Les rivalités entre sunnites et chiites s'accentuent dans le monde arabe | La-Croix.com
Dix ans après l'invasion américaine de l'Irak, les printemps arabes ont encore accentué les tensions entre communautés chiites et sunnites dans le monde arabe.
La révolution iranienne en 1979, puis la guerre en Irak en 2003 ont renversé l'équilibre des forces dans le monde musulman, avec la formation d'un « arc chiite » redouté par les sunnites.
Ces tensions sont exacerbées par la rivalité entre l'Iran et l'Arabie saoudite pour exercer le leadership dans le monde musulman. La guerre en Syrie cristallise cet affrontement.
Le « réveil chiite » date de la révolution iranienne
La révolution iranienne a modifié l'équilibre existant entre les deux grandes banches de l'islam, sunnite et chiite. « Le réveil chiite débute dans les années 1970, avec l'apparition de mouvements islamiques chiites organisés en partis modernes à référents islamiques, en Irak et au Liban, explique Sabrina Mervin, islamologue et spécialiste du chiisme. La grande différence avec les mouvements sunnites qui les avaient précédés, c'est qu'ils furent fondés et dirigés par des clercs issus de la hiérarchie chiite et non par des intellectuels », ajoute l'islamologue.
Puis il y eût la révolution iranienne en 1979 et une république islamique fut instaurée, qui tenta d'exporter sa « révolution » vers tous les pays musulmans. « Au début, certains partis islamiques sunnites se rapprochèrent de l'Iran mais bientôt, ils reprirent leurs distances car cette révolution était chiite et iranienne. Concernant les partis chiites liés à l'Iran, il ne reste aujourd'hui que le Hezbollah libanais qui lui soit resté résolument fidèle », poursuit Sabrina Mervin.
La crainte de « l'arc chiite »
La chute du régime de Saddam Hussein, il y a dix ans, a changé la donne a changé au Moyen-Orient. « Les chiites, qui avaient été opprimés sous le régime baassiste parvinrent au pouvoir sur une base démographique », précise Sabrina Mervin. Dès lors, des dirigeants arabes, comme Hosni Moubarak en Égypte et le roi Abdallah de Jordanie, craignirent le renforcement de ce qu'ils appelèrent « l'arc chiite », supposé obéir aux ordres de Téhéran.
Or, d'une part, cet « arc », qui allait de l'Iran à la Syrie et au Liban en passant par la Palestine, comptait des sunnites, dont le mouvement Hamas au pouvoir à Gaza. D'autre part, les « mondes chiites » sont bien plus étendus, puisque il y a par exemple une minorité chiite en Indonésie et, surtout, des tensions opposent sunnites et chiites au Pakistan et en Afghanistan. « Ce fameux "arc" ne rend compte ni de la géopolitique ni des dynamiques locales. Il reflète seulement les craintes et les crispations de régimes arabes », analyse Sabrina Mervin.
Une cohabitation tendue par des rivalités politiques
Sunnites et chiites peuvent vivre en bonne intelligence, au quotidien, dans les régions où ils cohabitent. En Irak et au Pakistan, où des attentats anti-chiites ont lieu régulièrement en ce moment, il y a aussi des familles mixtes et une tradition de vivre ensemble entre communautés, qu'on trouve aussi au Liban ou en Syrie. Mais aujourd'hui, la crainte des chiites a été semée.
« La principale raison vient des rivalités politiques entre communautés ayant pour toile de fond la guerre à laquelle se livrent l'Arabie Saoudite et l'Iran pour l'hégémonie régionale, chacun ayant ses alliés au Moyen-Orient et à l'extérieur », estime la spécialiste du chiisme.
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