15/1/2015-Islamisme mondialisé:
les racines du mal
RELIGION - Le 11 janvier, les Français se sont massivement levés contre le fanatisme et le terrorisme mondialisé. Dans toutes les provinces de France, des hommes et des femmes ont voulu réaffirmer les valeurs de la République en défendant un pilier de notre société: la liberté d'expression.
Cette liberté qui confère à chacun d'entre nous la liberté de dire, de faire et d'être soi. Des musulmans, des juifs des athées, des agonistiques, des chrétiens, des blancs, des noirs, des arabes, main dans la main, ont transcendé leurs différences pour dire ensemble, nous sommes la France libre. Une belle image de cette France rassemblée. Une véritable leçon de fraternité, loin de toutes les stupides démagogies et loin de toutes les grossières polémiques. Un moment de grâce. Des heures inoubliables qui entreront, de fait, dans les grandes dates de l'histoire de France. Le 11 janvier 2015 restera gravé comme étant le jour où la France de la liberté, de l'égalité et de la fraternité a crié son nom en démontrant que le vivre ensemble et notre unité étaient une force face à tous les périls qui se dresseront devant nous. Mais comme tout moment de grâce, le jour d'après est peut-être le plus long et le plus compliqué à gérer. Car au-delà de l'émotion collective, nous avons l'obligation de comprendre. Oui! Comprendre comme l'affirmait Spinoza, sans rire, ni pleurer mais comprendre.
Comprendre que les frères Kouachi et Amedy Coulibaly étaient des enfants de France, tous nés ici. Comprendre leur parcours chaotique de foyer en foyer pour les uns et de prison en prison pour quasiment tous. Nous devons avoir la force de regarder ces enfants de France qui se sont construits dans la banalisation de la violence, qui ont emprunté les chemins de la délinquance, qui se sont radicalisés dans ces nébuleuses islamistes et enfin, ont choisi de semer la mort dans leur pays. Ces assassins sont également les enfants d'un monde de plus en plus globalisé où l'idéal républicain est concurrencé par une idéologie obscurantiste mortifère. Ce monstre hideux sorti des entrailles d'un Moyen-Orient qui s'écroule, rongé de l'intérieur par des monarchies totalitaires qui, chaque jour, bafouent l'aspiration profonde de ces populations à vivre en toute liberté et par ces sanguinaires décérébrés, appelés à juste titre "terroristes", qui au nom d'une certaine conception très particulière de l'islam répandent la désolation en décimant l'arbre de la vie, en rétablissant l'esclavage, en violant des femmes et en commettant des crimes abominables.
Ce ventre mou où nos politiques étrangères ont nourri le mal qui nous atteint. Cette realpolitik qui s'arroge le droit de défendre l'indéfendable. Cet art de ruser en permanence avec nos valeurs, cette étrange politique étrangère qui consiste à donner des armes sans savoir comment elles seront utilisées, à faire des guerres sans penser aux conséquences, à sceller des alliances que nous regretterons le lendemain sans aucune vision à long terme. Ce mal que nous avons libéré, jadis en Irak, en nous passant de l'autorisation des Nations unies en allant chercher par la guerre, des armes de destruction massive qui, force est de constater, n'existaient pas. Ce mal que nous entretenons furieusement ébranchant toute entreprise de paix dans le conflit israélo-palestinien. Ce mal que nous avons libéré en Libye, devenu en peu de temps, l'un des foyers les plus violents de cet extrémisme mondialisé qui contamine désormais une partie de l'Afrique subsaharienne. Bref, un monstre qui a grandi sous la bienveillance de nos démocraties occidentales dont la politique pétrolière annihile bien souvent toutes les bonnes résolutions. Ce mal qui a décimé, durant des décennies, des populations tout entières en Afghanistan, en Irak, en Algérie, en Lybie, au Yémen, veut se répandre chez nous, et nous ne l'accepterons jamais.
Certains diront qu'ils sont les enfants de l'islam, que l'islam est malade, qu'il a un cancer et que ce dernier est en train de métastaser. Il serait injuste d'attribuer à la religion musulmane -qui a porté le monde, diffusé un savoir universel, encensé la culture et les arts- tous les renoncements des populations musulmanes. Les musulmans doivent prendre conscience que ce monstre se nourrit également de l'illettrisme des masses, de nos divisions doctrinales incessantes, de l'acceptation de la dégradation de la condition féminine dans le monde, de la propagation des traditions contraires à l'esprit libérateur de notre texte sacré, du racisme entre les différentes composantes de la société musulmane, de la nostalgie maladive à vouloir retrouver un âge d'or, de la frilosité contagieuse à vouloir revivifier un corpus juridique obsolète qui ne correspond plus au monde dans lequel nous vivons et d'un littéralisme sourd devant cette soif grandissante d'amour et de spiritualité. En France, ce monstre se nourrit de l'incapacité des organisations musulmanes de France a organisé le culte musulman, de l'incapacité des autorités politiques de parler d'islam en toute sérénité. Et notre islam souffre de voir une jeunesse trop silencieuse en manque de reconnaissance, d'imams autoproclamés, de représentants auto-désignés incapables de parler correctement le français -la "chalgoumisation" des imams est un péril qui ne dit pas son nom.
L'islam souffre d'une islamophobie organisée, de la dématérialisation du savoir religieux où certains individus deviennent imams ou émettent des fatwas en un seul clic sur internet. En fait, l'islam souffre également de ces populations musulmanes résignées à regarder le monde sans vouloir le changer.
Devant les événements que nous venons de traverser, ayons le courage de poser enfin la question de la stratégie et de l'efficience de nos politiques étrangères et ayons, nous musulmans, le courage de réformer l'organisation et l'enseignement du culte musulman français.
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