samedi 29 octobre 2016

La courageuse analyse de Zineb, rescapée de Charlie Hebdo | Le Club de Mediapart

La courageuse analyse de Zineb, rescapée de Charlie Hebdo | Le Club de Mediapart

La courageuse analyse de Zineb, rescapée de Charlie Hebdo

La courageuse analyse de Zineb, rescapée de Charlie Hebdo 

Comme je n'en peux plus, jusqu'à en avoir moralement la nausée, de voir la démission intellectuelle et morale de la gauche politique, tous partis confondus et extrême gauche  incluse, face à l'islam, je tiens à signaler ici la parution du petit (par la taille) livre de Zineb, Détruire le fascisme islamique  (Ring). Zineb est une rescapée de la tuerie de Charlie Hebdo et, du fait de l'expression  continuée de ses convictions, elle est l'objet de multiples fatwas de mort. C'est pourquoi il faut saluer ce livre qui devrait faire honte à ceux qui continuent à se montrer complaisants à l'égard de l'islam.

Son ouvrage rejoint pleinement ce que j'ai écrit récemment dans Pour une approche critique de l'islam (H§O), sauf que là où j'ai procédé à une analyse critique, sévère mais peut-être trop mesurée, elle a écrit un pamphlet fondamentalement hostile, mais exact : elle tape fort, mais juste, ce qui est l'essentiel. Et cet essentiel est formulé par le titre : il y a « un fascisme islamique »  et non seulement « islamiste ». C'est dire que la séparation que de bons esprits ( ?) et des politiques sans courage et de tous bords, pris dans leurs calculs électoraux (les musulmans sont des électeurs), font entre l'islam et l'islamisme est totalement fausse, n'a aucun fondement doctrinal. Elle rejoint ainsi Meddeb, pourtant de culture musulmane et croyant, affirmant que si « l'islamisme est une maladie de l'islam, ses germes sont dans le texte ». Zineb, elle, et comme moi, est plus radicale : l'islam est un fascisme idéologique, en l'occurrence religieux et on peut dire qu'elle rejoint le diagnostic du poète d'origine syrienne,  Adonis, dans Violence et islam.

C'est pourquoi, en réalité, son livre est plus qu'un pamphlet, car il énonce des vérités que peu  voient ou osent exprimer (même s'ils les pensent), alors que leur fonction, intellectuelle ou politique, serait de les énoncer et de les dénoncer. Ne pouvant les présenter toutes, j'en offre au lecteur quelques unes.

D'abord, il y a l'idée que le contenu du Coran est insupportable moralement. Il comporte la plupart du temps un appel à la haine et, plus, au meurtre contre les infidèles ou les mécréants, à savoir les incrédules ou les athées, séparant l'humanité en deux : les croyants et les incroyants. L'amour dont il se réclame et dont on le pare est une illusion : outre qu'il ne s'adresse qu'à la communauté des croyants – l'oumma –, il se borne à l'aumône à l'égard des pauvres ou à une obligation d'amabilité dans les relations interpersonnelles. Il préconise vigoureusement la supériorité de l'homme sur la femme, avec des droits sexuels accordés au premier qui sont proprement insupportables, ou encore une inégalité homme/femme dans l'héritage. Son mépris de la visibilité publique du corps féminin est indéfendable, cachant mal une sexualité malsaine et une volonté d'emprise sur la féminité, et elle a raison de voir dans le port du voile, non « une adhésion, mais un consentement » – je précise : contraint ou conditionné. J'ajoute que la critique de l'homosexualité, commune à toutes les religions monothéistes, y atteint son comble d'ignominie, puisque le Coran est capable de distinguer la perversité de celle-ci selon qu'elle est active ou passive ! Enfin, sa vision de Dieu, Allah, n'est pas celle d'un Dieu d'amour, devant être aimé et, surtout, aimant les hommes comme dans le christianisme du Nouveau Testament ; c'est celle d'un Dieu tout puissant et objet constant de crainte, auquel on doit non point adhérer mais se soumettre, islam signifiant « soumission », ce que tous ses apologistes inconscients dénient, avec beaucoup de tartufferie habillée de fausse science herméneutique.

Enfin, sur le plan politique, Zenib a l'audace, parfaitement justifiée, de souligner un vrai paradoxe, qui équivaut à un double scandale. L'islam défend une conception de la société où la charia est la loi : la règle du vivre ensemble échappe aux hommes, elle relève de la parole d'Allah, proférée par le prophète Mohamed, ce qui veut dire que l'homme n'y dispose d'aucune autonomie, d'aucune capacité de dicter par lui-même la loi de ses comportements, individuels et collectifs. Cette religion est par ailleurs obsédée par le culte (un peu comme la religion juive) avec ses diverses prescriptions (dont l'habillement, l'alimentation, la prière rituelle, etc.) : c'est, comme l'auteur l'affirme, une « orthopraxie », bien éloignée de l'engagement social dans l'amour du prochain que beaucoup  attendent d'une religion. Et c'est pourquoi, surtout, elle est éloignée, absolument, de la démocratie et de la laïcité que celle-ci implique. Zenib souligne fortement qu'aucun des régimes politiques qui se réclament officiellement de l'islam, n'est une véritable démocratie : ce sont, au contraire, des dictatures où la liberté d'expression est condamnée, voire punie par l'emprisonnement ou la mort. Et cela se traduit aussi, rappelle-t-elle, par une censure sur la science moderne, en particulier sur la théorie de l'évolution issue de Darwin pour autant qu'elle contredit le dogme de l'origine divine de l'homme… sans compter les multiples atteintes à la libre expression artistique. Tout autant, il y la doctrine socio-économique de l'islam « réel » ou « réellement existant » : c'est tout simplement le libéralisme le plus dur, avec toutes les victimes qu'il fait. Les régimes islamiques sont non seulement des dictatures « théocratiques », mais des sociétés de type capitaliste très inégalitaires, fondées sur l'appropriation privée de l'économie, fondamentalement opposées au socialisme, et dans lesquelles des minorités politiques, s'autorisant d'un pouvoir religieux, s'accaparent les richesses produites et plongent leurs peuples dans une misère crasse. Derrière cela, il y a l'exploitation du pétrole et un commerce juteux avec l'Occident, sans que les dirigeants de celui-ci n'y trouvent à redire. N'est-ce pas monsieur Hollande ?

D'où le scandaleux paradoxe : le soutien fourni par la gauche à l'islam, et spécialement par l'extrême-gauche trotskyste, vu ce qui vient d'en être dit et dénoncé, qui est parfaitement exact. Zenib a le mérite de critiquer vivement ce qui est une véritable imposture : l'appui apporté à une religion rétrograde, contraire aux valeurs universelles de l'humanisme, dont  cette même gauche se réclame pourtant. Ce n'est pas parce que cette religion est pratiquée par des masses opprimées, y compris par l'Occident, que l'on doit accepter ses croyances et ses pratiques qui contredisent la raison morale ! L'opium du peuple reste un opium, même si c'est celui du peuple ! Le paradoxe et le scandale se renforcent quand on voit une partie des féministes s'aveugler devant le sort fait à la femme, voire célébrer dans les prescriptions vestimentaires (entres autres) qu'elles subissent l'expression d'un choix libre de leur propre aliénation ( !). Ce qu'elles ont toujours combattu s'agissant d'elles ici, elles l'acceptent là-bas, voire désormais ici. Enfin, s'ajoute à cela la démission d'une partie des intellectuels proches pourtant de Marx qui, au nom d'une forme ridicule et en réalité méprisante de différentialisme ou de relativisme, refusent de juger des formes culturelles contraires à l'humanisme et de leur offrir une perspective d'émancipation. Tout cela façonne ce qu'elle appelle un « collaborationnisme » qui alimente ce qui est à ses yeux un nouveau fascisme. Le jugement peut paraître sévère, mais je le trouve totaleement fondé. Et il nous indique une voie de résistance au terrorisme (qui est aussi celle que préconise E. Badinter) : « Pour lutter efficacement contre le terrorisme, il faut combattre sans merci l'idéologie qui le produit » (p. 69). Ce n'est, bien entendu, pas la seule voie, car celui-ci s'alimente aussi à bien d'autres causes (économiques, sociales, géopolitiques) dans lesquelles les puissances occidentales ont une responsabilité énorme. Mais c'est une voie spécifique, qui ne fait de mal à personne et qu'il faut oser prendre, sauf à nier son rôle d'intellectuel progressiste.

                                                                   Yvon Quiniou

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