Pour 56 % des Français, l'islam occupe trop de place dans le débat public
À quelques semaines des primaires de la droite et du centre, l'Ifop a publié, jeudi 13 octobre, une enquête révélant qu'une majorité de Français estimait que les polémiques et débats liés à l'islam étaient sur-représentés dans le débat public.
À quelques semaines des primaires de la droite et du centre, l'Ifop a publié, jeudi 13 octobre, une enquête révélant qu'une majorité de Français estimait que les polémiques et débats liés à l'islam étaient sur-représentés dans le débat public.
Jeune musulman en prière / Jale Ibrak - Fotolia
Les responsables politiques exploitent-ils trop l'islam dans leur stratégie de communication ? La place de cette religion va-t-elle être déterminante dans le vote des Français à la prochaine présidentielle ?
C'est à ces questions qu'a tenté de répondre l'Ifop, dans un rapport publié jeudi 13 octobre et commandé par le collectif Vivre ensemble, en s'appuyant sur les réponses à des formulaires auto-administrés en ligne de 2 000 Français majeurs, dont la représentativité (sexe, âge, profession, région) a été assurée par la méthode des quotas.
À l'approche de la présidentielle de 2017, le document révèle notamment que 56 % des Français estiment que l'islam occupe une trop grande place dans le débat public. « Un résultat plutôt rassurant, qui témoigne d'un décalage entre les stratégies de communication des hommes politiques et la réalité », explique Mohamed Skander, porte-parole du collectif Vivre ensemble. Derrière ce chiffre, l'étude précise qu'à l'inverse, 27 % de Français trouvent que les acteurs politiques ne parlent « pas assez » de ce sujet et 17 % « comme il faut ».
Trop de place accordée aux polémiques
« Nous avons aussi cherché à mesurer la place des différentes polémiques liées à l'islam dans le débat public », détaille François Kraus, directeur des études au pôle politique et actualité de l'Ifop, ajoutant que « c'est la première fois que l'Institut fait une telle enquête ».
Les conclusions sont là encore plutôt alarmistes : 70 % des Français interrogés estiment, par exemple, que les représentants politiques ont trop parlé du débat sur « les Gaulois » et 69 % de celui sur les arrêtés municipaux interdisant, sur certaines plages, le burkini.
Les politiques qui abordent le plus l'islam
L'étude dresse enfin le « palmarès » des responsables politiques exploitant le plus les questions relatives à l'islam. C'est Marine Le Pen qui arrive en tête, selon 66 % des sondés, en devançant de peu Nicolas Sarkozy (65 %), et le premier ministre Manuel Valls (51 %). Alain Juppé est tout en bas de la liste, avec à peine plus d'un Français sur quatre (27 %).
« Ces résultats sont très corrélés avec la religion des sondés, leur niveau d'études et leurs affiliations politiques : les musulmans considèrent que l'on parle trop de la place de l'islam, contrairement aux athées ou aux catholiques pratiquants, détaille François Kraus. Et les Français à droite de l'échiquier politique estiment que l'on n'en parle pas assez, tandis que ceux à gauche trouvent qu'on en parle trop ».
Des résultats surprenants
« Enfin, ce rapport révèle que ceux qui côtoient au quotidien des musulmans trouvent pour 80 % d'entre eux qu'on en parle trop, à l'inverse de ceux qui n'en connaissent pas », poursuit François Kraus. Le rapport ajoute que, pour 81 % des sondés, les polémiques liées à l'islam pourraient créer un sentiment de stigmatisation chez les musulmans de France.
Face à ces résultats surprenants, Mohamed Skander se défend d'avoir commandé « un sondage orienté ». Mais il se réjouit, « avec les résultats obtenus, que celui-ci puisse devenir un outil de lutte contre l'instrumentalisation de l'islam dans le débat public ».
> Lire aussi : Étude sur les musulmans de France : attention au terme « rigoriste »
Malo Tresca
Envoyé de mon iPhone
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