samedi 5 novembre 2016

Nouvelles d'Arménie en Ligne on the air

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Nouvelles d'Arménie en Ligne on the air

Dans cette interview accordée à armenews.com, Patrick Karam, vice-président de la région Ile-de-France, dénonce toute tentative d' « accommodement » avec l'Islamisme politique, notamment en France. Cet élu, proche de Nicolas Sarkozy, est également président de la CHREDO dont une mission part aujourd'hui en Égypte, avec une délégation arménienne, pour soutenir la cause des chrétiens d'Orients.


Armenews : L'association CHREDO (Coordination des Chrétiens d'Orient en Danger) que vous dirigez organise une mission en Egypte de 5 jours, qui commence aujourd'hui ? Quel est son but ?

Patrick Karam : L'Egypte revient de loin, de très loin. Notre déplacement vise à saluer la renaissance d'un pays qui n'est pas passé loin du chaos avec les frères musulmans de Morsi. Nous voulons également encourager la volonté du président Al Sissi et du grand imam d'Al Azhar, Al Tayyeb, de réformer l'islam et de donner toute leur place aux chrétiens. Il s'agit aussi pour nous de pousser à l'adoption d'un texte reconnaissant le génocide arménien qui a recueilli le soutien d'une majorité des députés égyptien. Après le Liban qui a été le premier pays arabe à reconnaître ce génocide, l'Egypte donnerait un formidable signal au monde arabo-musulman.

C'est un retour aux sources de la Coordination des Chrétiens d'Orient en Danger (CHREDO) que nous avions fondé en 2013 notamment en raison des persécutions que subissaient les chrétiens en Egypte. La minorité copte subissait de nombreux enlèvement de femmes et de jeunes filles, mariées de force, violées et converties, voilées intégralement, les églises étaient vandalisées et brûlées, les hommes menacés, frappés et tués devant des soldats qui restaient l'arme au pied et détournait les regards. Et tout cela se faisait dans l'impunité la plus totale des assaillants qui appartenaient au parti au pouvoir des Frères Musulmans.

Et malheureusement, à l'époque la plus sombre pour les chrétiens coptes, il s'est trouvé des hommes politiques, y compris en France, pour soutenir les Frères Musulmans.


Armenews : C'est à dire ?

Patrick Karam : C'était le cas d'Alain Juppé qui affirmait qu'il « fallait leur laisser le bénéfice du doute ». Je n'oublie pas qu'au Caire en mars 2011, celui qui était alors ministre des Affaires étrangères recevait des jeunes cadres de l'organisation interdite des Frères Musulmans et les légitimait en déclarant : « Plusieurs de ces jeunes (Frères musulmans) m'ont fait part de leur vision d'un islam libéral et respectueux des règles démocratiques (...) la présentation qui est parfois faire de ce mouvement mérite sans doute d'être révisée ».

Dans le Parisien, le 27 août 2011, Alain Juppé persistait et signait dans son erreur : « En Tunisie, en Egypte, en Syrie... ne stigmatisons pas a priori tous ceux qui se qualifient d'islamistes. Il y a des gens attachés à l'islam et en même temps prêts à accepter les règles de base de la démocratie. »


Il s'est lourdement trompé. C'était de l'inconscience ou de la grande naïveté de considérer que l'islamisme est compatible avec la démocratie. A cause de lui, parce qu'il confondait volontairement islam et islamiste pour laisser croire que les islamistes pouvaient être des démocrates, la France a donné un chèque en blanc aux islamistes sans demander en échange le respect des droits de l'homme.

En Egypte, les conséquences ont été traumatisantes pour les chrétiens coptes qui représentent entre 6 et 15 millions de personnes. Et que dire de la Syrie ! On voit ce que sont devenus les mouvements qu'il soutenait. Tout cela a contribué à semer la destruction et la déstabilisation dans les pays arabes.

En cela, la France a tourné le dos à son histoire. Cela été un coup terrible pour les chrétiens qui ont ressenti cela comme une trahison.


Armenews : Mais ce n'est tout de même pas Alain Juppé qui a inventé la vieille tradition d'amitié du Quai d'Orsay avec des Etats aux relations pour le moins ambigües avec les islamistes ?

Patrick Karam : Nous avons aujourd'hui en France le devoir de nous poser la question de nos liens avec l'Arabie saoudite, le Qatar et la Turquie, une question qui se pose sous l'angle du rapport de forces. On ne peut plus accepter le chantage turc aux migrants ni le chantage commercial des Saoudiens et des Qataris.

Les musulmans en Europe et dans le monde font l'objet de la propagande des prédicateurs et imams islamistes téléguidés par l'Arabie saoudite et la Turquie, cette dernière finançant directement 200 imams en France. Souvenez-vous des manifestations des Turcs contre la loi de la pénalisation de la négation du génocide arménien en 2012. Les instructions avaient été données directement par Ankara via ses représentations diplomatiques et ses imams. La stigmatisation et l'instrumentalisation des musulmans de France recherchée est en train de nous conduire à une situation explosive. D'où la nécessité d'exiger l'arrêt de cet ingérence sur notre sol et cette « diplomatie des mosquées » qui porte atteinte à nos libertés et valeurs démocratiques et humanistes.


On n'avancera pas non plus avec la Turquie tant qu'elle s'obstinera à nier la réalité du génocide arménien et qu'elle continuera son double jeu vis-à-vis des islamistes. En Syrie, Ankara veut nous convaincre qu'il existe des « bons islamistes » qui défendent nos valeurs, qu'il faut soutenir contre Daech. De qui se moque-t-on ? Et quel est le sens de poursuivre les négociations d'adhésion à l'UE avec ce régime infréquentable qui exerce une oppression sans précédent sur sa population ? Si l'histoire bégaie c'est parce que nous avons commis des erreurs par le passé et nous en payons les conséquences : terrorisme, crise des réfugiés, disparition des chrétiens notamment en Irak dont les rescapés ne peuvent ni ne veulent rentrer chez eux.

Ce qui se passe dans le monde est extrêmement inquiétant. Nous assistons à des phénomènes de radicalisation extrêmement rapides. La propagande de Daech qui s'adresse en priorité aux plus vulnérables, sème partout la déstabilisation. Les métastases resteront même quand ils seront vaincus militairement. La nébuleuse islamiste comme à l'époque de l'Afghanistan mais à une tout autre échelle va se poursuivre et se retourner contre nous de façon plus redoutable. Si dans les deux trois prochaines années on n'identifie pas clairement nos ennemis, notre politique étrangère et nos priorités, l'instabilité va se propager chez nous créant les conditions d'une guerre civile. Le souffle de la déflagration de ce qui se passe au Moyen Orient va nous atteindre avec une force jamais égalée, c'est l'effet boomerang de notre incohérence, d'une vision naïve de la situation et de notre politique court-termiste.

Or face à ce danger extrême qui menace de plonger notre pays dans la guerre civile, que proposent certains ? Une « l'identité heureuse » fondée sur un « accommodement raisonnable » avec l'islamisme politique. C'est ce même raisonnement qui nous a tellement coûté en Orient qui est maintenant proposé pour la France. Mais les mêmes erreurs produiront les mêmes conséquences dramatiques.

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Armenews : C'est l'ami politique de Nicolas Sarkozy qui parle ou le défenseur des Chrétiens d'Orient ?

Patrick Karam : En soutenant l'un, je défends les autres. Je soutiens bien sûr Nicolas Sarkozy. Il faut se souvenir que c'est le premier président de la République à être intervenu sur les chrétiens d'Orient. C'est lui qui a mis en place en Irak les visas spécifiques de droit d'asile pour les chrétiens. C'est lui le premier président à avoir voulu faire adopter une loi pénalisant le négationnisme mais qui a été malheureusement censurée par le conseil constitutionnel. C'est bien lui qui depuis 2012 a permis que le génocide arménien soit commémoré tous les 24 avril par la République avec la participation du président de la République.

Nicolas Sarkozy a plus que conscience de la gravité du problème des chrétiens et de la nécessité de leur présence en Orient.

Il a bien pris en compte l'évolution de la situation, à ses yeux on ne peut opérer une distinction entre Daech, le Front al Nosra, et tous les autres mouvements islamistes qui agissent en Orient, car ils représentent tous un danger mortel pour la stabilité de la région, pour la sécurité de l'Europe et la survie des minorités, dont les chrétiens. Il a aussi compris le danger qui nous menace, notamment ce visage de l'islamisme politique, qui avec des revendications qui portent atteinte aux valeurs de la République, prend en otage l'immense majorité des musulmans et crée des conditions d'une guerre civile dans notre pays.


JPEG - 264.6 koPatrick Karam à la manifestation du CCAF devant l'ambassade d'Azerbaïdjan à Paris le 11 avril dernier.


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