Le professeur Sami Aldeeb, islamologue Suisse originaire de Palestine, nous a communiqué son initiative que nous relayons bien volontier :
Envoyé de mon iPad jtk
RELIGION ET VIOLENCE- Dieu est miséricordieux. Pourquoi y a -t- il tant de crimes commis en son Saint Nom? Joseph T Khoreich
On a appris hier que l'église antiochienne orthodoxe des Saints-Serge-et-Bacchus de Al-Thawrah (ou Al-Tabqah), qui dépend de l'archidiocèse antiochien d'Alep dont le métropolite, Mgr Boulos Al-Yazigi, a été enlevé le 22 avril dernier, a été entièrement saccagé et pillé par Armée Syrienne Libre dont c'est, assurément, un très haut fait d'armes… Selon des témoins qui ont fui Al-Thawrah, les "valeureux" soldats ont tout déchiré dans le sanctuaire, tentures, Bibles, livres liturgiques, détruit les croix et les icônes, arraché tout le système électrique et les lustres, volé et vendu au marché noir tout ce qui pouvait avoir de la valeur… Puis l'église semble avoir été détruite. Construite à partir de 1973, cette église moderne était un endroit très symbolique de la ville aujourd'hui désertée de tous ses habitants chrétiens (plus de 300 familles). Al-Thawrah a été investie par l'Armée Syrienne Libre le 11 février de cette année, qui la contrôle toujours.
Source : Assyrian International News Agency
ROME, 16 juillet 2013 (Zenit.org) - Pour les lecteurs de Zenit, Annie Laurent a mis à jour sa tribune de Radio Espérance du 26 juin dernier et nous la publions avec l'aimable autorisation de Radio Espérance (http://www.radio-esperance.fr).
Les chrétiens de Syrie continuent de payer cher l'aveuglement et l'obstination de la politique occidentale dans la crise qui secoue leur malheureux pays depuis mars 2011. Les violences qui les visent sont étrangères à la lutte contre le régime de Bachar El-Assad. Leurs auteurs sont surtout des combattants islamistes étrangers qui arrivent par milliers en Syrie pour pratiquer le djihad, la guerre sainte, avec le soutien actif du monde sunnite, notamment les riches monarchies arabes comme l'émirat de Qatar et l'Arabie-Saoudite.
Mais les islamistes armés et endoctrinés viennent aussi de pays voisins tels que la Turquie, l'Irak, la Jordanie, l'Egypte et le Liban (au pays du Cèdre s'activent aussi des groupes sunnites radicaux) ainsi que de contrées plus éloignées, comme l'Afghanistan, le Pakistan, la Tchétchénie, la Libye, et même l'Europe. Beaucoup de ces extrémistes agissent sous l'étiquette d'un mouvement affilié à l'organisation terroriste El Qaïda, en l'occurrence le Jabat El Nosra, nom qui signifie « le Front des Partisans de la victoire ».
D'autres appartiennent à l'Armée syrienne libre dont le combat n'est officiellement motivé que par la chute du président Assad. Or, ils ont à leur actif plusieurs destructions, profanations et pillages d'églises et de monastères. Peut-être cherchent-ils ainsi à « punir » les chrétiens pour leur refus de participer à une rébellion violente.
L'entreprise de ces militants qui veulent purifier l'espace proche-oriental de toute présence non islamique est facilitée par la vulnérabilité des chrétiens, ceux-ci n'étant pas armés et ne bénéficiant d'aucune protection, ni locale ni internationale. Il faudra faire un jour le bilan des souffrances qu'ils endurent à cause de leur foi et de leur identité chrétienne. En attendant, voici un aperçu des dernières agressions dont ils ont été victimes.
Au début du mois de juin, l'armée régulière syrienne a repris le contrôle de Qousseir, localité proche de la frontière libanaise. Cette victoire a permis de constater que les 3 000 chrétiens qui coexistaient auparavant avec les musulmans dans cette ville de 30 000 habitants ont tous été contraints de quitter leurs foyers sous la menace des djihadistes, maîtres des lieux depuis plus d'un an. Ces derniers ont aussi profané et saccagé plusieurs édifices chrétiens, notamment le monastère grec-orthodoxe Saint-Elie. La plupart des icônes et des statues de l'église ont été détruites ou mutilées, signe d'une action planifiée.
Le 19 juin, à Deir Ez-Zor, important centre urbain du nord-est, des terroristes ont mis le feu à une église syriaque contre laquelle ils avaient déjà lancé une voiture piégée. Il ne reste rien du sanctuaire.
Et puis, le dimanche 23 juin, à Gassanié, ville située sur les rives de l'Oronte, dans le nord-ouest de la Syrie, un religieux franciscain, François de l'Enfant-Jésus Mourad, âgé de 49 ans, a été assassiné dans le couvent relevant de la Custodie de Terre Sainte dont le siège est à Jérusalem. Le Père Mourad s'y était réfugié après l'attaque à l'arme lourde d'un autre monastère de la même localité, dédié à saint Siméon le Stylite, monastère qu'il avait lui-même construit pour le compte de l'Eglise syriaque-catholique dont il était issu. Comme bien d'autres fidèles d'Eglises orientales, le Père Mourad était devenu latin en entrant chez les franciscains - jusqu'en juillet 2012, il allait célébrer la messe dominicale au Carmel d'Alep - mais il restait attaché à son rite d'origine.
En apprenant la mort du prêtre, Mgr Jacques Hindo, titulaire de l'archéparchie syriaque-catholique de Hassaké, dont dépend Gassanié, a déclaré à l'agence Fides : « Toute l'histoire des chrétiens du Moyen-Orient est marquée et rendue féconde par le sang des martyrs des nombreuses persécutions. Ces derniers temps, le Père Mourad m'avait fait parvenir un certain nombre de messages dans lesquels il se montrait conscient de vivre dans une situation dangereuse et où il offrait sa vie pour la paix en Syrie et dans le monde entier ».
Enfin, on est toujours sans la moindre nouvelle des deux évêques titulaires des sièges métropolitains grec-orthodoxe et syriaque-orthodoxe d'Alep, Mgr Paul Yazigi et Mgr Jean Ibrahim, enlevés ensemble le 22 avril dernier. Sur place, l'absence de revendication et de demande de rançon est perçue comme un mauvais signe.
Dans un éditorial courageux publié lundi 24 juin dans la Lettre de l'Aide à l'Eglise en Détresse, le directeur de cette institution, Marc Fromager, se demande pourquoi la France s'aligne sur les Etats-Unis et les pays sunnites en acceptant la livraison d'armes à la rébellion. Il rappelle que notre pays, « de par ses liens historiques avec la Syrie et les chrétiens d'Orient, avait une double responsabilité et donc des devoirs particuliers sur ce dossier ». Après la Syrie, souligne-t-il, « comment ne pas entrevoir la dislocation du Liban ? Là aussi, est-ce la disparition des chrétiens que l'on cherche ? » Je m'associe au cri indigné de Marc Fromager : « Syrie, ça suffit ! »
Annie Laurent
Marraine de l'Association "Béthanie-Lumières d'Orient"
Extrait des pages 91 et 92 de l'ouvrage La deuxième Fâtiha, l'islam et la pensée des droits de l'homme paru aux Presses Universitaires de France en 2011 :
"Naviguant entre la théologie et la politique, le fer coranique deviendra le glaive étatique. Tel est le socle de ces théories de la violence légitime, aussi bien celle de Dieu que celle de l'homme. La violence est un concept théologique et politique central. Les catégories de la raison politique et de la raison théologique sont identiques, puisque l'instauration de l'ordre de l'univers et de celui de la cité provient de la volonté de Dieu. C'est à partir de là que les théologiens ont distingué une violence reprochable, celle de l'homme désinstaurant par sa violence et sa malfaisance l'ordre instauré par Dieu, et une contre-violence irréprochable, celle de Dieu et celle de l'homme, réinstaurant l'ordre que l'homme a désinstauré. Sous ce jour, un devoir de violence s'exerce par les formes juridiques connues de la violence en terre d'islam : le jihâd, la violence pénale et toutes ses catégories (hudud et ta'zir)."
(Le professeur de droit Yadh Ben Achour, spécialiste des idées politiques en islam, enseigne à l'Institut de recherches et d'études sur le monde arabe et musulman. Lors de la révolution tunisienne de 2011, il est nommé à la tête d'une commission de réforme des textes et des institutions, chargée de débarrasser le droit tunisien des dispositions du régime déchu de Ben Ali)
Le quotidien américain estime que la politique de dialogue entre la municipalité et la communauté musulmane est un modèle à suivre en France. Sur place, les réactions sont plus contrastées.
«Portant voiles et jupes longues, des femmes marchent tranquillement dans les rues de cette ville française défavorisée, pour se rendre à la prière du soir de leur mosquée. Comme leurs époux, frères, pères et fils, elles se sentent ici comme chez elles.» Ainsi débute un reportage paru cette semaine dans le New York Times, faisant un portrait laudatif de Roubaix. La ville la plus pauvre de France y est définie comme un modèle de tolérance envers la communauté musulmane, «faisant fi de l'interprétation rigide de la laïcité à la française qui prévaut ailleurs». «Dans deux ou trois générations, la France entière ressemblera à Roubaix. Le melting-pot sera partout, et Roubaix en est le laboratoire», affirme dans l'article américain le directeur de la communication du maire PS de la ville.
Rapidement traduit par La Voix du Nord, le reportage du New York Times a suscité de nombreuses réactions, surprises ou choquées. Si la municipalité se félicite que la ville soit présentée dans un quotidien international de référence sous un angle positif, d'autres acteurs locaux soulignent les faiblesses de l'article. «Le New York Times a une vision très naïve, voire Bisounours, de la réalité. C'est vrai, il n'y a pas de problème de cohabitation entre les religions à Roubaix. Mais ça ne veut pas dire qu'il n'y a pas de problème entre les communautés», souligne Grégory Wanlin, blogueur roubaisien et militant UDI, qui estime que l'article «ne fait aucune distinction entre religion, culture et immigration».
Le principal reproche fait au reportage vient de la définition très différente de la laïcité qu'ont la France et les États-Unis. Si, de l'autre côté de l'Atlantique, il est vu comme normal que les communautés religieuses pratiquent leur culte et affichent leurs coutumes dans l'espace public, la France estime que la religion doit restée confinée à la sphère privée. «Le New York Times parle de l'Épeule comme d'un "quartier musulman". On ne peut pas dire ça, ce n'est pas dans la tradition laïque française», affirme Guillaume Delbar, leader de l'opposition municipale. L'élu UMP s'étonne également que l'article évoque l'intégration, «alors que l'immense majorité des musulmans de la ville sont nés à Roubaix, et sont donc Français. L'intégration n'a rien à faire là».
Avec son chômage endémique - 30% de la population est sans-emploi -, «les grands enjeux de la ville ne sont pas religieux», poursuit l'élu. «Les problèmes de Roubaix sont la pauvreté et la criminalité. Dans le quartier de l'Épeule, il y a de la délinquance, des incivilités, du tapage nocturne. Et pour acheter la paix sociale, la municipalité met à mal la laïcité et les lois de la République», dénonce Grégory Wanlin.
L'organisation de cette prière en accord avec la municipalité est l'œuvre du Collectif des institutions musulmanes de Roubaix (CIMR). Créée en 2010 après la polémique du Quick halal, elle fédère cinq des six mosquées de la ville, et est devenue l'interlocuteur privilégié de cette ville qui compte 20% de musulmans pratiquants. «L'équipe municipale a eu la finesse de se dire en 2002: "On va mettre en place un schéma directeur d'intervention sur les lieux de cultes." C'est un facteur d'intégration», explique Sliman Taleb-Ahmed, président du CIMR. Ce schéma permet notamment à la ville d'accorder un bail pour qu'une association construise un lieu de prière. En février dernier, le maire PS Pierre Dubois a invité à la mairie les représentants de toutes les religions afin d'étudier les besoins de chaque communauté.
En trois ans, le CIMR a obtenu l'extension des carrés musulmans dans le cimetière de la ville, et la création d'un poste d'aumônier musulman à l'hôpital public. Ses prochains chantiers sont l'apparition de menus diversifiés dans les cantines - œufs ou poisson à la place de la viande pour les enfants qui le souhaitent -, et la lutte contre les abattages illégaux à domicile lors de l'Aïd-el-Kébir. «Pour l'instant, la ville place des bennes pour recueillir les carcasses. Nous travaillons à l'installation d'un abattoir mobile pour mettre fin à ces abattages sauvages. Il faut des règles et des principes sanitaires», affirme Sliman Taleb-Ahmed. Ce dernier se défend de tout communautarisme. «Nous sommes avant tout des citoyens français. Nous prévoyons d'ailleurs des ateliers sur la laïcité, une question qui nous tient à cœur.» Le CIMR estime que son rôle est double. En travaillant main dans la main avec la municipalité, il lutte contre la radicalisation d'une partie de la communauté musulmane. Et en faisant mieux connaître la religion musulmane, «pour mieux la comprendre», il estime lutter contre l'islamophobie.
Le président du CIMR regrette que l'équipe du New York Times, qui est restée deux jours en ville, ait éludé toutes ces thématiques. «Ils se sont arrêtés sur le port de la tunique ou du voile. C'est anecdotique. Les mosquées se sont fédérées, les religions s'investissent dans les projets de la ville, un schéma directeur incluant tous les cultes a été créé, ce n'est pas rien.»
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Une fatwa émise par Sabah al-Sakâra, membre dirigeante des Frères Musulmans incite les femmes à venir copuler avec les militants de la confrérie pour leur donner du courage. Cette "savante" de l'islam a communiqué par le biais du Journal Akhbâr al-Yaoum (Les Nouvelles d'aujourd'hui) : « Le jihad de fornication n'est halal que lorsqu'il se trouve en terre de jihad comme sur la place Râbi'a al 'Adaouyya et la place al-Nahda. Il l'est aussi en Syrie. C'est un « devoir » pour toute musulmane là-bas et maintenant en Égypte, car l'Égypte a été violée et il faut qu'elle revienne à la gouvernance des Frères Musulmans. Les musulmanes doivent se rendre place Râbi'a pour le jihad de fornication car il est devenu un devoir ».
Ce qui pousse évidemment les hommes à attrapper des femmes- très peu consentes- pour les violer purement et simplement, légitimés par un devoir perçu comme "sacré" pour la cause. Un lupanar islamiste fonctionne déjà ! Un membre du Parti de la Liberté et de la Justice, secrétaire de la commission de la sécurité du sit-in, a déclaré : « Après avoir équipé les lieux de douches et de toilettes, la commission annonce la mise à la disposition des contestataires de locaux comme « isoloirs légaux » , comprendre des petites salles pour forniquer pour la gloire d'Allah...
Mervat el-Tellawi (photo), présidente du Conseil national égyptien pour la femme, a déclaré que les partisans de Morsi qui manifestent à Rabaa el-Adaweya Square, Nasr City [Caire], kidnappent des femmes dans des voitures sur les routes et les forcent à se livrer au « djihad de la fornication ».
Le djihad de la fornication consiste à envoyer des femmes islamistes offrir leurs faveurs sexuelles à leurs homologues masculins afin de stimuler leur motivation à lutter pour leur cause.
Mme Tellawi a décrit cette violence comme une insulte aux femmes et à leur dignité. Dans une conférence de presse aujourd'hui, elle a ajouté: «Ce qui se passe à Rabaa el-Adaweya porte atteinte à la paix sociale et à la dignité des femmes ». Elle a appelé le ministère de l'Intérieur à prendre des mesures pour mettre fin à cette violence faite aux femmes.
Ces abus, a-t-elle poursuivi, sont non seulement une violation des droits des femmes, mais aussi une attaque contre des citoyens égyptiens ainsi qu'une violation du droit national et international.
Elle a ajouté que les manifestations des Frères musulmans ne sont pas pacifiques, et a souligné la nécessité de faire appliquer la loi et de punir les agresseurs.
Source : NCW Chair: Rabaa el-Adaweya's demonstrators kidnap women for "jihad fornication", MCN, 1 août 2013. Traduction par Poste de veille
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1. Jean-Claude Guillebaud a rappelé dans sa rubrique la boutade de Laurent Fabius affirmant que Le Pen donnait "de mauvaises réponses à de bonnes questions". Comme Le Pen, à l'époque, ne ratait pas une occasion d'être antisémite ou xénophobe, il était difficile de trouver innocentes ses observations. Mais bien que cette boutade n'ait pas soulevé des montagnes, Mitterrand a souhaité que Laurent Fabius corrigeât son propos. En tout cas, les questions concernant l'accueil réservé aux immigrés, comme le comportement de ces derniers, préoccupaient un certain nombre de Français.
Le "Nouvel Observateur" devait devenir partie prenante dans cette polémique. Non seulement j'avais rapporté le propos de Fabius, mais j'y avais ajouté celui de Rocard "la France ne peut pas accueillir toute la misère humaine, même si elle doit en prendre sa part", et j'avais fini par citer le grand ethnologue Claude Lévi-Strauss qui m'avait dit : "Il n'est pas de société qui puisse rester insensible à l'irruption soudaine et massive d'une population homogène."
2. Tout cela allait dans le sens de la mise en cause actuelle de l'islamophobie, rejoignant soudain les interpellations de Le Pen, que l'on retrouve chez d'autres. Souvenir : peu après l'arrivée à l'Elysée de François Mitterrand, j'ai entrepris de l'alerter sur ce qui me semblait un danger d'impréparation et même un manque de vision. L'intégration des étrangers, notamment musulmans, en France, était selon moi menacée. Tout ce qui la favorisait de manière exemplaire et célébrée - à savoir la circonscription obligatoire, la force du syndicalisme, et le prestige de l'école républicaine laïque et obligatoire - était en train de disparaître et donc de ne plus contribuer à cette intégration. Or cette évolution se faisait au moment où les immigrés venaient de plus en plus nombreux, sans qu'on pense ni à les loger, ni à les nourrir, ni à leur donner du travail. Quant à l'éducation, pour leur enseigner les caractéristiques de leur nouveau pays, personne n'y songeait.
Mitterrand, rejoignant de Gaulle, m'a reproché de douter de la "miraculeuse" capacité de la France à "fabriquer" des Français. Sans doute y aurait-il plus tard un problème, mais d'une façon moins grave que je ne le prophétisais. Et puis à la fin du compte, s'est-il impatienté, "que voulez-vous que je fasse, que je renvoie ceux qui sont là et que je refuse l'accueil aux autres ?" Il pensait qu'avec le multiculturalisme, la France avait su éviter le communautarisme. Mais c'est précisément là le problème m'écriai-je !
Reste que l'état d'esprit était bien celui-là, comme celui de tous les présidents et de tous les ministres de l'Intérieur, à l'exception d'un seul, Jean-Pierre Chevènement. La révolution portugaise nous avait vivement séparés, les problèmes arabes nous rapprochaient. Avec l'excellent Patrick Weil, il a commencé à faire prendre conscience de ce qui pourrait se passer, surtout avec la persistance du chômage de masse.
3. Mais il s'agit aujourd'hui d'un problème nettement plus grave. Si on ne sait plus y faire face qu'avec des préoccupations électorales, on alimente le danger du communautarisme, déjà réel en France, c'est-à-dire le repli sur les racines et le sectarisme vindicatif.
Où en est-on ? Il est vrai que l'islamophobie existe, comme d'ailleurs l'antisémitisme. Contre ces deux maux, il y a la loi, dont le respect ne saurait se négocier, qu'il s'agisse du voile ou d'autre chose. Il importe de persuader tout le monde que c'est la condition absolue pour devenir Français.
4. L'islam pose un problème ? Sans doute. Mais c'est aux musulmans qu'il le pose en premier lieu. Je voudrais rappeler une conviction affirmée depuis longtemps, à savoir que le véritable ennemi de l'islam, ce n'est pas seulement l'islamophobie, c'est surtout et partout l'islamisme. En France, les islamistes sèment la division, et partout ailleurs la violence. Certains ténors de la droite ne paraissent pas mesurer leurs responsabilités nationales en exploitant cette situation.
À l'intérieur des grandes religions, une radicalité est née qui, même si les experts lui refusent un avenir politique, n'en est pas moins dotée d'une idéologie terroriste et anarchiste : celle de l'islamisme sous des noms différents et un visage unique, celui de la mort. Évidemment, je pense à l'assassinat d'un leader Tunisien, suivi de celui d'un jeune opposant, et à tous ceux de mes amis qui continuent de rêver à un islamisme "modéré".
En arrivant place Beauvau, Manuel Valls, qui est aussi ministre des cultes, s'était soigneusement informé, notamment sur le fait que, même si les situations de la France et de ses voisins sont complètement différentes, c'est bien une lutte politique entre l'islam et l'islamisme que l'on risque de retrouve en France. Notre ministre a découvert la nécessité de s'écarter de la frilosité laxiste aussi bien que de toutes les formes de rhétorique empoisonnée des lepénistes.
5. Il faudrait arriver à ce que les Français musulmans ne puissent plus croire qu'ils sont les cibles privilégiées d'une xénophobie acharnée. Personne ne peut promettre aux Arabes, pas plus qu'aux juifs, aux Roms, aux Arméniens, qu'ils ne seront l'objet d'aucune discrimination ni d'aucun rejet. Mais on peut leur garantir que l'Etat, la nation, bref cette patrie française qu'ils ont choisie, les protégera contre ce qui est simplement l'injustice et la bêtise. En revanche, en acquérant les mêmes droits, ils sont contraints aux mêmes devoirs et ne sauraient tirer prétexte de la peur d'un danger pour précipiter son irruption. Valls dit cela autrement, mais pour un ministre chargé de la répression, et pour ce qui est du langage, je salue la clarté de ses positions. Encore faut-il voir ce qui se passe chaque jour sur le terrain dans les régions dites "sensibles", où les jeunes musulmans qui avaient fait confiance à la gauche se retournent aujourd'hui dans la révolte. Voir, sur ce point l'article d'Agathe Logeart.
Jean Daniel - Le Nouvel Observateur
> A LIRE EGALEMENT l'enquête "Argenteuil : comment la guerre du voile s'est rallumée" dans "Le Nouvel Observateur" du 1er août 2013.
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