samedi 31 janvier 2015

Les Français, l'Islam, l'Islamisme. Un sondage IPSOS très contrasté.

Les Français, l'Islam, l'Islamisme. Un sondage IPSOS très contrasté.
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30/01/2015 – 07H00 Paris (Breizh-info.com) – 51% des Français jugent l'islam incompatible avec nos valeurs, et 90% souhaitent que les individus partant en Syrie se voient retirer la nationalité française. Dans le même temps, ils sont massivement (89%) pour une restriction de la liberté d'expression sur Internet quand il s'agit de terrorisme islamiste, et partagés sur la publication des caricatures du prophète Mahomet. Enfin, Marine Le Pen sort grande perdante de la campagne de mobilisation qui a suivi les attentats de janvier. Tels sont les principaux enseignements d'un sondage, réalisé les 21 et 22 janvier dernier par l'Institut IPSOS.

Ce sondage a été réalisé afin d'étudier les réactions des Français après les attentats de début janvier, mais aussi après la grande vague de mobilisation «je suis charlie» selon les uns, « je suis un mouton » selon les autres. Un sondage destiné également à vérifier si l'accélération de la  machine « France Big Brother » suite aux attentats aura eu les effets escomptés.

Manifestement influencées par « l'effet Charlie », les positions des sondés vis à vis de l'islam et de l'islamisme ont tendance à être plus nuancées que lors des précédents sondages de l'Ifop réalisés en 2013 et 2014. Il n'en demeure pas moins qu'une majorité de Français demeure défiante vis à vis de cette religion.

Ainsi à la question du ressenti principal des Français face aux attentats, ils sont 72% à répondre la colère, 51% le dégoût et 24% la peur. (8% l'envie de vengeance et 2% l'indifférence).

Après la mobilisation décrétée «unité nationale, je suis Charlie » du 11 janvier dernier, 59% ont ressenti un sentiment de fraternité, 53% de fierté, et 16% de confiance.
Si 53 % des interrogés se sentent «en guerre» (70% des sympathisants UDI, 40% des sympathisants EELV), 16% se déclarent en guerre contre l'islam (42% des sympathisants FN, 4% des sympathisants EELV) et 84% contre le terrorisme djihadiste uniquement. Parmi ces 53%, ils sont 63% à estimer qu'ils remporteront la guerre.

Sur la perception de l'islam, 33% jugent que l'Islam portent en lui les germes de violence et d'intolérance (61% FN, 46% UMP, 15% PS-PC-FDG) et 66% jugent que le djihadisme n'est qu'une perversion de l'Islam, religion pacifiste. (83% PS, 39% FN). 60% des interrogés ont d'ailleurs été convaincus par les condamnations des attentats par les représentants de l'islam en France et 50% pensent que ces condamnations ont contribué à améliorer l'image de cette religion en France.

Sur la compatibilité de l'islam avec la société française, 51% des Français jugent cette religion incompatible ou plutôt incompatible (74% en janvier 2013) (58% des sympathisants UMP et 87% du FN). Ils sont 6% à juger la religion catholique incompatible et 17% pour la religion juive (22% chez les sympathisants PS-PC et 17% au FN).

Sur les conditions d'exercice des cultes, ils sont 59% (islam), 85% (juive) et 91% (catholiques) à les estimer satisfaisantes.

Vis à vis de la politique internationale, 50% des Français souhaitent voir le pays augmenter son engagement militaire dans les zones contrôlées par les djihadistes (Mali, Sahel, Irak) et seulement 9% souhaitent le diminuer (2% au PS, 25% chez les sympathisants FN). 65% souhaitent une intervention en Syrie de la France, non pas contre Bachar El Assad mais contre l'Etat Islamique, ce qui constitue un véritable camouflet pour la politique menée par François Hollande qui a contribué à armer ce dernier.

Sur la riposte à apporter, 96% estiment que la Justice doit jouer un rôle plus important dans l'application des peines (95% forces de l'ordre, 91% prison, 90% responsables religieux musulmans.
95% sont favorables pour durcir les conditions de détention des islamistes, 90% se prononcent pour la déchéance de la nationalité des Français partant en Syrie, 89% souhaitent restreindre l'accès aux sites Internet qui propagent l'idéologie islamiste  – et uniquement celle là comme le précise la question. 61% sont favorables à la privation d'avocat pour les terroristes lors des interrogatoires.

L'attitude des responsables politiques est également étudiée dans le sondage : Manuel Valls (86%), François Hollande (83%), Alain Juppé (73%) et un peu plus faiblement Nicolas Sarkozy (65%) sont plébiscités eu égard de leur comportement face à la crise ; à l'inverse, 60% jugent que Marine le Pen n a pas eu l'attitude attendue et 69% désapprouve le fait qu'elle n'ait pas participé au rassemblement du 11 janvier.

96% souhaitent que les partis politiques français s'unissent pour lutter contre le terrorisme (mais 61% l'estiment probable)

Concernant la caricature des religions, 53% des Français approuvent ces caricatures et le fait qu'en démocratie, l'on puisse dire ce que l'on veut, quand 38% désapprouvent les caricatures d'un point de vue personnel tout en soutenant la liberté d'expression, et 9% opposés à la publication de ces caricatures.

Enfin, concernant les conséquences de la mobilisation unitaire,  51% estiment pour autant qu'on ne peut pas être plus confiant en pensant à l'avenir du pays et de notre société, mais 93% pensent que les Français sont prêts à se mobiliser quand les valeurs du pays sont menacées. Enfin 89% pensent qu'ils sont plus attachés à leur pays qu'on ne le pensait.

Comment évoluera l'opinion du pays face à l'islam ? La réponse dépendra bien sûr de l'actualité intérieure et internationale. Ce qui est certain, par contre, c'est que la question, il y a quelques décennies, ne se posait pas…

Photo : DR
[cc] Breizh-info.com, 2015, dépêches libres de copie et diffusion sous réserve de mention de la source d'origine.


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lundi 26 janvier 2015

Ouvrir les yeux plutôt que brandir des dessins obscènes en répétant bêtement « l’islam est une religion de paix » - Nouvelles de France Portail libéral-conservateurNouvelles de France Portail libéral-conservateur

Ouvrir les yeux plutôt que brandir des dessins obscènes en répétant bêtement « l'islam est une religion de paix » - Nouvelles de France Portail libéral-conservateurNouvelles de France Portail libéral-conservateur
Ouvrir les yeux plutôt que brandir des dessins obscènes en répétant bêtement « l'islam est une religion de paix »

Charlie_Hebdo_de_la_merdeQuand on n'est pas musulman mais qu'on est citoyen d'un pays attaqué par des musulmans, mieux vaut, pour connaître l'ennemi qui nous attaque, écouter ce qu'ont à nous dire de l'islam les personnes qui le connaissent bien plutôt qu'un ministre des Affaires étrangères français, ouléma autoproclamé, qui prétend nous instruire sur ce qu'est l'islam et qui explique que les frères Kouachi et Amédy Coulibaly n'étaient pas de « vrais » musulmans.

Le père Samir Khalil Samir, chrétien copte égyptien, jésuite et islamologue, qui a grandi avec des musulmans et considèrent les Arabes musulmans comme ses frères, est un interlocuteur de choix pour parler de l'islam. Il s'est exprimé récemment sur Asia News sur ces conflits internes à l'islam qui débordent dans le monde non-musulman (voir la traduction ici), et il s'exprime cette semaine dans le magazine catholique polonais Gość Niedzielny, le plus gros hebdomadaire d'actualités en Pologne. Contrairement aux gens de Charlie Hebdo, il n'est pas islamophobe, c'est-à-dire qu'il n'accepte pas qu'on puisse caricaturer le prophète des musulmans de manière vulgaire, perverse et insultante, ni d'ailleurs, comme l'a fait Charlie Hebdo sur une couverture relativement récente pour s'attaquer aux chrétiens, la Sainte Trinité en train de copuler. C'est pourquoi le père Samir Khalil Samir s'étonne de ce rassemblement de dirigeants européens et mondiaux à Paris le 11 janvier car s'il est bon qu'une partie du monde s'unisse contre la violence et l'agressivité d'une partie du monde musulman, il eut été préférable que ces dirigeants réagissent de la sorte aux exactions cruelles perpétrées contre les chrétiens d'Orient depuis des années.

Le père jésuite fait à juste titre une distinction entre les dessins vulgaires, aussi bien christianophobes qu'islamophobes, du torchon d'extrême-gauche Charlie Hebdo, et le dessin danois qui avait été reproduit par ce même Charlie Hebdo et qui représentait Mahomet avec une bombe dans son turban. Il ne s'agissait là en effet pas d'insulter les musulmans mais de les interroger sur la violence inhérente à leur religion, et ce n'était après tout qu'une représentation modernisée de celle, plus traditionnelle chez les musulmans, de Mahomet avec un sabre. Un sabre que l'on retrouve aussi sur le drapeau de l'Arabie saoudite.

Le fait est aussi, remarque le père Samir Khalil Samir, que 80 % des attentats terroristes dans le monde sont des attentats de musulmans et que ce phénomène s'étend à tout le monde islamique. Là où il y a des musulmans, il y a des terroristes, et nombreux sont les imams et les oulémas qui, depuis des lustres, justifient y compris les attentats suicides. Les musulmans radicaux qui ont attaqué Charlie Hebdo l'ont fait parce que l'islam avait été insulté  et ils l'ont fait au cri de « Allah est grand ! ». Ils ont été en cela soutenu par de nombreux musulmans et on ne voit pas les musulmans « modérés » manifester en masse pour protester contre les actions de ces « faux musulmans », ainsi qu'on voudrait nous les présenter. Par contre, par un amalgame extraordinaire, ce sont bien des musulmans en Égypte, au Niger et ailleurs qui attaquent et tuent des chrétiens en réaction aux dessins de l'hebdomadaire satirique gauchiste antichrétien et antimusulman Charlie Hebdo.

Sur la violence dans l'islam, le père Samir Khalil Samir rappelle la vie de Mahomet et ses deux étapes : l'étape pacifique à La Mecque, quand il était en position de faiblesse, et l'étape guerrière, violente, à Médine, quand il s'est mis à faire la guerre et où ses versets inscrits dans le Coran ont très visiblement changé de ton. Petite pique qui pourrait être adressée à Laurent Fabius et à tous nos compatriotes musulmans qui nous disent que l'islam est une religion d'amour, de paix et de tolérance, l'islamologue jésuite accuse sans détour : « Si un musulman prétend que la violence n'a rien à voir avec l'islam, c'est qu'il s'agit d'un ignorant ou qu'il ment. Les musulmans savent que les non-musulmans ne connaissent pas le Coran, et ils disent donc ce qu'ils ont envie de dire car ils savent que personne ne va aller vérifier. Dans la réalité, Mahomet considérait que les juifs et les chrétiens croyaient dans le Dieu unique mais de manière imparfaite puisqu'ils ne l'acceptaient pas comme prophète. Ils pouvaient donc garder la vie sauve s'ils se soumettaient avec humilité aux musulmans – le Coran stipule clairement, qu'ils doivent accepter les humiliations – et s'ils payaient des impôts élevés. Il s'agit bien d'une forme de violence. Par contre il fallait tuer ceux qui ne croient pas dans le Dieu unique. »

Avis donc aux Français : les musulmans de France qui souhaiteraient revenir aux sources de l'islam, incités en cela par le prosélytisme et les pétrodollars de l'Arabie saoudite, voudront soit vous faire payer de gros impôts, pour la minorité chrétienne ou juive, soit vous tuer si vous refusez de devenir musulmans vous-mêmes. Ainsi que le dit le père Samir Khalil Samir, le but de l'islam est de conquérir le monde et cette fin justifie tous les moyens, y compris l'utilisation d'enfants de 10 ans pour les faire exploser sur les marchés ou pour les former à devenir des bourreaux en les faisant participer à des exécutions.

Pour le père Samir Khalil Samir, l'islam ne peut pas devenir une religion de paix à cause de l'enseignement du Coran, de l'exemple donné par la vie de Mahomet et de la sharia, et le problème des musulmans, c'est qu'ils semblent incapables de toute autocritique. Il faut donc les aider à faire cette autocritique, en commençant par les individus, et c'est là que les chrétiens ont, selon le père jésuite, un rôle important à jouer. Malheureusement pour la France, des chrétiens il n'y en a plus beaucoup et ce n'est pas Charlie Hebdo ou les Femen qui vont aider les musulmans à accepter des valeurs que l'Europe a elle-même en grande partie abandonnées au cours des dernières décennies. Comment par exemple convertir les musulmans à plus de respect pour la vie humaine, y compris celle des non-musulmans, dans un pays où l'on assassine chaque année les enfants par centaines de milliers dans le ventre de leur mère en prétextant avec une hypocrisie sans bornes qu'il ne s'agirait pas vraiment d'êtres humains ?

Une chose est en tout cas certaine, ce n'est pas en intensifiant la propagande LGBT dans les écoles de la République et en brandissant des caricatures obscènes de Mahomet comme on a pu en voir le 11 janvier que l'on gagnera la guerre contre l'islam radical. On lui fait au contraire gagner du terrain parmi les musulmans de France et parmi les musulmans des pays alliés de la France dans la guerre contre l'internationale islamiste. Et ce n'est pas non plus en autorisant l'insulte et le blasphème contre l'islam tout en interdisant sa critique raisonnée que l'on défend la liberté d'expression. En réalité la combinaison de la politique immigrationniste et de l'intégrisme laïco-balsphématoire de la France gaucho-bobo ne peut mener la France qu'à la guerre civile ou à la dictature.

Voir aussi :

Aymeric Chauprade : « La France est en guerre avec des musulmans »

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Ouvrir les yeux plutôt que brandir des dessins obscènes en répétant bêtement « l'islam est une religion de paix », 4.9 sur 5 basé sur 55 votes



Envoyé de mon Ipad 

jeudi 22 janvier 2015

L’archevêque de Kuala Lumpur s’inquiète de la décision interdisant aux non-musulmans d’utiliser le mot « Allah » | La-Croix.com

L'archevêque de Kuala Lumpur s'inquiète de la décision interdisant aux non-musulmans d'utiliser le mot « Allah » | La-Croix.com
22/1/2015-L'archevêque de Kuala Lumpur s'inquiète de la décision interdisant aux non-musulmans d'utiliser le mot « Allah »

La Cour fédérale de Malaisie a estimé mardi 21 janvier que les non-musulmans ne peuvent pas utiliser le terme « Allah » pour désigner Dieu. La plus haute juridiction du pays confirme ainsi l'interdiction faite au journal catholique Malaysia Herald d'utiliser ce mot.

Une décision « pas vraiment inattendue » selon Mgr Julian Leow, archevêque de Kuala Lumpur, interrogé par le Malaysian Insider. Il espère cependant qu'elle « ne concerne que le Herald » et qu'elle « n'ouvrira pas une boîte de Pandore en mettant un frein aux droits des minorités à gérer elles-mêmes leurs affaires religieuses ».

« L'interprétation de la décision ne doit pas être étendue aux liturgies, au culte et à la Bible », précise-t-il à l'agence Fides tout en souhaitant « aller de l'avant avec foi ». Le P. Lawrence Andrew, éditeur du Malaysia Herald, incite de son côté à prier « pour que les droits des minorités ne soient pas piétinés ».

D'autres procédures en cours

L'affaire a éclaté en 2008 quand le gouvernement malaisien a signifié au Malaysia Herald l'interdiction d'utiliser le mot « Allah » pour désigner le Dieu des chrétiens. Un an plus tard, la Haute cour donnait raison au journal avant qu'une vague de protestation ne pousse le gouvernement à faire appel. En 2013, la Cour d'appel avait renversé la décision.

La Cour fédérale, comme la Cour de cassation en France, n'a pas rejugé l'affaire sur le fond mais étudié l'existence ou non de vices de forme. Les cinq juges ont décidé à l'unanimité qu'il n'y avait pas eu d'erreurs de procédures dans les procès des juridictions inférieurs, empêchant ainsi tout nouveau recours.

Mais d'après l'avocat de l'Église catholique Datuk Cyrus Das, l'affaire « Allah » n'est pas terminée. « Il y a des problèmes constitutionnels qui n'ont pas été abordés mais pourraient l'être dans d'autres affaires », a-t-il déclaré.

Aujourd'hui pourtant, la Haute cour de Kuala Lumpur a maintenu la confiscation de huit CD appartenant à Jill Ireland, une chrétienne de l'État malaisien de Sarawak. Le ministère des affaires intérieures les avait saisis en raison de la présence du mot « Allah » dans plusieurs titres.

Avec 2,6 millions de croyants, le christianisme est la troisième religion de Malaisie derrière l'islam et le bouddhisme.



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mercredi 21 janvier 2015

Quel est le poids de l'islam en France ?

Quel est le poids de l'islam en France ?
Quel est le poids de l'islam en France ?

Avant même les attentats survenus les 7, 8 et 9 janvier, l'islam en France inquiétait une partie de l'opinion. Plusieurs enquêtes montraient un sentiment hostile et une surestimation du poids de cette religion. Autant de craintes alimentées par une actualité où l'islamisme radical tend à devenir omniprésent, générant des peurs alimentées par certains. Pourtant, les chiffres sont souvent bien loin des fantasmes.

A l'été 2014, un sondage de l'institut Ipsos Mori réalisé dans plusieurs pays montrait qu'à l'instar des Britanniques, les Français surestimaient fortement le nombre de personnes de confession musulmane en France : interrogés sur une estimation sur 100 personnes, ils répondaient en moyenne 23 %, alors que la bonne réponse était 8 %.

 2,8 millions ? En réalité, le chiffre exact est plus flou. La loi française interdit de recenser les populations par religion, ce qui empêche d'avoir un chiffrage précis. Néanmoins, nous disposons de quelques estimations. Ainsi, l'enquête « trajectoire et origines » menée par l'Insee et l'INED, sur la base de sondages, estimait les fidèles musulmans à 2,8 millions en 2008, contre 11,5 millions de catholiques, parmi la population de 18 à 50 ans. Un échantillon qui, pour les deux religions, ne compte donc ni les seniors, ni les mineurs.

3,9 millions ? Le chercheur Patrick Simon, de l'INED, évoque, en extrapolant les estimations sur les 18-50 ans à l'ensemble de la population, un chiffreun peu plus élevé : entre 3,9 et 4,1 millions de personnes en France seraient « musulmans », avec les mêmes réserves quant à cette appellation.

 4 à 5 millions ? C'est le chiffre qu'on entend le plus souvent. Il provient du ministère de l'intérieur et n'est qu'une approximation assez floue : il s'agit d'une extrapolation tirée de l'origine géographique des populations. On pourrait donc dire qu'il compte les personnes de « culture musulmane », qu'elles soient ou non pratiquantes dans leur quotidien.

Combien de musulmans en France ?

Cette extrapolation est classique. Ainsi, nombre de sondages n'hésitent pas à utiliser l'expression « d'origine musulmane », ce qui entretient la confusion : on peut être d'origine maghrébine sans être de confession musulmane.

Pour l'anecdote, un recensement effectué en 1906 avait estimé à environ 10 % la part des habitants de confession musulmane, soit environ 3,9 millions sur une population totale d'environ 39 millions de personnes. Ce chiffre s'explique par l'inclusion dans le recensement de l'Algérie, qui était alors une colonie française.

La dynamique est en revanche notable : le nombre de fidèles musulmans tend à augmenter depuis trente ans dans le pays, quand le nombre de catholiques connaît le mouvement inverse.

2. Quelle pratique de l'islam ?

Il faut également grandement relativiser la différence entre se déclarer croyant et pratiquer une religion. A l'instar des personnes se présentant comme catholiques, dont une partie seulement fréquente l'église chaque semaine, les musulmans sont peu nombreux à prier chaque jour ou aller chaque semaine à la mosquée.

Selon une enquête de l'IFOP pour le journal La Croix en 2011, basée sur un cumul d'enquêtes précédentes, 75 % des personnes issues de familles « d'origine musulmane » (sic) se disaient croyantes. C'est davantage que la précédente étude en 2007 (71 %) mais moins que celle d'avant en 2001 (78 %). Cette variation, causée par l'aspect déclaratif de l'enquête, illustre la difficulté d'établir précisément le nombre de croyants.

La population se revendiquant musulmane est plus forte chez les immigrés et descendants de deux parents immigrés, qui sont également les deux catégories où l'on retrouve la proportion la plus faible de personnes se disant « sans religion ».

Dans le détail, 41 % des personnes « d'origine musulmane » se disaient « croyantes et pratiquantes » (contre 16 % chez les catholiques), et 34 % « croyantes mais non pratiquantes » (57 % des catholiques), 25 % se disant « sans religion ou seulement d'origine musulmane » (27 % des catholiques). Seuls 25 % des interrogés disaient aller « généralement à la mosquée le vendredi ».

L'enquête montrait une hausse de la pratique du jeûne durant le mois de ramadan, observé par 71 % des interrogés, contre 60 % lors d'une enquête précédente en 1989. En revanche, seuls 6 % des interrogés disaient avoir déjà effectué le pèlerinage à La Mecque, qui est l'un des piliers de la religion musulmane.

Autre indication intéressante de l'étude IFOP : un tiers des personnes « d'origine musulmane » disaient consommer de l'alcool, pourtant interdit par l'islam. A contrario, près des trois quarts des répondants disaient acheter « systématiquement » ou « de temps en temps » de la viande halal, abattue dans le respect des rites islamiques.

Dans son étude publiée en en 2010, l'INED avait observé « un clivage entre les groupes en lien avec des régions où l'islam est dominant et les autres ». « Non seulement les proportions de 'sans religion' sont plus faibles chez les immigrés qui viennent des régions islamisées, mais leurs descendants déclarent plus souvent une référence religieuse que les autres. La transmission semble plus fréquente dans les familles à dominante musulmane que dans celles inscrites dans le catholicisme, le protestantisme ou le bouddhisme. »

 3. Combien de mosquées ?

Autre flou, celui qui règne sur le nombre de mosquées en France. Selon le ministère de l'intérieur, on recensait, en 2012, 2 449 lieux de culte musulman dans le pays, dont 318 en outre-mer. Le ministère donnait une estimation de la progression de ce nombre de lieux, qui a doublé depuis 2000.

Néanmoins, un lieu de culte n'est pas une mosquée. Pour l'essentiel, les musulmans français prient dans des salles discrètes, même si on constate depuis la fin des années 2000 une vague de constructions de mosquées plus visibles. On comptait en 2009 seulement 64 mosquées dotées de minarets pour près de 2 500 lieux de prière, soit 2,5 % environ, bien loin du symbole que représentent ces tours pour certains.

1/1 200 Si on rapporte le nombre de pratiquants de l'islam au nombre de lieux de culte, on arrive à un rapport significatif : si on compte 3 millions de pratiquants musulmans, on parvient à un lieu pour 1 200 fidèles. Si on compare avec le catholicisme, on recense environ 40 000 églises en France, pour 11 millions de catholiques pratiquants, soit une église pour 275 fidèles.

4. Combien de musulmans « radicaux » ?

Parmi ces millions de musulmans, combien sont « radicaux » ? Il faut déjà s'entendre sur le sens du mot « radical ». Il existe en effet plusieurs pratiques de l'islam, et  plusieurs écoles.

On estime en général que les plus rigides dans la pratique sont les salafistes sunnites, adeptes d'un mouvement qui prêche un retour à l'islam « des origines ». Financé par les monarchies du Golfe, le prosélytisme salafiste a permis à ce mouvement de conquérir des fidèles depuis une vingtaine d'années en Europe, voire d'imposer certaines pratiques, comme le voile intégral.

15 000 En 2012, le sociologue Samir Amghar, spécialiste de la question, expliquait notamment dans La Dépêche que « selon les renseignements généraux, les salafistes sont entre 12 000 et 15 000 en France ». Le chiffre correspondait donc à un salafiste pour environ 200 pratiquants musulmans en France.

Quel part de l'islam radical en France ?

Et là encore, être salafiste ou fondamentaliste ne veut pas dire croire aux vertus du djihad ni cautionner la violence comme moyen d'action. Le salafisme possède en son sein une composante djihadiste, « mais les salafistes djihadistes sont ultraminoritaires" précisait M. Amghar.

On peut comparer ces chiffres à ceux du nombre de personnes « impliquées » dans des filières djihadistes, c'est-à-dire partis combattre en Syrie, désirant y partir ou aidant à organiser des départs. Selon Bernard Cazeneuve, ils seraient au total environ 2 000 soit 0,075 % des personnes pratiquant l'islam.

 4 000 Nombre de fantasmes existent également concernant les conversions à l'islam. Là encore, il n'existe que peu de chiffres fiables sur le sujet. Bernard Godard, consultant pour le ministère de l'intérieur et des cultes, estimait en 2012 qu'il y avait environ 4 000 conversions en France chaque année, et autour de 100 000 personnes élevées dans des familles de culture chrétiennes qui se seraient converties.

5. Halal, voile : une jeunesse plus revendicative

Les spécialistes de l'islam soulignent d'autres éléments qui peuvent expliquer les peurs et les fantasmes. Les pratiques de l'islam acquièrent, spécialement auprès des jeunes générations de musulmans, une visibilité nouvelle, du fait de pratiques, notamment issues du salafisme, comme le port du voile intégral dans la rue, ou des revendications autour du voile à l'école.

L'émergence d'une filière halal est également une composante de cette visibilité croissante. Selon un cabinet spécialisé, Solis, ce marché était, en 2013, de 5,5 milliards d'euros, en forte croissance depuis plusieurs années.  Il était surtout concentré sur la viande, qui représente 88 % du chiffre d'affaires du secteur.

En 2013, Hugues Lagrange, sociologue au CNRS, publiait une étude qui montrait que cette affirmation plus forte de la pratique et de l'identité musulmane était surtout le fait des jeunes. « La résurgence des pratiques cultuelles et la religiosité augmentent chez les immigrés venus en France avant l'âge de 16 ans et chez les Français descendants d'immigrés, mais pas chez les immigrés arrivés à l'âge adulte », expliquait-il. Pour le sociologue, c'est le résultat d'un « sentiment de relégation sociale » qui favorise l'émergence d'une culture de l'islam rigoriste parfois opposé aux valeurs de la République.

Lire : En France, des jeunes de plus en plus fidèles à l'islam

Selon son étude, 90 % des 18-25 ans respectaient les prescriptions alimentaires musulmanes et le ramadan, soit plus que leurs aînés. Une conclusion qui avait posé question, et qui rejoignait d'autres études, tendant à montrer que les musulmans « qui vivent dans les "quartiers immigrés" sont sensiblement plus religieux que ceux qui sont dispersés dans des "quartiers mélangés" » ou ceux issus de couples mixtes. Une conséquence, pour lui, de l'échec de l'intégration : « Pour les jeunes ayant réussi leurs études ou vivant loin des cités, l'islam est un islam d'Europe, plus moderniste, marqué par une foi plus personnalisée. »

Lire aussi nos débats : Un islam à réformer ?



Envoyé de mon Ipad 

Le long martyr des chrétiens d’Orient

Le long martyr des chrétiens d'Orient

http://www.dreuz.info/2015/01/le-long-martyr-des-chretiens-dorient/
21/1/2015-Le long martyr des chrétiens d'Orient

maryohanna-abnoob-assiut

En ce début d'année 2015, avec l'actualité récente nationale et internationale, l'évocation du sort des chrétiens d'Orient est particulièrement douloureuse.

L'année 2014 fut très éprouvante : massacres de masse et exils forcés provoqués par l'Etat islamique en Irak et en Syrie (renommé Daesh en Occident pour ne pas nommer le problème). Enlèvements massifs au Nigeria par la secte islamique Boko Haram. Massacres et attentats en Centrafrique, Somalie et Libye.

Ces évènements furent médiatisés, commentés, condamnés (sans être suivis d'acte). Pourtant, les persécutions anti-chrétiennes dans les pays musulmans sont le fruit d'une longue tradition, y compris dans des Etats alliés de la coalition occidentale.

Turquie

La Turquie, souvent présenté comme Etat laïc et démocratique, connait un processus d'islamisation et de persécution des chrétiens qui remonte à loin :

  • Dès 1934, une loi interdit l'exercice de certaines professions aux chrétiens.
  • En 1942, est mis en place le varlik vergisi, impôt spécial inique sur la fortune. De là débuta l'exil des chrétiens grecs du pays.
  • En septembre 1955, suite à une rumeur d'incendie de la maison natale d'Ataturk, un violent pogrom est déclenché à Istanbul contre les minorités chrétiennes et juives, faisant une dizaine de morts, des centaines de blessés et détruisant nombre de demeures chrétiennes. L'exode des chrétiens s'accentua encore.
  • En 1965, le parlement vota une loi qui interdit aux détenteurs d'un passeport grec de rester en Turquie. La communauté grecque-chrétienne est alors considérablement amoindrie.
  • Le coup de grâce viendra d'une nouvelle série de spoliations du gouvernement des biens grecs en 1974, année de l'intervention turque à Chypre (dont la moitié est toujours occupée par les troupes turques dans l'indifférence de l'UE qui condamne en Israël une occupation plus que discutable).
  • Actuellement, les chrétiens ne sont plus que 100 000 âmes, soit 0,2% de la population. Le processus d'islamisation et d'éradication du christianisme en Turquie remonte donc à loin et se poursuit actuellement.
  • Une série d'assassinats de religieux et croyants turcs et étrangers se produit en 2006-2007, suite à des campagnes christianophobes virulentes des médias turcs.
  • La Turquie se fait fort de se présenter comme un état laic et démocratique, notamment dans la perspective d'adhérer à l'Union européenne. Pourtant, sa constitution de 1937 prévoit clairement que l'enseignement religieux soit géré par le gouvernement, et que les imams soient fonctionnarisés par ce dernier. On est très loin de la séparation de la religion et de l'Etat telle que revendiquée par les partisans de la laïcité occidentale. De plus, le traitement des minorités chrétiennes a toujours été basé sur la discrimination et la persécution.

Néanmoins, la Turquie est surpassée dans ce triste domaine par l'Arabie Saoudite, alliée incontournable de la coalition, et pays musulman le plus dur vis-à-vis des non-musulmans.

Arabie Soudite

  • Le royaume pratique l'islam Wahhabite qui interdit purement et simplement toute autre religion que l'islam sunnite (christianisme, judaïsme, hindouisme, bouddhisme, chiisme).
  • La conversion et la construction de lieux de culte chrétiens y est strictement interdite, le prosélytisme vaut l'expulsion pour un étranger et la mort pour un saoudien.
  • Cette situation n'a rien d'étonnant puisqu'en fait l'Arabie Saoudite est un Etat théocratique et totalitaire, fondé notamment sur l'alliance entre le prince Mohamed Ibn Saoud (Saoud Ier) et le prédicateur Mohamed Ibn Abdel Wahhab (créateur du wahhabisme, doctrine théologique inspirée du hanbalisme). Il s'agit de l'application stricte de la charia, dans sa version la plus dure et ce depuis la création du royaume en 1932.
  • Rappelons que ce pays qui ne tolère aucune manifestation d'une religion non musulmane ne se gêne pas pour dénoncer une prétendue « islamophobie » en Occident.
  • Et qu'il finance très officiellement plusieurs mosquées et centres islamiques dans le monde.
  • N'oublions pas non plus que ce royaume soutient généreusement diverses organisations islamistes, voire terroristes, et que plusieurs dirigeants du réseau islamiste sunnite Al-Qaida furent saoudiens.

Ces pays musulmans sont sunnites. Qu'en est-il des nations chiites ?

Iran

L'Iran est devenue une république islamique avec la révolution de janvier 1979 qui vit le renversement du Shah, et il applique le chiisme duodécimain comme religion d'état.

  • Le pays compte 200 000 chrétiens, soit environ 0,3 % de la population.
  • Depuis 1979, la moitié de cette population a fui le pays en exil.
  • Aussitôt après la révolution, un bureau des minorités religieuses a été créé, dans le but avoué d'augmenter la surveillance et la répression.
  • A l'instar des juifs, les chrétiens sont « gens du livre » et soumis au statut de dhimmi : ils sont protégés, mais s'ils ne sortent pas de leurs quartiers réservés, se font discrets, n'effectuent aucun prosélytisme.
  • Ils sont représentés au parlement, mais de manière illusoire car ils ne peuvent exercer aucun pouvoir sur les musulmans.
  • Ils subissent de nombreuses discriminations : interdiction de certaines professions libérales, inégalité devant un tribunal en cas de litige, obligation de se conformer aux traditions de l'islam.
  • Bien sûr, la conversion de l'islam à une autre religion est punie par la loi.
  • Arrestations, emprisonnements, tortures, assassinats de pasteurs chrétiens se poursuivent depuis plus de vingt ans.
  • Importation et impression de bibles sont formellement interdites.
  • Les persécutions se sont encore aggravées après l'élection de Mahmoud Ahmadinejad à la présidence du pays en 2005 avec notamment une vague d'assassinats de prêtres et de pasteurs en 2005-2007 (rappelant une précédente vague en 1994-96).
  • En 2010, suite à un discours de l'ayatollah Ali Khamenei contre le danger de christianisation de l'Iran, une vague de perquisitions et d'arrestations a visé les religieux chrétiens du pays.

C'est le grand et beau modèle politique iranien vanté par Soral et Dieudonné.

Syrie

Autre grand pays arabe chiite, la Syrie de Bachar el-Assad est souvent présentée en Occident comme une exception notoire et un havre de paix pour les chrétiens.

Il est vrai que le régime y est moins dur qu'en Turquie ou en Arabie Saoudite, les chrétiens peuvent construire des églises et pratiquer leur culte.

Mais ils subissent un grand nombre de discriminations et tracasseries administratives :

Liban

On pourrait penser que le Liban multiculturel constituerait un refuge providentiel pour les chrétiens maronites, mais c'était sans compter sur la montée en puissance du Hezbollah chiite, organisme terroriste allié de Téhéran et Damas, et les rivalités entre sunnites et chiites.

On le constate, les persécutions contre les chrétiens dans les pays musulmans sont systématiques et remontent à loin dans le temps.

On pourrait également parler de pays musulmans africains (Nigeria, Somalie) ou asiatiques (Pakistan, Indonésie).

Rappelons qu'en ce qui concerne le monde arabo-musulman (soit Proche-Orient et Afrique du Nord), les peuples et sociétés chrétiens étaient présents plusieurs siècles avant les invasions arabo-musulmanes, depuis l'antiquité romaine, à une époque où cette partie du monde était indo-européenne.

Depuis l'instauration de sociétés musulmanes par la colonisation et le génocide culturel, les peuples précédents ont été traités en dhimmis, voire persécutés violemment et exterminés. Leur disparition semble donc préparée et programmée. Il s'agirait non seulement d'un crime contre l'humanité mais aussi d'une attaque frontale contre l'Occident et le christianisme.

Israël

Le seul pays du Proche-Orent où les chrétiens ne sont pas discriminés, persécutés ou menacés de disparition demeure Israël, ce même Etat seul à être tant attaqué par l'Union Européenne, l'ONU et les organismes tiermondistes et droitdel'hommistes.

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Rester passif revient à commettre un crime aussi grand que ces actes de persécution. Dénoncer et réagir est un impératif moral. Et pas après que les crimes de l'Etat islamique aient été commis.

Quelle est la situation du côté des pays du Maghreb, géographiquement et historiquement plus proche de l'Europe ?

Algérie

Maroc

Le Maroc voisin, présenté comme un modèle libéral du monde arabe, ne vaut cependant guère mieux.

Egypte

On ne saurait oublier le sort des coptes d'Egypte qui subissent actuellement le contrecoup du printemps arabe et du renversement du régime de Moubarak, avec notamment les attentats et pogroms des Frères Musulmans.

Les persécutions contre les chrétiens remontent à loin en Perse, débutant dès le Xe siècle, leur nombre décroissant incessamment et leur place dans la société se marginalisant.

Jordanie

En fait, le pays le plus favorable (c'est-à-dire le moins dur) pour les chrétiens demeure une monarchie conservatrice sunnite, la Jordanie hachémite. Là-bas, les églises sont reconnues, peuvent célébrer pleinement leurs offices et ouvrir leurs écoles. Néanmoins, comme partout ailleurs dans le monde musulman, le prosélytisme et l'apostasie sont interdits.

Entre l'extermination à petit feu (Daech, EIL, Turquie) et les discriminations ponctuelles

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Il apparait donc clairement que les persécutions contre les chrétiens dans les pays musulmans sont pratiquement généralisées, oscillant entre l'extermination à petit feu (Daech, EIL, Turquie) et, dans le meilleur des cas, les discriminations ponctuelles non violentes (Syrie, Jordanie). Elles remontent également à loin dans le temps et sont souvent profondément ancrées dans la culture de ces pays.

En ces temps de Noël et de naissance du Christ, il est impossible de ne pas penser à nos frères dans le Christ qui s'efforcent de survivre au Proche-Orient.

L'année 2014 a vu également la montée en puissance d'une rébellion islamiste en Syrie et l'irruption de l'Etat islamique avec son cortège d'exactions : massacres collectifs, razzias d'esclaves, statut de dhimmis parmi les plus durs, exils déchirants.

Il en fut de même avec la secte islamique Boko Haram au Nigeria qui se distingua tristement par des enlèvements massifs de jeunes filles chrétiennes.

Ces évènements ont frappé l'esprit et suscité l'indignation, en Occident et ailleurs (sans d'ailleurs qu'aucune action concrète n'ait été encore tentée).

Pourtant, de telles exactions n'ont rien d'étonnant et ne font en fait que poursuivre un long processus en place depuis plusieurs décennies dans le monde musulman, y compris dans des pays qui actuellement, sont intégrés dans la coalition anti-Daesh, comme l'Arabie Saoudite ou la Turquie.

Reproduction autorisée avec la mention suivante : © François Préval pour Dreuz.info.

Sources :

Alexandre Del Valle, « Pourquoi on tue des chrétiens dans le monde aujourd'hui ? – la nouvelle christianophobie* », Edition Maxima Laurent Du Mesnil, 2011.

portesouvertes.fr/persecution-des-chretiens/

www.indignations.org/turquie-la-situation-des-chretiens-dans-la-turquie-dite-laique

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Envoyé de mon Ipad 

Chrétiens en terre d’Islam. Bienheureux les persécutés

Chrétiens en terre d'Islam. Bienheureux les persécutés
20/1/2015-Chrétiens en terre d'Islam. Bienheureux les persécutés

Chrétiens en terre d'Islam. Bienheureux les persécutés

Le 20 janvier 2015 - E. S. M. - Du voyage du pape François en Asie on gardera en mémoire ses propos concernant les massacres qui ont eu lieu à Paris. Ce qu'il a dit a montré qu'il comprenait que des gens qui voient leur foi insultée et tournée en dérision réagissent avec violence : "Si un ami me dit un gros mot contre ma mère, il peut s'attendre à recevoir un coup de poing ! C'est normal ! C'est normal !".

Cette déclaration a fait le tour du monde et elles ont été perçues comme une musique agréable par une très grande partie du monde musulman, qui se sent solidaire de l'assassinat des caricaturistes impies de "Charlie Hebdo".

Toutefois, au cours de la même conférence de presse, François a également dit d'autres choses : "Selon moi, le meilleur moyen de répondre est toujours la douceur. Il faut être doux, humble comme le pain, ne pas se livrer à des agressions".

Et ces phrases-là ont été perçues comme un commandement pour les chrétiens qui vivent en terre musulmane : ils doivent tendre l'autre joue l'autre joue, même lorsque l'ennemi ne se limite pas à les offenser et à les tourner en dérision, mais qu'il les assassine au nom d'Allah.

Dans un vibrant commentaire que l'on a pu lire dans le "Corriere della Sera" du 13 janvier, un rabbin italien des plus estimés, Giuseppe Laras, 79 ans, qui fut naguère un ami fraternel du cardinal Carlo Maria Martini, a lancé une mise en garde contre la "stratégie désastreuse" de ceux qui croient "faciliter une paix culturelle et religieuse avec l'islam politique", d'abord en "laissant les juifs et l'état d'Israël seuls " et ensuite en laissant les chrétiens sans défense :

"C'est une stratégie désastreuse, que les chrétiens arabes ont expérimentée avec le panarabisme et l'antisionisme. Les résultats en sont bien connus. Presque tous les pays musulmans, une fois qu'ils ont été débarrassés de leurs juifs, se sont concentrés sur leurs minorités chrétiennes, qui constituaient des populations nombreuses ; ils leur ont fait subir des violences et ils les ont massacrées. C'est une histoire qui se répète, allant des Arméniens qui ont été victimes d'un génocide (il y a de cela un siècle) aux chrétiens coptes d'Égypte, des chrétiens d'Éthiopie et du Nigéria jusqu'à Mossoul. Et beaucoup de pays européens, toute une série d'intellectuels et beaucoup de chrétiens d'Occident ont les mains ruisselantes du sang des chrétiens d'Orient, parce qu'ils ont été disposés à sacrifier ces derniers sur les autels du pacifisme, de l'opportunité politique, d'une conception mal comprise de la tolérance, de la culture bien-pensante et "radicale chic", et de la bonne conscience".

D'après le rabbin Laras, c'est dans l'éclipse du judéo-christianisme que cette abdication trouve son origine :

"La crise que nous traversons n'est pas seulement économique et démographique : c'est une crise de la culture et des valeurs, elle est liée à la crise du christianisme et, en un certain sens, à celle de la connaissance de la Bible, cette dernière étant le pivot de toute notre culture. Carlo Maria Martini avait raison lorsqu'il disait que la Bible est le livre de l'avenir de l'Europe et de l'Occident, mais il n'a pas été écouté. Benoît XVI avait raison quand il a prononcé sa célèbre conférence de Ratisbonne, mais il a été victime d'un discrédit médiatique et culturel. Faire en sorte que la Bible soit de nouveau une des bases de la culture et de l'éthique est un engagement religieux possible, d'une extraordinaire fécondité, qui pourrait être partagé par les juifs et les chrétiens".

Mais revenons-en aux chrétiens qui vivent en terre musulmane et en particulier au Moyen-Orient. Leur situation dramatique a fait l'objet d'une présentation faisant autorité et bien à jour qui a été publiée dans le premier numéro de cette année de "La Civiltà Cattolica", la revue des jésuites de Rome qui fait l'objet, avant d'être imprimée, d'un contrôle effectué par les autorités vaticanes.

Son auteur est un juif israélien qui s'est converti au christianisme et est entré dans la Compagnie de Jésus, David Neuhaus, vicaire du patriarcat latin de Jérusalem pour les catholiques d'expression hébraïque.

L'AVENIR DES CHRÉTIENS AU MOYEN-ORIENT

par David Neuhaus S.J.


Actuellement, lorsque l'on veut parler de la situation des chrétiens au Moyen-Orient, il faut dans tous les cas commencer par prendre acte de la peur qui a saisi ces communautés lorsqu'elles ont vu les horribles scènes qui étaient diffusées en provenance de l'Irak et de la Syrie. […]

Cette peur est associée à une expression qui vient facilement aux lèvres de ceux qui étudient la situation actuelle : "la persécution des chrétiens". Il ne fait aucun doute que si les chrétiens sont assassinés, c'est parce que leurs bourreaux musulmans extrémistes les considèrent comme des infidèles, des polythéistes ou des espions qui travaillent pour l'Occident.

Et pourtant, comme l'a indiqué le Comité Justice et Paix de l'assemblée des ordinaires catholiques de Terre Sainte : "Au nom de la vérité, nous avons le devoir de souligner que les chrétiens ne sont pas les uniques victimes de cette violence et de cette férocité. Les musulmans laïcs, tous ceux qui sont considérés comme hérétiques, schismatiques ou simplement comme non alignés sont également attaqués et assassinés". […]

Peur de quoi ?

La peur est mauvaise conseillère. Pour l'affronter et la vaincre, il faut la comprendre. Les chrétiens constituent une fraction particulièrement vulnérable du monde arabe, parce qu'un bon nombre d'entre eux se sont toujours refusés à s'organiser selon des critères confessionnels, comme des partis politiques ou des milices.

Pendant des décennies, à partir de la fin du XIXe siècle, les plus motivés d'entre eux au point de vue politique et social ont consacré leur énergie à développer le nationalisme arabe laïc sous ses diverses formes. Ils ont travaillé à ce projet en collaboration avec des musulmans et avec des membres d'autres communautés minoritaires qui avaient les mêmes convictions qu'eux.

Ce qui, habituellement, est connu sous le nom de "réveil arabe" a été couronné de succès jusqu'au point où les arabes ont développé le sens de leur identité, fondée sur la langue et sur la culture arabo-musulmane, dans le cadre de cette vaste partie du monde qui a été le centre des civilisations antiques qui ont donné au monde le judaïsme, le christianisme et l'islam.

À la suite de la guerre arabo-israélienne de 1948, les monarchies qui existaient dans plusieurs régions du monde arabe ont été renversées par des révolutions nationalistes. Cependant ces nouveaux régimes, bénéficiant souvent d'un ferme soutien de l'armée et de la police, se sont transformés ultérieurement en dictatures et ils ont eu recours à des systèmes de répression brutaux pour étouffer toute opposition. On trouve, parmi les victimes de ces régimes, des membres de certains mouvements qui avaient pour but de renforcer l'identité musulmane et de développer des modèles de gouvernement islamiques et anti-occidentaux.

Le document du Comité Justice et Paix qui a été cité plus haut affirme : "Sous ces régimes dictatoriaux, les chrétiens ont vécu dans une relative sécurité. Ils craignaient, dans le cas où cette autorité forte disparaîtrait, que n'apparaissent le chaos et des groupes extrémistes qui, en s'emparant du pouvoir, apporteraient la violence et les persécutions. C'est ce qui explique pourquoi certains chrétiens avaient tendance à soutenir de tels régimes. Alors que, au contraire, la loyauté vis-à-vis de leur foi et le souci du bien de leur pays auraient peut-être dû les pousser à s'exprimer plus tôt, en proclamant la vérité et en demandant les réformes nécessaires pour parvenir à davantage de justice et à un plus grand respect des droits de l'homme, en même temps que beaucoup d'autres chrétiens et de musulmans qui ont osé prendre la parole".

Il semble donc que les pires cauchemars des chrétiens soient devenus la réalité lorsque les régimes dictatoriaux relativement laïcs ont été défiés par l'islam politique.

L'émergence de cet islam politique a fait naître une peur légitime chez les chrétiens. Ceux-ci, dans le meilleur des cas, allaient se trouver marginalisés par rapport à un système politique qui mettrait l'accent sur l'identité confessionnelle et qui définirait la société en termes confessionnels. Dans le pire des cas, en revanche, les chrétiens allaient être assassinés, chassés de leurs propres maisons, privés de leurs droits, contraints à subir des extorsions et des humiliations. […]

La peur peut être surmontée au moment où les chrétiens entrent directement en contact avec les responsables des différents courants de l'islam, mais également au moment où ils mettent ceux-ci au défi de réfléchir aux conséquences de leurs idéologies et de leurs intentions.

En effet, un certain nombre de courants de l'islam ont dès à présent commencé à réfléchir au défi que représente la diversité confessionnelle et ils se sont déjà mis à dialoguer avec les chrétiens.

À cause de la peur on a tendance à croire que tous les musulmans défendent une seule perspective, dans laquelle les chrétiens n'auraient aucune place. Surmonter la peur signifie être capable de percevoir la diversité au sein de ce phénomène complexe qu'est le réveil islamique.

Surmonter la peur et l'isolement

Le premier résultat qui ait été produit par la peur est une tendance à l'isolement. Cette tendance dont on peut constater l'existence chez les chrétiens du Moyen-Orient consiste à s'isoler dans leurs propres quartiers, dans leurs propres institutions et dans leurs propres cercles. Après avoir refusé pendant des décennies les tendances isolationnistes dans le domaine politique, certains chrétiens voudraient aujourd'hui avoir leurs propres partis politiques.

Les plus extrémistes vont jusqu'à proposer que l'identité chrétienne exclue l'élément arabe, sa langue et sa culture. Dans cette perspective, les chrétiens seraient araméens en Syrie, phéniciens au Liban, coptes en Égypte, chaldéens en Irak, araméens en Israël, mais surtout ils ne seraient pas arabes.

Surmonter la peur et ce qui en est le résultat, c'est-à-dire l'isolement, présuppose que les chrétiens sortent des ghettos qu'ils se sont imposés, de manière à découvrir tous ceux qui, dans le monde arabe au sens large, sont menacés de la même manière par des perspectives musulmanes monolithiques qui mettent en danger la composition même de la société moyen-orientale.

En premier lieu, il faut reconnaître que les premières victimes de l'extrémisme islamiste sont précisément ces musulmans qui ne sont pas d'accord avec le point de vue des extrémistes. Ces derniers ont massacré davantage de musulmans que de chrétiens. Et des musulmans en nombre encore plus élevé ont pris la fuite par peur.

En deuxième lieu, d'autres minorités courent un danger encore plus grand que celui qui pèse sur les chrétiens. Il s'agit, par exemple, des yazidis, des druzes ou des alaouites, parce que les extrémistes considèrent que la foi et les pratiques de ces minorités-là vont au-delà de ce qu'un musulman peut tolérer en matière de diversité religieuse.

En troisième lieu, les différents courants qui existent au sein de l'islam politique ne partagent pas une même conception des relations qu'il convient d'avoir avec les non-musulmans. Les chrétiens doivent chercher quels sont, parmi ces courants, ceux qui sont disposés à la rencontre et au dialogue. […]

Institutions et discours chrétiens

L'exhortation apostolique "Ecclesia in Medio Oriente" de Benoît XVI met l'accent sur le rôle prioritaire joué par les institutions chrétiennes présentes dans cette partie du monde en ce qui concerne la mission. […]

Des centaines d'écoles, d'universités et d'institutions pour les pauvres, pour les personnes âgées et pour les handicapés, d'hôpitaux et d'autres institutions qui proposent une éducation et des services sociaux et qui appartiennent à l'Église sont répandues sur tout le territoire du Moyen-Orient.

En pratique, toutes ces institutions sont caractérisées par leur dévouement et par les services qu'elles offrent aux communautés près desquelles elles se trouvent, ainsi que par l'ouverture dont elles font preuve à l'égard de chaque individu et de tous, qu'ils soient musulmans, chrétiens, ou encore membres d'autres minorités. Ces institutions révèlent le visage d'une présence chrétienne qui veut être au service non seulement des chrétiens, mais également de la société dans son ensemble.

De telles institutions représentent un progrès très significatif au-delà de la peur et de l'isolement. Certaines d'entre elles sont particulièrement importantes : ce sont celles qui servent presque exclusivement des populations musulmanes, montrant ainsi le visage d'une Église qui cherche à contribuer à la construction d'une société fondée sur la convivialité et sur le respect. Dans la bande de Gaza, 98 % des élèves des écoles chrétiennes sont musulmans.

D'autre part, on peut rappeler que, à la suite des révolutions qui ont été menées par le parti Baas en Irak et en Syrie, presque toutes les institutions chrétiennes ont été nationalisées dans ces pays, ce qui a eu pour conséquence la disparition de cette forme de présence chrétienne dans la société. Il est possible que la catastrophe actuelle ne soit pas dépourvue de liens avec ce fait. […]

La foi contre la peur

Face aux peurs que les chrétiens continueront à ressentir aussi longtemps que le Moyen-Orient sera secoué par l'instabilité et par le chaos, l'unique antidote chrétien est la foi. Les chrétiens portent le nom de leur Maître, qui ne leur a pas promis une vie facile. À ceux qui le suivaient, le Christ a déclaré : "Si quelqu'un veut venir à ma suite, qu'il se renie, qu'il se charge de sa croix et qu'il ne suive. En effet celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie à cause de moi et de l'Évangile la sauvera" (Mc 8, 34-35). Ces phrases ont guidé des générations de chrétiens, qui ont donné leur vie pour témoigner de leur foi en l'Évangile.

On comprend facilement pourquoi beaucoup d'entre eux préfèrent garantir à leurs enfants un avenir meilleur dans un monde apparemment plus sûr, que ce soit en Europe, aux États-Unis ou en Australie. Une diaspora des chrétiens du Moyen-Orient peut même aller jusqu'à fournir une aide à ceux qui décident, toutes réflexions faites, de rester dans leur pays, ou à ceux qui, simplement, n'ont pas les moyens de partir.

Cependant, il y a d'autres chrétiens qui, inspirés par leur propre courage, par leur détermination et par leur foi, font le choix, en dépit de toutes les circonstances qui s'y opposent, de rester sur la terre de leurs ancêtres, parce qu'ils savent qu'il en va de leur vocation et de leur mission, et qui décident de donner le témoignage du Christ dans la région même où celui-ci a marché.

Ce sont ces chrétiens-là qui, grâce à leur sens de la mission, assurent l'avenir de l'Église au Moyen-Orient. Ils se sont retroussé les manches et ils ne regardent pas en arrière, ils ne s'enfuient pas. Ils n'ont pas peur ; ils ne lancent même pas d'accusations ; ils ne s'isolent pas derrière des barrières confessionnelles ; ils ne se laissent pas paralyser par l'amertume qu'ils ressentent ; ils regardent plutôt vers l'avant, en cherchant à distinguer le chemin qui permet d'aller plus loin.

La foi est, au-delà de la peur et de l'isolement, la seule voie sûre qui conduise vers l'ouverture et vers le service, lorsqu'on se met à la recherche du Christ et que l'on marche à la suite de Celui qui est allé à la rencontre de tous les hommes, y compris de ceux qui étaient le plus éloignés. La foi est le sentiment profondément enraciné que la victoire a déjà été obtenue par la résurrection et que, quelles que soient les croix rencontrées au long du chemin – l'extrémisme, la haine et le refus – les forces de mort ont été surmontées dans la Croix du Christ. En définitive, c'est la vie qui triomphe.

Au Moyen-Orient, chez les chrétiens durement éprouvés, le renouvellement de la foi passe certainement par un sens renforcé de l'unité des chrétiens qui dépasse les divisions confessionnelles du passé. À plusieurs reprises, le pape François a mis l'accent sur l'"œcuménisme du sang", comme il l'a fait, par exemple, dans le discours qu'il a prononcé devant le Saint Sépulcre de Jérusalem, où il se trouvait en compagnie de Barthélémy, le patriarche œcuménique de Constantinople. […]

De la même manière, le renouvellement de la foi passe par le fait de s'engager dans un dialogue avec les musulmans (ainsi qu'avec les juifs dans le territoire israélo-palestinien), dans un appel authentique et honnête au respect des uns par les autres et dans un travail effectué en commun afin de construire une société qui soit libérée de l'oppression, de l'ignorance et de la peur. Ce qui renforce également la demande d'une égalité entre les citoyens, de telle sorte que ceux-ci jouissent des mêmes droits et soient soumis aux mêmes obligations.

C'est cette voix de la foi que l'on peut percevoir dans la déclaration de la Commission Justice et Paix, lorsque celle-ci affirme : "Nous prions pour tout le monde, pour ceux qui unissent leurs efforts aux nôtres et pour ceux qui nous font du mal aujourd'hui, et même pour ceux qui nous tuent. […] Notre seule protection est dans le Seigneur et, comme lui, nous offrons nous aussi nos vies pour ceux qui nous persécutent, mais également pour ceux qui, avec nous, défendent l'amour, la vérité et la dignité".



Envoyé de mon Ipad 

mardi 20 janvier 2015

Des arabo-musulmans et arabo-laïques en appellent à une réforme de l’islam – Raison et laïcité – Daniel Baril – Voir.ca

Des arabo-musulmans et arabo-laïques en appellent à une réforme de l'islam – Raison et laïcité – Daniel Baril – Voir.ca
Des arabo-musulmans et arabo-laïques en appellent à une réforme de l'islam

19 janvier 2015 19h45 · Daniel Baril

Beaucoup d'encre a coulé depuis la tuerie de Charlie Hebdo. Dans la lignée de ceux qui disent qu'il faut éviter les amalgames (pas de « glissement » dirait Philippe Couillard), on retrouve ceux qui affirment que le terrorisme islamiste n'a rien à voir avec l'islam parce que les terroristes poursuivent un projet politique.

Ah bon!? Et quel genre de projet politique poursuivent-ils? Un projet républicain? Un projet social-démocrate? Une société sans classe? Une démocratie directe? Ce que les terroristes de l'islamisme, du djihad, du wahhabisme et du salafisme veulent instaurer c'est un État islamique fondé sur la charia. C'est un projet politique fondamentalement religieux, fondé sur une lecture intégriste du coran et des hadiths et non sur une lecture du Petit Prince. Si un musulman n'est pas en soit un islamiste, l'islamisme est en soit musulman. Le nier serait l'équivalent de dire que les croisades et l'inquisition n'étaient pas chrétiennes ou que les purges de Staline, de Mao et de Pol Pot n'étaient fondées pas sur le marxisme.

Même Fatima Houda-Pepin, qui veut combattre l'islam radical, tombe malheureusement dans ce biais :

« l'islamisme radical, écrit-elle, n'a rien de religieux, c'est un mouvement idéologique et politique qui se drape de l'islam qu'il pervertit au gré de ses prétentions pour justifier les horreurs de sa violence et de son action terroriste. L'islamisme radical vise ouvertement, par l'endoctrinement systématique et par la force des armes, la prise de pouvoir dans un but bien précis, celui d'éradiquer la démocratie et d'instaurer la charia. »

Comme musulmane croyante, elle a ses raisons de se dissocier de l'islam radical mais sa façon de le faire la conduit à un discours contradictoire dans lequel la charia n'aurait plus rien à voir avec l'islam.

Le ver est dans la pomme

Heureusement, de plus en plus de voix se font entendre dans le monde arabo-musulman réclamant une réforme de l'islam, ou à tout le moins un examen de conscience. La prise de parole la plus virulente est sans doute la Lettre ouverte au monde musulman du philosophe Abdennour Bidar. À propos du monstre qu'est l'État islamique Daesh, il déclare, :

« Que dis-tu en effet face à ce monstre ? Quel est ton unique discours ? Tu cries « Ce n'est pas moi ! », « Ce n'est pas l'islam ! ». […] LA grande question : pourquoi ce monstre t'a-t-il volé ton visage ? Pourquoi ce monstre ignoble a-t-il choisi ton visage et pas un autre ? Pourquoi a-t-il pris le masque de l'islam et pas un autre masque ? C'est qu'en réalité derrière cette image du monstre se cache un immense problème, que tu ne sembles pas prêt à regarder en face. Il le faut bien pourtant, il faut que tu en aies le courage.

D'où viennent les crimes de ce soi-disant « État islamique » ? Je vais te le dire, mon ami. Et cela ne va pas te faire plaisir, mais c'est mon devoir de philosophe. Les racines de ce mal qui te vole aujourd'hui ton visage sont en toi-même, le monstre est sorti de ton propre ventre, le cancer est dans ton propre corps. [...]

Même les intellectuels occidentaux, quand je leur dis cela, ont de la difficulté à le voir : pour la plupart, ils ont tellement oublié ce qu'est la puissance de la religion – en bien et en mal, sur la vie et sur la mort – qu'ils me disent « Non le problème du monde musulman n'est pas l'islam, pas la religion, mais la politique, l'histoire, l'économie, etc. »

Le spécialiste de l'islam en appelle à une vraie révolution:

« Quand donc vas-tu faire enfin ta vraie révolution ? Cette révolution qui dans les sociétés et les consciences fera rimer définitivement religion et liberté, cette révolution sans retour qui prendra acte que la religion est devenue un fait social parmi d'autres partout dans le monde, et que ses droits exorbitants n'ont plus aucune légitimité ! »

La révolution qu'appelle le philosophe n'est autre que l'humanisme laïque. Abdennour Bidar a également accordé une entrevue à l'émission Désautels le dimanche (à partir de 3:15).

Dans la même veine, plusieurs dizaines de courageux intellectuels des pays arabes ont publié, au péril de leur vie, une Déclaration de laïcs issus du monde islamique dans laquelle ils affirment:

« Aujourd'hui, la réponse à cette guerre ne consiste à pas à dire que l'islam n'est pas cela. Car c'est bien au nom d'une certaine lecture de l'islam que ces actes sont commis. Non, la réponse consiste à reconnaître et affirmer l'historicité et l'inapplicabilité d'un certain nombre de textes que contient la tradition musulmane. Et à en tirer les conclusions. Les troupes ennemies qui mènent cette guerre mondiale ne sont pas constituées de simples égarés mais de combattants fanatisés et déterminés. Ces combattants sont nourris par des textes islamiques qui appellent à la violence, qui existent dans les autres religions et qui relèvent d'un autre contexte, d'un autre âge, aujourd'hui dépassés. Ce corpus est le référentiel des groupes jihadistes. Tous les acteurs concernés, à commencer par les religieux et les autorités de chaque pays, doivent le déclarer comme inadapté, dépassé et inapplicable. Cette position doit être le début d'une véritable réforme du champ religieux de chaque pays et au-delà du champ religieux, d'une mise à niveau des législations. »

Courageux aussi les propos de la philosophe Élisabeth Badinter tenus au Devoir:

« Les salafistes ne sont évidemment pas tous des terroristes en puissance. Mais ils sont l'intermédiaire entre une religion musulmane qui s'accorde avec la République et ceux qui franchissent le pas vers le terrorisme. […] la gauche nous a vomi dessus parce qu'elle était communautariste et croyait que nous étions des intolérants racistes. C'est la gauche, qui s'était pourtant battue pour la laïcité, qui a mis la première le genou en terre au nom de la tolérance. Je pense qu'il y a beaucoup de mauvaise conscience dans cette attitude. [...] C'est Marine Le Pen qui s'est emparée de ce thème [la laïcité] qui appartenait traditionnellement à la gauche. Jamais son père n'en avait parlé.»

Voila des discours qui font la barbe à tous les extrémistes de la rectitude politique. La barbarie des djihadistes aura eu ça de bon. À la gauche communautarienne de faire aussi son examen de conscience.

De la représentation de Mahomet

En terminant, s'il en reste qui croient que l'islam interdit la représentation de Mahomet, qu'ils tapent « illustration Mahomet« , dans n'importe quelle langue sur Google. Ils obtiendront des dizaines de représentati0ns de Mahomet issues du monde musulman comme celle-ci:PHOTOLISTE_20090721135806_iran_mahomet_recevant_le_600_

Deux textes sur le sujet: une entrevue de l'Obs avec l'historienne de l'art Sophie Makariout et l'article du journaliste Grégoire Fleurot. Et une entrevue de Joël Le Bigot avec le théologien Olivier Bauer (à 2:20:00, ou 9h21).

Mais y aurait-il un interdit religieux formel que ce ne serait pas une raison de s'y conformer. C'est ce genre d'intégrisme dogmatique qui a conduit les Talibans à interdire les manuels de médecine comportant des planches anatomiques et les huttérites (chrétiens fondamentalistes) à refuser de se faire photographier pour leur permis de conduire.



Envoyé de mon Ipad 

La révolution de l’Islam selon le président al-Sisi

La révolution de l'Islam selon le président al-Sisi
Le président égyptien Abdel Fattah al-Sisi

Le discours que le général al-Sisi a prononcé le 1er janvier dernier devant les principales autorités religieuses égyptiennes est probablement sans précédent dans l'histoire contemporaine du monde arabo-islamique. Ce n'est pas la première fois que le président égyptien exprime publiquement et de manière non formelle une opinion sur l'Islam et sur la manière dont il est vécu et interprété. Il l'avait fait par exemple en juillet dernier : lors des célébrations de la « nuit du destin » (la nuit de la révélation du Coran selon les musulmans), il avait affirmé que « beaucoup connaissent le Coran par cœur, mais des personnes qui connaissent le Coran par cœur nous tuent. [...] Nos manières de pratiquer l'Islam, et qui sont en réalité contraires à notre religion, nous ont attiré les critiques d'autrui ». Mais cette fois-ci, al-Sisi est allé plus loin, en demandant à son auditoire d'entreprendre une véritable « révolution religieuse ».

Les paroles de al-Sisi méritent d'être mises en valeur. Le président égyptien a été peut-être la seule autorité publique musulmane (c'est de notoriété publique qu'il est lui-même un musulman dévot) à reconnaître avec franchise que la pensée islamique contemporaine a un problème dont la résolution ne peut plus être ajournée. Mais, pour évaluer les effets que cette initiative importante sera capable de produire, il est nécessaire de s'arrêter sur plusieurs réflexions.
Tout d'abord, il faudra vérifier si l'appel du président sera accueilli ou s'il tombera dans le vide, au-delà de la vive disponibilité dont ont fait preuve les institutions religieuses égyptiennes. En réalité, déjà en décembre dernier, les autorités de al-Azhar avaient organisé une conférence internationale pour discuter de l'extrémisme et du terrorisme, avec la participation non seulement de nombreux ulémas du monde entier, sunnites et chiites, mais aussi de plusieurs évêques du Moyen-Orient. Mais apparemment al-Sisi a en tête un effort supplémentaire : il ne s'agit pas seulement de contrecarrer épisodiquement la lecture des mouvements plus extrémistes, mais de déconstruire à la racine un discours religieux qui, sous plusieurs formes et à différents degrés est devenu dominant ces dernières décennies dans une bonne partie du monde islamique. Naturellement de fortes résistances internes se feront sentir. Le 5 janvier dernier, un éditorialiste du quotidien Al-Ahram, remarquait dans un article intitulé « Les appels de al-Sisi ne suffisent pas » un fait éloquent : quelque temps seulement avant le discours du président, certains membres importants des institutions religieuses auxquels s'est adressé le président avaient attaqué durement des intellectuels coupables d'avoir proposé la révision de certains manuels utilisés dans les instituts azharistes et contenant « des incitations explicites à la haine d'autrui ».

Il y a aussi un autre aspect, pas moins important. Dans l'Islam en général et dans l'Islam contemporain en particulier, la notion même d'autorité religieuse, ou de responsables religieux, est très vague. La mosquée d'al-Azhar tend à s'auto-représenter et est souvent représentée comme "le phare" de l'Islam sunnite, mais ses déclarations, comme ceux des autres institutions religieuses, ne jouissent d'aucun monopole dans l'interprétation de l'Islam. Avant la délégitimation des autorités traditionnelles de la part des mouvements réformateurs et islamistes, puis leur instrumentalisation par les autorités politiques et enfin la proliférations des chaînes satellitaires, sites internet et autres plates-formes digitales consacrées à la prédication islamique, ont vidé les institutions traditionnelles de leur autorité. Il est probable qu'aujourd'hui le programme d'un prédicateur islamique sur al-Jazeera soit plus suivi qu'un discours de l'Imam de al-Azhar (ce n'est peut-être pas un hasard qu'après le discours de al-Sisi, al-Azhar ait ouvert des pages officielles sur les réseaux sociaux, de twitter à facebook). Cela ne signifie pas que la révolution religieuse souhaitée par le président égyptien ne puisse pas avoir lieu. Mais, cela montre que plus que résoudre le problème de l'extrémisme islamiste en le persuadant d'abandonner sa cause, elle créerait une forte polarisation entre partisans et opposants d'un discours religieux réformé. Aujourd'hui déjà les idéologues islamistes définissent les autorités religieuses officielles les ulama al-sulta, « les ulémas du pouvoir », avec qui ils ne se sentent pas obligés de se confronter, sauf pour les critiquer.

Mais, au-delà de ce niveau, qui concerne les aspects théologiques et intellectuels de la réforme et le rôle des ulémas, il y en a un autre, peut-être plus déterminant, et que les paroles de al-Sisi ne touchent pas explicitement.
La diffusion du discours islamiste dans toutes ses nuances, des Frères musulmans au salafisme jihadiste, a été permise et même encouragée par des gouvernements musulmans et non musulmans pour la réalisation de leurs objectifs politiques. L'affirmation de l'islamisme est inexplicable si l'on ne tient pas compte de l'appui politique et financier dont il a joui ces quarante dernières années.
De plus, comme l'a récemment écrit l'historien égyptien Sherif Younis toujours sur al-Ahram, les régimes qui dans le passé ont adopté instrumentalement une vision moderniste et progressiste de l'Islam (l'Égypte de Nasser, la Tunisie de Bourguiba, considérés à tort comme « laïques ») ont également fait le jeu de l'islamisme : en confiant la gestion et l'interprétation de la religion à l'État, ils l'ont transformée en un objet de dispute politique.
Le problème, ce n'est pas la production politique d'un discours religieux s'opposant au discours islamiste. L'élément décisif est la dissociation entre le discours religieux et l'État. Cela ne signifie pas exclure la religion de l'espace public, mais empêcher une double instrumentalisation : de la religion par l'État et de l'État par la religion. Ici, la responsabilité ne retombe pas seulement sur les dignitaires religieux, mais elle implique aussi (et surtout) l'autorité politique. Al-Sisi a-t-il aussi cela en tête lorsqu'il parle de « révolution religieuse » ? Si oui, c'est une bonne nouvelle. Si, en revanche, il veut réclamer la création du énième discours islamique « autorisé », on pourra s'attendre difficilement à un véritable changement. La réforme de la pensée islamique va de pair avec la réforme politique. De ce point de vue, l'Égypte de al-Sisi vit aujourd'hui une inquiétude profonde, pour des raisons complexes que les européens comprennent difficilement parce que nous avons tendance à nous indigner (justement) lorsque l'islamisme frappe chez nous, mais nous sommes très indulgents ou distraits lorsqu'il agit hors de nos frontières.

Une dernière remarque. L'Égypte est un grand pays de 80 millions d'habitants, qui en vertu de son histoire et de sa riche culture a joué pendant des années un rôle de guide dans le monde arabo-islamique. Mais l'Égypte est aujourd'hui un pays socialement et économiquement fragile et cela l'oblige à dépendre d'autres acteurs politiques, dont l'Arabie saoudite. Est-il possible de réaliser une révolution de la pensée islamique tant que Riyad continuera à exporter des tensions dans le monde islamique et ailleurs à travers la diffusion de la doctrine wahhabite, c'est la grande question à laquelle, tout le monde, et pas seulement al-Sisi, devra donner une réponse.



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