui ont ressenti cela comme une trahison.


Armenews : Mais ce n'est tout de même pas Alain Juppé qui a inventé la vieille tradition d'amitié du Quai d'Orsay avec des Etats aux relations pour le moins ambigües avec les islamistes ?

Patrick Karam : Nous avons aujourd'hui en France le devoir de nous poser la question de nos liens avec l'Arabie saoudite, le Qatar et la Turquie, une question qui se pose sous l'angle du rapport de forces. On ne peut plus accepter le chantage turc aux migrants ni le chantage commercial des Saoudiens et des Qataris.

Les musulmans en Europe et dans le monde font l'objet de la propagande des prédicateurs et imams islamistes téléguidés par l'Arabie saoudite et la Turquie, cette dernière finançant directement 200 imams en France. Souvenez-vous des manifestations des Turcs contre la loi de la pénalisation de la négation du génocide arménien en 2012. Les instructions avaient été données directement par Ankara via ses représentations diplomatiques et ses imams. La stigmatisation et l'instrumentalisation des musulmans de France recherchée est en train de nous conduire à une situation explosive. D'où la nécessité d'exiger l'arrêt de cet ingérence sur notre sol et cette « diplomatie des mosquées » qui porte atteinte à nos libertés et valeurs démocratiques et humanistes.


On n'avancera pas non plus avec la Turquie tant qu'elle s'obstinera à nier la réalité du génocide arménien et qu'elle continuera son double jeu vis-à-vis des islamistes. En Syrie, Ankara veut nous convaincre qu'il existe des « bons islamistes » qui défendent nos valeurs, qu'il faut soutenir contre Daech. De qui se moque-t-on ? Et quel est le sens de poursuivre les négociations d'adhésion à l'UE avec ce régime infréquentable qui exerce une oppression sans précédent sur sa population ? Si l'histoire bégaie c'est parce que nous avons commis des erreurs par le passé et nous en payons les conséquences : terrorisme, crise des réfugiés, disparition des chrétiens notamment en Irak dont les rescapés ne peuvent ni ne veulent rentrer chez eux.

Ce qui se passe dans le monde est extrêmement inquiétant. Nous assistons à des phénomènes de radicalisation extrêmement rapides. La propagande de Daech qui s'adresse en priorité aux plus vulnérables, sème partout la déstabilisation. Les métastases resteront même quand ils seront vaincus militairement. La nébuleuse islamiste comme à l'époque de l'Afghanistan mais à une tout autre échelle va se poursuivre et se retourner contre nous de façon plus redoutable. Si dans les deux trois prochaines années on n'identifie pas clairement nos ennemis, notre politique étrangère et nos priorités, l'instabilité va se propager chez nous créant les conditions d'une guerre civile. Le souffle de la déflagration de ce qui se passe au Moyen Orient va nous atteindre avec une force jamais égalée, c'est l'effet boomerang de notre incohérence, d'une vision naïve de la situation et de notre politique court-termiste.

Or face à ce danger extrême qui menace de plonger notre pays dans la guerre civile, que proposent certains ? Une « l'identité heureuse » fondée sur un « accommodement raisonnable » avec l'islamisme politique. C'est ce même raisonnement qui nous a tellement coûté en Orient qui est maintenant proposé pour la France. Mais les mêmes erreurs produiront les mêmes conséquences dramatiques.

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Armenews : C'est l'ami politique de Nicolas Sarkozy qui parle ou le défenseur des Chrétiens d'Orient ?

Patrick Karam : En soutenant l'un, je défends les autres. Je soutiens bien sûr Nicolas Sarkozy. Il faut se souvenir que c'est le premier président de la République à être intervenu sur les chrétiens d'Orient. C'est lui qui a mis en place en Irak les visas spécifiques de droit d'asile pour les chrétiens. C'est lui le premier président à avoir voulu faire adopter une loi pénalisant le négationnisme mais qui a été malheureusement censurée par le conseil constitutionnel. C'est bien lui qui depuis 2012 a permis que le génocide arménien soit commémoré tous les 24 avril par la République avec la participation du président de la République.

Nicolas Sarkozy a plus que conscience de la gravité du problème des chrétiens et de la nécessité de leur présence en Orient.

Il a bien pris en compte l'évolution de la situation, à ses yeux on ne peut opérer une distinction entre Daech, le Front al Nosra, et tous les autres mouvements islamistes qui agissent en Orient, car ils représentent tous un danger mortel pour la stabilité de la région, pour la sécurité de l'Europe et la survie des minorités, dont les chrétiens. Il a aussi compris le danger qui nous menace, notamment ce visage de l'islamisme politique, qui avec des revendications qui portent atteinte aux valeurs de la République, prend en otage l'immense majorité des musulmans et crée des conditions d'une guerre civile dans notre pays.


JPEG - 264.6 koPatrick Karam à la manifestation du CCAF devant l'ambassade d'Azerbaïdjan à Paris le 11 avril dernier.